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00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30Moi, les broutailles, je les connais à l'œil nu.
00:32Depuis qu'on circule là, je vois plusieurs broutailles qu'on dépasse.
00:36Comment tu les reconnais ?
00:37Il y a le style vestimentaire, la manière de se comporter.
00:41Ils se croient supérieurs aux autres parce qu'ils peuvent tout acheter.
00:47Le broutaille, c'est gagner la confiance, gagner l'amour et soutirer de l'argent.
00:54Moi, j'appelle ça la clé, le triangle de la clé du broutage.
00:57Gagner la confiance, gagner l'amour et soutirer de l'argent.
01:00Tu ciblais des gens de quelles origines ? Tu parlais de l'Europe, le Canada aussi ?
01:05Oui, bien sûr, je suis le Canada.
01:07Pourquoi le Canada ?
01:08Le Canada parce que c'est des gens qui payent facilement.
01:10Il y a une organisation au Québec, c'est une 7-8.
01:13Mais pourquoi le Canada, c'est devenu une cible facile ?
01:16Quand on est un brouteur et tu as un brouteur qui te dit, j'ai eu un client du Canada.
01:21Et toi, tu es un client français, tu es jaloux en fait.
01:24Parce que c'est compliqué avec le client français de soutirer de l'argent.
01:28Pourtant, le client canadien, je ne sais pas ce qu'ils ont,
01:32mais j'ai comme l'impression que ce sont eux qui sont les plus faciles.
01:34Sous-titrage Société Radio-Canada
02:04Présentement, je suis à 28 ans de carrière policière.
02:31Je me suis spécialisée vraiment au niveau des différentes fraudes.
02:36C'est mon créneau.
02:38Ma philosophie de travail, ça a toujours été que je traite les plaignants, les victimes,
02:44comme j'aimerais qu'un membre de ma famille soit traité.
02:48De cette façon-là, je m'assure de répondre à tous leurs besoins
02:52puis à leur donner un service 5 étoiles.
03:01Mon enquête a débuté par une dame qui a porté plainte pour une fraude amoureuse.
03:07Puis, cette dame-là a perdu 200 000 $ au total.
03:12Premièrement, comment ça fonctionne, c'est qu'ils l'ont approchée sur Facebook
03:16et qu'ils ont fait une demande d'amis.
03:18On se dirige présentement vers le domicile de Mme Guylaine Paré,
03:25qui est la victime de fraude amoureuse, dont le suspect est Mamadou Berthe.
03:31Elle avait beaucoup de mal à se confier parce qu'au tout début de nos premières rencontres,
03:36elle était encore sous l'emprise des fraudeurs à ce moment-là.
03:40Fait qu'il faut y aller tranquillement, prendre le temps de déconstruire petit à petit
03:45toute cette façon qu'ils ont de les contrôler, de les manipuler.
03:58On arrive à l'instant.
04:06Allô! Comment ça?
04:07Guylaine Paré a été victime d'un fléau devenu mondial.
04:12L'arnaque amoureuse en ligne.
04:13Entrez!
04:21Le pire, c'est de porter plainte.
04:25C'est le plus dur.
04:27Cette retraitée qui vit seule dans son appartement à Mercier
04:30pensait discuter avec un Français d'une soixantaine d'années.
04:34Dans les tout débuts, tout était fluide.
04:37Je veux dire, c'était une conversation banale.
04:41Parce que je n'étais pas en recherche d'amour à ce moment-là.
04:45Oui, c'est toujours comme ça.
04:46Il commence tranquillement.
04:47Il établit ça, un lien de confiance.
04:49Il écrit beaucoup.
04:51C'est soutenu comme conversation.
04:53Ça peut être à tous les jours.
04:54Allô, mon coeur.
04:55Il utilisait ça.
04:56Allô, mon coeur.
04:57Bébé.
04:58Oui.
04:58Il fait ça qu'il m'a appelé bébé.
05:00Oui.
05:01Puis les gens aiment ça parce que c'est de la tension.
05:05C'est comment ça va ta journée, puis la fin de journée, puis comment c'était passé ta journée.
05:10Puis ensuite, les problèmes s'en suivent, puis c'est un après l'autre.
05:13On était au mois de décembre.
05:18Il s'en allait à Toronto.
05:20Mais je l'ai appelé, moi, à Toronto.
05:22Puis c'était le gros party.
05:25C'est le soir qu'il était supposé de revenir et qu'il devait m'emmener manger au restaurant.
05:30Le lendemain, je reçois un téléphone.
05:33Il m'appelle.
05:34Je suis à l'hôpital.
05:35J'ai eu un accident.
05:38Et là, bien, sa carte française ne fonctionnait pas.
05:42Fait, pour payer son hôtel.
05:44Fait, c'est pour ça que je me suis dit, écoute, elle est en train de me bourrer, là, royalement.
05:56Qu'il soit au Québec ou à l'étranger, on voit une augmentation de la qualité puis du raffinement des méthodes.
06:01Ça, il n'y a aucune hésitation.
06:03Que ce soit au niveau des scénarios qui sont présentés, on va avoir beaucoup de preuves matérielles qui sont ajoutées,
06:08des rapports médicaux, des documents en apparence officielle, parfois des vrais documents, parfois des faux documents.
06:13Est-ce que ça veut dire que ces réseaux et ces criminels sont de plus en plus professionnels, pointus dans leur domaine?
06:18Certainement.
06:19Puis quand on va parler de réseau, c'est vraiment le bon terme.
06:22Là où certaines fraudes peuvent être menées par un individu,
06:25ce qu'on se rend compte, c'est que c'est probablement des groupes d'individus qui mènent ces fraudes-là.
06:28C'est le genre de choses qu'on va malheureusement rencontrer dans les fraudes qu'on va appeler haut de gamme, qui sont bien montées.
06:40En ce moment, on est en direction d'où que Féline travaillait, une pharmacie à Trois-Rivières, sur Terre-et-Colet.
06:50C'est ce qu'elle vous a dit à l'époque, qu'elle travaillait là-bas?
06:55Oui, elle m'a dit qu'elle travaillait aux gens coutus.
06:58Elle connaissait très bien la géographie de Trois-Rivières.
07:04Cet ancien représentant commercial s'est lui aussi fait prendre au piège.
07:09Durant des mois, il croyait parler avec une mère de famille, une certaine Féline,
07:14à qui il a donné au total près de 300 000 $.
07:16Il est juste en avant.
07:21Quand je suis venu ici, je voulais vraiment, vraiment voir ce qui se passait.
07:26J'ai dit, il m'a rentré, il m'a posé des questions,
07:28si eux autres ont eu des nouvelles de Féline.
07:31J'ai rencontré le gérant de la pharmacie, j'ai posé la question,
07:36j'ai montré la photo pour m'aviser qu'on ne connaissait pas cette personne-là.
07:40Qu'est-ce que ça vous a fait?
07:47T'as la rage.
07:50T'as la peine.
07:56Un dégoût.
08:00T'as honte à toi-même quand même.
08:02Tu réalises que, oui, tu t'es fait arnaquer.
08:07À qui je parlais, je parlais-tu vraiment à elle?
08:10Elle existe-tu vraiment?
08:15Ou je parlais à quelqu'un d'autre?
08:17En réalité, derrière les photos de Féline,
08:24c'est un réseau mené par cet homme, Aboubacar Diallo,
08:27un Ivoirien arrivé au Québec comme étudiant.
08:31C'est lui qui m'a fraudé.
08:32Ouh, il y en a de sa argent là-dedans.
08:37Il montre son trésor.
08:39Sur ces photos provenant de son dossier judiciaire,
08:42on le voit avec ses complices
08:44en train d'exhiber et compter
08:46l'argent volé à leurs victimes.
08:49On a aussi obtenu des centaines
08:51de conversations sans complexe
08:53où ils s'organisent pour mettre en confiance
08:56ceux qu'ils appellent leurs clients.
09:03Celui qui répond à Diallo
09:05parle en nouchi, un dialecte ivoirien.
09:07Il fabrique des faux documents
09:08comme des contrats notariés
09:10qui servent de preuves pour demander de l'argent
09:12aux cibles qu'ils choisissent.
09:22Dans ces conversations,
09:24on découvre également des tonnes d'autres victimes
09:26qui n'ont jamais porté plainte.
09:28Pour les apathés,
09:29ils leur font même livrer des fleurs et des cadeaux.
09:32Et puis, c'est qui peut écrire le message dessus pour l'autre?
09:40Dans le cas, il est juste genre,
09:42il tient à toi.
09:48Vous avez fait combien de virements?
09:50Pour me rappeler,
09:51je n'ai pas compté.
09:53J'ai essayé d'effacer ça un peu dans ma vie.
09:56Comment vous avez fait pour payer
09:57toute cette somme-là?
09:59Il est riais.
10:01Et il a profité de sa vente de ma maison.
10:04J'ai tout, tout sorti.
10:06Vous pouvez dire.
10:07En ce moment, j'ai...
10:08Je n'ai plus rien.
10:17Bon, la soirée est finie.
10:19C'est petit.
10:20Bonjour.
10:21Là, il m'a profité dans l'hôtel
10:22qu'ils ont réservé pour moi.
10:24Fait comment?
10:25C'est ça, hein?
10:37Tu veux, tu penses quoi du monde
10:39qui fait aussi des fraudes amoureuses?
10:44Bah, faussement qu'il ne s'est pas bien.
10:48Tu vois, me prononcer dessus.
10:50Ce jeune homme en blanc,
10:52c'est Mamadou Berthe,
10:54un Ivoirien installé à Montréal.
10:57Il est suspecté d'être au coeur
10:58d'un réseau d'arnaques amoureuses.
11:01Tu ne t'habilles pas à l'aubernerie.
11:02Tu ne t'habilles pas dans des magasins cheap.
11:05Tu as des beaux vêtements,
11:06Louis Vuitton, Dior.
11:08C'est vraiment luxueux.
11:16On le voit ici au volant d'une BMW.
11:18On le voit en voyage, dans une piscine.
11:22Donc, c'est bien qu'il y avait une belle vie,
11:24qui affichait son train de vie,
11:27mais qui officiellement n'avait aucun travail.
11:29Exactement.
11:30Donc, d'où venait cet argent-là?
11:35Il n'était pas en mesure de me le dire.
11:37Donc, ce que j'ai vu dans ses comptes,
11:40ça venait clairement de la fraude,
11:41des différents types de fraudes qu'il faisait.
11:43C'est plate, Mamadou, que tu me dises,
11:48regarde, moi, je ne sais pas trop l'argent.
11:50Moi, je les rencontre, ces madame-là,
11:52puis ils sont détruits.
11:54C'est important aussi pour moi
11:56de te rencontrer aujourd'hui pour te dire ça,
11:59pour...
12:00Tu sais, tu joues avec la vie des gens, finalement.
12:02Est-ce que vous avez une idée
12:07du montant total d'argent
12:10qu'il aurait pu frauder
12:11ou récupérer auprès de victimes au Québec?
12:14C'est dur de quantifier,
12:15parce que juste dans un compte,
12:17j'avais 20 victimes,
12:19dont mes deux principales victimes.
12:21Mais les 18 autres,
12:23je ne sais pas combien ils ont perdu là-dedans.
12:25C'est astronomique.
12:27On peut imaginer que c'est des millions
12:28et des millions de dollars.
12:29Oui, on parle de millions, certains.
12:31Juste avec un individu et son réseau.
12:33Oui.
12:37En réalité, comme son compatriote
12:40Aboubacar Diallo à Trois-Rivières,
12:42Mamadou Berthe est bien plus
12:44qu'un simple brouteur.
12:46Lorsqu'on a perquisitionné
12:47le logement de M. Mamadou Berthe,
12:50on a trouvé différents documents
12:52avec des identités différentes,
12:54mais avec la photo de M. Berthe dessus.
12:57Chacune des identités ouvrait des comptes
13:02dans différentes institutions.
13:05Puis ensuite, l'argent se promenait
13:06dans des comptes.
13:08Ça fait que c'est comme une immense
13:09toile d'araignée.
13:11Puis j'ai découvert quelque chose
13:12de particulier, c'est qu'il était même
13:13dans l'exportation de véhicules volés.
13:18M. Berthe était l'expéditeur
13:20d'un container où est-ce qu'il y avait
13:21deux véhicules volés.
13:22Au nom d'une compagnie qui appartient
13:26à un membre du crime organisé africain.
13:31Pourquoi qu'on est au port?
13:33En fait, c'est parce que ça représente
13:35un peu la diversité des fraudes
13:37qui sont opérées par le réseau
13:39de fraudeurs africains,
13:41dont les véhicules volés.
13:43Puis ça, je l'ai su parce que j'ai fait appel
13:45au service frontalier via Karine Caron,
13:48qui est ici avec moi.
13:49En même temps qu'on a vu une hausse
13:50des fraudes par ameçonnage, on a vu aussi
13:52un gros boom de vols de véhicules.
13:54Il y a des complices, donc des entreprises
13:56d'exportation de véhicules qui sont utilisées
13:58par les membres du crime organisé africain
14:00pour exporter les véhicules volés en Afrique.
14:03Dans certains dossiers, on voit qu'ils sont
14:04mis dans des entrepôts pour les mettre
14:06dans des conteneurs.
14:07Et rapidement, les conteneurs sont exportés
14:09en Afrique.
14:09On a vu des exportations notamment
14:11en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Nigeria.
14:13Cette analyste des services frontaliers
14:22a découvert que derrière ces dossiers
14:24d'arnaques amoureuses, se cache en réalité
14:27un réseau aux activités beaucoup plus variées.
14:31De fil en aiguille, je me suis rendu compte
14:33que tous les dossiers étaient interreliés
14:35et qu'on est en présence d'une énorme
14:36organisation criminelle.
14:39C'est pas juste la fraude amoureuse,
14:40c'est pas juste la cybercriminalité.
14:41Il y a vraiment un gros volet de blanchiment
14:44d'argent, de vol de véhicules,
14:47de fraude d'identité.
14:48On voit aussi du trafic de stupéfiants.
14:50C'est pour ça aussi que nos homologues
14:52européens appellent cette organisation-là
14:55la mafia africaine.
14:58Et dans cette mafia, chacun a un rôle.
15:03Il y a les arnaqueurs de l'amour,
15:05comme Aboubakar Diallo et Mamadou Berthe.
15:08C'est eux qui vont créer de faux profils
15:10sur les réseaux sociaux.
15:12Il y en a d'autres qui vont fabriquer
15:14de faux documents et ouvrir des comptes bancaires.
15:17Et encore d'autres qui sont chargés de blanchir,
15:21de transférer une partie de leur argent
15:23et d'exporter des véhicules volés vers l'Afrique.
15:26L'un d'entre eux serait Guy Kouadjo Kouassi.
15:29Selon les services frontaliers,
15:31il est l'un des principaux relayeurs d'argent
15:33du crime organisé africain.
15:35On est donc allé voir M. Kouassi chez lui,
15:40dans la banlieue nord de Montréal.
15:41M. Kouassi ?
15:42Oui, bonjour.
15:44On travaille à Radio-Canada, on est journaliste.
15:47On t'a dit que vous étiez l'un des complices
15:49de Mamadou Berthe.
15:50Je n'ai pas grand-chose d'organisation.
15:52Et vous, vous faites quoi comme travail?
15:54Moi, je suis indisciplinateur,
15:56je fais l'indisciplinaire alimentaire.
15:58Alimentaire?
15:59Oui.
15:59Parce que c'est indiqué dans les documents qu'on a
16:01que vous avez aidé Mamadou Berthe
16:04pour blanchir de l'argent.
16:05Non, non, non, ça fait un cours
16:06et je ne peux pas dire grand-chose d'ici.
16:07D'accord.
16:07L'affaire est un cours?
16:08Oui.
16:09Et vous n'avez pas été impliqué
16:10dans des vols de voitures?
16:11Non, non, non.
16:11Non?
16:12Ni dans le blanchiment d'argent?
16:20Nous nous sommes rendus à l'adresse
16:21du commerce dirigé par M. Kouassi.
16:24Mais devant ce hangar,
16:25des grilles fermées,
16:27des fenêtres obstruées
16:28et des voitures abandonnées.
16:30On a finalement découvert
16:31que c'est à l'intérieur de ce même bâtiment
16:33que des policiers ont déjà trouvé
16:35plusieurs véhicules volés
16:36qui s'apprêtaient à être expédiés.
16:39À quoi sert l'argent
16:40quand il est transféré ensuite en Afrique?
16:42De ce qu'on voit jusqu'à maintenant,
16:43c'est vraiment éjecté
16:45à l'organisation criminelle en Afrique
16:47qui aurait possiblement des liens
16:49avec le Hezbollah.
16:50Donc ça pourrait possiblement
16:51financer des activités terroristes également.
17:00C'est en Côte d'Ivoire
17:02qu'on retrouve le berceau de cette branche
17:03du crime organisé africain
17:05qui sévit au Québec.
17:07C'est aussi ici, dans le port d'Abidjan,
17:09qu'arrivent régulièrement
17:10des conteneurs remplis de véhicules volés.
17:14On a demandé de l'aide
17:15à un journaliste local
17:16pour nous guider dans les coulisses
17:17de ce réseau criminel.
17:19de ce qu'il y a à l'abidjan sud.
17:24Là où on trouve
17:24beaucoup de parcs autos.
17:26Et quand vous voyez là,
17:27les parcs autos
17:28où il n'y a pas trop de voitures neuves,
17:30etc.,
17:30c'est là qu'on trouve vraiment
17:31des voitures suspects,
17:33des voitures qui peuvent être
17:34des voitures volées
17:34et qui viennent depuis...
17:37Ça peut être le Canada,
17:38l'Europe ou ailleurs
17:39et qui se retrouvent souvent
17:41dans ces parcs-là
17:42pour être vendus.
17:43On peut continuer
17:45sur l'autre boulevard, là.
17:49Avec une caméra cachée,
17:51on a donc décidé
17:52de se faire passer
17:52pour de futurs acheteurs.
17:53On regarde.
18:01Ouais, d'accord.
18:01Et j'ai demandé...
18:02Elle vient d'où ?
18:06Canada, Etats-Unis,
18:07les deux côtés.
18:07On fait les deux côtés.
18:08Ah.
18:09Elles sont apportées au port ici ?
18:11Elles arrivent par bateau ?
18:12Cet homme nous confirme
18:17que ces voitures
18:18viennent du Canada,
18:19mais il est incapable
18:20de nous garantir
18:21qu'elles sont arrivées
18:22légalement en Côte d'Ivoire.
18:24Et qui vous les envoie ?
18:26Bon, mon patron,
18:27il sait pas son premier,
18:28c'est qui ?
18:28Mais là, il sait pas.
18:30Il sait pas qui les envoie ?
18:31Non, non, là, il sait pas.
18:32OK.
18:33Mais on sent que nos questions
18:34dérangent
18:35et le patron demande
18:36à son employé
18:37d'arrêter de nous parler.
18:38Elles sont jolies.
18:39On a donc poursuivi
18:39notre magasinage
18:40un peu plus loin.
18:42Bonjour.
18:44Bonjour.
18:44Il y a des voitures
18:45qui viennent du Canada ?
18:46Oui.
18:47On a souvent
18:49les tricsons et autres, là.
18:50Mais il y a aussi
18:51beaucoup de voitures volées,
18:52non, qui viennent ?
18:53Oui, les jeunes disaient ça.
18:56Les gens laissaient
18:56tous les trois cylindrés.
18:58Selon nos informations,
18:59c'est ici que des centaines
19:01de voitures volées au Canada
19:02ont déjà été expédiées.
19:04Comment ça passe
19:05et puis ça roule en ville
19:06alors que la voiture...
19:07Non, mais tu peux pas...
19:08Il y a des autorités, non ?
19:10Ils ont...
19:10Il y a d'autres gens dedans aussi.
19:11Et la douane laisse passer ?
19:13Ah ben, laisse passer, là,
19:14on peut pas savoir
19:14parce que là,
19:15c'est plus fort que moi.
19:20Et laisse passer,
19:20pourquoi ?
19:21Il y a un peu d'argent.
19:22Bon, par exemple,
19:24je suis un colonel
19:25de la douane.
19:26Oui.
19:27Moi, je peux faire partir
19:29ce que je veux.
19:31On a donc voulu comprendre
19:37comment autant
19:38de véhicules canadiens
19:39et comment l'argent
19:41volé aux victimes québécoises
19:42arrive si facilement
19:44ici, en Côte d'Ivoire.
19:45Dans les mûets des lignes,
19:46c'est un couteau.
19:48Mais malgré plusieurs rencontres
19:49avec des dirigeants ivoiriens,
19:51toutes nos demandes d'entrevues
19:52sont restées sans réponse.
19:54Bonne journée, au revoir.
19:55Une représentante du gouvernement
20:01nous a finalement avoué
20:03que c'est notre enquête
20:04qui dérange
20:05l'état-major ivoirien.
20:06Je suis à Radio-Canada.
20:08Aborder la problématique spécifique
20:10du vol de voiture,
20:11c'est compliqué.
20:12Voilà.
20:13Parce que le sujet
20:13est un peu difficile en fait.
20:16Mais pourquoi le sujet est difficile ?
20:18Vous arrivez dans un pays
20:20en disant que
20:21c'est un pays qui est impliqué
20:22dans un processus
20:23de vol de voiture.
20:24Déjà, sur le consulat,
20:25vous voyez qu'on n'est pas
20:26forcément à l'aise.
20:27Mais on ne dit pas
20:27que le pays est impliqué.
20:28Vous avez mis des procédures
20:29en place pour atténuer le phénomène.
20:32Mais vous venez déjà
20:33pour enquêter ici
20:34sur cette question.
20:35Ça veut dire que
20:35d'une part ou d'une autre,
20:37la Côte d'Ivoire est au cœur
20:39ou est impliquée
20:40dans cette affaire en fait.
20:42Mais donc ça signifie
20:43que quoi qu'il arrive,
20:44les autorités ébriennes
20:45refusent de commenter
20:46ce sujet-là
20:46parce qu'il est sensible.
20:48Je pense qu'on peut terminer
20:49sur cette conclusion.
20:54Sous-titrage Société Radio-Canada
20:59Salut ?
21:05Là-bas.
21:06Attends, regarde.
21:06Je la vois, je la vois.
21:07Ah oui, salut.
21:08Ok.
21:08Tu peux t'arrêter ici ?
21:09Reste là.
21:13Moi, j'y vais,
21:13avec Bakary.
21:14Ouais.
21:17Salut Alvin.
21:18Ouais, j'ai le mal.
21:18À chanter.
21:19Cet homme bien habillé
21:20est un spécialiste
21:22de l'arnaque amoureuse,
21:23un brouteur
21:24comme on les appelle
21:24en Côte d'Ivoire.
21:27Il se fait appeler Alvin
21:29et il nous a demandé
21:30de ne pas montrer son visage
21:31car ce qu'il veut nous raconter
21:33pourrait le faire arrêter.
21:34Je vais vous envoyer là
21:39où, dans le supercafé
21:40où j'ai commencé le broutage.
21:44Quand on venait dans le supercafé,
21:46il y avait une heure,
21:49trois heures du matin.
21:50On s'enfermait dans le supercafé,
21:52c'est-à-dire le gérant,
21:53il ferme le supercafé
21:54et on est tous dedans.
21:57Vous êtes combien ?
21:58Plusieurs.
22:01Ici, c'est là que j'ai commencé.
22:03C'est en partie à partir
22:12de ce cybercafé
22:13que les Canadiens
22:14ont commencé tous les jours
22:15à se faire arnaquer
22:16par de faux profils
22:18sur les réseaux sociaux.
22:20Mais notre présence
22:21ne plaît pas aux gérants.
22:23Je voulais juste que mon dos
22:24ait commencé à travailler.
22:26Si c'est possible.
22:30Et il y en a encore
22:32des petits brouteurs.
22:33des avortants de brouteurs
22:34qui sont dedans
22:35en train de s'amuser.
22:38Ils font quoi,
22:39tu penses, à l'intérieur ?
22:40Ils essaient de se choper
22:41des clients.
22:42Maintenant,
22:43c'est des brouteurs
22:44qui prennent beaucoup
22:45les choses au sérieux.
22:46Ils préfèrent faire
22:46des broutages
22:47chez eux, à la maison,
22:49avec un ordinateur,
22:50avec sa connexion internet
22:51à la maison.
22:52Comme ça,
22:53c'est mon risque.
22:53Alvin nous offre un accès
22:59inédit et unique
23:01dans le monde
23:01de la cybercriminalité.
23:03Il a lui-même été
23:04un membre important
23:05d'un réseau criminel
23:06qui a fait de nombreuses
23:07victimes au Québec.
23:08Il y a un de mes potes ici.
23:12C'est un infographe,
23:12celui qui fait
23:13des montages vidéo,
23:15des faux documents
23:15pour le brouteur.
23:16Ah ouais ?
23:17Oui, bien sûr,
23:17mais je ne sais pas
23:18s'il va accepter
23:18d'être dans le reportage
23:19parce que c'est un gros pireux.
23:21Mais c'est le meilleur infographe,
23:22le meilleur monteur
23:23de faux documents
23:24de tout le quartier.
23:26Lui, il fait
23:26des faux passeports,
23:28il fait des fausses pièces
23:29d'identité,
23:30des faux documents
23:31de terrain,
23:32tout ce qui est illégal.
23:33C'est grâce
23:34à ces contrefaçons
23:35professionnelles
23:36que ces criminels
23:37arrivent à tromper
23:37leurs victimes
23:38et à ouvrir
23:39plusieurs comptes bancaires
23:40au Québec.
23:44Attends, attends.
23:46Et dans ce coup-là,
23:47on va aller,
23:47on va taper à sa porte.
23:49OK.
23:55C'est boss, c'est boss !
23:57Oui, c'est boss.
24:00Voilà, lui,
24:01c'est comme un flotte, moi.
24:02Vous faites quoi,
24:02vous, dans la lit ?
24:03Avec...
24:04Je suis graphiste.
24:05Donc, là,
24:06je suis graphiste.
24:08Il est très bon,
24:09la entité de Rouille-Bas.
24:10C'est très bon.
24:11Donc, nous,
24:12on tourne un peu
24:12dans le quartier.
24:13Il n'y a pas de souci.
24:14Oui.
24:16Je ne suis pas surpris
24:18de ces aspects
24:19novateurs
24:20de la délinquance.
24:24C'est une mafia
24:25qui est en train
24:25de se constituer.
24:26Et puis,
24:27ne vous étonnez pas,
24:27quand on parle
24:28du crime organisé,
24:30chaque entité ici
24:31a des connexions.
24:32et il y a une mafia
24:33ivoirienne
24:34qui est entrée
24:34et se mette en place.
24:35C'est vrai,
24:36elle est jeune,
24:37mais ça fait peur.
24:39On se demande
24:40en 10 ans
24:40qu'est-ce qu'elle va
24:41représenter.
24:44Ce criminologue
24:45est l'un des rares
24:46experts ivoiriens
24:47qui a accepté
24:48de commenter
24:48l'évolution
24:48de ces réseaux criminels
24:49qui prennent de plus
24:50en plus d'ampleur.
24:53Je fais l'historique
24:54même de la cybercriminalité,
24:55la Côte d'Ivoire
24:56était loin
24:57derrière le Nigeria.
24:58En Afrique,
24:59de l'Ouest,
24:59le pays où il y avait
25:01plus de cybercriminalité,
25:02c'était les pays
25:02anglophones,
25:03le Nigeria,
25:04le Ghana.
25:04Mais aujourd'hui,
25:05en tant que pays
25:06francophone,
25:07la Côte d'Ivoire
25:07bat tout cela
25:08en matière
25:09d'arnaques
25:11sur le net.
25:14C'est démentiel.
25:15C'est démentiel.
25:16Oui, c'est démentiel
25:17parce que
25:17en un rien de temps,
25:20les jeunes ici
25:21ont appris
25:22à maîtriser
25:22tous les contours
25:23et à dammer
25:24le pion
25:25même à ceux
25:25qui leur ont appris
25:26la chose.
25:41On va au terrain Béziers,
25:44là où
25:44à le fromager
25:46ou souvent,
25:48on venait
25:48faire des sacrifices
25:49pour pouvoir
25:51engoûter
25:52soit des blancs
25:53ou des blanches,
25:55peu importe.
25:58Donc c'est l'arbre
25:59des sacrifices.
25:59Oui,
26:00c'est un arbre
26:00des sacrifices.
26:05Cette table-là
26:06n'est pas simple.
26:07C'est un arbre
26:07mystérieux
26:08parce que
26:09cette table
26:10est tellement vieux
26:11et pour eux,
26:13ils voient des choses,
26:14des esprits.
26:16Voilà,
26:16c'est un arbre spirituel.
26:19Que ce soit
26:19les marabouts
26:20ou les féticheurs,
26:21peu importe,
26:21l'absence,
26:23chez qui tu vas
26:23et nous envoyer là
26:25pour pouvoir enterrer
26:26des photos
26:27de blanc.
26:30Et quand tu viens
26:31devant cette table-là,
26:32tu grises un trou,
26:33tu enterres
26:34la photo
26:35de ton client.
26:36La semaine qui suit,
26:37tu pourras recevoir
26:38la somme que tu veux.
26:39Donc,
26:40tu enterres la photo
26:40et une semaine après,
26:42parce que la personne
26:43était normalement envoûtée,
26:44elle va te donner
26:455 000 $.
26:46Elle va te donner
26:465 000 $,
26:47la somme que tu veux.
26:48Ça a marché pour toi?
26:49Oui,
26:49ça a marché pour moi
26:50au moins 3-4 fois.
26:52Grâce au marabout,
26:53tu penses?
26:53Il n'y a aucun brouteur
26:55qui fait ce qu'il fait
26:56sans un marabout,
26:57c'est impossible.
26:58C'est impossible,
26:59il n'y a aucun brouteur.
27:01Toutes ces personnes
27:01qui ont de l'argent,
27:03qui sont au Québec
27:04où il y a forcément
27:05un marabout derrière eux.
27:08Donc,
27:08c'est des choses
27:09qu'on y croit ici en Afrique
27:10et particulièrement en Côte d'Ivoire.
27:12Pourquoi c'est important
27:30pour toi de parler?
27:33C'est important pour moi
27:34de parler parce que
27:35j'ai en acquis
27:37beaucoup de personnes
27:38et j'ai vu
27:41les peines,
27:43les désespoirs.
27:44Quand je suis rentré
27:44dans le broutage,
27:45celui qui m'a mis
27:46dans le broutage
27:46m'a dit,
27:48Alvin,
27:49dans ce milieu-là,
27:51il n'y a pas de pitié.
27:53Si tu as pitié,
27:53tu n'iras jamais loin.
27:55Vous pensez avoir
27:56arnaqué combien
27:57de Canadiens et de Québécois?
27:59Non,
27:59je ne peux pas compter.
28:00Pourquoi?
28:01Parce que c'est beaucoup?
28:02Oui,
28:02c'est tellement,
28:02je ne peux pas compter
28:03parce que j'en ai pris
28:04des 5 000,
28:05des 7 000,
28:06des 10 000,
28:07des 12 000.
28:08Avec le membre du réseau,
28:10un jour,
28:10on a pris
28:11110 000
28:12qu'on s'est partagé.
28:13On a appris
28:14qu'au Québec,
28:15il y a des chefs de réseau.
28:16Ils ont des personnes
28:17qui vont retirer
28:18et créer les comptes.
28:19Ils ont des gens
28:19qui vont faire
28:20des faux documents
28:20qui sont à Abidjan
28:21et qu'après,
28:23ils se transfèrent l'argent.
28:25Oui,
28:25c'est totalement ça.
28:26Il y en a des gens ici
28:27qui coûtent
28:27pour des faux documents.
28:30Oui,
28:30c'est ce qui se passe.
28:32C'est bien ce qui se passe au fait.
28:33Et c'est de mieux en mieux fait.
28:35Oui,
28:35c'est de mieux en mieux fait.
28:36C'est de plus en plus professionnel.
28:38parce qu'au fur et à mesure
28:41qu'on avance,
28:42ça s'améliore.
28:44C'est un métier
28:44à part entière.
28:45Oui,
28:46c'est devenu un métier.
28:55Ici,
28:55c'est un autre endroit
28:56de Montcati
28:57où plusieurs routeurs
28:59viennent se rafraîchir.
29:01Là,
29:02il y a Abouakar Diallo
29:02qui a été arrêté au Québec.
29:04Il s'amusait
29:05à prendre plein de photos
29:06comme ça
29:07de lui
29:07avec des montagnes d'argent
29:10et de les envoyer
29:11à ses amis
29:11à Abidjan.
29:13Qu'est-ce que tu en penses
29:14quand tu vois ça, toi ?
29:15Pour être sincère,
29:17je pense que
29:17c'est un peu stupide.
29:20Il y en a tellement
29:20de routeurs
29:21qui le font.
29:22Moi aussi,
29:22je le fais au fait.
29:23Au fait,
29:23c'est quand même virou.
29:24Je ne peux pas.
29:25J'ai envie de montrer
29:25ta grandeur.
29:26C'est ça le routeage.
29:27On ne fait pas le routeage
29:28pour se cacher.
29:29On fait le routeage
29:30pour montrer qu'on existe,
29:31pour montrer
29:31qu'on a de l'argent.
29:33C'est ça le routeage.
29:34Et ces personnes-là,
29:34c'est des personnes
29:35qui sont beaucoup connues
29:37ici en Côte d'Ivoire.
29:38C'est des personnes
29:38qui ont des réseaux.
29:40Ils ont des réseaux.
29:40C'est une grande organisation.
29:41On est devant
29:55une agence d'immigration
29:56qui a des affiches
29:58un peu partout
29:58dans Abidjan
29:59pour venir étudier
30:00ou travailler au Canada.
30:02Sur le panneau,
30:02il y a plusieurs écoles canadiennes.
30:05Le cégep de Limoalu,
30:07l'Université du Québec,
30:08l'UQAM,
30:09l'Université d'Ottawa.
30:10Bonjour.
30:15Monsieur Robert ?
30:16Oui, c'est moi.
30:17Ça attire beaucoup,
30:17le Canada.
30:18Franchement,
30:18ça attire beaucoup.
30:20Il faut dire
30:21que le Canada
30:21est devenu quand même
30:22un eldorado.
30:24L'Europe,
30:26il faut le dire
30:26très honnêtement,
30:27aujourd'hui,
30:27la réalité a beaucoup évolué.
30:29Donc,
30:30ça n'attire plus trop
30:31comme avant.
30:31Voilà.
30:32C'est ça qui est
30:32une réalité aussi.
30:33C'est devenu un business
30:34aussi, en quelque sorte ?
30:35En effet.
30:36En effet.
30:37Oui,
30:37on va dire ça comme ça.
30:38après,
30:41il faut bien
30:41que les gens
30:42conseillent,
30:42on va dire,
30:43de façon honnête.
30:44C'est ça
30:45qui est le plus important.
30:46Est-ce qu'il y a des gens
30:46qui vous disent
30:47j'aimerais juste
30:48un permis d'études
30:48pour rentrer au pays
30:49et après je vais faire...
30:50Je déconseille ça déjà.
30:52Je déconseille ça.
30:53Parce que,
30:54vous savez,
30:54si dans le motif de part,
30:57tu affirmes
30:57que tu pars
30:58pour faire des études,
30:59ça veut dire que
30:59c'est un contrat
30:59que tu établis
31:00entre toi
31:00et le pays d'accueil.
31:02Si éventuellement
31:03tu ruses,
31:04ça veut dire que
31:04d'une façon ou d'une autre,
31:05ça va te rattraper.
31:07Entrer au Canada
31:08avec un permis d'études,
31:10c'est justement
31:10la technique
31:11qu'utilisent
31:11les membres
31:12du crime organisé
31:13africain
31:13installé au Québec.
31:15L'analyse a permis
31:16déterminé
31:17qu'à peu près 80%
31:18des membres
31:19de l'organisation criminelle
31:20sont arrivés au Canada
31:21avec un permis d'études.
31:23Ils vont faire
31:23des demandes
31:24pour des universités
31:26plus en région.
31:27Par contre,
31:28on se rend compte
31:28qu'au final,
31:29ils n'ont pas de temps
31:30à étudier au Canada.
31:31C'est le cas
31:33d'Aboubacar Diallo
31:35et de Mamadou Berthe.
31:37Les deux fraudeurs
31:37ivoiriens
31:38ont obtenu
31:39un visa étudiant
31:40pour des universités
31:40à Trois-Rivières
31:41et à Chicoutimi.
31:43Mais ils n'y ont
31:44jamais mis les pieds.
31:45Pour savoir
31:46si c'est si facile
31:47d'obtenir un permis d'études
31:48pour le Canada,
31:50on a rappelé
31:50l'agence d'Abidjan
31:51qui se vantait
31:52de faire les choses
31:52dans les règles de l'art.
31:56Oui,
31:56bonsoir,
31:57notre collaborateur
31:58Bakary
31:58s'est fait passer
31:59pour un jeune Ivoirien
32:00qui souhaite se servir
32:01du permis d'études
32:02comme porte d'entrée
32:03au Canada.
32:04Si, par exemple,
32:06l'idée,
32:07c'est d'avoir un permis,
32:09mais après,
32:10voilà,
32:10une fois que tu es
32:11assis du territoire,
32:12elle est obligée
32:12d'aller à l'école.
32:14Non, il n'y a pas de souci,
32:15il n'y a pas de problème.
32:15Quand vous venez,
32:16on va se comprendre,
32:18on va s'entendre.
32:19D'accord.
32:20Tiens,
32:21mais là, ça tourne.
32:24Bakary
32:25est donc allé sur place
32:26en caméra cachée
32:27et le discours
32:28fut complètement différent.
32:30La question,
32:31c'est est-ce que
32:31si je vais au Canada
32:33ou si j'envoie
32:34quelqu'un au Canada,
32:35la personne est obligée
32:35d'aller étudier ?
32:37Non, ça va dépendre.
32:39La personne peut avoir
32:39quel âge comme ça ?
32:4126, 27.
32:43C'est celui-là
32:43qui est la personne
32:44qui passe sur
32:44des études
32:45et puis éventuellement
32:47arriver là-bas.
32:48Quand elle n'a pas envie
32:49d'aller à l'école,
32:51elle pourra
32:51faire ce que tout le monde,
32:53ce que les gens lui font.
32:54Le directeur propose ensuite
33:08de poursuivre la discussion
33:09à l'abri
33:10d'oreilles indiscrètes.
33:11Je crois qu'ils ont détecté
33:36une faille dans le système
33:37pour entrer
33:38avec un statut d'étudiant.
33:40s'il n'y a pas de vérification.
33:42Peut-être qu'il y aurait
33:44peut-être moyen
33:44de faire un plus gros suivi
33:47avec ces statuts-là
33:48parce que, d'après moi,
33:49le mot se passe
33:50et on aborde
33:52de plus en plus.
33:56Le ministère de l'Immigration,
33:58celui qui délivre
33:58ses visas d'études,
34:00nous a confirmé
34:01qu'aucune vérification automatique
34:02n'est faite
34:03auprès des étudiants étrangers.
34:04Ce serait en fait
34:05aux universités
34:06d'alerter les autorités
34:07si le titulaire
34:09du permis d'études
34:10n'est pas là
34:10pour les bonnes raisons.
34:12C'est l'Eldorado aussi,
34:13le Canada,
34:14pour des groupes criminels ?
34:15Bien sûr.
34:18Si la criminalité
34:19ne prospère pas,
34:20que j'ai la possibilité
34:20d'aller dans un univers
34:22où je me dis
34:23qu'il y a encore
34:23plus de possibilités,
34:24je ne vais pas me priver
34:25à le faire.
34:26C'est si c'est pas comprendre.
34:28Le battement d'aile
34:29d'un papillon
34:30en Côte-de-voir
34:31peut créer des tsunamis
34:32même au Canada.
34:34La plupart des Canadiens
34:35voyaient cette criminalité
34:36de loin.
34:38Mais aujourd'hui,
34:39elle est sur votre territoire.
34:40Il y avait une belle maison
34:52que j'avais faite construire
34:54en 99.
34:59Ça a été
35:00un choc.
35:04T'es obligé
35:04de te vendre
35:06de partir
35:07d'une belle maison
35:08que t'es faite faire
35:09selon tes goûts
35:10à toi et tout ça.
35:12Je t'ai retrouvé
35:12dans un logement.
35:15Puis là,
35:16je suis heureux.
35:17C'est mon choix,
35:18c'est mon goût.
35:20Je rentre chez moi,
35:21je suis...
35:22je suis bien.
35:24Jusqu'à maintenant,
35:26ce retraité
35:26n'avait raconté
35:27à personne
35:28ce qu'il a vécu.
35:30Ce réseau criminel
35:31lui a volé
35:32près de 300 000 $.
35:34Il veut désormais
35:35que les autorités canadiennes
35:36serrent la vis
35:37contre ces individus
35:38pour les empêcher
35:40d'entrer au pays.
35:41Il faut que le monde
35:42sache ce qui se passe
35:43dans la vie
35:44avec ces gens-là.
35:47Ils ne sont pas nés.
35:49Que tu tombes de main,
35:51que tu n'as plus rien,
35:52tu perds tout,
35:52tu n'as plus de voiture,
35:53tu n'as plus de changement,
35:54puis tu couches
35:54sur un banc d'autobus.
35:58Ils ne s'en préoccupent pas
35:59de toi.
36:00Tu n'es vraiment pas
36:01important pour eux autres.
36:01puis je ne suis pas le seul
36:04qui s'est fait
36:05arnaquer perdu.
36:08Mais il faut le savoir.
36:12Il faut continuer.
36:13Aujourd'hui, nous sommes au palais de justice,
36:36puis on s'en va pour la sentence
36:38de Mamadou Berte.
36:40C'est de juger.
36:43Après ça, on tourne la page.
36:46L'arnaqueur de Guylaine Paré
36:47a finalement plaidé coupable.
36:50Mamadou Berte a reconnu
36:51avoir participé
36:52à un stratagème de fraude
36:53dans lequel, selon lui,
36:55il n'était que l'un des maillons
36:56d'une grande organisation.
36:59Il a directement été expulsé
37:00dans son pays d'origine,
37:01la Côte d'Ivoire.
37:02Tiens, dans mes bras, toi.
37:04Oui, un petit calais.
37:07Merci pour tout, tout, tout, tout.
37:09C'est un plaisir.
37:11Oui.
37:11Ça me réjouit
37:12qu'il soit expulsé,
37:14mais c'est une personne
37:15parmi tant d'autres, malheureusement.
37:17Le réseau existe toujours.
37:18Il y a un maillon de la chaîne
37:20qui a quitté,
37:21mais il va être vite remplacé.
37:23Qu'est-ce qu'il va faire, Berte,
37:25en Côte d'Ivoire, selon toi?
37:27Bonne question.
37:28Je ne sais pas si ses études
37:29qu'il y a eu au Québec
37:31vont l'aider
37:31à se trouver un emploi là-bas,
37:33mais une chose est sûre,
37:34c'est qu'on me dit
37:36un brouteur un jour,
37:37brouteur toujours.
37:44Malgré ces arrestations,
37:46le crime organisé africain
37:48continue de prospérer au Québec.
37:51Selon nos informations,
37:52deux des complices
37:53des criminels récemment condamnés
37:55ont même trouvé
37:56un emploi secondaire.
37:58Elles travaillent
37:58dans des résidences pour aînés,
38:00en plein cœur,
38:01de leurs victimes potentielles.
38:04Est-ce que tu crains
38:05que le Canada
38:06devienne de plus en plus
38:08une cible
38:10pour ces criminels-là?
38:11Bien sûr.
38:13Moi, j'ai déjà
38:13des clients canadiens.
38:14J'ai comme l'impression
38:15que ce sont des personnes
38:16qui ont besoin d'amour,
38:18qui ont besoin d'être aimées,
38:21qui ont besoin d'affection.
38:23Quand je vois
38:23des jeunes brouteurs,
38:25ça me fait mal.
38:27J'ai mal pour les victimes,
38:28parce qu'ils chargent
38:30qu'un nouveau brouteunet,
38:32il y a une nouvelle personne
38:33qui découvre le monde
38:34des rencontres sur Internet
38:35et forcément,
38:36tu vas croiser des brouteurs.
38:38Ça, c'est su.
38:38Sous-titrage Société Radio-Canada
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