Magistrats, avocats, greffiers, personnel administratif, tous réclament une revalorisation urgente du pouvoir judiciaire en multipliant les actions. Candice Bussoli, journaliste au pôle Enquêtes, a fait l’état des lieux du milieu de la Justice en Belgique. Un milieu qui ne se porte pas très bien…
00:00Trop de dossiers avec de moins en moins de moyens, c'est un cri d'alarme historique du monde judiciaire à tous les niveaux.
00:06Magistrats, avocats, greffiers, personnels administratifs, tous réclament une revalorisation urgente du pouvoir judiciaire en multipliant les actions.
00:13Ce que vous voyez sur ces images, ce sont 800 d'entre eux qui se sont rassemblés au palais de justice de Bruxelles pour porter leur voix.
00:19Bonjour, je m'appelle Candice Buscelli, je suis journaliste au Pôle Enquête et j'ai fait un état des lieux du monde de la justice belge.
00:25Et spoiler, les choses ne vont pas très bien.
00:27Déjà, en première ligne de la chaîne pénale, il y a un manque criant de collaborateurs à la police judiciaire fédérale.
00:32Il manque aujourd'hui 634 collaborateurs.
00:35Ce sont ceux qui recueillent les indices, interrogent les témoins, mènent les perquisitions et analysent les preuves à destination des parquets et des juges d'instruction.
00:44En parlant des juges d'instruction, il en manque aujourd'hui une cinquantaine.
00:47Ce sont ceux qui sont chargés de superviser les investigations et d'autoriser des mesures comme par exemple les perquisitions, les garde à vue ou encore les saisies.
00:54Le manque de collaborateurs à la police et de juges d'instruction entraîne des retards dans les dossiers.
00:58Il faut en moyenne 416 jours pour qu'un dossier d'instruction mené par un juge soit clôturé.
01:03Soit plus d'un an entre l'ouverture d'une information judiciaire et la fin des investigations.
01:07L'embouteillage judiciaire ne se limite pas à l'enquête, il se prolonge jusqu'au procès.
01:11En 2024, les tribunaux de première instance belges ont été confrontés à une nouvelle année de surcharge dans le traitement des affaires correctionnelles.
01:18Le problème qu'on a constaté, c'est que le nombre d'affaires entrantes dépasse le nombre d'affaires clôturées.
01:23C'est un phénomène qu'on connaît depuis plusieurs années mais qui aujourd'hui continue de s'amplifier.
01:27Moins de juges, c'est aussi plus de dossiers par tête, ce qui signifie plus d'heures de travail pour chaque magistrat.
01:33Selon les magistrats eux-mêmes, il faudrait en réalité 455 juges supplémentaires.
01:37Ce chiffre est calculé sur base des heures prestées par les juges qui accepteraient de dépasser le cadre légal des 38 heures par semaine.
01:44D'après le Collège des Cours et des Tribunaux, les juges travailleraient plus de 50 heures actuellement par semaine.
01:49Sans compter qu'aujourd'hui, le métier ne séduit plus, la magistrature a du mal à trouver de nouveaux candidats pour remplir ses rangs.
01:55Le dernier maillon de la chaîne qui coince, c'est au niveau de l'exécution des peines.
01:58Les prisons en sont l'illustration la plus flagrante.
02:00Au 10 juin 2025, les établissements pénitentiaires comptaient 13 021 détenus pour seulement 11 040 places disponibles.
02:07La pression ne s'arrête pas là, les surveillants des prisons sont également touchés.
02:11Il manque aujourd'hui 442 membres du personnel de surveillance et là aussi, les recrutements sont difficiles.
02:17Et ceux qui y travaillent déjà n'y restent pas forcément longtemps.
02:19La justice est à bout de souffle, elle demande à ce que les métiers soient rendus plus attractifs,
02:23à plus de moyens financiers, à une rénovation des infrastructures ou encore à une modernisation des outils informatiques.
02:29Si le sujet vous intéresse, le dossier détaillé est disponible sur le site du soir.
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