00:007h35 sur Sud Radio, la dermatose nodulaire contagieuse ou DNC est une maladie qui touche plusieurs élevages bovins des Alpes depuis fin juin.
00:12En attendant la livraison de doses de vaccins, la mesure préconisée pour éviter la propagation de la maladie, c'est l'abattage de l'ensemble du troupeau infecté.
00:20En résistance à cette décision jugée brutale, 200 personnes se sont réunies hier pour soutenir l'éleveur Pierre-Jean Duchesne et à ses côtés la coordination rurale.
00:28Et nous sommes avec Christian Converse, co-président de la coordination rurale de Savoie. Bonjour.
00:33Bonjour.
00:34Alors tout d'abord, j'aimerais qu'on parle de cette maladie, la dermatose nodulaire contagieuse. Elle provoque quels symptômes chez les animaux ?
00:42Les symptômes qui sont provoqués, c'est des nodules, disons les bêtes montant de température, ça provoque des nodules visibles extérieures et intérieures.
00:51Intérieures, on ne les voit pas, mais disons c'est ce qui provoque ces lésions sur l'animal.
00:54Bon, et nous on n'a pas eu le cas qu'ils sont allés jusqu'à la mort, puisqu'ils sont tués avant.
01:00Mais disons, voilà les symptômes tels qu'ils se révèlent.
01:03Mais disons, cette maladie n'est pas contagieuse du tout, tout ça est révélé.
01:08Aucune contamination à l'homme, ni par le lait, ni par la bière.
01:11Oui, pas de contamination à l'homme du tout.
01:13Entre animaux, c'est une mouche, c'est ça, qui transmet la maladie ?
01:16Entre animaux, on a eu une trailleur au départ, puisqu'on nous avait laissé entendre que ça se transmettait d'animal à animal.
01:24Donc là, on peut avoir une contagion ultra rapide, mais en fait, ce n'est pas ça du tout.
01:29Il faut qu'un animal soit porteur de la maladie.
01:32Qu'une mouche le pique, elle pique l'autre, des mouches ou un temps, disons qu'ils fassent le prélèvement de temps sur l'animal,
01:41et qu'ils piquent l'autre dans l'heure qui suit.
01:42Au bout d'une heure, voilà.
01:44Et après, sinon, la mouche n'est plus, l'insecte n'est plus porteur.
01:48Donc, ça change tout.
01:50Voilà, c'est pour ça que nous, ça change aussi notre approche.
01:54Oui, c'est ça.
01:54Et donc, vous trouvez que cette décision d'abattre tout un troupeau quand il y a un ou deux animaux contaminés,
01:59c'est beaucoup trop brutal, beaucoup trop violent, cette décision.
02:03Alors, c'est une décision, je crois, de l'Union Européenne.
02:05C'est une hérésie totale, puisqu'on a déjà vécu des maladies,
02:09on a eu la vache folle, c'est pas du tout la même contamination.
02:14On va dire qu'on avait décidé d'abattre la totalité,
02:17pour, à la fin, plus qu'abattre sélectivement les animaux touchés.
02:21Donc, nous, c'est ce qu'on dit, c'est abattre les animaux malades.
02:24Bon, et là, sur le cas en question,
02:27c'est en plus, on a beaucoup plus d'éléments.
02:29On est sur un bâtiment où, dès le premier jour,
02:32l'éleveur habite toutes ses bêtes dans le bâtiment.
02:34Donc, le bâtiment est confiné.
02:36Il n'y a rien à plus de 100 mètres aux alentours.
02:39Donc, il n'y a aucune contamination possible à l'extérieur.
02:42Il n'y a aucune contamination direction l'humain.
02:46Donc, pourquoi s'acharner à vouloir dire,
02:49on va tuer tout le troupeau,
02:51parce qu'il a eu un animal,
02:52et par conscience, c'est lui-même qui a fait euthanasier cet animal,
02:56parce qu'il, justement, il ne voulait pas prendre de risque.
02:58C'est un élevage de haut niveau génétique.
03:00Donc, l'éleveur, vraiment pas conscience, il fait ça.
03:03Parce qu'il a fait ça et qu'il a tout déclaré,
03:05le règlement dit, vous avez une bête touchée,
03:07on tue tout le cheptel.
03:08Bon, nous, ça ne passera pas.
03:11On a dit, dès le départ, ça ne passera pas.
03:13On agit en totale responsabilité,
03:15parce que, de toute façon,
03:16ce n'est pas possible de reconstituer un élevage comme ça.
03:19Donc, si les bêtes s'en vont, l'éleveur, c'est terminé.
03:21Oui, c'est terminé.
03:22C'est une des conséquences, oui, tout à fait.
03:24Ah bah oui, bah oui.
03:25Et vous mettez aussi en avant un autre effet,
03:28du coup, qu'un éleveur ne dise plus rien,
03:30que ça répande encore plus la maladie.
03:32Comment ?
03:33Vous mettez en avant une autre conséquence,
03:34du coup, que l'éleveur se taise, ne dise plus rien,
03:36et là, il y a un risque de contamination.
03:38C'est vrai, mais c'est exactement.
03:40Tous les éleveurs qui viennent ça,
03:41ceux qui sont là aujourd'hui,
03:42qui sont nus les jours derniers, sont écœurés.
03:45Ils disent, puisque c'est comme ça,
03:46si l'honnêteté, ça nous amène à ça,
03:48nous, on ne va certainement pas dire
03:50qu'on est une bête malade.
03:51La bête, elle partira à l'écarissage
03:53où on ne dira rien tant qu'on n'a pas les vaccins,
03:56parce qu'une fois, tout ça va s'arrêter dans quelques jours
03:58parce que les vaccins doivent arriver.
04:00Mais les éleveurs, ils disent,
04:01on ne va pas sacrifier un troupeau pour une bête.
04:04Parce qu'en cas de maladie comme ça,
04:06au pire, vous allez perdre peut-être quelques bêtes,
04:08mais vous sauvez quand même votre outil de travail,
04:10l'ensemble de votre chef-tête,
04:11toute la génétique que ça représente.
04:13Donc les autres éleveurs, aujourd'hui, c'est très clair,
04:15ils ne vont pas le déclarer.
04:17Voilà, et ça, on dit, c'est une folie.
04:19C'est une folie, parce que,
04:20surtout là, même les vétérinaires,
04:22on n'aurait pas les vétérinaires avec nous pour nous dire ça,
04:25les vétérinaires disent, laissez-nous cet élevage,
04:27puisqu'on veut voir l'évolution.
04:30Dès qu'il y a une maladie, quelle qu'elle soit,
04:32tous les animaux, toute la population
04:34est touchée par un virus,
04:35mais ce n'est pas toujours la règle.
04:37L'abattage total, c'est l'immunité normale qui se développe.
04:40Donc ils disent, aujourd'hui, les bêtes
04:41sont certainement en train de développer cette immunité,
04:44donc laissez-nous étudier.
04:45Non, pour l'instant, la décision, elle est brutale.
04:48On veut faire abattre.
04:49Donc, c'est pour ça qu'on a une mobilisation,
04:51la croissance de chaque jour,
04:53on ne laissera pas faire.
04:54Et vous avez espoir,
04:55donc là, la manifestation hier,
04:57c'était en soutien notamment à cet éleveur,
04:58Pierre-Jean Duchesne,
05:00de qui a confirmé 123 bêtes
05:01qui doivent être abattus,
05:02c'est l'ordre de la préfecture.
05:04Est-ce que vous avez un vrai espoir,
05:06pour lui, que les autorités sanitaires
05:07renoncent à cet abattage ?
05:11Écoutez, on peut toujours croire quand même
05:12que le bon sens s'en porte.
05:13On a tous les arguments de notre côté.
05:16Aujourd'hui, maintenant,
05:17autre élément, ça va devenir plus compliqué,
05:20puisque là, il y a quand même un soulèvement de la population.
05:23Il y a 40 personnes, au minimum,
05:27en roulement,
05:28qui dorment la nuit,
05:29parce qu'on a toujours qui dorment la nuit sur l'exploitation,
05:31pour être prêts à intervenir.
05:32Et la journée, hier,
05:34c'est monté jusqu'à 250 personnes
05:36qui viennent passer la journée là et tout,
05:38qui viennent discuter,
05:39qui viennent comprendre,
05:40parce que, par le biais, effectivement, des informations,
05:43les gens se rendent tous compte
05:45de cette folie, quoi.
05:47Voilà.
05:47J'aimerais conclure en parlant du vaccin,
05:49parce qu'il y a un vaccin qui existe,
05:51sauf qu'il doit être importé d'Afrique du Sud,
05:53avoir la validation européenne.
05:55La ministre de l'Agriculture, Annie Gennevar,
05:57a promis que ces doses arriveraient.
05:59Vous attendez qu'elles arrivent avant la fin du mois ?
06:03Alors, avant la fin du mois, oui,
06:04puisque les informations qui nous remontent
06:06de nos vétérinaires, là,
06:07chacun qui est ici aujourd'hui,
06:09nous disent que, normalement,
06:11une bonne partie devrait être disponible
06:12pour le vin.
06:14Donc, bon, on apprend ça, nous,
06:15par nos vétérinaires.
06:17Donc, il doit y avoir plus d'informations que nous.
06:19Le vin, c'est bien vite là, quand même.
06:21Parce qu'il faut croire
06:23qu'ils étaient disponibles en Afrique du Sud.
06:25Je pense qu'il n'y en a pas pour longtemps,
06:26avec un avion, quand même,
06:27de ramener des vaccins d'Afrique du Sud.
06:29Ça ne présente pas des gros volumes.
06:31Et là, on vaccine les animaux,
06:33même ceux qui sont contaminés,
06:34ou risques d'infection,
06:37et l'élevage est sauvé.
06:38– Bien sûr.
06:40Du jour où il y a la vaccination,
06:41on arrête ces abattages arbitraires.
06:44Et puis après, une fois que tout le monde est vacciné,
06:45il y a toujours des animaux,
06:46de toute façon,
06:47qui périront si c'est les plus faibles.
06:49Mais de toute façon,
06:50ce qu'on s'aperçoit avec le recul quand même,
06:52c'est chaque fois pareil,
06:53c'est toujours les animaux les plus faibles.
06:55Là, c'est une vache qui venait de Père-le-Veau,
06:57donc qui était moins costaud
06:59et au niveau immunitaire.
07:02Et c'est la bête qui l'a vue tout de suite.
07:03La bête, elle n'était pas malade.
07:05Elle avait des nodules.
07:07Elle monte en température.
07:09Donc dès que vous avez une vache
07:10qui monte autour de 42 fièvres,
07:12en général, c'est qu'il y a un problème.
07:13Et puis aujourd'hui, c'est ça.
07:14On ne va pas chercher plus loin.
07:15– Merci beaucoup.
07:16Christian Converse,
07:17co-président de la Coordination Rurale de Savoie,