- il y a 6 semaines
Ramsès Kefi, journaliste et auteur pour son premier roman Quatre jours sans ma mère (éd Philippe Rey).
Retrouvez « Nouvelles têtes » présenté par Mathilde Serrell sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00Il est 9h50, nous sommes en direct dans le studio de la grande matinale de France Inter.
00:04Ma nouvelle tête du jour est un nouveau romancier, mais déjà un journaliste reconnu avec un style bien à lui.
00:09C'est Ramsès Keffi.
00:10Il a passé quelques années à bosser dans un fast-food avant de devenir sur un glissement de maillot.
00:14Un journaliste à Libération, puis à la Revue 21.
00:17Il a raconté les rixes adolescentes, la vie dans les périphéries, les villages, les cités.
00:21Mais aujourd'hui, c'est le grand jour !
00:23Il signe son premier roman, 4 jours sans ma mère, aux éditions Philippret.
00:27Je vous raconte, le héros s'appelle Salmane, il pourrait être classé dans la catégorie loser,
00:32avec son master d'histoire ancienne, accroché au-dessus de son lit, mais qui préfère travailler dans un fast-food.
00:38Slash, j'ai un smic, slash, Tanguy qui habite encore chez ses parents à 36 ans,
00:43slash, je suis bien dans mon quartier, après tout c'est mon pays.
00:46Sa mère s'appelle Amani, elle est femme de ménage discrète, elle a disparu.
00:50En fait, elle est partie, laissant le fiston et le mari complètement déboussolés.
00:54C'est une enquête, mais c'est aussi une déclaration d'amour aux maires et aux quartiers.
00:59Ramsès Keffi, derrière ce nom pharaonique, il y a un conteur qui préfère les marges au centre,
01:04les voix discrètes au micro hurlant, j'ai dévoré ce roman.
01:07Et quand je regarde la couverture de ce livre, quand même, le dessin de cet homme brun,
01:11j'imagine que c'est le fiston un peu loser qui regarde par la fenêtre,
01:14mais quand même, je me dis, Ramsès Keffi, c'est un peu vous cette histoire.
01:18Non, quand même pas.
01:19Allez.
01:19Non, c'est pas autre chose.
01:20Non, mais il y a des points communs, le master d'histoire, le fast-food, la vie dans les quartiers.
01:23Oui, c'est les deux seuls, vous les avez relevés.
01:24Non, mais il y en a plein.
01:25Non, c'est vrai, c'est vrai, c'est vrai, il n'y a que le fast-food, parce que je connais un peu,
01:29c'est l'environnement, donc je me suis dit que c'est un lieu que je connaissais
01:32et qui est propice aux histoires.
01:34Les fast-foods et les cafés sont très propices aux histoires.
01:36Vous utilisez le jeu, quand même.
01:38Parce que c'est plus facile pour faire passer des émotions, je pense.
01:40Ça se lit d'une traite.
01:41On est avec vous.
01:42Enfin, avec lui, d'accord.
01:44Je me suis retrouvée, je vous jure, à lire à voix haute, en vous encourageant dans votre enquête
01:49pour comprendre ce qui était arrivé à cette famille.
01:51Et en même temps, écrire une enquête de suspense, c'est votre autre travail de journaliste dans la vraie vie ?
01:57Oui, en fait, ça aide vachement.
01:59Il y a des ponts entre certaines situations qu'on croise en tant que journaliste,
02:03parce que parfois, on se retrouve dans des lieux, on dit, ça, c'est des personnages de romans,
02:06ça, c'est des lieux qui feraient un super décor de romans.
02:08Donc, en fait, le journalisme m'a aidé à passer à la fiction.
02:13Clairement, parce qu'il y a des gens inclassables et des lieux inclassables dans les articles et dans les papiers.
02:18Et dans ce roman, chers auditeurs, on s'attache instantanément à cette femme,
02:23mère de famille, qui décide de tout quitter sans cri, sans valise.
02:25Elle laisse un repas et un mot et elle prend sa liberté.
02:27Je sais que ça va inspirer quelques auditrices.
02:30Et on s'attache au quartier.
02:31Ce quartier, dans le roman, vous l'appelez la caverne.
02:34C'est un lieu imaginaire, mais qui ressemble à beaucoup de quartiers anciennement ouvriers en France
02:37qui sont collés à une usine.
02:38Mais bon, là, il est surtout collé au café, ce quartier.
02:40Et c'est là que ça se passe.
02:41La routine, la rumeur.
02:43Ramsès, le journaliste comme le romancier, il nous raconte le réel.
02:46Oui, un peu.
02:46En fait, moi, je voulais raconter ces quartiers qui sont effectivement un peu inclassables.
02:50La caverne, elle est collée au bois.
02:53Les gens ont un imaginaire fou, ils sont prêtés au jeu.
02:55En fait, le vrai nom, c'est la caverne des oiseaux.
02:57Ils appellent ça la caverne.
02:58Donc, ils se sont mis à taguer des mammouths, des femmes préhistoriques, des hommes préhistoriques.
03:02Vous appelez ça les HLM de Lascaux ?
03:04Oui, les HLM de Lascaux, exactement.
03:06Et en fait, ils sont dans leur coin.
03:07Ils vivent.
03:07C'est un quartier ouvrier.
03:09Les usines ont fermé, mais les gens continuent.
03:11Ce n'est pas un quartier trop délabré comme il en existe plein, en fait.
03:13Je ne sais pas quel lien vous vouliez entretenir avec le lecteur, mais ce roman, c'est l'histoire d'un secret de famille.
03:18Je ne sais pas si c'est votre cas, encore une fois, vous qui nous écoutez à France Inter.
03:21Je ne vais rien vous spoiler parce que ce serait hyper vache.
03:23Mais Ramsès, il nous dit avec cette enquête que si le secret n'éclaite pas, le héros, il ne peut pas se connaître.
03:29Il faut que la bulle explose pour partir à sa propre rencontre, pour avancer dans sa vie.
03:33Est-ce que vous avez connu ça ?
03:35Oui, mais plutôt qu'à 36 ans.
03:38Là, je pense que le personnage principal, il est resté dans sa bulle d'enfant.
03:41Et donc, il a été privilégié.
03:42C'est un enfant surcouvé d'un quartier populaire.
03:44Et cette histoire, elle est universelle, en fait.
03:46Sauf que des gens sont couvés jusqu'à 15, 16, 17, 20 ans.
03:49Lui, il a eu cette chance.
03:50Il a eu un prolongement.
03:51Il a eu plein de CDD d'amour maternel et paternel jusqu'à 36 ans.
03:57Oui, mais bon, qu'est-ce qu'il fait un bon fils ?
03:59Qu'est-ce qu'il fait un bon mari ?
04:00Qu'est-ce qu'il fait une bonne mère ?
04:01Vous nous parlez d'amour avec ce roman.
04:02Celui qu'on prend, celui qu'on oublie de donner parce que flemme.
04:06L'amour qu'on néglige, en quelque sorte.
04:08Oui, c'est l'épreuve d'amour.
04:10Parce qu'on dit que l'amour, c'est l'épreuve.
04:12Et dans ce roman, je raconte une maman qui aime des gens qui s'aiment,
04:16mais qui ne se le prouvent pas.
04:17En tout cas, eux ne le prouvent pas à la femme de leur vie.
04:19Et cette femme de leur vie, elle leur permet d'avoir leur routine.
04:23On entend Eno Morricone, le bon, la brute et le truand,
04:25parce que c'est votre madeleine sonore, c'est votre rire de survie.
04:28Est-ce que dans chaque histoire, vous cherchez vos archétypes,
04:30le bon, la brute et le fils ?
04:32Un petit peu, oui.
04:33Mais le bon, la brute et le truand, il faut savoir que c'est vraiment ma madeleine de Proust.
04:36Parce que c'est mon papa qui m'a initié au esterne.
04:39Et ce film, on le regardait tous les ans.
04:41Donc oui, je cherche toujours le bon, la brute et le truand.
04:44Et dans le bon, la brute et le truand, il y a toujours un fond de tendresse.
04:47Même chez le truand.
04:47Oui, parce que c'est un roman d'amour pour les mères.
04:50La mère de votre roman, elle est fan de Dalida.
04:52Alors peut-être qu'elle se reconnaît dans la nostalgie d'avoir quitté son pays natal.
04:55Mais c'est aussi un regard tendre sur le père.
04:57Pourtant, il est tellement ride.
04:59Il s'appelle Eddie Gamoudi.
05:00Il ne sait pas dire je t'aime.
05:02Mais à une époque, il cuisine hyper bien le poisson en écoutant Rulio Iglesias.
05:05Alors j'ai choisi ce titre qui, pour moi, illustre bien votre roman.
05:08J'ai oublié de vivre.
05:35Bienvenue sur Nostalgie, on est en direct.
05:39J'ai oublié de vivre quand il y a trop de secrets.
05:42On oublie complètement.
05:43Oui, complètement.
05:43Et ça raconte aussi comment on peut se raconter un récit parallèle au travers d'un mensonge.
05:48En fait, ça a duré, sans faire de spoil, ça a duré près de 45 ans.
05:52Ça fait 4 décennies de mensonges.
05:55Ils ont créé une réalité parallèle, les parents aussi.
05:57Je pense qu'il y a 2-3 familles qui se reconnaissent.
05:59Je vous ai demandé quel était votre talent caché.
06:01Votre réponse, elle était inattendue parce que certains de mes invités auraient répondu qu'ils savaient toucher leur oreille avec leur langue.
06:07Mais vous, vous avez répondu, je sais consoler.
06:10Est-ce que c'est ce que vous cherchez à faire avec vos textes de journaliste et de romancier ?
06:13C'est consoler ?
06:14Oui, un petit peu, je pense.
06:15Mais c'est inconscient.
06:17Moi, j'essaie toujours de me dire que, même dans le pire, il y a de la tendresse, il y a de l'amour.
06:21Mais c'est vrai que, je ne sais pas si c'est un talent caché.
06:24Mais c'est vrai que, lorsqu'on écoute et lorsqu'on s'écoute, parfois on arrive à consoler.
06:30Parce qu'on arrive à donner les bons mots.
06:34Et c'est très important.
06:35Pour donner les bons mots et les bons remèdes, il faut écouter.
06:37Vous êtes au début de votre carrière de romancier.
06:39Vous pouvez écrire votre propre histoire.
06:41Quelle est la rumeur que vous aimeriez lancer sur vous ?
06:44Que j'étais un excellent joueur de foot et que je me suis fait les ligaments.
06:47Ce qui est complètement faux.
06:49Mais j'aimerais bien qu'on le dise.
06:51Et on entend ?
06:52C'est l'OM ?
06:53Vous êtes fan de l'OM ?
06:53Oui, je suis grand fan de l'OM.
06:55Tradition familiale et grand fan de Chris Waddell.
06:59Donc à partir de là, je suis tombé amoureux dans les années 90 de l'OM.
07:02On rajoute cette ligne au Wikipédia, personne n'ira vérifier.
07:06Parce qu'il y a beaucoup de lignes dans Wikipédia qui ne sont pas vérifiées.
07:08C'est bon, je n'ai pas de fiche Wikipédia, donc ça va.
07:10Allez, c'est parti.
07:11À partir d'aujourd'hui, vous êtes passé sur le France Inter.
07:13Vous êtes le roman qui est tellement attendu sur la rentrée.
07:16Et ils ont raison, une dernière dédicace à un auditeur, à une auditrice en particulier ?
07:20À ma maman.
07:21Pourquoi la maman ?
07:22Parce qu'elle nous a aimés, mon frère aimant, plus que tout.
07:25Elle nous a appris à aimer surtout.
07:26Elle nous a appris à aimer.
07:28Et ça, c'est hyper important.
07:29Il s'appelle Ramsès Keffi.
07:31Son premier roman, c'est « Quatre jours sans ma mère » aux éditions Philippe Ray.
07:34Ça fait partie d'ailleurs des dix coups de cœur de la rentrée littéraire sur France Inter.
07:40Alors moi, je connais ceux qui vous ont lu à France Inter.
07:42Ici, Ramsès, ils sont sortis totalement éblouis de cette lecture.
07:46Vraiment, ils ont adoré ce livre.
07:47C'est trop gentil, franchement, c'est trop gentil.
07:49Les neuf autres ont le seum.
07:51Et Charline, n'oubliez pas de vivre.
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