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  • il y a 2 mois
En salles le mercredi 10 septembre.
Transcription
00:00Ce fut l'un des chocs du dernier festival de Cannes.
00:02Sirat d'Oliver Latché est en salle cette semaine
00:04et on en parle dans le face-à-face critique de la rentrée.
00:30Sirat a été présenté le deuxième jour du festival de Cannes
00:38et on ne s'en est pas remis depuis.
00:41C'est le quatrième film de l'espagnol Oliver Latché,
00:43cinéaste relativement confidentiel
00:45et qui va atteindre une grande notoriété grâce à ce film,
00:48assez extraordinaire à tout point de vue.
00:50Alors effectivement, c'était un choc à Cannes, pour beaucoup en tout cas,
00:53et c'était un petit peu compliqué à vivre
00:55pour ceux qui n'avaient pas été envoûtés, hallucinés,
00:58et qui n'étaient pas partis dans le trip et dont je faisais partie.
01:03C'est toujours un peu compliqué quand on est critique de cinéma
01:05de savoir ce qu'on fait de ses goûts personnels.
01:09Parce que, outre que je n'ai pas une passion pour les films de désert,
01:12il se trouve que vraiment la techno, c'est un peu pour moi
01:16des ongles sur un tableau noir, enfin un tournevis dans l'oreille,
01:20un truc vraiment de l'ordre du rejet physique.
01:23Et je me dis, c'est un vrai défi,
01:25est-ce que je vais rentrer dans ce film malgré mon horreur de cette musique-là ?
01:33Et est-ce que je vais m'attacher, comprendre ces personnages, qui ils sont, etc. ?
01:38Alors il faut savoir que c'est peuplé de gueules,
01:41et qu'il y a Sergi Lopez, acteur professionnel,
01:44mais que les autres sont des toughers réellement dans la vraie vie,
01:48et que cette grande fête géante au début du film
01:52est peuplée de queupons, de piercés, de tatoués,
01:56d'estropiés beaucoup aussi.
01:58C'est un motif très important du film,
02:00le corps abîmé, cassé, la jambe en moins, la main en moins, etc.
02:05Et qu'est-ce que ça raconterait finalement de ce monde
02:08et de cette bande de marginaux qui vivent à l'écart du monde ?
02:11Cette histoire-là, elle ne suffit pas à Oliver Latchez,
02:13qui va concocter un scénario qui est assez habile,
02:20où il y a vraiment un basculement, un point de rupture terrible,
02:25qui a vraiment, le film mérite d'être vu rien que pour ça,
02:27c'est-à-dire pour ce moment dans la salle où tout le monde fait « Oh ! » comme ça,
02:31c'est un film qui vous prend assez physiquement,
02:33mais où là, tout à coup, j'étais déjà un peu en galère avec le film,
02:37et là, tout à coup, moi, je sens le scénario à chaque instant.
02:39C'est-à-dire que mon problème avec Sirat,
02:42c'est que pour moi, les personnages ne dépassent jamais le statut d'être de papier.
02:47Je ne les comprends pas du tout.
02:48Et moi, c'est ce que j'ai aimé dans le film,
02:49tout en étant, encore une fois, pas vraiment fan de techno,
02:52c'est cette dimension tripale qui tendait vers aussi une certaine métaphysique.
02:56Alors, Oliver Latchez ne s'en est pas caché,
02:58le titre du film Sirat, ça fait référence à un passage du Coran,
03:01et le Sirat, c'est, on va dire, une passerelle entre la vie et la mort,
03:06entre le paradis et l'enfer, de certaines manières.
03:08Et donc, voilà, on voit l'allégorie,
03:11donc on est toujours en équilibre très, très précaire sur cette passerelle,
03:15ce qui arrive à tous les personnages du film.
03:17Et moi, je trouve que la tension entre le côté extrêmement concret du film,
03:21par sa bande originale,
03:23par le fait qu'il y a beaucoup de plans sur les pieds dans la terre,
03:27sur le désert en soi-même,
03:28on sent le désert, on sent la solitude du désert,
03:31le vent, le froid qui peut y avoir,
03:33et l'extrême chaleur, évidemment, du désert.
03:36Et puis, cette dimension vraiment métaphysique, quoi.
03:38On se demande où on va.
03:39C'est un film qui vraiment reste ancré en moi,
03:42même si, encore une fois, je comprends vraiment les réticences
03:44qu'on peut avoir envers ces personnages qui existent assez peu.
03:48L'avantage, c'est que le film est très allégorique,
03:50mais souvent, les allégories, ça passe par les dialogues.
03:52Là, il y en a assez peu, des dialogues.
03:53Les dialogues sont plutôt très fonctionnels dans le film,
03:56et qui correspondent à vraiment comment on fait pour survivre,
03:59on manque de ci, on manque de ça.
04:01Et en fait, tout passe par les images,
04:02et pour créer cet univers vraiment étonnant,
04:06très dur et in fine, envoûtant.
04:09Il y a partie de ces films qui donnent envie de se questionner
04:11sur la toute puissance de l'auteur.
04:16Est-ce qu'il a le droit de transformer son périple en jeu de massacre ?
04:21Est-ce qu'il a le droit de, finalement, disposer d'eux comme des poupées,
04:25tout en racontant, par ailleurs, d'interview en interview,
04:30qu'il n'est pas du tout nihiliste, que vraiment, il aime ses personnages ?
04:34Et donc, je dirais que pour ceux qui ne sont pas partis
04:38dans l'hallucination collective,
04:41et que j'en vis vraiment, d'avoir passé un moment tout à fait fascinant,
04:47cette question-là, elle peut déboucher sur une certaine colère,
04:51c'est-à-dire l'impression d'avoir été un peu jouée.
04:53Il y a un moment où le scénario est un tel coup de force,
04:58mais presque un coup d'état, quoi,
05:00que tout à coup, on se cabre ou on ne se cabre pas.
05:03Alors, évidemment, on parle d'un cinéma assez sérieux,
05:06parce que, voilà, la Sainte Trinité d'Oliver Latchez,
05:09c'est Bresson, Karostami, Tarkovski.
05:12Plein de gens, ils verront un peu du Salaire de la Peur,
05:14un peu de Mad Max, un peu de ci, un peu de ça.
05:18Et à l'arrivée, je trouve que toute cette fabrication
05:21fait que c'est une sorte de Mad Max de la déprime, quoi.
05:29Oh la vache !
05:31Elle me plaît bien, moi, la Sainte Trinité,
05:32dont parle Marie, elle est très bien.
05:34Sirat, sacrée tripe, c'est très bien.
05:36Sirat, j'ai fait le voyage, mais reculons.
05:39Pour moi, c'est bof.
05:49Hello.
05:56Hello.
06:04You know this girl ?
06:05You know this girl ?
06:06You can speak Spanish, if you want.
06:11It's my daughter.
06:13It's been five months ago, we didn't know anything about her.
06:16She told us that maybe we could find her here,
06:19in this party.
06:22Have you seen her ?
06:25She's called Mar.
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