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  • il y a 2 mois
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 9 septembre 2025, l'harmoniciste Greg Zlap. Il vient de sortir un album hommage à son ami Johnny Hallyday.

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Transcription
00:00Bonjour Greg Zap !
00:10Bonjour !
00:11Quand on vous voit, on ressent un souffle chaud et percutant.
00:14Et pour cause, vous êtes l'harmoniciste français le plus réputé et sollicité.
00:18Franco-Polonnais ? Polonais ou Français d'ailleurs ?
00:21Franco-Polonnais.
00:22Franco-Polonnais.
00:23Vous êtes avant tout la preuve qu'on peut faire d'un instrument une voix,
00:26tant chacune de vos interprétations ou partitions jouées sont humaines et vivantes.
00:30Vous êtes aussi avant tout un artiste libre qui a pour seule passion la musique.
00:34Vous jouez aux côtés des plus grands depuis bien longtemps.
00:37J'en citais quelques-uns.
00:38Jean-Jacques Milteau, Florent Pagny, Francis Cabrel, Maxime Le Forestier, Charles Aznavaux
00:42ou encore Johnny Hallyday que vous avez accompagné pendant plus de 10 ans.
00:45Avec ce dernier, vous avez partagé des moments très forts et la même langue, celle du blues.
00:49Aujourd'hui, vous lui rendez hommage à travers 15 titres incontournables
00:52revisités, accompagnés par d'autres artistes.
00:55Je pense à MC Solar, Thomas Dutronc, encore Fred Chapelier ou Nono Norbert-Krieff.
01:00Et un spectacle rock à vos côtés avec des musiciens d'exception
01:04comme les guitaristes Raoul Chichin, Eric Sovia ou le bassiste Oliver Smith,
01:09la batterie de Julien Boyer.
01:10Vous gardez quoi du taulier, du patron de Johnny Hallyday,
01:13donc de cette amitié qui a duré plus de 10 ans ?
01:16Je garde un souvenir de notre première rencontre parce qu'en fait, je ne connaissais pas Johnny
01:22avant de le rencontrer.
01:23Donc, je connaissais son image dans les médias.
01:27J'avais des amis qui me parlaient de lui, de ses concerts,
01:31mais c'était une sphère musicale qui était très lointaine de ce que je faisais.
01:37Donc, c'était un monde à part que je ne connaissais pas.
01:41Et au moment où je suis entré dans le studio, j'ai vu Johnny.
01:46Il m'a serré la main, il m'a regardé droit dans les yeux.
01:49Il m'a posé cette question, il me dit, Greg, dis-moi, est-ce que tu joues sur les Marine Band ?
01:55Et là, j'ai compris. Parce que le Marine Band, c'est un harmonica.
02:01C'est un modèle d'harmonica mythique qui est un modèle de blues qui a fait l'histoire du blues.
02:08Et donc, personne ne le connaît à part les harmonicistes.
02:11Et donc, quand Johnny m'a posé cette question, j'ai compris tout de suite
02:14que nous avions la même passion et les mêmes racines musicales.
02:19Et tout ce qui a suivi, ça vient de cet instant.
02:24Ce qui est assez fort, d'ailleurs, c'est que très vite, il vous a donné une vision des capacités que vous pouviez avoir.
02:29En tout cas, il vous a demandé de faire le show, d'exister, de trouver votre place au sein de cette formation.
02:35Ah oui. D'ailleurs, en fait, je n'avais pas une envie particulière d'accompagner d'autres stars.
02:46Parce que je faisais mes concerts, j'enregistrais mes disques.
02:49Et donc, j'avais une envie de persévérer dans mon art.
03:00Mais quand j'ai rencontré Johnny, il a posé sa main sur mon épaule.
03:05Il me dit, est-ce que tu veux partir en tournée avec nous ?
03:08J'ai dit oui tout de suite. C'était viscéral.
03:11Voilà, c'était ça.
03:15Et je ne savais pas dans quoi je m'embarquais.
03:20Et je m'en suis rendu compte, quand je suis arrivé à Los Angeles, les premières répétitions pour la première tournée, c'était le tour 66.
03:28Donc, je ne connaissais pas du tout le monde des grandes tournées.
03:31Déjà, aller répéter à Los Angeles pendant trois ou quatre semaines, c'est quelque chose qui n'existe pas.
03:38Et ensuite, je ne connaissais pas les morceaux de Johnny.
03:42Donc, en fait, à chaque fois, je découvrais les titres.
03:45Je disais, qu'est-ce que je peux faire ?
03:47Pour moi, c'était de la musique.
03:49Et ce Johnny, quand il venait répéter, il me proposait des titres.
03:55Il me disait, tiens, tu pourrais peut-être jouer ici.
03:58Notamment Gabriel, je m'en souviens très bien.
04:00Il me dit, on va jouer Gabriel.
04:02Je dis, c'est quoi Gabriel ? Je ne connais pas.
04:04C'est un blues, c'est homie, c'est facile.
04:08Donc, je prends mon harmonica, comme je le fais toujours.
04:11Et puis, on se lance.
04:13Je me lance dans un solo où j'y mets toutes mes tripes.
04:18Sauf qu'à la fin, Johnny vient me voir et me dit, tu ne vas pas rester planté comme un piqué derrière ton micro quand on va faire le show.
04:25Et là, je me suis rendu compte qu'il attendait de moi quelque chose de plus.
04:31Il attendait que je fasse le show.
04:34Et je lui ai fait une promesse.
04:37Je lui ai dit, Johnny, je te promets, je vais faire le show.
04:40Sauf que je ne savais pas comment.
04:46Et je me souviens, j'ai réfléchi.
04:49Je me suis dit, mais ça veut dire quoi, en fait ?
04:52Avec mon harmonica, ça veut dire quoi faire le show ?
04:55Je vais jouer.
04:56Qu'est-ce qu'il attend de moi ?
04:58Et donc, avant le premier spectacle, à la générale, je me suis dit, il attend quelque chose de moi.
05:05Je vais aller à fond, quitte à être ridicule.
05:07Je vais tout faire.
05:08Je me suis dit, je vais danser.
05:10Je vais courir à travers la scène.
05:13Je vais aller dans le procénium au milieu de la foule.
05:17Je vais sauter.
05:19Je vais crier.
05:21Je vais chanter.
05:22Et puis, je vais me mettre carrément par terre.
05:25Voilà.
05:26Et donc, j'ai fait tout ça.
05:27Et à la fin de ce premier show, Johnny passe en revue tous les musiciens.
05:32Et donc, ma gorge se noue.
05:37Qu'est-ce qu'il va me dire ?
05:38Et il me dit, c'est bien, continue comme ça.
05:41Et donc, j'ai compris qu'en fait, j'étais sur la bonne voie.
05:45Il n'y avait rien de ridicule.
05:47On pouvait faire tout ce qu'on voulait.
05:49A côté de Johnny, ce n'était jamais ridicule.
05:52Et donc, j'étais complètement libre.
05:56Vous avez vraiment les yeux qui brillent quand vous parlez de lui.
05:59C'est toujours aussi dur d'accepter qu'il ne soit plus là physiquement.
06:03Eh bien, il fallait pas mal de temps de faire le deuil, évidemment.
06:10Parce que c'est une rencontre qui marque une vie.
06:16Et puis, il s'est passé quelque chose humainement qui fait qu'il y a toujours un manque.
06:24Et en même temps, ce qui est génial avec la musique, c'est que ça permet de prolonger,
06:36justement de transmettre un sentiment, une histoire et de rebondir sur ce qui s'est passé.
06:48Il y a un vrai destin quand on regarde bien votre parcours, Greg.
06:52C'est-à-dire que vous êtes né à Varsovie.
06:56Vous êtes arrivé en France avec effectivement en poche un cadeau de votre oncle, cet harmonica.
07:02Il vous le transmet, vous avez quoi, 14 ans ?
07:04Oui.
07:06Et il vous confie dans l'oreille qu'il faut que vous écoutiez des jazzmen américains.
07:10Et il va y avoir effectivement après cette rencontre avec le jazz et avec le blues aussi, qui va révéler quelque chose en vous.
07:20Mais cet harmonica, très vite vous comprenez qu'il va être le liant avec une forme de liberté.
07:24Ah oui, c'était toujours lié à la liberté pour moi.
07:28Quand j'avais trois ans, en fait, j'ai eu ma première expérience musicale en Pologne à la maternelle.
07:36Monsieur et une dame du conservatoire sont venues auditionner les gamins.
07:39Et donc, ensuite, mes parents ont reçu une lettre en disant « Votre fils sera pianiste ».
07:43Et donc, j'étais enrôlé dans une école, dans un conservatoire avec des cours de piano.
07:52Et je ne voulais pas du tout ça.
07:55C'était horrible.
07:56J'ai prié mes parents.
07:57J'ai fait deux ans, je pense.
07:58J'ai prié mes parents d'arrêter.
07:59Tout s'est arrêté.
08:00Et c'était la fin de la musique pour moi.
08:03Donc, je ne voyais pas la discipline, ce truc-là.
08:09Ça ne m'a pas du tout branché.
08:11Je n'étais pas fait pour la musique.
08:13Et quand j'ai reçu mon premier harmonica, le cadeau, c'était un cadeau de mon oncle.
08:18J'ai fait comme tout le monde.
08:19Je l'ai pris.
08:21Je soufflais dedans.
08:22J'ai appris un premier morceau.
08:25Et je l'ai vite laissé tomber derrière mon lit.
08:33Ça ne m'intéressait pas du tout.
08:35Et mon oncle, comme vous le disiez, il insistait.
08:39Heureusement, il m'a dit « mais il faut que tu écoutes ce que font les bluesmen américains
08:44avec cet instrument-là ».
08:46Et là, je tombe sur un enregistrement.
08:48Là, j'entends ça.
08:49Là, j'ai entendu ça.
09:07Et c'était une voix.
09:09C'était une sonorité impossible.
09:12Je ne comprenais pas.
09:15Cet instrument que j'avais entre les mains et le son que j'entendais, ça m'a touché
09:22tellement profondément.
09:23J'ai essayé de faire ça et je me suis dit « le gars, il doit tricher parce que moi,
09:28je n'y arrive pas ».
09:29Et donc là, c'était fini.
09:31Je me suis mis à rechercher toutes les musiques où il y avait de l'harmonica et à jouer,
09:37jouer, jouer.
09:38Le 8 décembre, vous serez au Casino de Paris.
09:40Il y a une tournée, Greg.
09:41De monter sur scène, évidemment, c'est toujours plein d'émotions parce que quand vous avez
09:46démarré avec lui, il y a une autre personne que vous avez rencontrée.
09:49C'est le public qui vibre, qui d'ailleurs à travers vous a le sentiment de l'entendre
09:56encore.
09:57Il y a toujours une petite place.
09:58Vous avez l'impression qu'il est toujours avec vous sur scène quand vous montez sur scène ?
10:00Bien sûr.
10:01Quand je monte sur scène, j'ai toujours l'image de Johnny avant de monter sur scène et le
10:10moment où il est entré sur scène.
10:12C'est-à-dire qu'il se plaçait à côté de la scène.
10:15C'était un monsieur âgé qui était dans ses pensées, la tête baissée.
10:22Et puis, au moment de monter sur scène, il se relevait, il se redressait.
10:27Il devenait un géant.
10:28Il montait sur scène et il faisait 2-3 heures de show.
10:32Hallucinant.
10:33Et en fait, ce que j'ai compris, moi j'ai toujours aimé le public depuis que j'ai
10:40fait mes premiers concerts à l'Harmonica.
10:43J'ai cette envie d'échanger avec le public, donc j'adore ça.
10:49Mais je connaissais aussi des moments où on faisait plusieurs concerts, donc je me disais
10:56ce soir, je vais y aller mollo.
10:59J'ai déjà connu ça avant de connaître Johnny.
11:03Quand j'ai connu Johnny, quand j'ai vu ce qu'il fait, j'ai compris que la scène, c'était
11:07sacré.
11:08Le public, c'était sacré.
11:10Il n'y a pas de petites scènes, il n'y a pas de grandes scènes.
11:13C'est le moment où il ne peut rien se passer.
11:18On ne peut pas faillir.
11:21On doit être là à 200%.
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