- 15/07/2025
Manuel Valls, ministre des Outre-mer, était l'invité de France Inter mardi 15 juillet, après l'accord trouvé samedi sur la Nouvelle-Calédonie, signé par les indépendantistes et les non-indépendantistes.
Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00France Inter, Simon Le Baron, le 6-9.
00:07Trois jours après la conclusion d'un accord que tous les connaisseurs de la Nouvelle-Calédonie qualifient d'historique,
00:13c'est le ministre des Outre-mer qui est avec nous ce matin dans le grand entretien de la matinale d'Inter.
00:17Bonjour Manuel Valls.
00:18Bonjour Simon Le Baron.
00:19Accord historique qui prévoit la création d'un État calédonien, d'une double nationalité franco-calédonienne dans la France.
00:27Accord historique mais qui n'est pas la fin de l'histoire, loin de là, qui pose des questions.
00:32Les Calédoniens eux-mêmes vont-ils l'accepter ? Allons-nous vers une indépendance de fait ?
00:37Cet accord va-t-il apaiser ou au contraire attiser les tensions voire les haines entre les communautés ?
00:43Nous allons parler de tout cela avec les auditeurs aussi bien sûr comme d'habitude au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:50Jusqu'au tout dernier moment, Manuel Valls ce week-end à Bougival dans cet hôtel, dans les Yvelines
00:55où étaient réunies les différentes délégations indépendantistes et non-indépendantistes.
00:59C'est plutôt l'échec qui se profilait.
01:02Cet accord est inespéré.
01:05Oui, il faut toujours quand on négocie, quand on discute, se dire qu'un échec est possible.
01:11Mais l'ensemble des délégations indépendantistes et non-indépendantistes considéraient qu'il fallait un accord.
01:18Bien sûr, pas à tout prix, pas en reniant leur position et leur conviction.
01:22Mais s'il n'y avait pas eu d'accord, le risque était celui d'abord d'un effondrement de la Nouvelle-Calédonie.
01:28L'économie va très mal, la situation sociale est très inquiétante.
01:34Nous n'avons pratiquement plus dans certains secteurs, dans certaines régions de médecins, pour ne prendre que cet exemple.
01:41Donc il y avait...
01:42C'était le terme de l'équation, le compromis ou le chaos, on en était là ?
01:45D'une certaine manière et surtout, alors à ce moment-là, avec des élections provinciales qui sont prévues à la fin de l'année,
01:51sans accord, le risque était celui de la radicalisation et du retour, d'une certaine manière, de la violence, voire de la guerre civile.
01:58Donc les différentes délégations ont agi avec beaucoup de responsabilités.
02:04Ce sont elles qui ont porté cet accord.
02:06Et ce sont elles, évidemment, qui doivent maintenant l'expliquer et le défendre en Nouvelle-Calédonie.
02:12Et puis, ce sont les spécialistes de la Nouvelle-Calédonie qui connaissent ça davantage, bien évidemment,
02:17mais il n'y avait pas eu d'accord depuis 1998.
02:2127 ans sans accord et en attendant les fameux trois référendums qui ont lieu en 2018, en 2020 et en 2021.
02:28Donc c'était difficile de sauter le pas, de changer d'équation.
02:32Il fallait faire bouger les lignes d'une certaine manière.
02:35Vous savez, on critique beaucoup, et c'est normal, le rôle de la politique en général.
02:39Eh bien là, les politiques, du côté de l'État, votre serviteur bien évidemment,
02:43mais les délégations calédoniennes, ont montré que le dialogue, la discussion, le compromis,
02:50la politique, au sens le plus noble du terme,
02:52permettait de retrouver ce pari de l'intelligence de Jean-Marie Djibaou de 1988,
02:58lors de la fameuse poignée de main avec Jacques Lafleur.
03:02Quand on se souvient du niveau de violence, malgré tout, que vous évoquiez l'année dernière,
03:06il y a un an, les émeutes qui ont fait 14 morts,
03:08est-ce que cet accord peut suffire à apaiser cela ?
03:13Sans accord, il n'y avait ni redressement économique, ni paix civile.
03:17Avec l'accord, ces risques que vous venez d'évoquer ne sont pas éteints.
03:22Il y a de la violence, des confrontations avec les forces de l'ordre,
03:28il y a des vols à main armée parce que les gens ont faim, surtout dans le grand Nouméa.
03:33Il y a toujours des risques de basculement.
03:36Il y a, depuis la signature de l'accord, des menaces directes qui pèsent sur les différents dirigeants calédoniens,
03:43qu'ils soient indépendantistes ou non indépendantistes.
03:46Nous allons agir, évidemment, pour prévenir cela, à la fois à travers le rôle de la police et de la gendarmerie
03:54sous l'autorité du haut-commissaire sur place, mais aussi à travers la justice,
03:57parce qu'on ne peut pas avoir des menaces de mort sur les réseaux sociaux
04:02à l'égard des dirigeants indépendantistes ou non indépendantistes.
04:05Mais à travers cet accord, il y a surtout la chance de retrouver la paix, la prospérité pour la Nouvelle-Calédonie.
04:13Donc tout commence maintenant, parce qu'il s'agit de convaincre et que les Calédoniens seront consultés sur cet accord,
04:19sans doute au début de l'année 2026.
04:21Oui, ils vont devoir le valider lors d'un nouveau référendum,
04:24qui ne portera pas, effectivement, cette fois sur l'indépendance, mais sur la validation de cet accord.
04:28Vous parliez des menaces qui pèsent sur ceux qui ont signé,
04:33ceux qui ont pris, d'une certaine manière, le risque de signer.
04:36Parce qu'ils ont dit, après la conclusion de cet accord, tôt samedi, c'était à l'aube,
04:42on s'attend à en prendre plein la figure, pour le dire comme ça, en rentrant sur l'archipel.
04:48Il va falloir le faire accepter à leur base.
04:50Et puis, il y a eu des morts, vous le disiez, il y a un instant, il y a un an.
04:55Chacun en mémoire ce qui s'est passé dans les années 80, des dizaines de morts.
04:59Chacun en mémoire, évidemment, la mort, l'assassinat de Jean-Marie Djibahou et de Yeouené Yeouené.
05:04Et c'est son fils, Emmanuel, qui fait partie de signataire aujourd'hui.
05:08Donc cette mémoire est là.
05:10Mais, tout de même, grâce au dialogue, à la discussion, vous le rappelez il y a un instant,
05:15oui, il y a un état de la Nouvelle-Calédonie,
05:18oui, il y aura une double nationalité,
05:20oui, il y aura une reconnaissance internationale,
05:23oui, il y aura une loi fondamentale qui organisera les pouvoirs de la Nouvelle-Calédonie,
05:29mais aussi qui définira ce que sera la nationalité calédonienne,
05:33oui, il y aura une ouverture maîtrisée du corps électoral,
05:36parce que c'était injuste que beaucoup de gens ne puissent pas voter.
05:40C'était plutôt, là, une revendication très claire des non-indépendantistes,
05:44puisque les indépendantistes estiment que l'ouverture de ce corps électoral leur est défavorable.
05:49Ce n'est pas tout à fait le vrai, mais c'était symboliquement très important,
05:52parce que c'était au cœur, en tout cas c'était le prétexte ou les arguments qui avaient été utilisés
05:58au moment où les violences avaient éclaté le 13 mai,
06:01mais chacun savait qu'il fallait évoluer dans ce sens,
06:04parce qu'il y avait des milliers de personnes qui ne pouvaient pas voter,
06:07donc il n'y a que justice, et puis chacun avait dit aussi
06:10qu'il y aurait un dégel du corps électoral, une ouverture du corps électoral,
06:14s'il y avait un accord global.
06:15Et justement, il y a des compromis des deux côtés.
06:16Quand il y a un accord global, ça fait partie en effet des compromis.
06:18Qui dit compromis dit toujours ambiguïté.
06:21Est-ce qu'on peut vraiment, durablement, en Nouvelle-Calédonie, concilier l'appartenance à la France,
06:28toujours ce lien avec la France qui est confirmé, et l'aspiration à la souveraineté ?
06:34Mais le lien avec la France, il est là à travers la langue, l'école, l'histoire,
06:40avec ses pages sombres et aussi avec ses lumières.
06:44Elle a été très assumée notamment par les accords de Nouméa de 1998
06:48et son beau préambule qui reste toujours dans notre Constitution,
06:53qui est une référence pour chacun.
06:54Est-ce qu'on peut concilier les deux ? L'aspiration à la souveraineté, l'appartenance à la France ?
06:57Il n'y a pas d'autre choix, vu les rapports de force démographiques dans la population,
07:02parce qu'il y a eu les trois référendums, parce qu'il y a ces aspirations,
07:06elles peuvent paraître contradictoires.
07:07Et donc, ce qui me rend fier d'avoir, et je suis très prudent,
07:11ce qui me rend fier d'avoir contribué à cet accord,
07:14c'est précisément de pouvoir concilier ces aspirations.
07:18Parce que si on n'arrive pas à les concilier,
07:21il peut y avoir des ambiguïtés, des questionnements bien évidemment,
07:24mais on n'y arrive pas.
07:25C'est la confrontation, c'est ce qui s'est passé, vous le rappelez, il y a un an.
07:30Donc il faut concilier ces aspirations contradictoires,
07:33et à travers une voie originale, une organisation sui generis,
07:37cet État de la Nouvelle-Calédonie, des concessions des uns et des autres.
07:41Et puis, vous le disiez, l'histoire n'est pas terminée,
07:43d'abord parce que nous avons rappelé que cet accord constitue une nouvelle étape
07:47sur la voie de la décolonisation, de l'émancipation,
07:49dans le respect des principes démocratiques et de l'État de droit,
07:52que le droit à l'autodétermination demeure garanti par le droit international,
07:56et qu'à travers le transfert des compétences régaliennes,
07:59c'est-à-dire monnaie, défense, justice, sécurité,
08:02rendu possible par un mécanisme,
08:04il y a toujours cette possibilité d'accéder demain à la souveraineté.
08:07Cela veut dire que la Nouvelle-Calédonie, si le Congrès,
08:10c'est-à-dire l'Assemblée locale, le décide,
08:13la France peut transférer l'intégralité de ses compétences à la Nouvelle-Calédonie,
08:20sur la monnaie, sur la justice, sur la sécurité, sur la diplomatie.
08:24Sur la diplomatie.
08:24Donc la Nouvelle-Calédonie, demain, potentiellement, peut devenir indépendance.
08:27Sur les relations internationales, il y a déjà un transfert qui va être fait,
08:31dans le cadre, évidemment, des compétences actuelles de la Nouvelle-Calédonie,
08:34mais pour qu'elles puissent rayonner davantage dans le Pacifique
08:38et en Asie, d'une manière plus générale.
08:43Mais oui, c'est possible, à travers une majorité qualifiée au Congrès de la Nouvelle-Calédonie,
08:47l'accord de l'État, le vote de nouveau des Calédoniens.
08:50Ce n'est pas l'urgence.
08:51Et surtout, ce mécanisme, il nous sort du référendum
08:55qui divise totalement la société.
08:57Et il oblige les uns et les autres à trouver en permanence la voie de la conciliation.
09:01C'est l'originalité de ce nouveau statut, qui est à la fois pérenne et évolutive.
09:07Est-ce que vous pouvez nous expliquer à quoi ressemblera cet État calédonien ?
09:11Parce que c'est un objet inédit.
09:14C'était déjà un objet inédit dans la Constitution française.
09:16Inédit ou pas, certains constitutionnalistes disent que ça ressemble au protectorat,
09:21par exemple, qu'on a connu à l'époque de la souveraineté française sur le Maroc.
09:26Oui, je trouve cette comparaison très étrange.
09:28Nous sommes au XXIe siècle.
09:30La Calédonie a déjà une souveraineté partagée avec la France.
09:34On va évidemment sans doute plus loin.
09:37Mais c'est un État de la Nouvelle-Calédonie, dans l'ensemble français,
09:41inscrit dans la Constitution française, avec des évolutions possibles.
09:44C'est évidemment complexe, je le reconnais.
09:46Beaucoup de constitutionnalistes vont se donner à cœur joie.
09:49Ce qui compte pour moi, c'est l'accord.
09:52Et cet accord est adossé aussi à une volonté partagée,
09:56à un pacte entre la Nouvelle-Calédonie et la France,
09:59pour redresser économiquement, financièrement ce territoire,
10:03pour l'aider notamment sur son industrie du nickel,
10:07et surtout pour régler les problèmes de la société calédonienne.
10:10C'est un calédonien de s'emparer de leur avenir.
10:12De la situation économique et financière du territoire, vous l'avez dit,
10:15elle est catastrophique actuellement, notamment avec cette filière nickel
10:19qui est à la dérive, en grande difficulté à tout le moins.
10:24Ce texte prévoit justement le redressement des finances publiques.
10:27Combien ça va coûter à l'État français ?
10:28Plusieurs milliards par an ?
10:30Le transfert de la France vers la Calédonie, c'est 1,5 milliard tous les ans.
10:36Depuis l'année dernière, c'est 1,5 milliard supplémentaire.
10:39Donc 3 milliards en 2024, 3 milliards en 2025.
10:43Mais ça passe aussi par des réformes.
10:45Pour faire baisser le poids...
10:47Mais dans l'urgence, est-ce que l'État français a les moyens
10:49d'assurer le redressement économique de la Nouvelle-Calédonie ?
10:52Le poids de la puissance publique, je le crois.
10:54Pour baisser le poids de la puissance publique.
10:56Pour faire des réformes économiques.
10:59Pour mettre l'accent sur des filières
11:01qui aujourd'hui ne marchent pas bien.
11:02On vient de parler du nickel.
11:04Mais c'est vrai pour le tourisme, c'est vrai pour l'agriculture.
11:07Il faut faire baisser le coût de l'énergie.
11:08Donc c'est un dossier
11:10où nous mettrons toute notre énergie.
11:12Nous avons mis en place une mission interministérielle
11:15qui, sous l'autorité du Premier ministre, est à mes côtés
11:17qui va beaucoup travailler sur ces questions-là.
11:19Mais il n'y avait pas de redressement économique et financier possible
11:22d'investisseurs nouveaux pour le nickel
11:24s'il n'y avait pas d'accord.
11:26Vous savez, il y a une très belle phrase.
11:28Je crois que je l'avais déjà prononcée ici
11:30en Nouvelle-Calédonie.
11:32Et elle m'anime.
11:33Beaucoup de respect vis-à-vis des Calédoniens
11:35et beaucoup d'humilité.
11:37Nous avons passé un accord.
11:39Le plus difficile reste sans doute à faire
11:41pour les responsables politiques calédoniens.
11:43Convaincre, expliquer, tracer une perspective.
11:47Mais nous sommes sortis de l'impasse
11:49dans laquelle nous étions.
11:51Maintenant, il faut construire l'avenir
11:52de la Nouvelle-Calédonie avec tous.
11:54Il y a beaucoup de risques, je le sais.
11:56Mais moi, je continuerai avec la même force
11:58à soutenir ce processus.
12:01Parce qu'il est exemplaire aussi.
12:02Vous savez, l'image de la France a été très détériorée
12:04dans le Pacifique ces derniers mois
12:06à cause de ce qui s'est passé.
12:07Et aujourd'hui, nous faisons la démonstration.
12:10Responsables gouvernementaux
12:11et le président de la République, le point ministre,
12:13moi-même y avons contribué, bien évidemment.
12:15Les forces politiques françaises soutiendront,
12:17je n'en doute pas un seul instant,
12:19dans leur grande majorité...
12:20Parce qu'elles vont avoir valider cet accord aussi au Parlement.
12:21Il faudra une réforme constitutionnelle, bien évidemment.
12:23Mais les forces calédoniennes ont fait preuve
12:25d'une très grande maturité,
12:27d'une très grande intelligence.
12:28Bon, donc il faut les accompagner
12:29dans ce mouvement qui peut être aussi exemplaire.
12:32Il n'y a pas tellement de bonnes nouvelles.
12:33On critique souvent la France aujourd'hui.
12:35Voilà, c'est un bel exemple de réussite.
12:38Mais encore une fois,
12:40qu'il faut confirmer parce qu'un accident,
12:42un drame peut mettre tout ça par terre.
12:45Tout n'est pas fini.
12:46Et loin de là, en effet.
12:47Et puisque vous parlez d'exemple, Manuel Valls,
12:49plusieurs auditeurs nous demandent
12:50sur l'application de Radio France,
12:52Cyril et François notamment,
12:53si cela peut donner des idées
12:55et ouvrir la porte pour d'autres territoires.
12:58Il cite la Corse,
12:59qui n'est pas un territoire ultramarin,
13:01c'est un territoire métropolitain.
13:03Mais est-ce que ça peut donner des idées
13:05à la Corse ou à d'autres territoires ?
13:07Depuis les accords de 88 ou de 98 en Nouvelle-Calédonie,
13:10chacun sait que l'histoire de la Nouvelle-Calédonie est différente.
13:13C'est une colonie de peuplement,
13:15la seule avec l'Algérie à l'époque,
13:17une colonie pénitentiaire,
13:19c'est à 17 000 kilomètres de là.
13:22Il y a un peuple autochtone,
13:23un peuple premier,
13:24le peuple kanak.
13:25Il y a ceux qui sont arrivés
13:27après l'arrivée de la France.
13:30Donc, c'est ce mélange de population,
13:33cette histoire parfois douloureuse,
13:35mais aussi ces moments de lumière.
13:37Je pense évidemment aux accords de 88 et de 98
13:40et je pense, je l'espère,
13:41à celui que nous venons de sceller.
13:43Tout cela doit permettre d'inventer
13:44quelque chose qui est original.
13:46D'une manière générale,
13:47il faut repenser le lien
13:48entre l'État, l'Hexagone
13:49et les territoires ultramarins,
13:51mais ce ne sont pas les mêmes histoires.
13:52Je crois que pour la réussite de la Nouvelle-Calédonie,
13:55il faut que cette voie reste propre
13:57à la Nouvelle-Calédonie.
13:58Parlons justement, Manuel Valls,
13:59des autres territoires ultramarins.
14:01Rapidement, vos deux autres dossiers prioritaires,
14:05ce sont celui de Mayotte,
14:08d'abord, et la vie chère.
14:09Sur Mayotte, la loi a été adoptée
14:11jeudi dernier définitivement,
14:14loi de refondation qui prévoit
14:15notamment 4 milliards d'euros sur 6 ans.
14:18On est loin du compte,
14:196 mois après le passage du cyclone Chido,
14:21sur la reconstruction, sur l'urgence.
14:23Évidemment, ça prend beaucoup de temps.
14:24Vous avez des années ?
14:26Ça prendrait des années ?
14:27Il n'y a eu qu'un liguement de planètes
14:28cette semaine,
14:29puisqu'en effet, le deuxième texte en 6 mois,
14:32un deuxième projet de loi que j'ai porté
14:34concernant la reconstruction,
14:36la refondation de Mayotte,
14:37vous venez de le dire,
14:38a été adopté.
14:39Et maintenant, on a tous les outils
14:40avec l'établissement public.
14:41Nous allons nommer aujourd'hui
14:42son directeur général.
14:44Nous avons tous les outils,
14:45les moyens financiers
14:46pour continuer la reconstruction
14:48de Mayotte.
14:50Et puis, le comité interministériel aux Outre-mer
14:52a aussi fait le point sur la Vichère.
14:54Un projet de loi va être adopté
14:56à la fin du mois,
15:00au dernier Conseil des ministres du mois de juillet.
15:02Est-ce que vous garantissez que ce problème de la Vichère
15:04qui empoisonne la vie des habitants
15:07de nombreux territoires ultramarins,
15:09Guadeloupe, Martinique, entre autres,
15:11va s'améliorer dans les mois à venir ?
15:14Nous n'avons pas d'autre choix
15:15parce qu'ils fracturent ces sociétés
15:17et le lien aussi avec l'Hexagone.
15:19J'ai déjà signé une circulaire,
15:21trois décrets pour lutter de manière plus efficace
15:26contre la Vichère,
15:27avec plus de transparence,
15:29plus de contrôle,
15:31plus de concurrence.
15:32Et puis, le projet de loi va être discuté
15:34et adopté, je l'espère, cet automne.
15:37Donc, vous voyez, la Nouvelle-Calédonie,
15:39Mayotte, c'est ce que le Premier ministre,
15:41m'avait confié comme mission urgente.
15:43La Vichère, c'est mon combat
15:45parce que je sais que c'est tout à fait essentiel.
15:48Et puis, il y en a un autre que vous n'avez pas cité
15:49mais qui est tout à fait, évidemment, incontournable,
15:52qui est la lutte contre le narcotrafic
15:53qui mine les sociétés antillaises et guyanaises.
15:56Donc, c'est un ministère de mission.
15:59Je m'étais donné quelques mois
16:00pour mettre en œuvre ces dossiers,
16:03atteindre ces objectifs.
16:04Il reste beaucoup de travail.
16:05Mais c'est une première étape
16:06qui me paraît déjà très intéressante.
16:09Est-ce que vous prenez cette première étape,
16:11ce texte sur Mayotte adopté,
16:13cet accord historique sur la Nouvelle-Calédonie,
16:17sept mois après votre retour au gouvernement,
16:18d'une certaine manière comme une revanche personnelle ?
16:20Surtout pas.
16:21Parce que si on met sa personne
16:23sur des dossiers aussi compliqués,
16:25on s'aveugle.
16:26Et donc, je vous parlais de respect et d'humilité.
16:30Et bien, ce respect vis-à-vis des ultramarins
16:32et cette humilité par rapport à ces dossiers,
16:35je l'ai fait mienne.
16:36C'est un ministère de mission passionnant.
16:39Je pars dans quelques heures en Polynésie française
16:42où il y a aussi de sacrés défis.
16:45Et j'y vais aussi avec la volonté d'écouter
16:47nos compatriotes polynésiens.
16:50Ça vous invite à vous réinventer en permanence,
16:53à toucher tous les sujets,
16:56la géopolitique, les questions d'environnement
16:58qui sont évidemment essentielles dans ces territoires.
17:00Vous auriez le droit de sentir comme un succès,
17:05encore une fois, personnel.
17:06Vous avez été très critiqué au moment de votre retour au gouvernement.
17:10Ici même, sur cette antenne,
17:12on a eu des auditeurs qui avaient été très vindicatifs avec vous.
17:18Vous êtes le seul ministre quasiment à faire passer des textes.
17:21Vous ne me dites pas ça.
17:22Ne dites pas ça.
17:22Vous allez me provoquer des ennuis.
17:25Non, mais parce que j'ai l'expérience.
17:28J'étais ministre, premier ministre, dans des conditions très difficiles.
17:32Parce que j'ai ce ministère, encore une fois, de mission.
17:34Il y a beaucoup d'attentes.
17:36Je ne suis pas là pour me réjouir, pour parler de moi.
17:39Je suis là pour souligner ce qui doit être encore fait.
17:42Il y a beaucoup à faire dans ces territoires.
17:44Si ça avait été qu'une litanie d'échecs,
17:46j'imagine ce qui aurait été dit.
17:49Les étapes franchies,
17:50le succès, en effet, de cet accord,
17:53mais encore une fois, qui reste fragile sur le terrain,
17:56m'invite à la modestie, à l'humilité et à l'action.
17:59Manuel Valls, moins de cinq minutes,
18:01mais il fallait prendre le temps de parler de la Nouvelle-Calédonie
18:03et des Outre-mer,
18:04pour évoquer les mesures que s'apprête à dévoiler François Bayrou,
18:07cet après-midi, 16h,
18:09pour parvenir à trouver 40 milliards d'économies supplémentaires en 2026.
18:14Il faut s'attendre à une potion amère.
18:17Je ne vais pas m'exprimer sur ce sujet-là.
18:19C'est le Premier ministre qui va le faire dans un instant.
18:22Mais là aussi, il l'a dit souvent,
18:23s'impose plus que jamais un devoir de vérité et de responsabilité.
18:29Nous ne pouvons pas faire peser la tête sur nos enfants et nos petits-enfants.
18:34Nous voyons bien qu'il faut sortir de cette nasse de la dette et du déficit public
18:40pour retrouver de l'indépendance, de la souveraineté, des marges d'action.
18:45C'est le combat de François Bayrou.
18:47Il l'a dit, il y a encore quelque chose,
18:48sur le fait qu'il faut produire davantage,
18:51travailler plus, réduire cette dette,
18:55trouver des solutions.
18:57Oui, donc...
18:57Pour faire accepter cela, il faut que tout le monde paye,
18:59tout le monde, les retraités, les entreprises,
19:02peut-être les plus riches,
19:03peut-être en finir avec le dogme de zéro augmentation d'infos.
19:06Il faut que l'effort soit porté par tout le monde,
19:08mais ne soyons pas impatients.
19:10Attendons le discours du Premier ministre.
19:13Moi, je crois que ce sera un choc pour les Français,
19:16au bon sens du terme,
19:17c'est-à-dire un choc de confiance,
19:18c'est l'occasion.
19:20Les Français le savent parfaitement,
19:21qu'on ne peut pas continuer sur cette voie,
19:23qu'il faut des mesures,
19:24qu'il faut un redressement.
19:26Il en va de l'indépendance de la France.
19:27Nous sommes face à des défis colossaux.
19:29Le Président de la République l'a rappelé il y a quelques jours,
19:32concernant la défense,
19:34Justement, il a accéléré l'augmentation du budget de la défense
19:38pour le doubler entre 2017 et non plus 2030 ou 2032,
19:43mais 2027,
19:44donc on va accélérer et augmenter plus vite.
19:48Donc, vous dites que c'est possible aujourd'hui
19:51de trouver tous ces milliards pour la défense ?
19:54Mais nous n'avons pas d'autre choix
19:55que d'augmenter les moyens en matière de défense,
19:59de sécurité,
20:00dans un monde incertain,
20:01avec ce qui se passe en Ukraine.
20:05Regardez les propos du chef d'état-major de nos armées,
20:08rappelant la guerre hybride, directe, indirecte,
20:11que nous mène la Russie.
20:12Dans ce monde instable,
20:14que je vois presque tous les jours,
20:16à travers les Outre-mer,
20:18dans l'océan Indien,
20:19dans l'océan Atlantique,
20:20dans le Pacifique,
20:22en Asie,
20:23oui, nous devons évidemment nous donner les moyens,
20:25mais l'un des éléments aussi
20:27de notre autonomie,
20:28de notre indépendance,
20:29c'est que nous soyons capables
20:31de faire baisser notre endettement
20:34et notre déficit public.
20:35Les deux sont intimement liés.
20:37Ce budget, il est construit par François Bayrou,
20:39avec le spectre de la censure,
20:41encore une fois,
20:42potentiellement à l'automne.
20:45Un gouvernement qui est condamné
20:46quasiment à l'inaction.
20:49Édouard Philippe, ici même,
20:50il y a quelques semaines,
20:51disait qu'il ne se passe plus rien en France.
20:53Est-ce que c'est bien raisonnable,
20:54est-ce que c'est bien sain
20:55de construire le budget
20:57qui va déterminer l'avenir,
21:00vous l'avez dit,
21:00des générations futures,
21:02potentiellement,
21:03avec cette épée de Damoclès
21:05et ces conséquences de la dissolution
21:07encore au-dessus de votre tête ?
21:08Je vais vous faire la démonstration
21:10que ce gouvernement agit
21:12pour Mayotte,
21:13la Nouvelle-Calédonie,
21:14les Outre-mer,
21:14mais je pourrais aussi le dire
21:15en matière d'hériculture,
21:18d'éducation,
21:18sur le nouveau rôle des préfets,
21:20sur la lutte contre le narco-trafic.
21:22Donc, c'est une critique
21:23qui me paraît injuste.
21:24Et puis, on ne va pas attendre 2027.
21:26Il faut agir.
21:27Le fait d'avoir un gouvernement
21:28qui joue sa survie,
21:30est-ce que ça permet
21:31de prendre des décisions efficaces ?
21:32Je le crois,
21:32je viens de le démontrer
21:33et je ne doute pas
21:36un seul instant
21:36que François Bayrou
21:37va le faire cet après-midi.
21:39Nous n'avons pas d'autre choix
21:41vu la situation du pays.
21:43C'est vrai en matière
21:43de défense et de sécurité.
21:45C'est vrai pour les finances publiques
21:47ou sur la protection sociale.
21:49Donc, il y a des décisions à faire
21:50et que tous les responsables politiques,
21:52en soient bien conscients.
21:53Ce sera un moment de responsabilité
21:55pour chacun d'entre eux
21:56dans quelques semaines.
21:58Nous jouons l'avenir du pays.
22:00Et donc, j'espère que
22:01les postures des uns et des autres
22:02seront animées
22:04par ce qui me paraît fondamental,
22:06un patriotisme absolu.
22:07Et ce sera à 16h,
22:08cet après-midi,
22:09cette conférence de presse
22:10de François Bayrou
22:10et ses orientations budgétaires
22:12très attendues.
22:13Manuel Valls, merci beaucoup.
22:14Merci à vous.
22:14Ministre des Outre-mer,
22:16invité du grand entretien
22:17de France Inter ce matin.
22:19La revue de presse
22:19dans quelques secondes.
22:20Sous-titrage Société Radio-Canada
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