00:00Pendant ce temps outre-Atlantique, Donald Trump est sur plusieurs sujets à la fois.
00:04Il doit recevoir Benjamin Netanyahou avec pour objectif de mettre fin la guerre à Gaza.
00:11Voilà la priorité absolue de Donald Trump, c'est ce que dit la Maison Blanche.
00:16Et en même temps, Trump annonce au moins 25% de surtaxe sur les produits de plusieurs pays, dont le Japon.
00:24Que fait Trump ? Il fait du Trump, Jean-Michel Salvatore ?
00:26Il y a un moment Trump en ce moment, il faut quand même le reconnaître.
00:30Parce que depuis quelques jours, depuis quelques semaines, il est arrivé à remporter un certain nombre de succès.
00:38Il faut le reconnaître. Et donc il veut un peu pousser son avantage.
00:41Alors les succès, il y a déjà eu le cessez-le-feu qui a été imposé entre l'Iran et Israël.
00:47C'est un premier succès. Il a fait plier l'OTAN sur les dépenses militaires.
00:51Et puis il a fait adopter sa loi budgétaire aux Etats-Unis.
00:55Et donc voilà, il fait du Trump.
00:57Alors il fait du Trump à l'international en essayant de pousser son avantage sur Gaza,
01:03parce qu'il a beaucoup de mal à avoir les mêmes résultats sur l'Ukraine.
01:06Et puis sur le plan économique, c'est toujours la même stratégie.
01:10Il essaye d'imposer des droits de douane.
01:12Et d'une certaine façon, on peut considérer qu'il a déjà gagné.
01:15Puisque avant Trump, par exemple, si on parle des droits de douane pour la France,
01:21on payait entre 2 et 3% de droits de douane.
01:24Il a fini par nous dire que ce sera 25% sur l'automobile et l'aluminium.
01:28Il nous menace de 25% et même éventuellement de 50%.
01:32Et on a le sentiment qu'on va peut-être pouvoir s'arranger avec 10%.
01:36Si on a 10%, on sera content.
01:39Mais 10%, ça sera quand même 3 ou 4 fois plus que ce qu'on avait avant.
01:42Sébastien Lillier ?
01:43Bon, sur la question des droits de douane,
01:44on a quand même l'impression qu'il est un petit peu empêtré
01:46dans un sujet qu'il traîne comme un boulet depuis son élection,
01:50puisqu'il ne cesse de reporter l'entrée en vigueur de ses droits de douane.
01:54Donc là, officiellement, pour le moment, ce serait au 1er août,
01:57pour la plupart des pays.
01:58Mais ça va faire quand même la troisième fois qu'on repousse l'échéance.
02:01Donc on n'est quand même pas à l'abri que d'ici le 1er août,
02:04il repousse à nouveau.
02:04Reculer pour mieux sauter.
02:06Il recule beaucoup, il ne saute pas énormément, pour l'instant, sur les droits de douane.
02:10Ça va faire 6 mois qu'il nous explique que le mois prochain, il va les appliquer.
02:14Non, non, les droits de douane, ils ont déjà augmenté de 25% sur l'aluminium,
02:17sur l'acier, sur l'automobile.
02:19Ça, ça existe, c'est du concret, ça.
02:22Enfin, pardon, s'il les repousse à chaque échéance pour l'ensemble des pays...
02:26Non, non, non, non, le coup prêt est tombé.
02:27Le coup prêt est tombé.
02:28Donc ensuite, c'est sur le reste.
02:30Sur l'acier, ça nous concerne directement.
02:33L'automobile, c'est un peu plus, comment dirais-je, disparate,
02:36parce que je pense que de tout temps, on n'a jamais vraiment vendu beaucoup de Peugeot et de Citroën aux Etats-Unis.
02:42Mais l'acier, par exemple, c'est important.
02:43Oui, mais c'est un mode de négociation.
02:45C'est son mode de négociation qui a une certaine efficacité, il faut quand même le reconnaître.
02:48C'est ce que je disais.
02:48Avant Trump, on avait 3% de droits de douane entre la France et les Etats-Unis.
02:54Et là, on risque de se retrouver avec 10.
02:56Donc, il aura quand même d'une certaine façon gagné.
02:58Je jugerai le résultat final quand on aura le tableau définitif de tous les compromis, de toutes les droits de douane.
03:04Et sachant qu'il ne faut quand même pas oublier qu'aux Etats-Unis, on a des élections de mi-mandat qui arrivent très rapidement.
03:08Et si jamais il y a des revers importants, peut-être que ces droits de douane changeront de sens.
03:13Donc, je ne mettrai pas forcément une pièce sur le fait que ces droits de douane restent en vigueur bien longtemps.
03:16Maintenant, sur la question internationale, parce que pour moi, là, il y a un vrai contre-la-monde pour Donald Trump.
03:21Il ne faut quand même pas oublier qu'il a été élu sur la promesse de mettre fin à toutes les guerres dans lesquelles les Etats-Unis étaient impliqués.
03:28C'est paradoxal. Lui qui ne voulait plus être le gendarme du monde.
03:34Il explique que finalement, il va arrêter d'être le gendarme une fois qu'il aura mis fin à tous ces conflits.
03:40Pour le moment, Jean-Michel l'a dit sur le conflit ukrainien, il n'avance pas.
03:47Il a rencontré un mur qui s'appelle Vladimir Poutine, qui n'a absolument aucune envie de négocier parce qu'il continue d'avancer.
03:52En tout cas, ses troupes continuent d'avancer.
03:54Sur la question palestinienne, on peut considérer que c'est un demi-succès.
03:59Puisqu'évidemment, sur la question iranienne, il a réussi à imposer ce cessez-le-feu.
04:03Mais sur la question du Hamas, on a l'impression qu'on en est encore loin.
04:07Benyamin Netanyahou va tenter de...
04:10Parce que Benyamin Netanyahou n'a aucun intérêt, ni je pense, aucun envie d'un cessez-le-feu.
04:17Il le sait très bien.
04:18Et donc, il va falloir qu'il soit persuasif.
04:20Le problème, c'est que Donald Trump a ses propres intérêts.
04:22Je ne pense pas que Donald Trump défende les intérêts d'Israël en demandant à cessez-le-feu.
04:26Il va surtout défendre ses propres intérêts politiques et les propres promesses électorales qu'il a faites à ses électeurs.
04:32Vous voyez les sondages aux Etats-Unis, une immense majorité des Américains, une petite majorité des Républicains étaient contre l'intervention militaire contre l'Iran.
04:42Et beaucoup de Républicains lui en veulent et considèrent qu'il y a promesse qui a été bafouée.
04:48Et donc, il sait une course contre la montre politique et électorale.
04:51Oui, c'est quand même assez étonnant de revenir toujours à la politique interne, alors qu'en réalité, on est sur des sujets qui concernent des vies humaines.
04:59Bon, après, vous me direz, ce n'est pas la première fois Jean-Michel Salvatore.
05:04Mais Trump, là, on voit bien la pression qu'il fait sur Netanyahou, parce qu'évidemment, Netanyahou n'a pas forcément intérêt à cesser le feu.
05:12Mais on voit bien que Netanyahou n'a plus beaucoup d'amis, quand même, dans le monde.
05:17Et le seul ami qui lui reste, c'est quand même un peu Trump.
05:21Donc, Trump essaye de lui imposer, d'une certaine façon, toujours la même chose.
05:24Il ne lui parle pas très bien, d'ailleurs.
05:26Il essaye de lui imposer la paix par la force, c'est son grand concept.
05:29Et au fond, il le convoque à Washington.
05:32Et puis, d'un autre côté, vous savez quand même, il oblige des diplomats israéliens à se rendre pour discuter à Doha, au Qatar, pour discuter avec des représentants du Hamas.
05:41Les fameux proxys.
05:42Donc, on verra.
05:43En fait, c'est très difficile de savoir de quel côté va tomber la pièce.
05:47Mais là, on voit bien qu'il y a une offensive.
05:49Et que là, Trump essaye quand même de forcer la main de Netanyahou.
05:51Oui, sachant que Trump peut avoir aussi un excès de lassitude.
05:57Je me souviens de son trait de colère sur la guerre en Ukraine, où il avait envoyé Marco Rubio, et qui avait dit, non mais de toute façon, si ça commence à prendre trop de temps, on s'intéressera à autre chose.
06:09En gros, on n'a pas que ça à faire.
06:11Il a dit la même chose avec Israël.
06:12Vous vous souvenez de cette interview à la descente de l'hélico, où il disait, bon, il s'est mal comporté, il se comporte mal, il ne font pas bien les choses.
06:21Donc oui, on sent que c'est un homme qui...
06:22Oui, mais là, c'était de l'exaspération vis-à-vis des frappes d'Israël, alors qu'il y avait un semblant de cesser le feu.
06:30Oui, c'est-à-dire que c'est un homme qui, encore une fois, qui sait qu'il n'a pas beaucoup de temps, et qui est convaincu qu'il doit respecter ses promesses.
06:36Et je pense, vous vous souvenez de cette fameuse promesse, avec moi, la guerre en Ukraine, déjà, n'aurait jamais eu lieu, mais elle sera réglée en 48 heures.
06:43Ça va faire six mois, si vous voulez.
06:45Donc il le sait très bien que...
06:46Et puis un coup, il se rapproche de Poutine en se disant, je vais régler ça avec lui.
06:49Après, il se détache de lui en disant ce qu'il fait est très mauvais.
06:53Moi, je pense que la géopolitique ne se gère pas comme une entreprise, et je pense que c'est un homme qui a de grandes qualités pour manier l'économie, en tout cas la macroéconomie.
07:01Je ne suis pas certain que ces méthodes trumpiennes fonctionnent particulièrement bien dans un monde en guerre, comme ce qu'on vit actuellement.
07:09Oui, bon, écoutez, en tout cas, moi, ce que je remarque, c'est qu'on avait un sursaut Trump au début.
07:15C'est-à-dire qu'on a dit, tiens, Biden et Kamala Harris, ils n'ont rien fait pendant...
07:21Alors, ce qui pourrait expliquer les choses, c'est peut-être la maladie cachée de Biden, qui était visiblement impotente, et qui, même s'il avait la volonté de faire quelque chose, ne le faisait pas.
07:32Après, il aurait pu envoyer sa vice-présidente pour régler les choses, et il y a des diplomates, des technos, comme on dit, ça existe dans tous les pays, il y a suffisamment de diplomates pour régler ce genre de conflit.
07:40Et là, arrive Trump à Brûle-Pourpoint, en décembre de l'année dernière, il arrive, et il dit, écoutez, voilà, moi, je vais régler les choses.
07:49Donc, il a secoué le cocotier, quelques noix de coco sont tombées, en attendant, effectivement, ça s'enlise, la diplomatie, c'est pas si facile qu'on, sans doute, il le croyait, mais, en attendant, il a fait bouger certaines lignes.
08:04Peut-être un peu trop fort, non, mais le cocotier, il a fait bouger le cocotier, mais peut-être un peu trop fort.
08:10C'est ça, bon, peut-être que les promesses étaient peut-être un peu trop importantes par rapport à la réalité.
08:14Vous savez, on reproche toujours aux hommes politiques, s'il ne faut rien, de ne pas bouger le cocotier, et si jamais il le bouge trop fort, de le bouger trop fort, c'est toujours pareil.
08:22Jean-Michel, le mot de la fin. Notre sage, notre maître Yoda, en dodoune.
08:26C'est vrai que Trump est, bon, évidemment très critiqué en Europe et a raison, mais c'est vrai qu'il a fait œuvre utile auprès des Européens en matière de défense,
08:34c'est-à-dire qu'il oblige les Européens à faire cet effort qu'on aurait dû lancer il y a déjà très longtemps.
08:41C'est ça. Ça, on ne lui enlèvera pas, ça.
08:44Oui, et je pense qu'il nous a rendu un grand service, parce que si les Russes veulent attaquer un nouveau pays européen
08:50dans les 3 ou 4 ans qui viennent, comme les services de renseignement le disent parfois,
08:53je pense qu'on pourra remercier M. Trump de nous avoir secoués.
08:56Merci Jean-Michel Salvatore, merci à vous Sébastien Ligné.