L'immortalité touche-t-elle à sa fin ?

  • il y a 15 ans
L’Académie, « la dénigrer mais tâcher d’en faire partie » songeait Flaubert. Au dernier décompte, il n’y aurait plus que 4 fauteuils vides sur les 40. L’historien d’art Jean Clair a été élu hier contre Pierre Bergé au fauteuil vacant de l’académicien Bertrand Poirot-Delpech, dont il devra selon l’usage prononcer l’éloge.
Les 40 sont enfin 36 – ce qui représente un net redressement. Il faut avouer que 2007 fut une année cruelle pour les Immortels avec des disparitions en cascade qui ont mis l’institution –moyenne d’âge 79 ans - devant l’obligation de recruter.
Mais qui recruter ? Un débat feutré (forcément feutré) oppose ceux qui veulent accueillir des écrivains, des plumes confirmées, la « grande littérature » et ceux pour qui la Vieille Dame doit rester fidèle à sa mission, et continuer de compter parmi ses membres des représentants de toute la société, ou ce qu’on entend par toute la société Quai Conti : essentiellement des cardinaux et des maréchaux.
Aujourd’hui, ni Modiano, ni Bonnefoy, ni Le Clézio, ni Sollers ne se sont portés candidats.
Est-ce donc que l’Académie serait morte avec le 19ème siècle, avec la fin des salons, et de tous ces modes désuets de sociabilité littéraire ? Ou morte d’avoir fait les mauvais choix, d’avoir raté Malraux, Sartre, Camus, Aragon, sans parler de Gide, Proust ou Céline ? A moins que la génération qui a 60 ans aujourd’hui ait été marquée par 68, comme le pense H. Carrière d’Encausse, et qu’elle refuse par peur de l’institutionnalisation ?

Invités

Dominique Fernandez. Ecrivain (prix Médicis en 1974 pour Porporino ou les Mystères de Naples ; prix Goncourt en 1982 pour Dans la main de l'ange)
Académicien (élu le 8 mars 2007)

Michel Deguy. Poète et philosophe (a reçu le prix de l'Académie Française en 2004)

Olivier Ihl. Directeur de l'IEP de Grenoble
Historien

Louis-Bernard Robitaille. Journaliste, correspondant à Paris pour La Presse (Québec)

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