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  • il y a 4 mois
Alors que la chute de François Bayrou apparaît inexorable, Corinne Lhaïk, journaliste au service politique, analyse la possibilité de voir Jordan Bardella et le Rassemblement national arriver à Matignon

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Transcription
00:00Cette idée est absolument nouvelle et révolutionnaire.
00:04On se rappelle qu'il y a un an, au moment de la dissolution, c'était tout sauf le RN.
00:12Pourquoi maintenant ? Parce que la décision de François Bayrou de demander aux députés un vote de confiance
00:18a ouvert une nouvelle phase politique avec la perspective d'une éventuelle dissolution.
00:23Si jamais Emmanuel Macron n'arrivait pas à trouver un remplaçant à François Bayrou,
00:28dont la chute est extrêmement prévisible.
00:35S'il devait y avoir une dissolution, la question se pose de savoir si elle va reproduire l'Assemblée nationale
00:41telle qu'elle existe aujourd'hui, peu ou prou, c'est-à-dire une assemblée divisée en trois blocs
00:45à peu près d'égale force et qui est incapable de gouverner et de former un gouvernement durable.
00:50On l'a vu avec Michel Barnier, puis on va certainement le voir à partir de lundi avec François Bayrou.
00:55Donc l'idée est de dire soit c'est cette possibilité, soit le RN est en mesure d'avoir sinon une majorité absolue,
01:04à savoir 289 députés, du moins une majorité relative, pas trop loin de ce chiffre.
01:09Et dans ces conditions, le RN pourrait faire appel à des alliés, des partenaires, des associés,
01:15disons des députés qui accepteraient sinon de faire partie d'un gouvernement rassemblement national,
01:20du moins de le laisser gouverner sans le censurer.
01:22Évidemment, on regarde plutôt du côté des LR.
01:25Cette idée donc est absolument nouvelle et révolutionnaire.
01:29On se rappelle qu'il y a un an, au moment de la dissolution, c'était tout sauf le RN,
01:34et qu'un front républicain extrêmement puissant et efficace avait empêché Jordan Bardella d'être nommé Premier ministre à Matignon.
01:42Et cette fois-ci, le climat a complètement changé.
01:44Il y a un an, c'était tout sauf le RN.
01:46Et aujourd'hui, c'est quel est le gouvernement qui peut nous garantir la stabilité ?
01:50Et le seul qui apparaît en mesure d'avoir un gouvernement qui puisse durer, c'est le RN.
02:00Plusieurs voix se sont élevées pour évoquer cette possibilité.
02:04Pour le moment, elles ne sont pas très nombreuses, mais elles sont très vocales,
02:08puisqu'il s'agit en tout premier lieu de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République.
02:13Il n'a pas dit des choses aussi précisément que je l'ai dit,
02:16mais il a tout simplement évoqué le fait qu'il souhaitait une dissolution,
02:20qu'elle lui paraissait nécessaire et que si c'était une majorité RN qui venait du pouvoir,
02:25eh bien, c'était comme ça.
02:27Si les Français en avaient décidé, ce n'était pas plus mal.
02:30Il a rappelé que lui-même s'était battu contre le RN en 2007,
02:34mais qu'aujourd'hui, ce parti faisait partie du paysage politique.
02:37C'est le jeu de la démocratie, d'autant qu'il considère que le RN appartient à l'arc républicain.
02:44La seconde personnalité qui s'est exprimée sur le sujet s'appelle Thierry Breton.
02:48C'est l'ancien commissaire européen français.
02:51Il est intervenu dans l'émission C'est dans l'air le 27 août.
02:54Et il a dit qu'après avoir échoué à former une coalition qui puisse exercer durablement le pouvoir,
03:00Emmanuel Macron devait appeler à Matignon le parti arrivé en tête lors des législatives de juin 2024.
03:06Le parti arrivé en tête, c'est le Rassemblement national.
03:09Il considère que si le RN gagnait des élections après une dissolution, même s'il n'avait qu'une majorité relative,
03:16le président de la République, Emmanuel Macron, devait appeler Jordan Bardella à Matignon,
03:20mais qu'il pouvait le faire dès aujourd'hui, sans même la nécessité d'une dissolution,
03:25dans la mesure où, numériquement, le RN est le premier parti à l'Assemblée nationale.
03:29À ces deux personnalités s'en ajoute une troisième, Patrick Martin, le président du MEDEF.
03:34Il n'a pas expressément demandé à Emmanuel Macron ni de dissoudre ni d'appeler Jordan Bardella à Matignon,
03:40mais il a formulé des propos plutôt élogieux à son encontre.
03:44Interviewé sur Radio Classique, il a dit que les trois personnalités politiques
03:49qui lui paraissaient les plus conscientes des enjeux économiques du moment
03:52étaient Gabriel Attal, Bruno Retailleau et, dans une moindre mesure, précise-t-il, Jordan Bardella.
03:57Par rapport à un rassemblement national qui, aux yeux de beaucoup de patrons,
04:01a des tendances gauchistes et veut proposer un programme qui ressemble à celui de Jean-Luc Mélenchon,
04:07Jordan Bardella est, au contraire, une personnalité beaucoup plus rassurante
04:10qui épouse les contours d'une politique libérale qui plairait au patron.
04:19Deux cas de figure sont possibles.
04:20Si le RN obtient une majorité après une dissolution ou s'il en est très proche,
04:25Emmanuel Macron, au terme du fonctionnement de nos institutions
04:29et des règles qui les régissent, devra nommer Jordan Bardella à Matignon
04:33pour une véritable cohabitation, comme la France en a connu à plusieurs reprises,
04:37sous un président socialiste, François Mitterrand,
04:40comme sous un président de droite, avec Jacques Chirac.
04:43Donc ce serait la situation la plus simple, une obligation de nommer Jordan Bardella,
04:48parce qu'il aurait une majorité absolue ou qu'il en serait proche.
04:51L'autre cas de figure serait plus discutable,
04:54et Emmanuel Macron pourrait s'abstenir de le nommer,
04:57si le RN était arrivé peut-être en tête,
05:00mais était quand même loin d'avoir une majorité relative.
05:03Et là, on se retrouverait dans une situation de blocage,
05:06avec trois blocs à peu près équivalents,
05:09une situation qui serait similaire à celle d'aujourd'hui,
05:12avec probablement un RN beaucoup plus fort et un bloc central,
05:15le bloc d'Emmanuel Macron, beaucoup plus faible.
05:17D'une certaine manière, si Emmanuel Macron, à ce moment-là,
05:21ne nomme pas Jordan Bardella à Matignon,
05:23on ne sait pas très bien quelle serait la prochaine étape,
05:25puisqu'il aura épuisé la cartouche de la dissolution.
05:27Et à ce moment-là, une pression très forte s'exercerait sur lui pour une démission.
05:32Mais tout ça, évidemment, ce sont beaucoup de conjectures et beaucoup d'hypothèses.
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