- il y a 4 mois
À 22h, Perrine Storme fait le tour des images marquantes et des déclarations fortes de la journée. Du lundi au jeudi, Perrine jusqu'à minuit fait vivre l’info du soir avec chroniqueurs, invités et éditorialistes.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Il était cash, il était trash, il était rigolard, il était impertinent, il était transgressif.
00:07Roi des formules chocs et des interviews dynamiques, il aura marqué des générations de téléspectateurs.
00:12Sa voix, sa silhouette, un surnom, l'homme en noir, Thierry Ardisson, celui qui a révolutionné la télé, s'est éteint.
00:19Aujourd'hui, des suites d'un cancer du foie à l'âge de 76 ans, il est parti comme il a vécu.
00:24Un homme courageux et libre, a réagi son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Marin.
00:28Une liberté qui lui a permis de créer des émissions qui resteront occultes et un langage télévisuel qui lui était propre.
00:34Je reprendrai une de ses formules pour lancer ce sujet.
00:37Magneto, Serge, retour sur 40 ans de carrière avec Jean-Marie Marchand.
00:42Amis de l'homme en noir !
00:44Un costume de scène devenu un patronyme télévisuel et même son identité.
00:51Thierry Ardisson, l'homme en noir, monument du PAF, 35 ans de télévision,
00:54a marqué l'histoire du petit écran avec son sens du coup d'éclat et de la provocation.
00:59Votre père a été arrêté pour fraude à l'assurance.
01:03Oui, j'ai perdu mon père pendant 8 ans.
01:09Et sucer s'est trompé ?
01:10Eh, pardon ?
01:11Sucer s'est trompé ?
01:12Non plus.
01:13Non plus.
01:14Des coups de gueule et des cris du cœur, le plateau de son émission hebdomadaire « Tout le monde en parle » fait alors l'événement.
01:23Chaque samedi soir au début des années 2000, le tout par ici bouscule.
01:27Irrévérencieux pour certains, racoleur pour d'autres, Thierry Ardisson a fait battre le pouls de l'actualité médiatique de l'époque.
01:33Deux millions de téléspectateurs le samedi soir sur France 2.
01:37C'est qu'à un moment, l'émission était vraiment...
01:39Enfin, celle-là, il y en a eu d'autres, mais celle-là, disons, avait beaucoup d'importance.
01:42Un phénomène de société, même au-delà d'une émission, quoi.
01:45Lunettes noires pour nuit blanche, double jeu, Paris dernière, rive droite, rive gauche.
01:49Thierry Ardisson a inventé, produit et marqué de son empreinte la création de talk show à la française,
01:54devenant une icône cathodique, fascinante et controversée.
01:58Magneto Serge, all together.
02:00Magneto Serge !
02:01Ouais !
02:02Mais avant ses succès en télé, Thierry Ardisson avait déjà évisé son sens de la formule spectaculaire
02:07dans le monde de la pub des années 70.
02:09Quand c'est trop, c'est trop pico.
02:12La paire, il n'y en a pas d'eux.
02:13La paire, il n'y en a pas d'eux.
02:15Sur la fin de sa carrière, l'homme en noir a continué d'expérimenter de nouveaux concepts.
02:19Mais l'époque a changé.
02:21Certaines déclarations maladroites éclaboussent la légende de cet animal télévisuel désormais affaibli.
02:26Que pourriez-vous dire, Thierry Ardisson, de plus négatif à votre sujet ?
02:31Ouais, un peu vantard, un peu orgueilleux, toujours envie qu'on s'intéresse à lui, qu'on lui dise qu'il est beau, tout ça.
02:37Ça me passe un peu, mais pas trop.
02:40Et en fait, si je n'étais pas comme ça, je ne serais pas là.
02:42En couple avec Audrey Crespomara, Thierry Ardisson est resté jusqu'au bout.
02:46Cet inventeur génial et détestable pour son amour du scandale.
02:50Un homme en noir plus contrasté que son image.
02:52Inventeur génial et détestable.
02:55On va revoir ce soir et revivre des extraits, des moments cultes de ces émissions qui ont marqué l'histoire,
03:01qui nous ont nous marqués en tant que téléspectateurs, téléspectatrices.
03:04Et pour ça, j'accueille en plateau Stephen Bellery, notre chef du service Culture.
03:07Bonsoir Stephen.
03:08Bonsoir Thierry.
03:09Bonsoir Nicolas Petit.
03:10Vous êtes chef des informations chez Voici.
03:11Bonsoir Pierre.
03:12Et bonsoir Patrick Timsit.
03:13Vous êtes avec nous à distance.
03:15Merci de nous accorder quelques minutes Patrick Timsit.
03:17On vous a vu très souvent dans ces émissions invités.
03:21Et vous avez noué une vraie relation de confiance avec lui hors des plateaux télé.
03:25Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu les rapports que vous aviez avec Thierry Ardisson ?
03:30On avait un rapport bonsoir d'abord.
03:32Et puis c'est vrai qu'avec Thierry Ardisson, on avait un rapport de complicité énorme.
03:36J'étais extrêmement à l'aise dans ces émissions.
03:39Non, c'était le ton qui me correspondait.
03:42Puis que j'avais envie de faire, surtout.
03:45C'était des émissions d'abord que je regardais, que j'aimais depuis le début.
03:50Lunettes noires pour l'huile blanche.
03:52Puis j'avais même fait un pilote avec lui.
03:55Et puis après, je les ai toutes faites.
03:57Jusqu'à la planète.
04:00Et donc, ça a été vraiment un style, un style tout à fait propre, quoi, qui lui correspondait.
04:13Et puis, donc, on avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de plaisir.
04:17Beaucoup de plaisir à se retrouver.
04:20Et puis, donc, quand on dit un homme de scandale, je ne sais pas s'il cherchait vraiment le scandale.
04:26C'était sa façon d'être, sa façon d'agir, de faire son métier.
04:30C'était très, c'est, il y avait du style, une mise en scène.
04:34Les interviews étaient chiadées avec un ton nouveau, quoi.
04:39Voilà quoi dire que d'autres que c'était vraiment un vrai complice, quoi.
04:43qui me permettaient, moi, c'était un homme qui a été extrêmement important dans ma carrière
04:49et pour que je puisse m'exprimer.
04:52On s'entendait très, très, très, très bien, quoi.
04:56Et pourtant, c'était pas facile d'être l'invité de Thierry Ardisson.
05:01Lui-même, il le racontait, il disait, un bon interviewer,
05:04c'est quelqu'un qui, quand il était petit, aimait bien arracher les ailes de mouche.
05:07Il faut être un peu sadique.
05:08Il faut avoir envie de titiller, de faire mal, d'appuyer là où ça ne fait pas du bien.
05:12Est-ce qu'il faut être un peu maso ?
05:13Aussi, pour accepter d'être interviewé par Thierry Ardisson ?
05:17Alors, bon, dans ce genre de ton d'émission,
05:21parce que c'est lui aussi qui a produit celle de Laurent Ruquier,
05:25je crois, de souvenirs comme ça, c'était « Salut les terriens, pas la planète ».
05:29Mais c'est vrai que j'étais pas, moi, du côté du torturé, quoi,
05:35de celui qui allait en bavé.
05:37Je me préparais à rien qu'à passer un bon moment.
05:39Donc, non, certainement qu'il y a des invités qui s'attendaient à se faire un peu malmener,
05:48un peu bousculer, je dirais, plus que malmener.
05:51Parce que moi, je l'ai vu aussi, à un moment, reprendre, puisque c'était enregistré,
05:55reprendre vraiment pour l'invité, quand l'invité avait mal exposé son point de vue,
06:04et encore pire, mal expliquer son film ou sa promo, quoi, le pourquoi il était venu aussi.
06:13Et c'était plutôt bienveillant, quoi.
06:15Moi, je l'ai vu comme quelqu'un de blâme, vraiment de bienveillant.
06:18Donc, je ne retrouve pas toujours, dans les descriptions qu'on fait de lui, Thierry Ardisson.
06:23Et dans l'intimité, justement, hors des caméras, il était comment ?
06:27Il était comment votre Thierry Ardisson, à vous ?
06:29Alors, moi, mon Thierry Ardisson, dans l'intimité, ça s'est limité au restaurant.
06:33Donc, ça, il faut poser des questions à sa femme, sa famille.
06:38Et puis, ils répondront ce qui leur fera plaisir de répondre.
06:43Mais c'était une intimité de…
06:45Je vous le dis, quand on a dîné ensemble,
06:49quand on finissait après les émissions ensemble, la soirée,
06:52c'était vraiment toujours quelqu'un qui s'était régalé,
06:58qui avait plaisir à boire cette coupe de champagne avec vous.
07:02Et donc, se retrouver dans sa loge, on débriefait, on se marrait encore,
07:08on en sortait d'autres.
07:09Et si vous aviez un moment de télé d'Ardisson,
07:13un moment culte pour vous à garder, ce serait lequel ?
07:17Je me suis débrouillé pour que vraiment, à chaque fois, ce soit un vrai rendez-vous.
07:22Donc, je n'ai jamais des anecdotes, quels sont les moments, quels sont les…
07:27C'était vraiment toujours un rendez-vous qu'on préparait aussi pour les interviews.
07:34Donc, on préparait le décor, on préparait la mise en scène,
07:41puisqu'ils vous disaient, vous saviez que vous alliez être interviewé
07:45de façon, je ne sais pas, confessionnelle, par exemple, en quête.
07:52Et donc, c'était vraiment… Moi, je venais m'amuser.
07:55Et c'est peut-être la chose…
07:57Quand c'était… Je crois que c'était double jeu,
08:01ou qui était enregistré au Folie Bergère,
08:04et quand… Je le surprenais, je dédramatisais.
08:08Lui, il était vraiment très, très sérieux.
08:10C'était quelqu'un qui était vraiment pas à l'aise.
08:13On le sentait parfaitement… Sur les impros et tout ça,
08:19tout ça était très carré.
08:21Et comme moi, j'étais plutôt en impro, à l'écoute, à répondre et à l'amuser.
08:29On s'entendait parfaitement bien là-dessus.
08:32Il n'y avait pas de souci.
08:32Donc, finalement, la partie privée que vous me demandez,
08:39c'était celle que je connaissais sur les plateaux.
08:41Parce qu'il était lui.
08:43Et c'était entre les prises, on va dire.
08:45Il était lui.
08:46Une dernière question, Patrick Simcite.
08:48Si je vous dis l'interview à l'Erthorose, à quoi vous pensez ?
08:51L'interview à l'Erthorose ? Non, je ne connais pas ça.
08:54Je ne suis pas tenu dessus.
08:55C'était quoi ?
08:56Je ne suis personnelle, vous allez vous rappeler de cet extrait.
08:58Vous savez, c'était les interviews où il parlait de sexualité,
09:03il parlait de questions d'amour.
09:04C'était les questions qu'il posait à ses invités.
09:07Restez avec nous.
09:08Je vais vous jouer justement un extrait.
09:10L'ancien chef du gouvernement, Michel Rocard, c'était en 2001.
09:13Et c'était sur le plateau de Tout le monde en parle.
09:14Écoutez.
09:16Embrasser, c'est tromper.
09:18Oh, non.
09:19Ah bon ?
09:20Qu'est-ce que c'est que cette philosophie que vous nous trimballez là ?
09:23Je ne sais pas, je vous demande.
09:24Ça dépend du contexte.
09:25Et j'espère bien que non.
09:27Ah ouais ?
09:27Ouais.
09:30Et sucer, c'est tromper ?
09:31Eh, pardon ?
09:32Sucer, c'est tromper ?
09:34Non plus.
09:35Non plus.
09:38Ça vous revient en mémoire, Patrick Timsit.
09:40Il a l'air tout rouge.
09:40Bien sûr, bien sûr.
09:41En plus, on a vu l'extrait.
09:42Non, mais il avait de niveau, quoi.
09:44Vous voyez, il a affaire à Michel Rocard, quoi.
09:46Michel Rocard, c'est quelqu'un de brillant.
09:49C'est quelqu'un qui devait être impressionnant aussi.
09:53Non, il avait ce niveau aussi.
09:55Donc, de culture suffisante, de métier suffisant.
10:00Et voilà, Michel Rocard, il n'a pas l'air traumatisé de cette interview.
10:04Il est plutôt à l'aise et il s'amuse.
10:07Donc, un rendez-vous pour passer un bon moment.
10:09Voilà.
10:09Merci, merci beaucoup, Patrick Timsit.
10:12Merci.
10:12De nous avoir accordé quelques minutes pour rendre hommage à Thierry Ardisson.
10:15Steven Menry, il fallait oser, quand même, le mélange des genres.
10:18Et c'était ça, Thierry Ardisson.
10:19C'était quelqu'un qui osait.
10:20Et d'ailleurs, je crois même sur cette séquence avec Michel Rocard.
10:24Il avait dit au monde, si c'était à refaire, il ne le referait pas.
10:27Parce que, justement, on n'avait retenu que ce moment de télé, que ce buzz.
10:31On n'avait pas retenu tout émis par nous avant.
10:33Et encore, c'était avant les replays, avant les réseaux sociaux, un autre monde, une autre télévision.
10:37C'était un joyeux bordel.
10:39Jean Dormeson appelait ça le bordel du samedi soir.
10:42Et Thierry Ardisson, il disait qu'il avait conceptualisé la manière dont il imaginait ses plateaux.
10:46Avec une formule, une pute, un archevêque.
10:48J'ai réuni des gens qui n'auraient jamais dû se rencontrer.
10:51C'était ça, le sel des plateaux de Thierry Ardisson.
10:54Il passait beaucoup de temps à programmer, à savoir qui il mettrait en face de qui.
10:58Il passait surtout un temps infini à préparer ses interviews.
11:02Il avait parfois une centaine de fiches écrites à la main avant de démarrer un entretien.
11:05Et c'est surtout quelqu'un qui avait une manière de fabriquer cette télévision.
11:09Il enregistrait des heures pour ne garder parfois que 10, 12, 13 minutes d'un entretien avec une personnalité.
11:15Et puis, il aimait mettre ses invités à l'aise.
11:17C'est-à-dire qu'en loge, en coulisses, avant, il y avait beaucoup de champagne, il y avait beaucoup d'alcool.
11:22L'idée, c'était de désinhiber les gens avant qu'ils soient en plateau.
11:27Pour avoir ce fameux moment.
11:28Ce moment, qu'ils soient dans un certain état d'esprit pour pouvoir se livrer et vraiment oublier qu'ils étaient filmés.
11:34C'était aussi l'idée de 93 Faubourg Saint-Honoré, cette émission qu'il enregistrait chez lui.
11:39Autour de la table et que c'était un moment de dîner.
11:41On oubliait les télés, on oubliait les caméras, on oubliait que c'était une émission qu'on était en train d'enregistrer.
11:46Et on vivait simplement le moment.
11:48Ça faisait une télé très différente de celle qu'on peut voir aujourd'hui, probablement.
11:51Oui, ça faisait une télé, certes, extrêmement différente.
11:54Le style Ardisson qui restera, style rentre-dedans, très cash.
11:58Mais ça n'a pas été facile parce que sa carrière, il a commencé sur l'État.
12:02À l'âge de 35 ans, avant, il a eu une carrière de publicitaire.
12:04On y reviendra avec un certain nombre, là aussi, de slogans cultes.
12:07Il raconte qu'au début, il avait des sueurs froides, qu'il avait l'estomac noué.
12:11Mais son truc, c'était de se dire, bon, si toi, t'es mal à l'aise, celui d'en face, il est mal à l'aise aussi.
12:17Donc, il faut y aller.
12:18C'est ça.
12:19Et puis, en plus, c'est vrai que quand il faisait ses émissions, ça durait des heures, comme le disait Steven à l'instant.
12:24Quand il allait en loge à la fin de ses enregistrements, il était KO.
12:28Pour l'avoir déjà vu plusieurs fois en fin d'émission, il n'en pouvait plus.
12:32Il avait tout donné.
12:33C'était un cheval de course.
12:35Il était dans une arène et il avait l'œil vif.
12:37Il était au taquet sur tout.
12:40Il fallait réagir.
12:41Et il voulait aussi arriver à amener son invité là où il avait envie.
12:45Il ne faut pas oublier de dire que c'était quelqu'un qui était toujours dans la com.
12:49Jusqu'à la fin, il est dans la com.
12:51Mercredi soir, il y a un documentaire, La face cachée de l'homme en noir, donc, mercredi soir à 22h50.
12:58C'est de la com.
13:00Et il a annoncé comment ses obsèques allaient avoir lieu.
13:03Enfin, voilà, il est resté dans la com et maître de...
13:05Mais il le disait lui-même.
13:06Il concevait ses émissions comme un produit.
13:08Il ne fera marqueter.
13:09C'était sa marque de fabrique.
13:10Et d'ailleurs, je crois qu'il avait plein de fiches aussi, que c'était un maniaque des fiches pour préparer ses émissions.
13:15Beaucoup d'auteurs.
13:16Exactement.
13:16Puis, il a fait une télé très léchée, très produite, de l'habillage musical à l'habillage qu'on voyait visuel,
13:23à la manière dont il montait ses émissions.
13:26C'est quelqu'un qui assistait au montage de ses émissions.
13:29Marie-France Brière me disait tout à l'heure que c'est elle qui lui a imposé.
13:32Elle lui a dit, si tu veux que je te produise, je veux qu'en sortant des émissions,
13:34le lendemain, tu ne sois pas chez toi, mais tu ailles en salle de montage.
13:37Et c'est comme ça qu'il a pris goût à la fabrication aussi des séquences,
13:41de qu'est-ce qu'on garde, de qu'est-ce qu'on ne garde pas, de qu'est-ce qu'on montre.
13:44Et c'est ainsi qu'il a fait une émission, une télévision atypique.
13:47C'est quelqu'un qui n'a jamais fait de direct de sa vie.
13:49Elle a essayé avec lui, Marie-France Brière.
13:50Il était tellement stressé, il dégoulinait tellement que c'était ingérapoli.
13:54Donc, il n'a jamais animé de prime time.
13:56C'était une télé du soir.
13:58Le direct, ça le stressait.
13:59Voilà, ça le stressait beaucoup trop.
14:00Il aimait être extrêmement moteur dans le contrôle de qu'est-ce qu'il allait garder.
14:06C'est pour ça qu'il pouvait enregistrer vraiment 4-5 heures d'émissions
14:09entre le début et la fin d'un enregistrement de télé
14:11pour une émission qui en durait 2 heures à l'écran.
14:13Il a inspiré aussi beaucoup d'animateurs.
14:15Ceux qu'on connaît aujourd'hui, Yann Barthès, Cyril Hanouna,
14:19ou encore Laurent Ruquier, se sont inspirés de Thierry Ardisson.
14:22Comment il a su révolutionner la télé ?
14:24On va justement plonger dans l'univers de Thierry Ardisson avec vous, Maëva Lamy.
14:29Perrine, on va voir qu'il a vraiment fourmillé d'idées.
14:32D'abord, je voulais vous parler de lunettes noires pour Nuit Blanche
14:35qu'il a présentées de 1988 à 1990.
14:40Le concept, à l'époque, est évidemment novateur.
14:42Il y avait des auto-interviews, par exemple,
14:44les personnalités qui s'interrogeaient elles-mêmes.
14:46Il y a eu aussi l'interview star by star,
14:47deux personnalités qui se questionnaient,
14:50même dans le style, dans le graphisme.
14:51C'était extrêmement novateur.
14:53On va regarder tout de suite le jingle, le générique de l'émission.
14:59Mesdames, Messieurs, bonsoir.
15:04Voici lunettes, opus 24, noires pour Nuit Blanche,
15:07concerto en hit majeur pour platiner sans pleurs.
15:11Auto-interview, blind test et question con,
15:14tous les grands classiques de l'émission qui connaît parfaitement la musique.
15:17Voilà donc le style hardy son, évidemment.
15:21Il y a eu aussi, tout le monde en parle,
15:22émission phare qu'il a présentée entre 1998 et 2006.
15:27Un talk show avec un montage souvent décalé.
15:29Des prises de vues en coulisses, les arrivées, les entrées des invités.
15:32Il les filmait.
15:33Et puis évidemment, ce ton, cette impertinence des moments de clash,
15:37des moments d'humour aussi, beaucoup de moments d'humour.
15:39On va regarder un petit best-of.
15:40Vous avez déclaré, après le tournage du film,
15:53Brad Pitt est un grand du baiser.
15:55Il fait ça très bien.
15:59Vous allez vous remarié, là ?
16:02Oh, je ne vois pas.
16:04Non.
16:05Un amant peut-être, mais pas.
16:07J'aimerais...
16:07Oui.
16:10C'est bien, je continue à déranger.
16:12Alors, Michel.
16:22Voilà, alors il y en a eu évidemment beaucoup d'autres.
16:24Salut les terriens, Happy Hour, Rive droite, Rive gauche, etc.
16:27On ne peut pas toutes les citer,
16:29mais je voulais mentionner aussi 93 Faubourg-Saint-Honoré,
16:31qui était plus récente.
16:32C'était une émission articulée autour d'un dîner mondain à son domicile
16:36qu'il a présenté de 2003 à 2007.
16:39On va regarder là aussi un petit extrait.
16:43Je t'accueille personnellement.
16:45C'est Johnny.
16:47C'est lui qui me l'a raconté.
16:48Ça lui est arrivé, donc c'est normal.
16:51Tu sais ce qui lui est arrivé ?
16:52Non.
16:52Johnny.
16:52Et cette carrière monumentale, il l'a lui-même commentée.
17:07C'était sur le plateau des Grandes Gueules le 13 mai 2025.
17:10On l'écoute.
17:11Moi, j'ai essayé de faire une œuvre.
17:14C'est-à-dire que les génériques étaient chiadés, les musiques étaient chiadées,
17:17les décors étaient chiadés.
17:18J'ai essayé de faire du beau, j'ai essayé de faire du spectaculaire, mais aussi de l'artistique.
17:22Vous avez été le roi de la télé ?
17:23C'est pas mal.
17:24Oh là, le roi de la télé, c'est un peu...
17:26Non, je ne sais pas.
17:27Disons que j'ai eu une époque, effectivement, où j'étais à la mode.
17:29Il y avait 2 millions de gens.
17:31Moi, j'étais dans un restaurant à 10h30 du soir, 11h45, et les gens partaient.
17:36J'ai dit, où tu vas ? Je vais voir ton émission.
17:38Et il n'était jamais rassasié, Thierry Ardisson, au point qu'il avait décroché une nomination
17:43aux International Emmy Awards en 2023, il y a tout juste deux ans, pour Hôtel du Temps,
17:48un tout nouveau concept qui le voyait interrogé grâce à de nouvelles technologies, des stars disparues.
17:53Merci beaucoup, Maëlle Valamy, boulimique des concepts télé avec encore l'Hôtel du Temps,
17:59effectivement, une de ses dernières émissions télé.
18:01Quand même, on peut s'arrêter sur cette formule, quand les grandes gueules lui ont demandé
18:05de commenter sa carrière, il dit, je pense qu'à la télé, il y a des gens qui font des émissions,
18:10moi, j'ai essayé de faire une œuvre.
18:12Oui, c'est vrai qu'il était...
18:14Bon, il avait de l'égo.
18:16Il avait de l'égo, Thierry Ardisson, on ne va pas se l'enlever, on ne va pas se voiler la face.
18:21C'est quelqu'un qui avait quand même le tout pari qui venait dans ses émissions
18:26pour que ce soit des stars internationales ou des stars françaises.
18:29Tout le monde venait, les attachés de presse se pressaient pour que les invités soient reçus dans ses émissions.
18:36Et on voyait aussi 93 Faubourg, et c'est vrai que moi, j'ai en mémoire cette histoire
18:41avec Geneviève de Fontenay et Jean-Marie Bigard et le célèbre verre de vin.
18:44Il était en train de parler, Geneviève de Fontenay qui gesticule à côté
18:50et qui se prend un verre de vin rouge sur sa belle tenue, noire et blanche,
18:55et elle est avec son chapeau, je m'en rappelle encore.
18:58Voilà, c'est des moments forts de la télévision.
19:00C'est des moments de télé, il n'y a pas une émission qui n'a pas été marquée par des moments forts,
19:03c'est vraiment sa marque de fabrique.
19:04C'était sa marque de fabrique.
19:05Ça tournait parfois, c'est vrai, 93 Faubourg, au dîner de cons.
19:08On savait qu'il y avait un invité qui allait en prendre pour son grade.
19:12Et puis, comme le disait Steven, ils étaient désinhibés avec l'alcool,
19:15donc c'était beaucoup plus facile d'aller faire parler.
19:17Mais c'était quand même risqué de se rendre sur les plateaux de Thierry Ardisson.
19:20N'oublions pas aussi qu'il a été un producteur de télé extrêmement influent.
19:24Froufou avec Christine Bravo, c'est lui.
19:26Graine de star avec Laurent Boyer, c'est lui.
19:27On n'est pas couché avec Laurent Ruquier, c'est lui.
19:29Donc il a réussi comme ça à façonner une télé à la fois dans l'ombre et dans la lumière.
19:35Et il avait une connaissance du métier dans le moindre millimètre de ce que ce métier peut être.
19:41C'est-à-dire qu'il sait ce que c'est qu'un script, une séquence, un montage, une lumière, un habillage.
19:46Ce qui a fait de lui en ça un très grand de la télévision probablement aussi.
19:49Avec des coups d'éclat pour le meilleur et pour le pire.
19:52Parmi les extraits marquants, janvier 2006, la chanteuse Julliot est l'invité.
19:57Tout le monde en parle.
19:57À ses côtés, il y a l'écrivaine Muriel Serres qui publie un livre défendant le chanteur Bertrand Cantat,
20:02condamné pour avoir tué sa compagne, Marie-Thiand Trintignant, qui est aussi l'amie de Lyo.
20:06Écoutez.
20:07Le thème de mon livre, c'est l'amour-passion et qu'est-ce qu'on en fait ?
20:10Qu'est-ce qui se passe avec ?
20:11Bon, le début de ma correspondance avec Cantat qui a été arrêtée après Vilnius,
20:16parce qu'après Vilnius, je crois qu'il est trop malade pour correspondre avec qui que ce soit.
20:19Nous devions écrire ensemble.
20:20Il prépare un nouveau disque.
20:22Oui, ben tant...
20:23Il est assez fort pour préparer un nouveau disque avec son groupe.
20:25Ça, ça...
20:26Ah, ben il est pas si malade que ça.
20:28C'est pas...
20:28Bien sûr, Muriel.
20:29Ça veut dire qu'il arrive à vivre.
20:32Et on ne lui a pas volé son amour, il l'a tué.
20:35Bien sûr qu'il l'a tué.
20:36Bien sûr. Alors continuez, parce que ça m'intéresse.
20:37Je suis très, très, très intéressante.
20:40Mais pour moi, il l'a tué, justement, dans un geste complètement hanté,
20:44dans un geste complètement possédé, avec des substances...
20:47Ah oui, avec des substances, 36 coups, 36 factures.
20:5036 coups ?
20:51Absolument.
20:51Le visage décomposé, comme pour un accident de moto,
20:54avec des brûlures aux jambes et aux cuisses,
20:57comme quelqu'un qu'on a traîné pour te mettre dans le lit,
20:59avec un appel au frère de Marie,
21:01à qui il ne dit pas ce qui s'est passé,
21:03qui dit que Marie est un simple coquard.
21:05Dire simplement que l'on veut remettre à plus tard
21:08le premier jour de tournage d'après,
21:11et c'est une femme qui meurt doucement d'hémorragie interne.
21:14C'est effectivement ce que je dis.
21:16Elle est morte dans une espèce de rêve, de cauchemar.
21:19Et de non-compassion.
21:20Muriel.
21:20De son compagnon qui sait comment il l'a tapé.
21:23Et il est le seul à le savoir.
21:25Excusez-moi, c'est vrai que, quand on lit votre bouquin,
21:29on ne voit pas ça.
21:31C'est-à-dire qu'on a l'impression qu'il donne un coup qui s'emporte.
21:33C'est pas le cas.
21:34Il n'y a pas les 36 coups.
21:35Il n'y a pas les 36 coups, en effet,
21:37car je n'avais pas la connaissance, les 36 coups.
21:39Juste simplement, les lettres de Cantat.
21:41Oui, les lettres de Cantat.
21:43Vous savez ce qu'est vraiment un pervers narcissique ?
21:46C'est quelqu'un qui s'est manipulé à un ordre énorme.
21:50Ce sont des joueurs de claquettes.
21:53Alors, a posteriori, ça parut comme une des premières émergences
21:57de la question du traitement médiatique des féminicides.
21:59Mais Lyo, sur l'instant, elle l'a mal vécu, cette séquence.
22:02Elle l'a mal vécu.
22:03Elle le vivait encore très mal l'an dernier.
22:05Elle l'avait dit.
22:06Il n'empêche que cette séquence a existé.
22:09Que Thierry Ardisson, on le voit, est en retrait.
22:10Il laisse cet échange exister.
22:13On ne peut pas lui enlever ça.
22:14Oui, il y avait du montage, mais oui, il y avait une recherche de la punchline,
22:18de la bonne phrase et du moment de télé.
22:20Mais il se passait aussi des moments intelligents, intellectuellement, culturellement,
22:25où certaines personnes avaient le droit de s'exprimer sur la longueur.
22:28Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il a décidé d'inviter Lyo face à cette écrivaine.
22:33Donc, il savait que ce moment pouvait exister.
22:35C'est en cela sa forme d'intelligence.
22:38Parfois, les invités ne savaient pas qui était nécessairement en face d'eux.
22:41Donc, il y a ces moments qui existaient.
22:43On peut dire beaucoup de choses sur Thierry Ardisson.
22:45Il n'empêche que Tristan Banon choisit, dans une soirée de 93 Faubourg-Saint-Honoré,
22:51de dire ce qui s'est passé avec Dominique Strauss-Kahn, qu'elle a subi un viol.
22:55Elle l'explique dans cette émission de télévision.
22:57Il y a eu beaucoup d'auteurs qui ont eu le droit de s'exprimer sur ces questions féministes de femmes.
23:04Beaucoup ont parfois mal vécu ces moments et ces interviews de Thierry Ardisson.
23:08Mais en tout cas, il leur a donné la parole et c'était il y a 25 ans.
23:11Il y a eu des critiques concernant son traitement des femmes dans ses émissions passées.
23:18Chez France Inter, chez Alain Salamé, il y a quelques semaines.
23:21Il est revenu là-dessus, justement.
23:23Et il disait, ce que j'ai fait avec les femmes, je l'ai fait aussi avec d'anciens premiers ministres.
23:29Je faisais la même chose avec une toute jeune actrice.
23:33Et il dit, j'étais ni con, ni macho, j'étais juste Thierry Ardisson.
23:37Oui, il sexualisait ses invités, en fait.
23:38C'était vraiment sa marque de fabrique.
23:41Il y avait ce côté provoque, c'est ça, c'est le samedi soir aussi.
23:46Il donnait au public ce que le public attendait à cette époque-là.
23:50Il y a 25 ans, actuellement, on ne pourrait plus faire ce genre d'émissions avec les réseaux sociaux, avec tout ça.
23:57Ça ne passerait plus.
23:58Mais à l'époque, il y a 25 ans, on est tous et toutes nés devant du Ardisson.
24:04Et on regardait, il y avait Thalia, il y avait Tissia, il y avait Corti, il y avait le Blind Test.
24:08Il y avait plein de choses.
24:09C'était le show, c'est vraiment lui qui a apporté aussi ce show à la télé.
24:14Donc oui, il a amené le joyeux bordel du samedi soir.
24:18Je parlais de cette interview sur France Inter qu'il avait accordée à Léa Salamé il y a quelques semaines à l'occasion de la sortie de son livre.
24:25Il y a eu un moment d'émotion très intense.
24:28Il parlait de sa carrière, qu'il avait tout sacrifié pour sa carrière, parce qu'il s'était donné beaucoup de mal, parce qu'il avait une revanche à prendre sur la vie.
24:37Il a souvent raconté ses origines modestes, même la honte sociale qu'il avait pendant un temps, un sentiment qui a pris une autre tournure quelques années après, lorsqu'il a eu honte de sa propre honte.
24:47C'est ce qu'il a confié au micro Léa Salamé.
24:49Mon père m'a beaucoup apporté sur le plan cinématographique, celui qui m'a fait écouter Europe 1, qui m'a fait lire Paris Match, qui m'a amené voir des films.
25:06Donc tout ça, évidemment, c'est vrai.
25:08Vous avez eu les larmes aux yeux.
25:09Oui, mais c'est à cause de deux morances.
25:12J'ai lu son livre, je suis rentré dans ce studio, et puis quand j'ai vu Nicolas, c'est pas grave.
25:20Parce qu'il vous a touché, son livre.
25:21Son livre ? Il m'a explosé.
25:24Vous venez de lui dire ça pendant le disque qu'on a mis spécialement pour vous, mais là on va parler de votre livre.
25:30Et là, du coup, comme j'ai deux mecs qui chialent devant moi, c'est un peu...
25:33C'était pas prévu comme ça.
25:37C'est vrai que c'est rare de le voir comme ça.
25:39C'est aussi fragile, Thierry Ardisson.
25:41C'est un homme de contraste, en fait.
25:42C'était quelqu'un qui avait été élevé dans la religion catholique et qui était libertaire.
25:48C'est quelqu'un qui dit avoir tout essayé, les hommes, les femmes, toutes les drogues,
25:53et qui pourtant avait ce regard sur la politique et se considérait comme un monarchiste et qui meurt un 14 juillet.
25:59Voilà, il y avait tous ces contrastes chez Thierry Ardisson qui faisaient de lui...
26:03Voilà, aussi derrière les lunettes noires, quelqu'un d'extrêmement tendre, c'est ce que tout le monde dit,
26:07d'extrêmement sensible et de très pudique, au fond.
26:10Il fait référence, dans cette interview, au livre de Nicolas Demorand sur la bipolarité.
26:15Léa Salamé était tout à l'heure l'invité de BFM Story et elle raconte ce moment d'émotion.
26:20Écoutez.
26:20Il arrive le matin pour son livre, c'était il y a trois mois, et il arrive dans les couloirs de France Inter et il me dit
26:26« Il est où Demorand ? Il est où Demorand ? »
26:28Et moi je dis « Mais il est en studio, tu vas le voir tout à l'heure, il ne le connaissait pas. »
26:32Et il lui fonce dessus, il lui fonce dessus, il l'embrasse avec chaleur quand il rentre dans le studio
26:37et il lui dit « Ton bouquin, il m'a tué ton bouquin. »
26:40Et en fait, il lui dit « J'en ai acheté cinq, j'en offre à tout le monde. »
26:44Et je crois que dans son entourage proche, dans sa famille, ses parents probablement,
26:49il avait connu la bipolarité et la maladie mentale et il en avait énormément souffert.
26:55Et en fait, à ces derniers temps, tout remontait.
26:58Son livre, c'est le jugement dernier.
27:00Il imagine sa mort, il convoque les femmes qu'il a aimées, il convoque ses parents
27:06avec qui c'était difficile, avec qui il a eu des relations tourmentées.
27:11Il parle de la maladie mentale dans sa famille et puis lui-même aussi a eu des périodes sombres dans sa jeunesse
27:18parce qu'il a fait une tentative de suicide étant jeune quand il est arrivé sur Paris.
27:21Bien sûr, et puis son rapport à la drogue, cette fuite à Bali, ce désir de tout brûler, de tout vivre.
27:27Alors, intensément, c'était un excessif Thierry Ardisson, il s'était calmé ces dernières années
27:33à cause de sa consommation d'héroïne.
27:35Il a contracté l'hépatite C qui lui a donné une cirrhose puis ce cancer du foie.
27:39Mais ces dernières années, il avait arrêté de boire de l'alcool, il avait arrêté de fumer.
27:42Il vivait un amour extrêmement intense avec la journaliste Audrey Crespo-Marat.
27:46Il s'était acheté une nouvelle maison dans le sud.
27:47Il avait cette envie d'une nouvelle vie probablement aujourd'hui.
27:50Il disait aussi qu'avec le temps, il était devenu moins con qu'il y a quelques 15-20 ans.
27:55« Si on ne pensait pas comme lui, c'est qu'on était un con ».
27:58Et il a compris qu'en fait, on pouvait juste être différent.
28:00Est-ce que c'était que la différence et la nuance ?
28:02Et il dit qu'il n'en a pris conscience que très récemment finalement.
28:04Mais ce qui est intéressant avec Thierry Ardisson, c'est qu'il ne les cache pas ces failles.
28:08Il le dit, il le raconte.
28:09Combien de fois il a évoqué son origine sociale, son enfance.
28:14Dans la creuse, il disait qu'il n'avait qu'une seule chose pour son bac, partir de la maison.
28:19Il disait qu'il avait été malheureux.
28:20Il disait que c'était une enfance de merde.
28:21Pourquoi je suis né là ? Il ne comprenait pas.
28:23Il avait toujours voulu devenir célèbre.
28:25Il le disait, mais il ne savait pas.
28:26Et il savait qu'il le deviendrait.
28:28Il le disait, mais il ne savait pas comment.
28:30Et donc, il a cherché le moyen de s'exprimer.
28:33Ça a été la pub au début.
28:34Mais je disais, ça a été dur.
28:35Parce qu'il a fallu qu'il s'arrache à son milieu social.
28:38Il racontait où est la romance et où est la réalité.
28:41Il disait, je suis arrivé à Paris, je ne connaissais personne.
28:43J'avais 50 balles en poche.
28:44Bon, parce qu'il avait véritablement 50 balles.
28:46En tout cas, il est arrivé dans un univers qu'il ne connaissait pas.
28:49Et d'ailleurs, ça a été à l'origine de sa tentative de suicide étant jeune.
28:53Chez Laurent Baffi, son ancien compère, dans son émission YouTube.
28:57Il dit, la vraie raison du suicide, c'est que j'étais face à Paris.
28:59Je voyais cette espèce de ville où je ne connaissais personne, mais personne.
29:02Je me disais, il faut que tu arrives au sommet de la montagne.
29:05Je ne sais pas comment j'allais y arriver.
29:06J'étais complètement désemparée.
29:08Et je ne savais pas comment faire pour réussir.
29:10Mais il fallait réussir.
29:12Et il a réussi, en plus.
29:13C'est vrai que c'est un écorché vif de la vie.
29:16Il y a plein de choses qu'il n'a pas digérées.
29:18Il ne comprenait pas.
29:19En fait, il était toujours dans la comparaison.
29:21Lui, il vivait dans une résidence.
29:24Il voulait vivre dans une maison.
29:26Ses parents n'avaient pas la voiture que lui rêvait.
29:28Parce que les gens qu'il voyait autour de lui...
29:31En fait, c'était un grand rêveur, Thierry Ardisson.
29:34Et il en est arrivé à ce stade d'être une personnalité connue.
29:39Il s'est battu pour y arriver.
29:41Et c'est vrai qu'il est passé par des chemins de traverse.
29:44Mais c'est quelqu'un qui voulait apprendre.
29:45Qui voulait s'élever intellectuellement.
29:48Et c'est aussi pour ça qu'il arrête de faire de la pub, par exemple.
29:50Et il dit, à force de vendre des yaourts, on a du fromage blanc dans le cerveau.
29:53Ça ne lui convenait pas, finalement.
29:55Il avait un autre désir d'élévation intellectuelle.
29:57Même quand il n'arrête la pub, il trouve le moyen de faire un slogan.
29:58C'est fou !
29:59Et il avait ce désir.
30:01Et donc, il va le trouver d'abord dans la production télé, dans la création de deux magazines.
30:04Il ne faut pas oublier que ça a été un patron de presse aussi, l'écho des savannes.
30:07Le magazine Entrevues qu'il va créer, qui existe toujours d'ailleurs, et qu'il va revendre ensuite.
30:11Mais c'était un homme de défi.
30:13C'était un homme de création.
30:14Alors oui, il y avait les concepts, oui, il y avait le marketing, mais c'est quelqu'un qui avait besoin d'une stimulation intellectuelle.
30:19Il paraît qu'il avait encore des idées ces derniers mois, qu'il les proposait à des chaînes de télé.
30:24Il ne baissait pas, finalement, la garde.
30:27Oui, au tel du temps où il faisait revivre un invité qui était décédé sous la forme d'hologramme.
30:32Et que ça n'a pas marché.
30:33Bon, mais ce n'est pas grave.
30:34Ce n'est pas un échec qui allait le faire tomber.
30:35Il en a vécu d'autres.
30:36Et les news aussi.
30:37Et voilà, les news sur TF1, évidemment, qui n'a duré que 15 jours, 3 semaines.
30:41Mais il n'empêche que dans chaque échec, il a trouvé une raison pour laquelle ça avait échoué.
30:46Et ça l'a boosté.
30:47Il a continué à avancer en cela.
30:49Voilà, il a écrit plusieurs livres.
30:51Il avait cette envie de grandir.
30:53Certains ont été des best-sellers.
30:54Mais il y a eu cette affaire de plagiat.
30:56On va accuser de plagiat.
30:57Voilà, il n'empêche qu'il a continué à avancer, à écrire des livres, à vendre des concepts.
31:02Et il y avait ce désir farouche d'élévation intellectuelle.
31:05Et d'ailleurs, son amour des mots, il le raconte, il l'avait dès son plus jeune âge.
31:09Il commençait déjà à écrire des livres parce que la création, justement, c'était pour lui un refuge.
31:13Et c'est devenu le roi des formules chocs quand il s'est lancé dans cette carrière de publicitaire.
31:19Alors, on va citer peut-être quelques-uns de ses slogans.
31:22Quand c'est trop, c'est trop pico.
31:24Au Vomaltine, c'est de la dynamique.
31:28La paire, il n'y en a pas deux.
31:31Et vas-y, vas-y, vas-y.
31:32Entre autres.
31:33Chaussée aux moines, chaussée aux moines amènes, c'est aussi du hardisson, c'est fou.
31:36On en cite cinq, six comme ça, que même la nouvelle génération connaît.
31:40C'est-à-dire que ses slogans sont entrés dans l'imaginaire collectif.
31:44Et maintenant, j'accueille Magneto-Serge.
31:46Toutes ces expressions font partie, finalement, de la pop culture.
31:50Franck Tapirot, bonsoir.
31:51Vous êtes en direct avec nous.
31:52Vous, le publicitaire, dans quelle mesure il vous a inspiré Thierry Hardisson ?
31:58Vous savez, Thierry Hardisson était un fils de pub avant d'être un enfant de la télé.
32:03Et moi, dans les années 80, il faut dire que c'était une de mes grandes inspirations
32:07parce qu'il avait inventé un format qui n'existait pas à l'époque.
32:10C'était le format des huit secondes.
32:12Il avait inventé cela avec Éric Bousquet dans l'agence Business,
32:15dont vous venez de citer les slogans publicitaires cultes.
32:19En fait, c'était les premières pubs courtes de huit secondes.
32:22Parce qu'il estimait qu'un bon spot de télé, c'est comme une affiche.
32:25En quelques secondes, il fallait tout dire.
32:26Il fallait donner un slogan qui choque, une musique à Jingle,
32:29ce qu'on appelle à Jingle Publicité.
32:30C'est vrai que ce genre de publicité a fait un carton dans les années 80, 90 et 2000 encore.
32:36C'était la seule agence qui osait faire des formats très courts.
32:39Et il a inventé cela avec son compère Bousquet.
32:41Et il faut dire que cette culture pub l'a aidé toute sa vie
32:44dans ce qu'il a fait à la fois dans la presse et dans la télé.
32:47Ce goût de la provoque, ce goût de sortir du cadre.
32:50Et c'était un créatif.
32:51Donc il essaie à chaque fois de trouver des concepts différents
32:53et des choses qui n'avaient jamais été faites avant.
32:55Vous savez, pour moi, c'était une aspiration d'abord dans la pub
32:58et en tant que créateur.
33:00Parce que moi, pareil, je suis auteur, fonds-producteur.
33:02J'écris plein de choses, des émissions de télé et autres.
33:05Et ça a toujours été un modèle pour moi, Thierry.
33:07D'abord parce qu'il a dit qu'il n'y avait pas de terrain d'expression
33:10plus fort déjà que la publicité,
33:12mais que quand on était bon dans la pub, on était bon partout.
33:15Donc en gros, pour lui,
33:16quand on savait faire une bonne compagnie,
33:17j'avais un beau single à Bougingle,
33:18on savait faire un bon magazine, il l'a prouvé.
33:20Et de bonnes émissions de télé, je crois qu'il l'a prouvé depuis plus de 30 ans.
33:23Donc c'est vrai que, parce que j'adore,
33:25vous avez vu que je n'arrive pas à en parler à l'imparfait,
33:28on parle toujours au présent.
33:30Ce que j'adore avec Thierry,
33:31c'est cette envie permanente de se dépasser,
33:34de provoquer, de dépasser le cadre,
33:36de sortir du cadre en permanence.
33:37Oh oui, par moments, il choque, par moments, il tape à côté.
33:40Ce n'est pas le problème, c'est ça avec la créativité.
33:41La créativité, c'est quelqu'un qui ose prendre des risques.
33:43Et je peux vous dire, aujourd'hui, depuis quelques années,
33:46alors ça fait boomer quand on dit ça,
33:47mais il y a très très peu de gens comme lui.
33:50Alors j'essaie d'être un petit peu dans cette filiation,
33:54je pense que c'est le Jacques Seguéla,
33:55qui a été bon montant depuis plus de 40 ans.
33:57Mais c'est vrai qu'on aimerait encore avoir des slogans comme ça,
34:00oser tout dire, oser provoquer,
34:03quitte à choquer, mais au moins avoir la liberté de penser,
34:05la liberté de dire, la liberté de provoquer.
34:08Il y a beaucoup de marques, je pense,
34:09à qui ça serait beaucoup de bien aujourd'hui.
34:10Beaucoup de jeunes qui sont plus dans l'autocensure,
34:13que dans l'ascensure, aujourd'hui.
34:15Et avec la disparition, je pense qu'il ne mourra jamais, Thierry.
34:19J'espère que l'esprit d'Ardisson demeura
34:21et que les jeunes auront encore envie de perpétuer le modèle,
34:24de créer encore des vas-y, vas-a,
34:27des conseils trop, c'est compliqué,
34:28ou la paix, il n'y en a pas deux,
34:28qui 40 ans après...
34:29Et vous, Franck Tapirot, votre slogan culte à vous,
34:33sa meilleure punchline, c'est laquelle ?
34:36Thierry ?
34:38Oui.
34:38Je pense que le plus fort, c'est Chaussée aux moines,
34:42Amen, parce que c'est un truc qui est tellement drôle,
34:45parce que c'était de la provoque,
34:47on était complètement dans la laïcité aussi,
34:48vous savez, avec toutes les problématiques aujourd'hui de blasphème,
34:51on voit depuis une vingtaine d'années,
34:52alors lui, il était à fond dans le blasphème,
34:54et c'était le Amen, avec le geste Amen,
34:57avec la chanson Chaussée aux moines, Amen.
35:01Et de faire ça...
35:03Vous le faites bien, Franck Tapirot, vous le tenez bien, le slogan.
35:05Non, mais ça a été ma culture,
35:08la culture pub a toujours été ma culture numéro 1,
35:11parce que, justement, pour ça,
35:12regardez les émotions que ça crée,
35:14regardez les sourires que ça crée.
35:1540 ans après, autour du plateau,
35:17je vois des rires, des sourires,
35:18et malheureusement, la pub d'aujourd'hui,
35:20on ne ressemble pas à celle de Thierry,
35:22celle que Jacques Séguin, ou moi,
35:24humblement, on a essayé de faire depuis des années,
35:26mais vous savez, j'y crois.
35:27Je crois qu'au contraire, on est dans une ère
35:28où, par exemple, des gars comme Thierry Ardisson
35:31vont continuer d'inspirer les jeunes générations,
35:33où l'IA, contrairement à ce qu'on pense,
35:35va être une façon de redorer le blason de la création.
35:38Et vous allez voir, moi, je pense que...
35:39Et vous êtes conscients.
35:40On n'est pas à l'abri de nouveaux Ardisson.
35:41L'esprit Ardisson n'est pas mort,
35:42c'est ce que vous nous dites.
35:43Merci, Franck Tapirot.
35:44Jamais, jamais, la création n'est pas morte,
35:46au contraire, vous allez voir.
35:48Merci, merci de nous avoir accordé ces quelques minutes.
35:51Il a raison, Franck Tapirot.
35:52Là, on était en train de lire les slogans.
35:55Il était en train de chanter,
35:56je vous avais tous les deux en train de sourire en plateau.
35:58Mais c'est cette force-là aussi,
35:59cette capacité aussi de nous faire sourire des années plus tard.
36:02Très bonne formule, voilà.
36:03Il savait trouver les bons mots
36:06qui parfois dérangent,
36:08parfois chatouillent, parfois choquent.
36:10Il n'empêche que le lendemain,
36:12tout le monde ne parlait que de ça à la machine à café.
36:14Il savait créer des moments de télévision,
36:18des moments qui restent dans l'imaginaire.
36:21Et c'est le cas.
36:22On a tous probablement des séquences télé
36:24chez Ardisson qui nous reviennent.
36:27Et je pense qu'on n'a pas fini de les redécouvrir.
36:28C'est à tel point que l'INA a donné à Thierry Ardisson
36:33tout un...
36:33On peut retrouver sur YouTube
36:35les plus grands moments
36:36et quasi toutes ses émissions de télé sur YouTube.
36:38Et c'est le seul animateur
36:39qui a eu le droit à ce privilège
36:41parce qu'il a inventé une télévision.
36:43Avec les hommages de la presse,
36:45évidemment, pour demain matin.
36:47Voilà les unes de presse
36:48que vous retrouverez en kiosque.
36:50Thierry Ardisson, on a vu le Parisien,
36:51écran noir et Libération,
36:54clash de faim avec cette magnifique photo.
36:56Lunettes noires, veste noire,
36:58parti sur te noir, l'homme en noir
36:59avec cette photo en noir et blanc.
37:01Vous savez pourquoi il était toujours en noir ?
37:02Alors déjà, il disait que ça a l'amincité.
37:04Ça a l'amincité un peu,
37:05qu'au moins il n'avait pas soucié
37:06de ce qu'il mettait le matin,
37:07mais surtout parce qu'il voulait créer
37:08un personnage là aussi.
37:09Il était du marketing encore.
37:09Un personnage de pub qui est tout le temps habillé
37:12et voilà, en un clin d'œil, on le reconnaît.
37:13Un dernier mot peut-être sur son rapport à la mort,
37:16puisque son dernier livre,
37:18l'autofiction, l'homme en noir,
37:20où il imaginait sa mort comme un trip sous acide,
37:23c'était ses mots.
37:25Il avait une fascination pour la mort ?
37:28Pas nécessairement.
37:29En tout cas, il s'y était préparé.
37:31Il disait qu'il avait essayé
37:32de la regarder droit dans les yeux arrivés,
37:35qu'il avait envie de la regarder,
37:36de la voir arriver.
37:38Il disait peut-être cela
37:39parce qu'il savait qu'il avait un cancer
37:40et nous, on ne le savait pas.
37:42Mais c'est surtout,
37:42j'ai envie de parler de ce côté ultra-méticuleux,
37:44peut-être pour terminer.
37:45Il avait tout imaginé pour ses funérailles.
37:47Il a choisi la playlist.
37:48Il veut que les trois femmes
37:50qu'il a épousées soient assises,
37:53les unes à côté des autres.
37:54Et voilà, il veut entendre
37:55David Bowie, Lazarus.
37:56Il a donné tous ses petits détails.
37:58Il avait livré à son attaché de presse
38:00quelques noms de personnes
38:02qu'il avait envie de voir témoigner
38:03dans les médias dans les prochains jours,
38:04quelques images qu'il aimerait voir
38:05à la télévision,
38:06ce qu'il lui avait importé
38:08d'une certaine manière comme ça.
38:09Donc, il avait été,
38:09aussi méticuleux et scrupuleux
38:11jusqu'au dernier moment de sa vie.
38:13Et ce documentaire,
38:14Confidence, témoignage
38:15qu'il avait accordé à cette interview
38:17où il a dit visiblement
38:18des choses qu'il n'avait jamais dites
38:19à son épouse
38:20et qui sera donc diffusé
38:22dès mercredi soir à la télévision.
38:24Donc, il y a une forme d'envie
38:26de scénariser jusqu'à cet en revoir
38:28et cet adieu.
38:29Et la face cachée de l'homme en noir,
38:31c'est le nom de ce documentaire.
38:32Et début juillet,
38:34Audrey Crespomara,
38:35on avait dévoilé le synopsis
38:37bâti autour des dix commandements
38:39de sa vie,
38:40parmi lesquels
38:41ta famille, tu fuiras,
38:43à la drogue, tu succomberas
38:44et la mort en face,
38:47tu regarderas.
38:48Oui, c'est vrai,
38:49il avait, comme on dit,
38:51il était visionnaire
38:52et il avait tout organisé
38:54de main de maître,
38:56jusqu'à la fin.
38:58Et on va découvrir surtout,
39:00Audrey Crespomara l'a dit,
39:01parce qu'il savait très bien
39:03faire parler ses invités,
39:05mais parler de lui,
39:06c'était quelque chose
39:06qui ne faisait peu.
39:07Et là, elle a réussi,
39:09elle qui est portraitiste,
39:10journaliste,
39:11elle a réussi à le faire parler
39:12comme jamais.
39:13Donc, on va découvrir
39:14un tiré ardisson
39:15qu'on ne connaît pas.
39:15Il avait refusé de voir le montage
39:17et de voir à quoi ressemblait
39:18ce documentaire.
39:19Il y a un tiré ardisson
39:20aussi très amoureux,
39:21il l'avait dit, répété
39:22à plusieurs fois.
39:23Il le disait
39:23dans toutes ses dernières interviews.
39:25Très amoureux de son épouse,
39:26Audrey Crespomara.
39:27Merci beaucoup.
39:27Pour qui on a une pensée d'ailleurs.
39:28Et pour qui on a une pensée,
39:29évidemment.
39:29Merci beaucoup à tous les deux.
Écris le tout premier commentaire