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  • il y a 7 semaines
Emmanuel Macron a réuni ce mardi les chefs de la coalition gouvernementale pour les enjoindre de «travailler» avec le Parti socialiste. Le dernier levier du chef de l'Etat pour sortir de la crise politique ? Les explications de notre journaliste Antoine Oberdorff.

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Transcription
00:00Décidément, à chaque fois que la France entre dans une période de turbulence,
00:03connaît une crise politique, à chaque fois qu'un gouvernement est sur le point de tomber,
00:07les mêmes scènes se répètent, les regards, les caméras se tournent vers les élus socialistes.
00:14Ça tombe bien, nous sommes à une semaine maintenant, moins d'une semaine,
00:18de la chute annoncée de François Bayrou sur un vote de confiance qui a des airs de suicide politique.
00:23Il faut dire que la survie du centriste ne tenait qu'à un fil depuis le jour de sa nomination.
00:27Ce fil, c'était la prolongation d'un pacte de non-censure qui lui garantirait la neutralité des députés socialistes
00:35sur le budget de l'année 2026.
00:37Ce fil, il a été rompu à la seconde même où François Bayrou a avancé un programme d'économie de 44 milliards d'euros,
00:43inacceptable, disons-le, pour tout homme de gauche normalement constitué.
00:47L'effort demandé était certes nécessaire au rétablissement des comptes publics de la nation,
00:50mais trop important pour les troupes d'Olivier Faure.
00:53D'une part parce qu'il aurait supposé de s'isoler définitivement du reste de la gauche
00:56et de rompre les amarres avec ce qu'il reste du Front populaire,
00:59et puis parce que ça aurait été se tirer une balle dans le pied du point de vue électoral,
01:03en passant pour les supplétifs d'une fin d'araigne.
01:06Voilà donc les 66 députés socialistes, 66 petits députés socialistes,
01:10de nouveau au centre du jeu tout simplement parce que la survie du successeur de François Bayrou,
01:14dont tout le monde ignore l'identité à cette heure,
01:16dépendra intimement du bon vouloir des députés socialistes.
01:20Une position de centralité donc, mais attention, une centralité inconfortable.
01:24D'une part, dans le bloc central, on accuse des socialistes d'être des irresponsables,
01:28des incendiaires, des agents du chaos,
01:30et puis de l'autre côté, Jean-Luc Mélenchon les soupçonne de déjà vouloir trahir le programme
01:34et les engagements du nouveau Front populaire.
01:36Ça fait d'ailleurs déjà longtemps que les socialistes se sont habitués à vivre sous le signe
01:40de ce double procès entre le marteau insoumis et l'enclume macroniste.
01:44Alors maintenant que François Bayrou vit ses dernières heures à Matignon,
01:47qu'une nouvelle vacance du pouvoir se précise,
01:49les socialistes sont-ils condamnés à servir de roue de secours à un nouveau gouvernement bayroubiste,
01:54un gouvernement proto-macroniste ?
01:56C'est la question que tout le monde se pose dans le landerno politique
01:58et pour y répondre, il faut s'interroger un instant sur ce qu'il pourrait y avoir
02:01dans la tête du président de la République.
02:03Parce que oui, Emmanuel Macron pourrait se dire que jamais les socialistes n'oseront censurer
02:07un nouveau Premier ministre de peur de précipiter une dissolution potentiellement destructrice.
02:12Et c'est là que le pari présidentiel pourrait se révéler aussi erroné que celui qui avait
02:16été fait le 9 juin 2024 au moment de la dissolution.
02:18Il y a énormément de socialistes qui n'acceptent pas l'idée d'avoir à béquiller un gouvernement
02:23au nom de la stabilité, gouvernement dont ils ne partagent ni l'approche ni l'orientation
02:27politique.
02:28Pour la plupart des députés socialistes contactés par l'opinion, Gérald Darmanin
02:32et Sébastien Lecornu, les tics et tacs de Matignon dont les noms reviennent perpétuellement
02:36parmi les primo-ministrables sont deux véritables chiffons rouges.
02:39En réalité, l'identité du futur locataire de Matignon, le casting en tant que tel
02:43importe peu aux socialistes.
02:44Même Eric Lombard, le ministre de l'économie, ou une Catherine Vautrin, jugée peut-être
02:49plus souple à l'égard de la gauche, n'aurait pas une durée de vie à Matignon nécessairement
02:53plus importante que celle qu'a eu François Bayrou.
02:55Ce que veulent les socialistes, et en particulier Olivier Faure aujourd'hui, ce n'est pas une
02:59cogestion, ce n'est pas une union nationale ou un parfum de cohabitation, c'est une cohabitation
03:05avec la gauche.
03:06Sur tous les tons, ces derniers jours, on entend la gauche et les écologistes se dire
03:09prêts à gouverner.
03:10Et d'ailleurs, lors de leur grand raout de rentrée à Blois, leurs universités d'été
03:14annuel, les socialistes ont présenté un contre-budget, une proposition alternative
03:18à celle de François Bayrou, avec un véritable choc fiscal.
03:2226,9 milliards de recettes nouvelles, avec notamment la fameuse taxe Zuckmann qui vise
03:26les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros.
03:29Mais aussi 31 milliards d'euros de prélèvements nouveaux si l'on inclut cette fois-ci la
03:34baisse des aides aux entreprises.
03:36En réalité, on le voit, ce contre-budget socialiste, c'est un cocktail keynésien qui
03:40s'apparente à du LFI light.
03:42Et si on met de côté l'irréalisme budgétaire de ce plan, on peut néanmoins comprendre les
03:45arguments brandis par les chefs à plumes du Parti Socialiste.
03:48On leur a demandé de s'affranchir, de se dissocier de la France insoumise au nom d'une
03:52conception républicaine.
03:53Ils l'ont fait au début de l'année, en allant négocier un pacte de non-censure à
03:56Bercy, sous les colibés et les railleries de Jean-Luc Mélenchon.
03:59On leur a demandé de faire passer la stabilité du pays et de permettre au pays d'avoir
04:03un budget, de faire passer tout ceci avant leurs misérables intérêts boutiqués.
04:07Ils l'ont fait.
04:08Aujourd'hui, les socialistes estiment avoir avalé suffisamment de couleuvres, même
04:12un François Hollande, pourtant partisan de la stabilité, estime qu'il ne peut plus suivre
04:16et votera contre la confiance à François Bayrou, c'est dire s'il y a une forme d'exaspération
04:20et une envie d'exercer les responsabilités dans les rangs socialistes.
04:23Alors évidemment, confier les clés de Matignon à un Premier ministre socialiste n'est certainement
04:26pas l'hypothèse privilégiée dans l'esprit du chef de l'État, mais aura-t-il d'autres
04:30choix ? Après avoir grillé 4 premiers ministres de suite depuis sa réélection en 2022, après
04:34avoir tiré les cartouches Barnier et Bayrou, Emmanuel Macron pourrait peut-être considérer
04:40que sa survie politique suppose aujourd'hui de faire quelques concessions sur son
04:45bilan à la gauche de manière à pouvoir finir son mandat à l'Élysée.
04:48Ce serait évidemment coûteux pour son bilan, cela mettrait probablement à mal une partie
04:53de sa politique de l'offre, mais à la vitesse à laquelle se multiplient les appels à la
04:57convocation d'une élection présidentielle anticipée, on entendait encore ce matin
05:01Valérie Pécresse, le président de la République, pourrait considérer que ce renversement est
05:06la condition sine qua non de sa survie politique.
05:08Sous-titrage Société Radio-Canada
05:13Sous-titrage Société Radio-Canada
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