00:00Au moment où l'aviation américaine menait une des opérations les plus sophistiquées de l'histoire récente,
00:04la communication du gouvernement était encore figée dans la quête d'une cessation des hostilités dans la nuit de samedi à dimanche.
00:11L'interview du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, trônait en une du site du Parisien,
00:17entretien au cours duquel il émettait de sérieux doutes sur l'efficacité d'une intervention américaine contre les installations nucléaires iraniennes.
00:24Évidemment, on ne demande pas à Sébastien Lecornu de lire l'avenir,
00:27encore moins d'avoir une parole prophétique, mais on est obligé de constater le télescopage malheureux de cette interview et de l'opération américaine.
00:36Pire fut sans doute le silence de la diplomatie française.
00:39Il aura fallu attendre la mi-journée dimanche pour découvrir la position officielle du Quai d'Orsay sur les frappes américaines.
00:45Dans un communiqué, Paris fait part, je cite, de sa préoccupation et appelle de nouveau à reprendre les discussions.
00:51Le week-end s'achève enfin avec la diffusion par l'Elysée de l'introduction du Conseil de défense réuni en urgence.
00:59Emmanuel Macron y affirme qu'aucune réponse strictement militaire ne peut produire des effets recherchés.
01:03On a l'impression que la France est reléguée aux commentaires des événements, c'est ça ?
01:07La France regarde passer les trains, ou plutôt en l'occurrence les bombardiers B2 américains.
01:12Chaque crise internationale montre à quel point la voix de la France ne porte plus vraiment.
01:16Depuis le début du conflit en Iran, on a même l'impression d'un président de la République à contre-temps,
01:21d'une mauvaise timing de la reconnaissance prévue d'un État palestinien, reporté depuis au Caland Greg,
01:27à la bisbille en mondiavision avec Donald Trump.
01:29Emmanuel Macron paraît parfois hors tempo.
01:32Son duel verbal avec Donald Trump prend d'ailleurs aujourd'hui une teinte différente.
01:36Il est fort probable qu'au moment où Emmanuel Macron justifiait le départ précipité du président américain OG7
01:41pour négocier un cessez-le-feu,
01:43Donald Trump avait en fait déjà en tête le déclenchement possible, voire probable, de cette opération militaire américaine.
01:50Depuis samedi, les réactions politiques en France montrent une grande division.
01:54Oui, à défaut de peser sur le cours des événements, la France se déchire politiquement sur la position à adopter.
02:00S'il fallait le démontrer, les mots d'Eric Ciotti suffisent presque à eux-mêmes.
02:04Le président de l'UDR parle, je cite, d'un gouvernement municois.
02:08Sa position n'est d'ailleurs pas totalement alignée avec celle de l'ensemble de sa famille politique.
02:14Entre héritage gaulliste et penchant atlantiste, la droite est aujourd'hui partagée.
02:19Du côté de chez la France insoumise, en revanche, la ligne est bien plus claire.
02:22Condamnation totale des frappes contre l'Iran.
02:25Sous couvert de lutte contre ce qui est qualifié d'impérialisme,
02:28certains insoumis semblent prêts à embrasser toutes les causes,
02:32même celles des mollas iraniens.
02:33En tout cas, le sujet a fait irruption dans la vie politique.
02:36Déjà, on nous annonce des réunions au format Saint-Denis,
02:40réunions à Bercy, des débats aussi notamment à l'Assemblée nationale.
02:44Une effervescence qui ne saurait dissimuler le rôle de commentateur de la France
02:47sur la scène diplomatique internationale.
02:50Et puis, d'une certaine manière, comme lors de la guerre en Ukraine,
02:53la situation internationale risque d'anesthésier le débat politique
02:57qui a envie de parler de conclave ou de censure
03:00quand le monde peut basculer d'un jour à l'autre.
