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  • il y a 4 mois

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00:00Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:06Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France
00:09sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:14Je m'appelle Yann Kermadek.
00:19Je suis commandant de gendarmerie.
00:22Je dirige une section de recherche
00:23dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:30L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:41Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:45Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55La lettre était là, posée sur mon bureau.
01:00Bien en vue.
01:02Elle était arrivée au courrier du matin.
01:06Je reconnus aussitôt sur l'enveloppe bleue
01:09l'écriture de Stéphane Jasseron.
01:14À vrai dire,
01:15je n'étais pas tellement surpris de recevoir cette lettre de lui.
01:20Nous étions le 20 décembre
01:22et depuis sept ans,
01:24immanquablement aux approches de Noël,
01:27je trouvais sur mon bureau une enveloppe bleue,
01:30semblable à celle-ci.
01:33Le moins qu'on puisse dire
01:34est que Stéphane Jasseron avait la mémoire tenace.
01:40Je l'avais connu dans des circonstances assez dramatiques.
01:44Le temps avait passé depuis notre première rencontre.
01:47Pourtant,
01:48je m'en souvenais comme si c'était hier.
01:52Tout comme la Madeleine de Proust,
01:54cette enveloppe bleue faisait naître en moi
01:56une multitude de sensations et d'images.
02:01Comme un film que l'on revoit avec émotion,
02:05je revivais chaque instant
02:07de ce qu'on avait appelé en ce temps-là
02:09l'affaire Stéphane Jasseron.
02:11C'était il y a sept ans,
02:16un 20 décembre.
02:18À cette époque,
02:19j'étais capitaine.
02:21Je commandais une compagnie de gendarmerie
02:23dans l'Aveyron,
02:25ce magnifique département
02:26de la région Midi-Pyrénées.
02:29Les hivers y sont rudes,
02:30mais si tôt le printemps revenu,
02:33il y fait bon vivre.
02:35Et les touristes le savent bien
02:36qui chaque année s'en viennent découvrir
02:38ces sites admirables
02:40que sont le chaos de Rajol,
02:42les causes du Larzac
02:43et les gorges du Tarn.
02:47Les Avironais sont hospitaliers,
02:49bons vivants.
02:50Leur accent fleurbont la terre et le soleil
02:53et leur fromage houlet de brebis
02:55enchantent les palais les plus délicats.
03:01Donc, ce 20 décembre,
03:03vers 4 heures du matin,
03:05deux de mes gendarmes patrouillaient
03:07à bord d'une estafette
03:08dans la ville endormie.
03:11Il faisait très froid.
03:14Depuis deux jours,
03:15la neige tombait en abondance,
03:17recouvrant toute chose
03:18d'un épais manteau blanc.
03:22Les stafettes roulaient lentement
03:24dans les rues silencieuses.
03:25Soudain,
03:28l'un des gendarmes
03:29crut apercevoir,
03:30dans la lueur blanchâtre
03:32des phares,
03:33deux formes humaines
03:34recroquevillées,
03:35dormant à même le sol
03:37dans l'encoignure
03:38d'une porte cochère.
03:41Intrigués,
03:42les gendarmes
03:43descendent de voiture
03:43et se dirigent,
03:45lampe électrique en main,
03:47vers les deux malheureux.
03:49Ceux-ci se réveillent
03:50et ne semblent absolument pas effrayés
03:52par les lumières
03:52qui les aveuglent.
03:53Bien au contraire,
03:56ils paraissent soulagés
03:58à la vue des uniformes.
04:01Lentement,
04:02en s'ébrouant,
04:04ils se mettent debout.
04:06« Ah, bonjour,
04:08monsieur les gendarmes.
04:09On ne fait rien de mal, là.
04:10On attend juste
04:11l'ouverture du café
04:12pour boire un truc chaud
04:14et manger un petit bout. »
04:17Celui qui vient de parler
04:18est un homme
04:19d'environ cinq ans,
04:20soixante ans,
04:21aux cheveux,
04:22à la barbe blanche.
04:23Son compagnon
04:25est beaucoup plus jeune,
04:28vingt-cinq ans environ.
04:30Ils sont vêtus
04:30tous deux
04:31comme le sont en général
04:33ceux qui font
04:33le trimard,
04:35c'est-à-dire
04:36ce que l'on appelait
04:37autrefois
04:38le vagabondage.
04:40Ils n'ont pas l'air
04:41de mauvais bougres.
04:44Le chef de patrouille
04:44leur demande
04:45s'ils ont une pièce
04:46d'identité.
04:47« Ah oui, monsieur les gendarmes,
04:49on a ça, hein, Stéphane ? »
04:51et les deux hommes
04:52sortent chacun
04:53des profondeurs
04:54de leur poche
04:54un étui en plastique
04:56qui contient
04:58un autre étui en plastique
04:59puis un autre
05:01qui, lui,
05:02contient une carte
05:03d'identité.
05:05« C'est pour pas
05:05qu'elle se mouille,
05:06forcément ! »
05:09Le chef de patrouille
05:10prend les papiers
05:11et se dirige
05:12vers les stafettes.
05:14Là, grâce
05:15au système
05:15Saphir,
05:17il interroge
05:18le fichier national
05:19à Ronis-sous-Bois.
05:21« Sait-on jamais ? »
05:23La réponse
05:24ne se fait pas
05:24trop attendre.
05:26Pour le premier,
05:27Ange Rignac,
05:2961 ans,
05:31RAF,
05:33c'est-à-dire
05:33rien au fichier.
05:36Pour le second,
05:38Stéphane Jasseron,
05:3926 ans,
05:41il n'en va pas
05:42de même.
05:44Celui-ci
05:45fait l'objet
05:45de trois contraintes
05:46par corps
05:47pour non-paiement
05:48de pension alimentaire,
05:50dette nombreuse
05:51et non-paiement
05:52d'impôts.
05:53De plus,
05:54il est recherché
05:55pour s'être soustrait
05:56depuis un an
05:57au comité
05:58de probation
05:59et d'assistance
06:00aux libérés
06:00de Rodez.
06:02L'affaire
06:03n'est pas
06:04d'une importance
06:04exceptionnelle,
06:06mais les conséquences
06:07sont graves
06:08quand on se trouve
06:08sans un sou,
06:10sans domicile,
06:10fixe face
06:12à trois contraintes
06:13par corps
06:13avec opposition
06:14non recevable.
06:17Et les gendarmes
06:18se voient
06:18dans l'obligation
06:19d'emmener
06:20le jeune homme
06:20à la gendarmerie.
06:23Celui-ci,
06:24tête basse,
06:25sans un mot,
06:26monte dans
06:27l'estafette.
06:28Son compagnon
06:29d'infortune
06:30demande la permission
06:31de l'accompagner.
06:33Les gendarmes,
06:34bon bougre,
06:35acceptent,
06:36au moins là-bas,
06:36le vieux
06:37aura chaud.
06:39Moins d'une
06:39demi-heure plus tard,
06:41ils arrivent
06:41à l'accompagner.
06:43Après leur avoir
06:43fait servir
06:44un café chaud,
06:45le chef place
06:46Stéphane Jasson
06:47en garde à vue,
06:48tandis que le vieux
06:49trimardeur,
06:50enmitouflé
06:50dans une couverture,
06:52est installé
06:53dans une petite pièce
06:54vide
06:54où il finira
06:55tranquillement
06:56sa nuit.
06:57Il est 8h30
07:00quand j'arrive
07:01à mon bureau.
07:03Aussitôt mis
07:04au courant
07:04de la patrouille
07:05de cette nuit,
07:06je demande
07:06que l'on m'amène
07:07Stéphane Jasson
07:08après qu'il ait fait
07:09un brin de toilette.
07:12Le jeune homme,
07:13rasé de près,
07:15pénètre dans mon bureau.
07:18Il a ma foi
07:18l'air sympathique.
07:20Il a un regard clair
07:21et franc,
07:23teinté
07:23de tristesse.
07:24Je lui pose
07:26les questions
07:27habituelles.
07:29D'où venez-vous ?
07:30Que faites-vous ?
07:32Où allez-vous ?
07:35Calmement,
07:37il me répond.
07:39Il parle.
07:41Il parle
07:41comme si
07:42parler lui faisait
07:43du bien.
07:45Il a même l'air
07:45soulagé
07:46d'un grand poids.
07:48Ses paroles
07:48sont parfois
07:49entrecoupées
07:50de longs silences
07:51et,
07:52à travers
07:52les mots simples
07:53qu'il emploie,
07:54je comprends
07:55que vivre
07:56en marge
07:57de la société,
07:58se savoir rechercher,
08:01commence à lui
08:01paraître
08:02très pénible.
08:04Et il parle,
08:05il parle,
08:07il se délivre.
08:10Il avait
08:11un métier,
08:12un bon métier,
08:14du travail,
08:15un bon salaire.
08:17Il avait épousé
08:17Monique,
08:18une fille
08:18de son village
08:19qui,
08:20bien vite,
08:21s'était révélée
08:22paresseuse,
08:24dépensière,
08:26infidèle.
08:28Mais
08:28il l'aimait.
08:32Il avait tenu
08:32tant qu'il avait pu.
08:34Et puis,
08:34un jour,
08:37Monique était partie
08:38avec un de ses amants
08:39de passage.
08:41Stéphane avait tenté
08:42de la reprendre,
08:43il avait pardonné,
08:44mais Monique avait
08:47refusé.
08:49Alors,
08:50pour lui,
08:51tout avait basculé,
08:53tout s'était rompu,
08:55déchiré.
08:56Le divorce
08:57avait été prononcé
08:58et Stéphane
08:59s'était vu condamné
08:59à verser une pension
09:00alimentaire
09:01à cette femme
09:02qu'il avait trahi,
09:04cette femme
09:04qu'il aimait encore.
09:07Et puis,
09:09comme un malheur
09:10n'arrive jamais seul,
09:12il avait
09:13brusquement perdu
09:14son emploi.
09:16À partir de là,
09:18tout avait été
09:19très vite.
09:21Le chômage,
09:22la NPE
09:23et puis
09:23plus rien.
09:26Plus de travail,
09:28plus d'argent,
09:30plus d'espoir.
09:33Il avait
09:33cessé
09:34de verser
09:35les pensions alimentaires
09:36et de payer
09:36ses impôts
09:37et bien sûr,
09:39les choses
09:39avaient empiré.
09:42Les avertissements
09:43les commandements,
09:44les huissiers,
09:45les saisis,
09:46le tribunal,
09:46les condamnations.
09:49Alors,
09:49un jour,
09:51n'en pouvant plus,
09:53ne sachant plus
09:53à quel sein
09:54se vouer,
09:56il avait
09:57pris la route.
10:00Trop fier
10:00pour mendier,
10:02il mangeait
10:02ce qu'il trouvait
10:03sur les marchés
10:04après le départ
10:05des commerçants.
10:07Il dormait
10:08ici ou là,
10:09selon la saison,
10:10selon le temps.
10:11Et puis,
10:13un jour,
10:14il avait rencontré
10:15un vieux trimardeur,
10:17Ange Rignac,
10:18un vieux de la vieille
10:19qui trimardait
10:20depuis près de vingt ans,
10:22un brave homme
10:22qu'il avait
10:23immédiatement adopté.
10:25Rignac,
10:25qui lui,
10:26ne rechignait pas
10:27à faire la manche,
10:28partageait chaque jour
10:29le produit de sa quête
10:30avec Stéphane,
10:31de sorte que depuis
10:31plus de huit mois,
10:33Stéphane mangeait
10:34presque à sa fin.
10:35De plus,
10:37le vieil homme
10:38avait l'intention
10:39de lui acheter
10:39un beau costume
10:40dès que ses moyens
10:41le lui permettraient,
10:42car,
10:43et c'est pour cela
10:44qu'ils étaient
10:45tous deux arrivés
10:46en ville,
10:47Stéphane avait
10:48un frère aîné
10:48qui vivait ici,
10:50dans un bel appartement
10:51avec femme et enfant.
10:53Et petit à petit,
10:55à force d'en parler,
10:56d'argumenter,
10:57Ange Rignac
10:58l'avait persuadé
10:59d'aller voir son frère
11:00et lui demander
11:00de l'aide,
11:01ne serait-ce que
11:02de lui donner
11:03un petit coup de main
11:03pour trouver du travail.
11:04Il avait l'adresse
11:06de son frère
11:07et s'y serait rendu
11:08ce matin
11:09si un malheureux hasard
11:11n'avait mis
11:12les gendarmes
11:12sur sa route.
11:17J'avais écouté
11:18Stéphane Jasson
11:19sans l'interrompre.
11:21J'étais persuadé
11:22qu'il était sincère
11:23et qu'il n'y avait
11:24en lui rien de mauvais.
11:27Il m'apparaissait
11:27plutôt comme victime
11:30d'une terrible fatalité.
11:32Mais la loi
11:36est la loi.
11:38Dure Alex
11:39cède Lex.
11:40J'étais par devoir
11:41contraint
11:42de prévenir
11:42le parquet.
11:44Pas d'argent,
11:46trois contraintes
11:47par corps,
11:49c'est la prison.
11:52Pourtant,
11:52j'hésitais
11:53à prévenir
11:53le procureur
11:54tout de suite.
11:56Il devait bien
11:56y avoir une solution
11:57au problème
11:57de ce garçon.
11:58Il fallait
11:59que je trouve
11:59un moyen
12:00de l'aider.
12:00J'avais besoin
12:03de réfléchir.
12:04Aussi,
12:05je fis conduire
12:06Stéphane Jasson
12:07dans une pièce
12:07du rez-de-chaussée
12:08pendant que je demandais
12:09à voir le sieur
12:10Ange Rignac.
12:13Rignac
12:14était un personnage
12:15haut en couleur,
12:16éminemment sympathique.
12:17Il respirait
12:18la bonté,
12:19la générosité.
12:20Il était
12:20vif et intelligent.
12:22C'était,
12:22comment dire,
12:23un misanthrope
12:24souriant
12:25qui prétendait
12:26que sur terre
12:26il n'y avait
12:27que deux sortes
12:28d'hommes,
12:28les gentils
12:29et les méchants.
12:30Un point,
12:31c'est tout.
12:33Un peu simpliste
12:34comme raisonnement,
12:35mais pas complètement faux.
12:39Tout à coup,
12:39le vieux bonhomme
12:40me dit qu'il connaît
12:41l'adresse du frère
12:41de Stéphane
12:42et que,
12:42si je le lui permets,
12:44il ira le trouver
12:44pour lui demander
12:45d'aider son jeune frère.
12:48Je n'ai aucune raison
12:49de lui interdire
12:49cette démarche salutaire.
12:51Je le laisse donc
12:52partir illico,
12:54accompagné
12:54de mes voeux
12:55de réussite
12:56et je me replonge
12:59dans les dossiers
13:00en attente.
13:02La vie continue,
13:03n'est-ce pas ?
13:05Moins d'une heure
13:05plus tard,
13:07le vieil homme
13:07est de retour
13:08à la gendarmerie.
13:10Il est
13:10catastrophé.
13:13Le frère aîné
13:14et sa femme,
13:15sa femme surtout,
13:16n'ont rien voulu entendre.
13:18Ils ont refusé
13:18catégoriquement
13:19d'apporter une aide
13:20quelconque à Stéphane
13:21qui est jeune,
13:22en bonne santé
13:23et qui n'a qu'à
13:23se débrouiller.
13:25Quand on veut vraiment
13:25trouver du travail,
13:26on en trouve,
13:27etc.
13:32Angerignac n'en finit pas
13:33de fustiger
13:34ce frère indigne.
13:37Moi, bien entendu,
13:38je m'abstiens
13:38de tout commentaire,
13:39mais je vous l'avoue,
13:41je n'en pense pas moins.
13:43La dernière chance
13:44de Stéphane Jasseron
13:45vient de s'envoler.
13:49Son avenir
13:49est plus noir
13:50que jamais.
13:53Comment pourrait-il
13:53s'en sortir ?
13:54C'est ce que vous saurez
13:57dans quelques instants.
14:08Nous sommes le 20 décembre.
14:11La lettre que je viens
14:12de recevoir
14:12en cette veille de Noël
14:13est d'un certain
14:15Stéphane Jasseron.
14:18Stéphane Jasseron,
14:19je l'ai connu
14:19il y a sept ans.
14:20et je m'en souviens
14:22comme si c'était hier.
14:26C'est l'hiver.
14:27Les gendarmes en patrouille
14:28ont ramené
14:29deux pauvres bougres
14:30qui dormaient
14:30à même le sol.
14:32Le plus jeune,
14:33Stéphane Jasseron,
14:35est en infraction.
14:37Trois contraintes par corps
14:38pour non-paiement
14:39de pensions alimentaires,
14:40non-paiement d'impôts,
14:42etc.
14:43Le pauvre garçon,
14:46criblé de dettes
14:47ayant perdu son emploi,
14:49abandonné par sa femme,
14:51s'est laissé couler
14:51et vagabonde sur les routes
14:53avec Ange Rignac,
14:56un compagnon d'infortune.
15:01Il me faut maintenant
15:02annoncer à Stéphane Jasseron
15:04qu'il va être présenté
15:05au procureur
15:05et au juge
15:06d'application des peines.
15:08Je me dirige donc
15:09vers la pièce du bas
15:10où le jeune homme
15:10attend patiemment
15:11que l'on ait statué
15:13sur son sort.
15:15C'est alors que,
15:16passant par le bureau
15:17d'accueil de la compagnie,
15:19je rencontre
15:19M. Charles Combrouze,
15:21un ami de longue date,
15:23fromager de son état.
15:25« M. Combrouze,
15:27comment allez-vous ?
15:28Quel bon vent vous amène ?
15:30Bon capitaine,
15:30je vous apportais
15:31quelques fromages,
15:32comme c'est bientôt Noël,
15:33ne sais pas.
15:34Vous verrez,
15:35ils sont fameux, hein ?
15:36C'est gentil,
15:37M. Combrouze,
15:38on pensera à vous
15:39en les dégustant.
15:39« Au fait,
15:42M. Combrouze,
15:43vous n'embaucheriez pas
15:45par hasard. »
15:46« Eh ?
15:46Embaucher à ce moment,
15:48putain,
15:48mais non,
15:49pourquoi ? »
15:50« Parce que... »
15:52Et j'explique à ce brave homme
15:53le pourquoi de ma question.
15:56Je lui raconte brièvement
15:57la triste histoire
15:58de Stéphane Jasseron.
16:00Quand j'en arrive
16:01à l'épisode
16:02du frère aîné,
16:03le sang de mon ami
16:04ne fait qu'un tour.
16:05« Au nom de Dieu !
16:06Mais qu'est-ce
16:07qu'il m'a foutu
16:07un frère pareil,
16:09cong ?
16:09Et la voix lui semble,
16:10qu'est-ce qu'il en fait
16:10ce Jean-Foutreur ?
16:12Et la solidarité,
16:13nom de Dieu !
16:14Tiens, moi,
16:14je vous l'engage,
16:15votre jeune homme,
16:16je le prends chez moi,
16:17nourri, loger,
16:18nom de Dieu !
16:19Et s'il est travailleur,
16:19le bourre,
16:20je te vais lui faire
16:21une situation,
16:22cong.
16:22Envoyez-le-moi,
16:23capitaine,
16:23je vous l'engage,
16:24cochon qui s'en dédie,
16:25nom de Dieu ! »
16:27J'appelle aussitôt
16:27le procureur de la République
16:29et je le mets au courant.
16:32Une demi-heure plus tard,
16:34il pénètre dans mon bureau.
16:37Je fais amener Stéphane Jasseron.
16:40Le procureur lui fait part
16:41de la décision exceptionnelle
16:43qui pourrait être prise
16:44à son égard.
16:46Le jeune homme n'en croit pas
16:47ses oreilles,
16:48ses yeux brillent,
16:50l'espoir renaît.
16:52Il promet tout,
16:53il travaillera bien,
16:54il paiera ses dettes
16:55jusqu'aux derniers centimes.
16:57Il ne sait pas
16:57comment nous remercier.
16:59Il rit et pleure
17:00tout à la fois
17:01tant son émotion est grande.
17:05Le procureur est un homme de cœur.
17:07Il ne veut pas
17:08la mort du pécheur.
17:09Il accepte de grand cœur
17:11de tenter l'expérience.
17:14Néanmoins,
17:16il reste deux formalités
17:18à remplir.
17:20Obtenir l'acceptation
17:21du juge
17:22d'application des peines
17:23et
17:24avoir la certitude
17:26que Stéphane
17:27n'est pas
17:28au cours de son année
17:29d'errance
17:30commis d'autres délits.
17:33Il nous faut à peine
17:34deux heures
17:35pour établir
17:35les procédures.
17:37Dieu merci !
17:39Stéphane Jasson
17:40n'a rien à se reprocher
17:41pour l'année
17:41qui vient de s'écouler
17:42et madame le juge
17:44d'application des peines
17:45accepte
17:45elle aussi
17:46de l'aider
17:47à repartir
17:48d'un bon pied.
17:51Charles Combrouze
17:51qui attendait
17:52le résultat
17:53de l'entrevue
17:54avec les magistrats
17:55hurle de joie
17:56en apprenant
17:56leurs décisions.
17:58Dès que les formalités
17:59seront remplies
17:59il emmènera
18:00Stéphane chez lui.
18:01Il propose même
18:02d'embaucher
18:03aussi
18:04Ange Rignac.
18:06Le vieux Trimard
18:07se fait un peu
18:08tirer l'oreille.
18:09Sa liberté
18:10comprenez-vous ?
18:13Mais il finit
18:13tout de même
18:14par accepter
18:15une place de berger.
18:17Les brebis
18:18elles au moins
18:19elles sont gentilles.
18:22Tout est bien
18:23qui finit bien
18:24comme quoi
18:24la vie a parfois
18:26du bon.
18:28La suite
18:29est toute simple.
18:30Aux dernières nouvelles
18:31Ange Rignac
18:33philosophe
18:33toujours
18:34avec ses brebis.
18:35Stéphane
18:36a appris
18:36le métier
18:37de fromager
18:37avec Charles Combrouze
18:39au fil des années
18:40grâce à son sérieux
18:42son courage
18:43et sa compétence
18:44Stéphane
18:45a gravi
18:45les échelons.
18:47Aujourd'hui
18:47il est attaché
18:49commercial
18:49de la maison
18:50Combrouze
18:51et l'an passé
18:52il a épousé
18:54la nièce
18:54de Charles
18:55Sophie Combrouze.
18:59Comme chaque année
18:59pour commémorer
19:01le 20 décembre
19:02il m'envoie
19:04donc une lettre
19:04que je me décide
19:06enfin à lire.
19:10Mon commandant
19:11je vous espère
19:14vous et votre
19:14chère famille
19:15en excellente santé
19:16je vous prie
19:17d'accepter
19:18mes voeux
19:18les plus sincères
19:19les plus chaleureux
19:20à l'occasion
19:22de Noël
19:22et de la nouvelle année.
19:24Je vais très bien
19:25Sophie est merveilleuse
19:28je n'ai jamais
19:29été aussi heureux
19:30de ma vie
19:30grâce à vous
19:32je ne l'oublierai
19:34jamais.
19:36Encore merci
19:37bien à vous
19:39Stéphane.
19:40Post scriptum
19:45Maintenant je peux dire
19:48le Père Noël existe
19:50je l'ai rencontré
19:53Ainsi
19:57chaque année
19:58depuis sept ans
20:00Stéphane Jasson
20:02me témoignait
20:03amitié et gratitude
20:04pour ce qui n'avait été
20:05de ma part
20:06qu'un geste naturel
20:08de solidarité humaine
20:09une main tendue
20:12pour être gendarme
20:15on n'en est pas moins
20:17hommes
20:18n'est-ce pas ?
20:19Vous venez d'écouter
20:25Au coeur du crime
20:27un podcast
20:28issu des archives
20:28d'Europe 1
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20:31production
20:32Estelle Lafon
20:34patrimoine sonore
20:35Sylvaine Denis
20:36Laetitia Casanova
20:37et Antoine Reclus
20:39promotion
20:40Marie Corpet
20:41Au coeur du crime
20:42est disponible
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