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  • il y a 3 mois
Le syndicat SUD appelle les personnels soignants à une grève illimitée à l'hôpital psychiatrique du CHU de Toulouse

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00:00C'est le quart d'heure toulousain, 8h moins le quart et l'hôpital psychiatrique du CHU de Toulouse
00:04qui démarre une grève illimitée aujourd'hui pour dénoncer le manque de moyens et de personnel.
00:09On reçoit ce matin une infirmière de cet hôpital pour en parler, Marais Maison.
00:12Bonjour Edith Vauclard.
00:14Bonjour.
00:14Vous êtes adhérente au syndicat Sud Santé qui appelle avec la CGT à cette grève illimitée
00:19et vous nous apprenez qu'une unité entière est fermée à l'hôpital psychiatrique de Purpan.
00:24Qu'est-ce que ça signifie exactement ?
00:26Ça signifie 22 lits en moins pour accueillir des personnes qui souffrent.
00:30Et c'est une unité, vous pouvez nous dire en quoi elle consiste, quelle personne elle accueille cette unité ?
00:37Alors, globalement, il y a une unité fermée, mais en fait c'est deux moitiés d'unités fermées
00:43et comme il manque la moitié du personnel paramédical du fait d'arrêt maladie,
00:49on a fermé les deux moitiés d'unités et regroupé en une unité.
00:58Donc, on essaye d'accueillir à minima les patients des deux unités sur une.
01:04Avec des moyens très restreints, vous le disiez, des arrêts maladie.
01:08Vous parlez de souffrance au travail, vous auriez un exemple de ce type de souffrance ?
01:13La souffrance au travail, c'est l'épuisement des professionnels qui n'arrivent pas à exercer leur métier.
01:19Leur métier, c'est la relation, c'est être en lien avec l'autre.
01:24Le soin psychique, c'est un soin de lien, c'est la rencontre avec l'autre.
01:29La rencontre, c'est du temps.
01:30Et c'est aussi de construire un projet dans l'environnement de la personne qu'on soigne, avec l'entourage.
01:40Donc, ça nécessite de mobiliser une attention particulière à chacun,
01:44des conditions particulières de réflexion autour de la souffrance différente pour chacun
01:51et de comment on organise avec l'environnement du patient.
01:55Aujourd'hui, vous dénoncez un manque de temps et aussi une destruction d'outils de travail.
01:59Qu'est-ce que vous entendez par là ?
02:02Eh bien, c'est l'impossibilité d'exercer ce qui est notre métier,
02:06c'est-à-dire être en relation avec l'autre.
02:09C'est l'épuisement des professionnels parce qu'avec un manque d'effectifs,
02:13on remplace plus souvent.
02:16On va être déplacé d'un service à l'autre.
02:19On va avoir des roulements en 3-8,
02:23puisque c'est comme ça qu'on travaille à l'hôpital,
02:25qui vont être épuisants.
02:27On demande à ce que les postes de nuit,
02:31c'est-à-dire les infirmières, les personnes qui souhaitent travailler en nuit,
02:34soient maintenues en nuit,
02:36de manière à permettre aux autres de faire moins de nuit.
02:41Donc on demande des recrutements, effectivement.
02:43Mais ce n'est pas aujourd'hui qu'on les demande.
02:45Ça fait déjà des années,
02:47on avait déjà commencé à alerter à l'été 2023.
02:52On sait ce qui s'est passé en février de l'année dernière.
02:57Deux agressions sexuelles et le suicide d'un patient à l'hôpital.
03:01Voilà. Des incendies dans des unités,
03:05des soignants qui se font molester,
03:08contenir les personnes,
03:10ce n'est pas que des médicaments.
03:12Ce n'est pas l'enfermement.
03:14Quand on est réduit à ça,
03:16c'est qu'on ne sait pas soigner,
03:17et c'est qu'on ne peut pas soigner.
03:19Quand vous dites agression par des patients,
03:22c'est effectivement directement lié au manque de moyens humains, pour vous ?
03:25Pour nous, c'est clairement ça.
03:27Et ce n'est pas nous qui le disons.
03:29Toutes les études le démontrent.
03:31La contention psychique,
03:34c'est une présence humaine,
03:35c'est quelqu'un avec,
03:36on est en lien,
03:37quelqu'un avec qui va pouvoir recevoir notre attention,
03:40la comprendre,
03:42et nous permettre ainsi d'être apaisés.
03:45Ça marche très très bien,
03:46on sait très bien faire.
03:48mais nous avons besoin
03:50que des humains soient en face
03:52d'autres humains qui souffrent.
03:53Aujourd'hui, vous demandez donc plus de moyens,
03:55vous le dites,
03:55ça fait un moment que vous le demandez.
03:57En janvier dernier,
03:57l'ARS Occitanie a débloqué 20 millions d'euros
04:00sur 5 ans pour la psychiatrie en Haute-Garonne,
04:02mais ça ne vous a pas complètement profité,
04:05en tout cas,
04:05ça ne profite pas à tous les services du CHU, c'est ça ?
04:08Ça ne profite pas à tous les services,
04:12effectivement,
04:12le manque est tel.
04:13Donc, oui,
04:14ils ont pu réouvrir des lits fermés sur Marchand,
04:17ils ont pu réouvrir 8 lits de psychiatrie de post-urgence.
04:23Maintenant,
04:24en tout cas,
04:25pour les collègues de Marchand,
04:27on sent que c'est assez fragile,
04:29il y a des services,
04:30où il y a des départs de soignants,
04:32on ne sait pas s'ils vont pouvoir être ouverts.
04:35On est censé ouvrir un 9ème secteur,
04:37là,
04:38ce n'est pas fait.
04:39Un 9ème secteur,
04:40qu'est-ce que vous entendez par là ?
04:41La psychiatrie est divisée en secteurs de soins,
04:45qui sont un dispositif soignant
04:48sur une zone géographique,
04:52qui, en théorie,
04:53doit être pour 80 000 habitants,
04:55un dispositif soignant avec plusieurs unités,
04:57de l'ambulatoire à l'hospitalisation.
04:59Donc,
04:59ouvrir un centre en plus,
05:01un service supplémentaire.
05:03Oui,
05:03d'hospitalisation et de consultation.
05:05Est-ce que,
05:05malgré tout,
05:06il y a des avancées avec ce plan de refonte ?
05:07Vous disiez, par exemple,
05:08que Marchand en a un peu bénéficié.
05:10Vous voyez, vous,
05:11des avancées ?
05:11Les avancées,
05:13c'est que,
05:14pour moi,
05:15et pour nous,
05:16qui sont les plus clairs,
05:18c'est qu'effectivement,
05:19sur les urgences,
05:21les personnes accueillies en consultation,
05:24quand ils doivent rester,
05:25ne sont plus dans des bureaux.
05:28Voilà.
05:28Ils ont donc un lit,
05:31une chambre,
05:32et déjà,
05:33on en est très contents.
05:35Et alors,
05:36concernant les conditions de travail,
05:38j'aimerais bien y revenir,
05:39vous dites qu'il n'y a plus assez de personnel,
05:41c'est difficile,
05:42l'hôpital se défend de son côté,
05:44en disant que c'est très difficile de recruter.
05:46Comment on rend ce métier plus attractif ?
05:49Eh bien,
05:50par les conditions de travail,
05:51il n'y a pas de mystère.
05:52Quand on a envie,
05:54et qu'on est content de travailler,
05:55on reste.
05:56les personnes qui restent aujourd'hui
05:58sont des personnes extrêmement attachées
06:00au service public,
06:01à la qualité des soins qu'on sait avoir
06:03dans le service public.
06:06Et c'est ça qu'on défend,
06:07c'est ça qu'on défend à travers ce mouvement de grève,
06:09c'est ça qu'on défend quand on reste à l'hôpital.
06:13Donc,
06:14il faudrait plus de moyens,
06:15vous l'avez dit,
06:16effectivement.
06:17Est-ce que,
06:17pour vous,
06:18il y a une volonté de ne plus faire de psychiatrie à Toulouse ?
06:20Comment on explique,
06:22justement,
06:22peut-être,
06:23ces problèmes récurrents
06:25à Toulouse,
06:26en psychiatrie ?
06:27Un manque de personnel,
06:29il n'y a pas mystère.
06:31Les psychiatres,
06:32on a eu,
06:33en 2024,
06:35trois départs de psychiatres.
06:38Pourquoi ils ne restent pas ?
06:43Parce que je pense qu'ils n'arrivent pas à travailler
06:46ou on ne leur permet pas de rester.
06:48Mais les questions,
06:49on les pose,
06:49on n'a pas de réponse claire.
06:51Dans le privé,
06:52également,
06:52il y a une crise,
06:54notamment à l'hôpital marchand,
06:55donc ce n'est pas uniquement lié à l'hôpital public.
06:59Vous exercez votre métier en psychiatrie
07:00depuis 25 ans,
07:01dont 20 ans au CHU.
07:04La retraite,
07:04pour vous,
07:05ce n'est pas tout de suite.
07:06Ça vous arrive de penser à tout arrêter,
07:08à cause de ces conditions de travail ?
07:11Alors,
07:11effectivement,
07:12à un moment donné,
07:13je me suis posé la question
07:15et avant de partir,
07:17je me suis dit que j'allais aller pousser la porte d'un syndicat
07:20pour voir comment on pouvait discuter de ça.
07:24Et en fait,
07:25en poussant la porte du syndicat
07:26et en me permettant de pouvoir agir
07:29pour favoriser les conditions de mes collègues,
07:32mais favoriser les conditions de mes collègues,
07:34c'est donner des soins aux gens
07:36parce que c'est ça,
07:37quand même,
07:37le cœur de notre métier,
07:38je suis restée.
07:39C'est ça qui m'a permis de rester.
07:41Merci,
07:41Edith Vauclard.
07:42On le rappelle,
07:42vous êtes infirmière syndiquée sud
07:44à l'hôpital psychiatrique du CHU de Toulouse.
07:46Vous participerez au rassemblement des soignants
07:48qui se tiendra devant l'hôtel Dieu
07:49à côté du Pont-Neuf
07:50cet après-midi à 14h.
07:52Merci.
07:52Merci.
07:53Merci.

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