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  • il y a 3 mois
La crise s’est aggravée, mais l’accusation est toujours la même : juger les politiques reviendrait à faire de la politique.

Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique

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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen, justice et politique, 35 ans de soupçons.
00:06La crise s'est aggravée mais l'accusation est toujours la même.
00:09Juger les politiques reviendrait à faire de la politique.
00:12Les magistrats qui les poursuivent seraient émus par la haine ou la vengeance.
00:16Nicolas Sarkozy comme Marine Le Pen seraient les victimes de juges politisés qui les auraient condamnés sans preuve.
00:22Après avoir laissé délégitimer la justice pendant trois jours,
00:25le président de la République s'est enfin souvenu qu'il était le garant de son indépendance.
00:28Article 64 de la Constitution en rappelant, première phrase de son communiqué,
00:33que l'état de droit est le socle de notre démocratie.
00:37Mais le mal est fait, ni l'autorité judiciaire ni le pouvoir politique
00:40ne sortiront indemne de cette séquence au relant trumpiste.
00:44Mais vous dites Patrick que cela dure depuis 35 ans.
00:46La scène originelle de cette confrontation date de 1992,
00:50deux ans après la désastreuse auto-amnistie de la classe politique en 90.
00:55Et le tableau de l'époque vaut d'être détaillé.
00:57On y retrouve les mêmes invectives, les mêmes accusations, mais à front politiquement renversé.
01:02C'était donc un mardi, le 14 janvier 1992.
01:06Un conseiller de la cour d'appel de Rennes, nommé Renaud Van Riembeek,
01:09débarque à Paris, flanqué de sa greffière et de cinq policiers,
01:12pour venir sonner à la grille du Parti Socialiste, Ruth Solferino.
01:15Bonjour, c'est pour une perquisition.
01:17Van Riembeek vient de reprendre le dossier URBA,
01:20l'attribution frauduleuse de marché public au profit du PS.
01:23Il passe l'après-midi et le début de la soirée à fouiller le bureau de la trésorerie.
01:28Scandale, jamais un parti n'avait été perquisitionné.
01:31Le PS hurle à l'action politique.
01:34Jean-Pierre Mignard, alors délégué national du parti à la justice,
01:37futur avocat de Mediapart, dénonce un acte d'une gravité exceptionnelle
01:41qui fait de la recherche de la vérité judiciaire,
01:44non plus la marque de la démocratie,
01:46mais l'un des facteurs agissants de la dégradation de la vie publique.
01:49Fort des documents saisis, Van Riembeek décide de convoquer pour inculpation
01:53le trésorier du PS, Henri Emmanueli, devenu président de l'Assemblée nationale.
01:58Et là, c'est carrément le gouvernement qui monte au front.
02:00Le garde des Sceaux, Michel Vosel, dit craindre un gouvernement des juges.
02:04Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, est un cran au-dessus.
02:07Il parle d'un véritable complot mené contre la République.
02:10Et personne pour défendre les juges.
02:12Quelques voix de droite, la plus forte étant celle de Philippe Devilliers,
02:16qui a vu se rapprocher de lui, le juge Thierry-Jean-Pierre,
02:19dessaisi de l'affaire Urba, Devilliers, alors député UDF de Vendée,
02:22voit dans les propos de Roland Dumas une atteinte sans précédent
02:25à l'indépendance de la justice.
02:27Il ajoute, c'est la première fois qu'un responsable politique de ce niveau,
02:30ministre d'État, s'allie à ce point l'honneur de l'institution judiciaire.
02:35Devilliers, 92, avait raison de s'insurger.
02:38Mais on voit bien l'opportunisme des réactions.
02:40Qui ? Chez les politiques.
02:42Aujourd'hui comme hier, dès qu'il est question de justice,
02:44se bat encore pour des principes.
02:46Patrick Collette.
02:48France Inter.
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