- il y a 2 mois
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00:00Tous les enfants font un jour le même cauchemar, papa et maman se séparent.
00:10Et puis un jour, le cauchemar devient réalité, c'est même aujourd'hui devenu une banalité.
00:17Avec cette banalisation du divorce, on oublie parfois le cataclysme imposé à ces enfants.
00:23Les séparations sont souvent conflictuelles, avec au milieu des enfants pris en otage.
00:30Une fillette de 6 ans qui fond en larmes à chaque fois qu'elle retrouve son père.
00:35On appelle ça le conflit de loyauté.
00:39Tu veux venir avec moi ?
00:41Anne pleure car elle a peur que sa mère ne l'aime plus si elle montre qu'elle est contente de retrouver son père.
00:46Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ?
00:48Je veux ma maman, je veux ma maman.
00:53Allez viens.
00:54Maman.
00:55Ne t'inquiète pas, ça va aller ma fille.
01:00Qu'est-ce qu'il y a ma puce ?
01:03Je veux ma petite puce.
01:07Deux-moi ta main.
01:08Ça ne fait pas plaisir de me voir ?
01:10La voiture démarre, la mère est sans doute encore sur le trottoir et Anne pleure toujours.
01:17Maman, tu vas la voir la semaine prochaine ?
01:20On va passer une petite semaine ensemble et après tu vas la voir ?
01:25Dix minutes plus tard, Anne n'est plus la même.
01:30Oh, ce que ça fait du bien, enfin, enfin j'ai embrassé ma fille.
01:33Je n'ai pas vu depuis longtemps.
01:35Non, attends, attends.
01:36Attends, c'est à moi.
01:37Mais pourquoi tu veux me faire des bisous, toi ?
01:39C'est à moi.
01:40Bon, d'accord.
01:43C'est à côté ?
01:44Mouah !
01:45Bisous sur le nez, parce que lui, il m'a manqué.
01:49Après, ce qui est beaucoup plus difficile, c'est tout ce qui est insidieux.
01:53Ça va être le parent qui vit mal sa séparation, qui va critiquer devant l'enfant l'autre conjoint.
02:00Et forcément, l'enfant là va être dans un conflit de loyauté.
02:02C'est-à-dire qu'il peut très bien s'entendre parfaitement avec sa mère, s'entendre parfaitement avec son père.
02:07Mais en présence de sa mère, il ne peut pas s'autoriser à dire qu'il est bien avec son père aussi.
02:12Et inversement.
02:13Et donc là, on va avoir deux parents qui vont dire, il est très bien chez moi, et quand il part chez l'autre, il se met à pleurer.
02:18Ça correspondra à la réalité, mais à une partie de la réalité.
02:22Ça n'empêchera pas que l'enfant, lorsqu'il arrive chez son père, il soit parfaitement heureux d'être avec son père,
02:27de partager des moments privilégiés avec lui, et qu'il soit aussi triste de quitter son père pour rejoindre sa mère.
02:32Mais peu à peu, les relations mère-fils se dégradent.
02:35Christine rencontre Alain, le nouvel homme de sa vie.
02:38Les disputes se multiplient, Émilie n'est plus la même.
02:41Quand elle passait les week-ends chez son père, elle était remontée à bloc.
02:45C'était une bombe atomique.
02:48Donc les reproches, enfin elle est devenue extrêmement agressive, elle n'écoutait plus rien du tout.
02:52Elle est devenue très très dure, comme un enfant soldat.
02:57Elle venait là, c'était la guerre, et puis elle était là pour abattre, quoi.
03:01C'était faire un maximum de victimes.
03:03Je disais toujours, avant de parler de l'enfant, il faut vider l'abcès de la séparation.
03:09Et l'intérêt de la médiation familiale, quand vous avez un couple en difficulté et en conflit,
03:15c'est d'abord de parler du pourquoi de la séparation, et comment faire à partir du moment où les parties peuvent s'exprimer en médiation,
03:23librement, comment faire pour vider l'abcès du couple qui a échoué.
03:28Et une fois que les parties ont vidé l'abcès du conjugal, ils peuvent passer à la deuxième étape, le parental.
03:36Et à partir du moment où vous avez vidé le conjugal, vous pouvez parler de vos enfants de la manière dont vous pouvez concevoir la séparation au niveau des enfants.
03:48Gérard habite dans la région de Lyon.
03:55Il est père de deux enfants, Matisse et Marjolaine.
03:58Depuis qu'il a quitté sa compagne, sa vie est devenue un enfer.
04:04Depuis trois ans, il ne peut plus voir ses enfants.
04:10Quand je suis parti, là, vraiment, j'ai dit, ben voilà, moi, je n'en peux absolument plus.
04:15Et là, elle m'a regardé en me disant, mais tu n'auras jamais les enfants, jamais tu n'auras les enfants.
04:24Le juge a décidé que, eh bien, que j'aurai les enfants une semaine sur deux, et puis la moitié des vacances scolaires.
04:32Et qu'est-ce qui s'est passé ?
04:33J'étais venu chercher mes enfants, comme, voilà, le jugement.
04:38Et immédiatement, donc, ça a été un front pour m'empêcher de prendre les enfants.
04:47Donc, les enfants étaient au milieu.
04:48Oh, c'était des insultes, des, voilà, des cris.
04:55Voilà, et Matisse, je me souviens de Matisse qui était là au milieu.
04:58Je lui dis, ben, il faut venir, Matisse.
05:00C'est, et Matisse qui me répondait, ben, pas maintenant, papa, pas maintenant.
05:06La mère des enfants, elle, l'a accusée d'avoir commis des abus sexuels sur Matisse et Marjolaine.
05:14Les enfants, bon, ont été interrogés, ils ont été filmés.
05:18Et puis, ben, il s'avère que dans les...
05:20Dans leurs déclarations, ils ont très vite dit qu'effectivement, c'est un moment qu'il leur avait demandé de dire ça, quoi.
05:29Arrive ce Noël 2010, à jamais marqué dans la mémoire de Christine.
05:34Elle doit récupérer sa fille pour les vacances.
05:38Émilie est avec son père.
05:40Et là, c'est le choc.
05:43Il a regardé Émilie et il lui a dit, dis ce que tu dois dire à ta mère.
05:47Sur ce temps comme ça, Émilie s'est mise à pleurer.
05:50Et puis, elle m'a dit, je ne veux pas venir en vacances chez toi à cause de la claque.
05:53Je lui ai dit, viens, on va passer ses vacances ensemble, on va en discuter.
05:57Et lui, il a dit non.
05:59Et il a pris Émilie et il est parti.
06:01Elle me rejette en bloc totalement, du jour au lendemain, et aussi mon entourage.
06:06Parce qu'elle a rejeté les enfants de mon amie, surtout une avec qui elle était très en lien.
06:13Et mon père, donc son grand-père, elle a rayé mes amis.
06:17Donc tout ce qui me touche a été rayé du jour au lendemain.
06:21C'est le mauvais clon, c'est les méchants.
06:24Et je dirais que le signe peut-être le plus clair, c'est l'absence d'ambivalence chez ces enfants.
06:29C'est-à-dire que c'est comme s'ils avaient clivé leur monde intérieur entre ce qui est bon et ce qui est mauvais.
06:33Alors ce qui est bon, c'est du côté d'un des deux parents, et ce qui est mauvais, c'est du côté de l'autre.
06:38Et que ça, c'est ce qui est le plus préjudiciable à l'enfant.
06:40Parce que les enfants, pour pouvoir grandir et s'autonomiser, ils doivent intégrer, je dirais, le bon et le mauvais à l'intérieur d'eux.
06:45Ils doivent certains jours aimer leurs parents, et puis d'autres jours les détester, c'est normal.
06:49Et que c'est à partir de cette ambivalence qu'ils peuvent construire un monde harmonieux.
06:53Quand le monde est coupé en deux, comme ça, avec tout le monde d'un côté et tout le mauvais de l'autre, c'est très préjudicible.
06:58Le plus gros problème qu'il y a dans cette situation-là, c'est que ma fille refuse même tout contact avec moi.
07:06Toute parole, tout écrit, elle a coupé vraiment les moyens de communiquer.
07:12Il n'y a plus de communication possible avec elle.
07:15En raison des crises de panique de sa fille, Richard ne peut la voir qu'au point rencontre.
07:20Un lieu réservé généralement aux pères abuseurs.
07:24Il est accompagné de Georges, un ami lui aussi confronté au problème de l'aliénation parentale.
07:31Richard, je te souhaite bonne chance.
07:34Voici comment se passent toutes ces visites avec sa fille de 12 ans.
07:39Laurence, au revoir et à bientôt.
08:09Richard a tenu une demi-heure.
08:14Le mort, le mort, le mort, le mort !
08:16Le mort, le mort, le mort !
08:18C'est très dur à vivre.
08:20C'est ce sentiment d'impuissance, en fait, d'assister passif à une souffrance énorme.
08:26Pourquoi aliénation ? C'est parce que l'enfant est soumis, les enfants, c'est quelquefois
08:33une fratrie, sont soumis à des phénomènes d'emprise, d'endoctrinement, qui font que
08:41l'enfant va perdre un peu sa pensée propre alors qu'il avait noué le bon lien avec son
08:46père ou sa mère, et puis l'un des parents va lui dire « Écoute, ton père, ta mère
08:53est partie, il est très mauvais, de nouveau mal, etc. ». Tout ça, ce sont des choses
09:00inventées qui ne reposent pas sur une réalité.
09:05Et petit à petit, avec cette répétition, avec ce harcèlement, l'enfant va finir par
09:10croire, effectivement, que son bon parent, qui a été jusqu'alors une figure de référence,
09:16un modèle, est foncièrement mauvais alors que c'est un jour.
09:21Donc, il va adhérer à des pensées qui ne lui sont pas propres.
09:26Alors, ce système d'adhésion ressemble un petit peu à le système d'emprise dans
09:33lesquels sont soumis les enfants ou les adultes dans une secte. Ils sont comme hypnotisés
09:39et ils n'ont plus même ni la force ni la possibilité de penser, de réfléchir, de critiquer, de critiquer.
09:49Donc ça, ce sont des démarches qui sont très sensibles, très subtiles, très évolutives
09:55et qui font beaucoup, beaucoup, beaucoup de dégâts.
09:57La dernière fois qu'ils ont vu leur mère, c'était lors d'une tentative de médiation.
10:01Et ce jour-là, l'aîné a frappé Samantha, sous l'œil du procureur et de deux assistantes sociales.
10:07Comme il a dit tout à l'heure, quand je l'ai rencontré, je ne sais plus où, je ne sais pas, je ne me sentais pas bien.
10:26Et puis, je me donnais, je crois que ça, ça me donnait l'envie de lui faire mal.
10:34Et puis, voilà.
10:36De lui faire mal, hein ?
10:38Oui.
10:39Mais pourquoi tu as eu envie de lui faire mal, hein ?
10:41Parce qu'elle m'a fait mal et puis je trouvais que, je ne sais pas, je ne sais pas, c'est un...
10:48Je ne sais pas, j'ai voulu, je ne sais pas, c'est un...
10:53Il faut te défendre.
10:54Il faut pas te défendre.
10:55Je souffrais un peu, donc je ne sais pas, peut-être que j'ai voulu qu'elle souffre aussi, puis...
11:01C'est venu comme ça.
11:03Ça m'a soulagé un peu.
11:06Ouais, ça m'a soulagé.
11:07J'ai pleuré, mais ça m'a fait du bien.
11:09Quand je me libérais, j'avais l'impression que je vais pas enlever un poids sur mon dos.
11:18Le cas de l'adolescent est très particulier parce que, juridiquement, l'adolescent se sait, au fond de lui, plus puissant qu'un juge.
11:25C'est-à-dire, un adolescent peut être ivre de sa toute puissance et peut vous dire les yeux dans les yeux, le juge décide ce qu'il veut, mais moi, je ne dirai pas.
11:33Et au fond, on ne va pas aller chercher un adolescent de 15 ans entre deux gendarmes pour passer un week-end chez son père ou chez sa mère.
11:41Si, de surcroît, c'est une entrée en guerre, passionnelle, avec de la haine, alors c'est quelque chose qui ne connaîtra plus d'obstacles et le phénomène n'est plus maîtrisé par personne.
11:52C'est un tsunami.
11:53On ne maîtrise plus.
11:54C'est enclenché.
11:55Personne ne sait quand ça va s'arrêter.
11:57On n'a plus de réponse psycho-juridique.
12:00On peut, bien sûr, placer dans un internat, mais avec des risques de fugue, de chute du rendement scolaire, de comportement d'opposition, d'anorexie, de mise en danger.
12:10L'adolescent est prêt à se mettre en danger plutôt que de s'aider.
12:16Je dis à 11 ans, elle peut rayer sa maman de sa vie, comme ça, personne ne dit rien.
12:20À 12, elle dit non, je ne veux pas voir une psychologue scolaire, alors que ça a été décidé en justice.
12:25Elle dit non, je ne veux pas.
12:27Bon.
12:27À 13, on dit il y a une médiation.
12:29La juge dit oui, on va faire une médiation.
12:32Je ne sais pas si elle va avoir lieu, mais si elle n'a pas lieu, de nouveau, une enfant de 13 ans va pouvoir décider.
12:38Ah non, je ne veux pas de médiation.
12:41C'est aberrant.
12:43Qu'est-ce que plus tard ça va lui amener ?
12:45Enfin, ma fille, elle va devenir quoi plus tard ?
12:47Aujourd'hui, Laurence est âgée de 12 ans.
12:49Elle est capable de discernement.
12:50Donc, pas de décision tant que la juge n'aura pas auditionné Laurence.
12:55On ne parle pas de mes droits, c'est-à-dire que ce mois-ci, il n'est pas fait référence à ce que je vois ma fille en point rencontre.
13:07Tout est suspendu.
13:08Et alors qu'elle a déjà été auditionnée maintes fois, on va l'auditionner avec toutes les conséquences que ça a.
13:16Parce que comme elle est tellement dans l'aliénation parentale, c'est certain qu'elle ne va pas dire qu'elle veut me voir.
13:22Alors, quand tu fais une conclusion, on tirera le juge.
13:25J'en sais rien.
13:26Ça veut dire qu'on arrive au terme de l'aliénation parentale.
13:30C'est-à-dire que la face extrême, on va constater que ma fille ne veut pas me voir.
13:36Point.
13:37Voilà.
13:38C'est pour elle que je me bats.
13:41Mais c'est usant.
13:42C'est vrai que c'est usant.
13:43Et je comprends qu'il y a des pères qui abandonnent.
13:47C'est forcément...
13:50On peut comprendre.
13:51Tous les experts, tous les rapports disent que ma fille a besoin de son père.
13:57Elle doit voir son père.
13:58Tous, tous les rapports.
14:00Même la juge pour enfant dit que ma fille est en danger.
14:03Si elle continue à faire sien, elle le ressentit et les paroles de la mère.
14:07Et pourtant, voilà.
14:09On continue.
14:10On continue.
14:11On continue.
14:16Alors, comment ça s'est passé ?
14:18Ça s'est pas très bien passé.
14:20Dans le sens qu'il était extrêmement négatif et énervé.
14:24Enfin, la juge a dû le calmer un petit peu.
14:28Donc, en première partie, Émilie a été auditionnée.
14:31Elle était là ?
14:32Non, elle n'était pas là, mais elle a dit qu'elle n'était pas d'accord de me revoir tant qu'elle n'avait pas fait les notes.
14:38Lui, il n'était pas d'accord avec la médiation.
14:40Il dit qu'Émilie ne veut pas me revoir, qu'il ne comprend pas cette médiation, qu'il ne veut pas forcer Émilie si Émilie ne veut pas me revoir.
14:46Moi, je vois où il veut venir.
14:48Je sais très bien, il y aura les vacances, après il y a la grand-maman, après il y aura, elle fera du foot, et puis ça la déconcentrera de voir sa mère, etc.
14:55Et moi, j'ai quand même dit, mais ça veut dire quoi ? J'ai d'entendre quoi ?
14:58Que je suis négative pour ma fille ?
15:00Que si elle me voit, elle n'arrive plus à travailler à l'école, c'est ça ?
15:03C'est ça qu'il faut entendre ?
15:04C'est horrible.
15:12Les vacances d'été sont aujourd'hui terminées, aucune médiation n'est prévue.
15:17Christine n'a jamais revu sa fille depuis bientôt deux ans.
15:23J'ai le souvenir que Richard, dans le reportage, nous dit que finalement, c'est terrible d'assister à la souffrance de son enfant et d'être impuissant face à cette souffrance.
15:33Il dit justement qu'il assiste passif à une souffrance atroce.
15:38Et ça résume totalement justement ce que l'on ressent quand on est finalement un parent rejeté à cet extrême,
15:45impuissance que l'on retrouve également dans une certaine mesure chez l'avocat,
15:49puisque, en tout cas, dans ce type d'affaires, on est au quotidien confronté aux lenteurs de la justice,
15:56à son incapacité à réagir rapidement face à ces phénomènes.
16:01Et je dirais que l'ennemi numéro un du parent aliéné, c'est le temps.
16:08Ce sont des enfants tellement déterminés qu'ils font peur, ils font peur même aux juges,
16:13qui n'osent pas, dans certains cas, adopter des solutions énergiques,
16:18de peur que l'enfant se mette en danger.
16:20Contraindre un enfant à rendre visite à un parent qu'il rejette, c'est quelque chose de risqué.
16:24Mais ne rien faire, c'est quelque chose non seulement de lâche, mais de risqué aussi.
16:31Simplement, le risque est à long terme, il est pour l'enfant,
16:33et le professionnel, lui, ne sera pas inquiété.
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