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  • 26/06/2025
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 26 juin 2025, le chanteur et fils de Joe Dassin, Julien Dassin. Il publie, "Il était une fois nous deux - Joe Dassin, mon père", aux éditions de l'Archipel.

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Transcription
00:00Bonjour Julien Dassin.
00:01Bonjour.
00:02Quand on évoque votre nom de famille, on entend la voix de votre père.
00:04Joe Dassin, oui, vous êtes le fils cadet de Joe Dassin,
00:07l'un des chanteurs français les plus connus au monde,
00:09l'un des artistes préférés du public pendant ses 15 ans de carrière.
00:12Malheureusement, vous n'avez aucun souvenir avec lui,
00:14car il s'est éteint à la suite d'une crise cardiaque à Papete,
00:17alors que vous n'aviez que cinq mois.
00:19Vous étiez d'ailleurs dans votre poussette, dans les bras de Morphée.
00:22Vous étiez en train de dormir lorsque c'est arrivé.
00:25C'est pour cette raison d'ailleurs que vous avez eu du mal à dire papa
00:27quand vous parlez de lui.
00:30Tant il vous a été douloureux tout au long de votre vie
00:32de ne jamais avoir pu faire résonner ce mot si symbolique.
00:36Vous venez de publier un livre,
00:37Joe Dassin, mon père, aux éditions de l'Archipel,
00:39comme une déclaration d'amour à celui qui vous a manqué toute votre vie.
00:42Vous écrivez en préambule, il était une fois nous deux.
00:45Vous vous adressez à lui.
00:46Pourquoi ce tête-à-tête et pourquoi aujourd'hui ?
00:48Pourquoi aujourd'hui, je pense que j'arrive à l'âge
00:50où j'ai vraiment envie de savoir plus de choses sur mon père,
00:54de remettre l'église au milieu du village, comme on dit.
00:59Je voulais vraiment savoir, il y a eu plein, plein d'histoires sur sa mort.
01:03Bon, il est décédé d'une crise cardiaque à Papette
01:05et pas de toutes les histoires qu'on a racontées.
01:08Et je voulais aussi interroger des gens qu'on n'a jamais interrangés.
01:11Des amis à lui, des très, très proches, sa famille,
01:14et vraiment savoir l'homme qu'il était.
01:17Et pourquoi nous deux ?
01:18Parce que je reprends un peu le flambeau,
01:19puisque je pars avec ses chansons à travers le monde.
01:22Et je ne sais pas pourquoi, mais c'est un succès partout.
01:27Alors, est-ce que c'est les titres ?
01:28Est-ce que c'est le passage de flambeau ?
01:30Je voulais en savoir plus sur mon père.
01:32Vous vous livrez, vous vous adressez au lecteur à cœur ouvert.
01:36C'est assez étonnant quand vous vous livrez.
01:38Vous nous racontez ce jour, vous avez appris violemment
01:40que votre mère, âgée seulement de 46 ans, venait de décéder.
01:43Donc ce jour, vous êtes devenu orphelin.
01:45Ça a quand même été dramatique, cette histoire,
01:49parce que vous êtes devenu orphelin très, très jeune.
01:50Très jeune.
01:52Vous aviez 15 ans.
01:53Ce que je dis souvent, il y a d'autres personnes
01:55qui sont dans ma situation.
01:56La différence, c'est que moi, je porte un nom connu.
01:59Donc tout le monde s'y intéresse.
02:03C'est la vraie différence que j'ai avec quelqu'un d'autre.
02:06Et quand on se retrouve orphelin à 15 ans,
02:08c'est une situation qui est totalement anormale.
02:10Mais je me retrouve très vite, très jeune,
02:13à devoir gérer un catalogue
02:14prendre des décisions sur ce catalogue.
02:17Ce n'est pas normal à 15 ans.
02:19Votre père a été entéré aux Etats-Unis
02:20au Hollywood Forever Cemetery,
02:24où reposent toutes les vedettes de cinéma muets
02:25et l'âge d'or du cinéma.
02:27Une envie de votre grand-père, Jules Dassin.
02:30Pourtant, de son vivant, il n'a jamais pu connaître
02:34le succès au pays de l'oncle Sam.
02:37Alors, pourquoi est-il entéré aux Etats-Unis ?
02:40Il est entéré aux Etats-Unis, on est fin 70, début 80.
02:43Le terme n'est pas beau, mais c'est ça.
02:46Garder une dépouille à Tahiti, c'est très compliqué.
02:49Il faut prendre une décision très rapide.
02:51Il n'y a pas d'Internet, il n'y a pas de téléphone portable, il n'y a rien.
02:54Il faut prendre une décision très rapide.
02:56Et Jules, mon grand-père,
02:58décide de faire apatrier son fils
03:00à Hollywood Cemetery.
03:02parce qu'aussi, le rang juste derrière mon père,
03:05le rang du cimetière,
03:09il y a ses grands-parents, Samuel et Bertha,
03:11qui sont là-bas.
03:12Donc, ce n'est pas par hasard qu'il est là-bas non plus.
03:14Non, mais ce que ça met en évidence,
03:16c'est que votre père, il était américain.
03:18Et c'est vrai qu'il parlait parfaitement français,
03:20mais il était américain.
03:21Et dans la tête de beaucoup, Jules Dassin est français.
03:23C'est le plus français des Américains.
03:25Ce que vous disiez, effectivement,
03:28il n'a jamais connu le succès aux Etats-Unis.
03:30Ce qui est paradoxal, il a eu du succès mondialement,
03:33mais pas chez lui, aux Etats-Unis.
03:36Et là, je reviens, il y a deux semaines et demie,
03:37j'étais aux Etats-Unis,
03:38où j'ai fait Los Angeles, Miami, New York,
03:42et j'en passe.
03:44C'est comme pour moi, c'est un peu un passage de flambeau.
03:46J'ai réussi là où lui n'a pas pu aller.
03:49Votre père a enregistré 13 albums.
03:51Chaque chanson écrite par les plus grands prouvent
03:52à quel point il ne laissait rien à l'improvisation.
03:55Avec lui, vous avouez de ne pas oser vous exprimer totalement ?
03:59Excusez-moi.
04:00Avec lui, vous avouez de ne pas réussir
04:02à vous exprimer totalement ?
04:05J'arrive à m'exprimer,
04:07mais de temps en temps, je ne sais pas trop comment faire.
04:10C'est inexplicable, presque.
04:12C'est-à-dire qu'il a cette aura
04:15qui vous paralyse par moments ?
04:18Vraiment, c'est ce que je vous disais.
04:20Qu'est-ce qu'il me dirait ?
04:22À chaque fois, du haut de mes 45 ans,
04:25je ne suis plus un gamin.
04:27Je réfléchis comme un gamin.
04:30Je me dis, qu'est-ce qu'il ferait ?
04:32Est-ce qu'il aimerait que je sois là ?
04:34Est-ce qu'il aimerait que je continue à faire ce que je fais ?
04:37J'espère que oui.
04:38Et je pense que oui.
04:40Parce que s'il y a une petite étoile qui nous surveille,
04:43il ne me laisserait pas faire.
04:45De cette période de disette que vous avez connue,
04:48vous conserverez, dites-vous, l'envie farouche
04:50de ne plus jamais subir la dépendance.
04:51Oui, ça, c'est très important.
04:53Au fait, on devient très, très vite, vous savez,
04:56adulte.
04:58Très, très, très vite.
04:59C'est vraiment, ça se compte en moi.
05:02Quand j'étais vivant de ma mère,
05:04quelques mois avant,
05:05je rentrais dans une pièce,
05:06j'allumais l'électricité et je ne l'éteignais pas.
05:09Comme n'importe quelle famille éteint l'électricité.
05:12Ce n'est pas Versailles ici.
05:15Et quelques mois après,
05:16c'est moi qui éteignais l'électricité.
05:18Oula, ça y est, maintenant les factures,
05:19c'est moi qui les reçois.
05:21Et ça, ce n'est pas normal.
05:23Quand vous avez 15, 16 ans,
05:25de commencer à réfléchir,
05:27à faire attention à tout,
05:28c'est qu'on perd cette insouciance d'adolescent.
05:32Est-ce que vous n'avez pas grandi trop vite, finalement ?
05:34Non, si.
05:35Non, si.
05:36Si, si, j'ai grandi trop vite.
05:37J'ai pris des habitudes d'adulte beaucoup trop jeunes.
05:40Je n'ai jamais fait de...
05:42Excusez-moi du mot,
05:43je n'ai jamais fait de conneries.
05:45Jamais.
05:47Vous dites avoir toujours eu au moins peur de la mort
05:50que de ce que vous alliez devenir.
05:53C'est terrible.
05:53Cette phrase, elle est terrible.
05:56La mort, c'est subjectif.
05:57Par contre, le métier qu'on fait,
06:00qu'est-ce qui se passera demain ?
06:02Est-ce que le public va encore vouloir me voir demain ?
06:06Et mis à part la musique, moi,
06:07musique et théâtre,
06:08je n'ai rien.
06:09Je n'ai pas d'études spécifiques.
06:11Je ne pourrais pas être...
06:12Je n'en sais rien.
06:13Je ne pourrais pas être journaliste.
06:15Vous sentez-vous être devenu un héritier
06:19comme un cuisinier ?
06:21Parce qu'à chaque fois,
06:22vous faites référence à la cuisine
06:23qui continue effectivement à préparer
06:26des bons petits plats créés par son aïeul.
06:28Oui.
06:28Oui, je pense.
06:30Je reprends ces chansons sans les toucher.
06:33Je ne modifie rien du tout.
06:34Les mélodies sont les mêmes.
06:35Les textes sont les mêmes.
06:37Les pieds sont les mêmes.
06:39Mais c'est comme la recette de la tarte aux pommes.
06:42On a la recette de la tarte aux pommes
06:43de notre grand-mère
06:44qui la transmet à notre mère
06:45et qui nous la transmet à nous.
06:46Moi, je rajoute un petit soupçon de cannelle.
06:49Je n'invite pas.
07:03Je ne prie pas.
07:03Je ne sais rien.

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