À Paris, le musicien des Abbesses a retrouvé son violon confisqué par la police

Le Parisien

«Ça y est, je l’ai !» Au sortir du commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris, ce mardi après-midi, Paul Susen brandit son violon. Le musicien américain, installé dans la capitale française depuis plus de trente ans, a retrouvé le sourire : son instrument, confisqué par la police le 22 juillet, lui a été restitué.

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00:00Il était soutenu au commissariat du 18e arrondissement.

00:03C'était un bel instrument de 1870 et je l'ai récupéré.

00:08Voilà, aujourd'hui.

00:11Alors, Paul Suzanne est un violoniste américain qui joue depuis plusieurs années à Montmartre.

00:20Et le 22 juillet, il s'est passé ça.

00:23J'ai mis ma boîte là, avec mon chapeau comme ça, j'ai pris mon violon,

00:26j'ai joué trois notes et les policiers sont arrivés de là-bas.

00:31Je n'avais pas encore gagné un centime et mon violon est parti.

00:36Traduction, la police lui a confisqué son outil de travail d'une valeur de 20 000 euros.

00:40Le délit, c'était de jouer sans autorisation.

00:44Apparemment, dans toute la France, c'est illégal de jouer dans la voie publique sans autorisation.

00:50Et dans le 18e arrondissement, il y a quatre autorisations pour tout le 18e arrondissement.

00:56J'en ai fait deux sans jamais avoir une réponse.

00:58C'est ici que la musique se joue à Montmartre.

01:02Et c'est un peu ironique que ça dit « no street art ».

01:05Ça a un double sens maintenant, « no street art ».

01:08En gros, la préfecture de police de Paris veut limiter les nuisances sonores dans le quartier.

01:13Ces agents peuvent donc verbaliser les artistes pour tapage et saisir leurs instruments temporairement.

01:17Et comme beaucoup de musiciens sont sans-papiers, ils n'osent pas venir les récupérer.

01:27Il y a des instruments qui vont être détruits pour punir des musiciens pour avoir fait le crime de jouer dans la rue.

01:34Il n'y a pas une heure, mon ami s'est fait saisir Placé Mille Goudreau.

01:37Comment ?

01:38Mon ami guitariste s'est fait saisir il y a une heure à Mille Goudreau.

01:40Il y a une heure ?

01:41Je donnais des cours de violon dans le Val-d'Oise.

01:50J'ai commencé à jouer un peu dans la rue, après j'étais malade.

01:54Je me suis remis dans le cancer, une opération chimio, etc.

01:58Quand j'avais la santé, je jouais.

02:00Je n'ai jamais joué plus d'une heure et j'ai toujours joué seul, sans amplification.

02:05Pour un violoniste, c'est une relation très intime avec l'instrument.

02:16C'est une mémoire très fine.

02:18C'est la beauté du son et des couleurs.

02:21On ne peut pas faire ça sur un violon qu'on trouve dans une poubelle.

02:24Ce n'était pas juste moi qui l'ai joué.

02:27Je crois qu'il y avait quand même cinq générations de gens qui l'ont joué avant moi.

02:30Je ne sais pas ce que je vais faire pour l'argent parce que ça me permet de vivre au lieu d'une petite retraite.

02:38Je n'ai pas beaucoup de travail en ce moment.

02:40On arrive à 68 ans, beaucoup de nos collègues sont mortes, ils ont quitté Paris.

02:46Depuis dix ans, ça ne va vraiment pas très bien pour la musique à Paris.

02:52Le vrai combat maintenant, c'est d'avoir des autorisations pour la musique parce qu'il y aura de la musique ici tout le temps.

02:58Les gens vont jouer et on ne veut pas être punis pour jouer la musique.

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