00:00Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin le directeur de l'association Contribuables Associés.
00:06Et oui parce qu'il n'y a pas d'argent public, il n'y a que l'argent des contribuables.
00:09Bonjour Benoît Perrin.
00:10Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:12Benoît, alors peut-être un mot avant qu'on commence l'entretien, vous arborez un petit pince là au revers de votre veste qu'on peut voir sur europe1.fr.
00:19C'est quoi, c'est un demi-euro c'est ça ?
00:21En fait c'est un demi-euro, c'est simplement pour rappeler quotidiennement qu'en fait quand les français gagnent un euro, il y en a plus de 50% qui partent à l'état.
00:28Donc j'ai effectivement moins qu'un demi-euro sur ma veste.
00:30Oui c'est quoi, c'est 57% aujourd'hui ?
00:3257% de la dépense publique effectivement.
00:3457% du PIB.
00:35Voilà exactement, et c'est le record du monde, c'est ce qu'il faut toujours rappeler, c'est qu'il n'y a pas un pays au monde qui dépense autant d'argent public par rapport à son PIB que la France.
00:43Bon Benoît Perrin, Paris est magique mais Paris a besoin de fric.
00:46A quelques mois des élections municipales, la Chambre régionale des Comptes d'Île-de-France vient de transmettre à la mairie de Paris son rapport d'observation sur la situation financière de la ville sur la période 2021-2024.
00:58Donc en gros le cœur du second mandat d'Anne Hidalgo.
01:01Europe 1 a pu consulter ce rapport, on vous en parle ce matin, qui paraît aussi un petit peu grâce à vous Benoît Perrin, grâce à Contribuables Associés.
01:09Alors c'est vrai qu'il faut quand même rappeler que la Cour des Comptes a souvent des bonnes initiatives.
01:13Une de ces bonnes initiatives c'est d'avoir mis en place, je vous rappelle, une consultation citoyenne qui permet aux Français et aux associations de proposer des sujets.
01:20Et les sujets les plus populaires effectivement, parce que les Français peuvent voter, font l'objet ensuite d'un rapport de la Cour des Comptes.
01:26Et parmi les sujets qui ont été les plus populaires l'année dernière, il y a effectivement un bilan sur la gestion de Paris que Contribuables Associés a proposé et qui a recueilli beaucoup de voix.
01:35Et donc quasiment neuf mois après, on a un rapport de la Cour des Comptes sur une gestion quelque peu erratique du maire de Paris.
01:42Pourquoi ? Parce qu'empiriquement vous sentiez qu'il y avait peut-être des problèmes de gestion à la mairie de Paris ?
01:46Il y a beaucoup de sujets qu'on peut traiter. Cette année par exemple, on a proposé au vote un sujet sur le coût de la collecte des déchets, sur la productivité et la masse salariale de la fonction publique, et puis sur le financement public des syndicats.
02:01Là aussi, il nous semble que ce sont trois sujets sur lesquels on manque de transparence. Donc on invite tous les hésiteurs d'Europe 1 à voter pour ces sujets sur le site de la Cour des Comptes.
02:08Alors on a pour Paris, la transparence en l'occurrence, avec les deux chiffres essentiels, je les donne, Paris c'est 12,6 milliards de budget cette année, et en face 9,3 milliards de dettes.
02:19Alors, bon moi je ne sais pas, je ne suis pas un grand spécialiste de comptabilité publique, c'est vraiment beaucoup d'avoir autant de dettes par rapport à un budget de 12,6 milliards, Benoît Perrin ?
02:28C'est absolument énorme, effectivement. Et là on voit que Paris n'est pas la capitale de la France pour rien, puisqu'en fait Paris c'est quasiment les problèmes de la France en plus petit.
02:36Pourquoi je vous dis ça ? Parce qu'on a à la fois tous les atouts de la France et toutes les faiblesses de la France.
02:40Les faiblesses c'est notamment, effectivement, la gestion, on l'a dit à l'instant, erratique des deniers publics, et on voit bien que Paris rencontre exactement les mêmes problèmes que la France.
02:50C'est-à-dire ?
02:50C'est-à-dire beaucoup de dépenses, des dépenses qui continuent à augmenter année après année.
02:54Plus vite que les recettes.
02:55Plus vite que les recettes.
02:56Des recettes qui sont très importantes, avec un taux de prélèvement extrêmement important, mais qui ne suffisent pas justement à couvrir l'ensemble des dépenses.
03:03Donc que fait la ville de Paris ? Eh bien elle recourt massivement à l'emprunt.
03:07Et ça c'est un gros reproche que lui adresse la Cour des comptes, à savoir qu'il y a trop d'emprunts aujourd'hui.
03:12Et donc du coup il y a un doute, exactement comme pour la France, sur la soutenabilité de la dette.
03:17Ça veut dire quoi ?
03:17Ça veut dire qu'en fait il y a un doute sur le fait que la ville de Paris soit en mesure de maîtriser ses dépenses et ses recettes.
03:22Alors on a quand même une chance en France, sur les collectivités locales, qui est quand même une espèce de garde-fou.
03:28C'est que les collectivités locales ne peuvent pas emprunter pour leurs dépenses de fonctionnement.
03:32Elles ne peuvent emprunter uniquement que pour l'investissement.
03:35Contrairement à l'État français qui peut emprunter pour tout.
03:38Au moins c'est un garde-fou qui permet quand même des dérives majeures.
03:40Mais néanmoins, sur l'investissement, il y a un gros problème, puisqu'effectivement la ville de Paris emprunte à peu près 900 millions par an.
03:46Ce qui est absolument énorme.
03:47Et comme l'État d'ailleurs, c'est une dette qui est notée par les agences de notation.
03:53Et alors il se trouve que la note de la ville de Paris, elle vient d'être dégradée.
03:58La perspective est, ou plutôt la perspective est jugée négative sur la dette parisienne.
04:01Et bien là aussi, grand parallèle avec l'État français.
04:04En fait on a à peu près les mêmes notes, elle est à peu près double A.
04:07La France vient de tomber à simple A.
04:09Mais effectivement avec des perspectives assez négatives.
04:12Notamment parce que, on le voit bien, les taux d'intérêt commencent à remonter progressivement.
04:16Parce qu'en fait, les marchés financiers commencent à s'inquiéter sur la capacité de la ville de Paris à maîtriser ses dépenses publiques.
04:21Et donc à rembourser sa dette derrière.
04:22Il y a eu un petit événement financier, la semaine dernière, on n'en a pas trop parlé.
04:27Mais c'est qu'événement incroyable, aujourd'hui, des entreprises privées empruntent moins cher que l'État français.
04:34Ça n'arrive jamais.
04:35Alors qu'avant, voilà.
04:36Ça n'arrive absolument jamais.
04:37En théorie économique, normalement, effectivement, le secteur privé emprunte moins cher que le public.
04:42Et là, on a une espèce de retournement de situation qui est assez significatif de l'état de nos finances publiques.
04:49Grand classique aussi, Benoît Perrin, le rapport pointe l'accélération de la hausse des charges de personnel à Paris ces deux dernières années.
04:58Donc je rappelle, Paris, c'est 50 000 agents quand même.
05:00C'est une petite ville quand même.
05:0250 000 agents d'effectifs, exactement.
05:05Alors effectivement, la Cour des comptes insiste beaucoup sur les frais de personnel avec, il faut le dire, des effectifs plutôt stables.
05:12C'est-à-dire que vous avez entre 50 et 55 000 agents, 55 000 agents budgétés.
05:18Mais le problème, c'est l'augmentation des frais de personnel.
05:21Donc vous avez quasiment autant d'agents, il y a une progression de 2% à peu près.
05:24En revanche, ce qui est très embêtant, c'est effectivement la masse salariale qui augmente de 6,2% sur la période, ce qui est absolument énorme.
05:31Mais vous allez me dire, et c'est ce que dit la ville de Paris d'ailleurs, ce n'est pas de notre faute.
05:34Parce que comme l'État décide du point d'indice, donc globalement, de la mécanique de l'augmentation des salaires,
05:39c'est normal en quelque sorte qu'on ait une augmentation si importante de la masse salariale.
05:43Mais la Cour des comptes rappelle quand même que pour 37% de cette augmentation de salaire,
05:48c'est dû simplement à des mesures catégorielles, donc des mesures uniquement décidées par la ville de Paris.
05:52Alors je sais que ce n'est pas votre sujet, mais il se trouve que ça tombe ce rapport au moment où Anne Hidalgo est épinglée par l'association Transparence Citoyenne
05:59pour ses dépenses en frais de représentation.
06:01Elle aurait dépensé Anne Hidalgo en 4 ans, en substance, 84 000 euros pour achats notamment de vêtements.
06:07Ça choque beaucoup de Français, beaucoup d'internautes aussi.
06:10Mais évidemment, c'est une mauvaise nouvelle politiquement pour elle aussi ce rapport.
06:14C'est une pierre de plus, si je puis dire, jetée dans son jardin.
06:17S'il y avait encore des Français qui doutaient de la mauvaise gestion de la ville de Paris,
06:20entre des frais de représentation qui sont complètement hors sol.
06:23On parle de frais de représentation de plus de 80 000 euros, donc 90% sont des achats de vêtements.
06:28Oui, mais on est dans les fourchettes qui sont prévues quand même, dans les enveloppes prévues.
06:31Oui, parce que c'est à peu près 17 000 euros par an, vous avez raison.
06:33Néanmoins, à une époque où évidemment on demande un certain nombre d'efforts aux Français,
06:37il y a de plus, comment dire, les Français ont de plus en plus de mal à accepter ce genre de dépenses.
06:41Vous dites que l'exemplarité, ça doit aller au-delà de la loi finalement,
06:44parce que si les enveloppes prévues sont respectées, après tout...
06:47Alors vous avez raison.
06:48Deux exemples tout bêtes, ce qu'a décidé le Premier ministre Sébastien Lecornu,
06:53qui me semble être relevé du bon sens, c'est-à-dire que vous aviez des droits
06:55qui étaient attribués aux anciens premiers ministres, c'était légal,
06:58et on revient dessus parce qu'on se dit qu'effectivement il n'y a pas de raison
07:00que des anciens premiers ministres aient autant de droits.
07:03Et puis deuxième mesure un peu symbolique, c'est les frais de communication
07:06qui sont d'à peu près 450 millions d'euros par an,
07:08sur lesquels effectivement le Premier ministre veut revenir.
07:11Ce que je veux dire par là, c'est que ce sont des mesures symboliques,
07:13à double titre.
07:14Un, parce que ça touche ceux qui nous dirigent.
07:16Deux, parce qu'évidemment ça ne représente pas beaucoup d'argent,
07:19mais si on veut, je crois, avoir l'adhésion des Français,
07:21il est évident qu'il faut que l'eau de la pyramide en quelque sorte montre l'exemple
07:25pour qu'ensuite on puisse s'attaquer à des sujets plus importants
07:29comme les retraites, le millefeuille administratif,
07:31le coût de l'immigration ou encore d'autres sujets de ce type-là
07:33qui sont vraiment des éléphants au milieu de la pièce
07:35qui nous permettront de rétablir nos comptes publics.
07:37Merci beaucoup Benoît Perrin, directeur de l'association Contribuable Associé.
07:40On n'a pas eu le temps de parler de la rumeur d'un retour de l'ISF.
07:44Vous reviendrez nous en parler sur l'antenne d'Europe 1.
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