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  • 15/06/2025

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00:00Et au menu de l'essentiel politique, Emmanuel Macron, toujours très mobilisé sur la scène internationale,
00:08il a apporté cette semaine son soutien à Israël face à l'Iran.
00:12Sa cote de popularité en revanche continue de baisser.
00:15Pendant ce temps, le parti socialiste a refermé un congrès houleux à Nancy,
00:19marqué par les tensions internes et surtout par le flou persistant autour de sa stratégie vis-à-vis de la France insoumise.
00:25La France insoumise qui, elle, continue également de faire parler d'elle après le retour de la députée franco-palestinienne Rima Hassan,
00:33expulsée d'Israël, célébrée comme une héroïne par une partie de la gauche.
00:37Elle a même été comparée à Victor Hugo par Jean-Luc Mélenchon, une sortie qui a fait beaucoup réagir.
00:44Et tous ces sujets, on va en parler avec vous, Damien Lecomte, bonsoir.
00:48Bonsoir.
00:48Vous êtes doctorant en sciences politiques, docteur en sciences politiques à l'université Panthéon-Sorbonne.
00:54Avant de revenir sur tous ces sujets, je voudrais qu'on revienne sur l'arrêté publié sur dimanche au journal officiel.
01:01L'ancien président français Nicolas Sarkozy s'est vu retirer la Légion d'honneur.
01:04C'est la plus haute distinction française.
01:07C'est une sanction rarissime pour un chef d'État et elle a été prononcée à la suite de sa condamnation à un an de prison ferme pour corruption.
01:15Ce type de sanction est automatique lorsqu'il y a condamnation.
01:18Est-ce qu'il aurait fallu faire une exception pour l'ancien président français ?
01:21C'est l'application stricte et rigoureuse de la loi et il n'y avait pas d'exception possible.
01:25Emmanuel Macron d'ailleurs avait pris position pour dire que d'après lui, par respect pour l'ancien président,
01:29il fallait essayer de trouver une solution peut-être pour contourner cette application de la loi.
01:34Mais il n'y avait pas d'interstice dans lequel s'engouffrer.
01:37C'est l'application stricte de la loi, même si c'est très amer pour Nicolas Sarkozy.
01:40C'est le deuxième chef d'État français à être privé de cette distinction.
01:44Le premier, c'était le maréchal Pétain.
01:46Certains y voient un lien indigne entre les deux hommes.
01:50Il est évident que la gravité des faits reprochés à Nicolas Sarkozy n'est pas celui du maréchal Pétain.
01:53Mais c'est encore une fois l'application stricte de la loi.
01:56Nicolas Sarkozy a été condamné par la justice française et automatiquement, il retire cette distinction.
02:01La loi s'applique même pour les anciens présidents de la République.
02:03On passe à un autre sujet maintenant.
02:07Emmanuel Macron, lui, un autre président actif, toujours en activité, qui enchaîne les gestes diplomatiques forts.
02:13Il était ce dimanche au Groenland pour soutenir le Groenland face aux visées expansionnistes de Donald Trump.
02:20Il y a deux jours, il a également pris la parole sur un tout autre sujet, le conflit entre Israël et l'Iran.
02:25Et il a apporté son soutien à Israël.
02:28On va l'écouter.
02:29Pour ce qui est de l'Iran, nous soutenons la sécurité d'Israël.
02:36Et donc, si Israël devait être attaquée dans le cadre d'une représailles par l'Iran,
02:42la France, compte tenu de ses emprises, et si elle était en situation de le faire,
02:46participerait aux opérations de protection et de défense d'Israël.
02:50Voilà Emmanuel Macron qui se dit prêt à aider l'Iran militairement si nécessaire.
02:56C'est conforme à la position diplomatique de la France, ce soutien si fort à Israël ?
03:02C'est relativement conforme à la position de la France, en tout cas de défendre le droit d'Israël à exister et le droit de se défendre.
03:07Même si Emmanuel Macron, dans les dernières semaines, a eu des positions un peu plus dures et sévères vis-à-vis du gouvernement de Netanyahou,
03:14le fait de défendre l'existence et le droit de se protéger d'Israël est relativement conforme à la position de la France,
03:18même s'il y a toujours cette envie aussi de faire respecter le droit international.
03:22Donc il y a une ligne de crête assez complexe de ce point de vue-là.
03:24Mais comment expliquer cette prise de parole à chaud le jour même du déclenchement du conflit pour afficher ce soutien ?
03:31Emmanuel Macron, effectivement, investit énormément la scène politique internationale,
03:35ce qui n'est pas très surprenant pour un président qui n'a plus de marge de manœuvre en politique intérieure.
03:39Alors par tradition, plus d'ailleurs que de la Constitution, mais par tradition,
03:42la politique extérieure est considérée comme un domaine d'action privilégié du président de la République,
03:46et d'autant plus lorsqu'il est privé d'une majorité claire et qu'il est dans une coalition extrêmement minoritaire au Parlement en France
03:53et qu'il n'a vraiment plus de prise sur la politique gouvernementale.
03:57Donc il surinvestit d'autant plus la politique internationale.
03:59Et même sur un sujet aussi clivant qu'Israël, qui pour le coup, ça ne peut pas lui coûter davantage de points,
04:04puisqu'on va le voir, il y a un sondage qui a été réalisé pour la Tribune qui explique qu'Emmanuel Macron est en perte,
04:13est en baisse dans les sondages de 5 points par rapport au mois de mai en matière de code de popularité qui culmine à 21%.
04:23Le fait de soutenir Israël aussi ouvertement, c'est un choix tactiquement viable ?
04:30De toute façon, sur un sujet clivant comme celui-ci, il provoque forcément des mécontents.
04:36Mais en fait, le fait de s'investir comme ça sur la politique internationale,
04:39il peut espérer y gagner une stature plus présidentielle et plus respectable
04:45et avoir un effet peut-être de ce qu'on appelle de ralliement autour du drapeau, d'union sacrée.
04:49Mais les Français, je pense, même s'ils ont conscience que les affaires internationales ont des conséquences sur la vie intérieure,
04:55sont plus intéressés par leurs conditions de vie et par la politique intérieure.
04:58tant que ce n'est pas une menace directe sur le territoire français,
05:02il n'y a pas forcément de réflexe d'union sacrée et de ralliement autour du président de la République
05:06lorsqu'il s'investit sur les affaires internationales.
05:08Donc c'est une façon pour lui peut-être aussi d'essayer de laisser une trace dans l'histoire
05:11et de se donner une image de garant de la politique extérieure de la France.
05:16Mais ce n'est effectivement pas une recette miracle pour regagner en popularité.
05:20Retour aux affaires intérieures justement.
05:22On passe au congrès du Parti Socialiste qui s'est achevé ce dimanche à Nancy.
05:26Olivier Faure a été réélu premier secrétaire du PS.
05:30Mais les divisions persistent, notamment sur l'attitude à adopter vis-à-vis de la France Insoumise.
05:35Le maire de Rouen et candidat malheureux au poste de premier secrétaire
05:38voulaient une rupture nette avec LFI.
05:40On va l'écouter.
05:47Il y a une ligne d'ambiguïté puisque Olivier Faure ne souhaite pas sortir de l'ambiguïté
05:53dans le rapport entre le Parti Socialiste et la France Insoumise.
05:58Nous, nous pensons qu'il est urgent, qu'il est attendu par les Français,
06:01qu'il est d'intérêt général que la gauche en général, que le Parti Socialiste en particulier,
06:06sorte de l'ambiguïté et soit clair dans son rapport avec la France Insoumise.
06:10Clairement, à l'issue de ce congrès, il y a toujours une fracture claire au sein du PS
06:14entre ceux qui ne veulent plus du tout avoir d'alliance avec les Insoumis
06:17et ceux qui préfèrent ne pas insulter l'avenir.
06:20Oui, tout à fait. Ça reste un parti très fracturé,
06:23alors même qu'on n'avait plus à voir le sentiment que ce congrès était beaucoup plus apaisé
06:26que le précédent, que celui de Marseille en 2023.
06:29D'une part parce qu'il n'y a pas eu cette fois-ci de contestation à la réélection d'Olivier Faure,
06:33même si le score est tout aussi serré qu'en 2023.
06:35Mais aussi parce que finalement, les positions s'étaient rapprochées entre la direction et ses opposants
06:39puisque ces derniers mois, le PS avait quand même clairement pris ses distances
06:44avec la France Insoumise sur le rapport au gouvernement,
06:46le fait de ne pas censurer immédiatement le gouvernement de François Bayrou
06:49et d'accepter d'entrer dans une logique de négociation et de compromis.
06:52Et aussi parce que Olivier Faure et ses soutiens avaient acté le fait que Jean-Luc Pélanchon
06:56et la France Insoumise partiraient sans doute seuls à l'élection présidentielle
06:59et la formule qu'ils défendaient maintenant, c'était une union de la gauche,
07:02de Glucksmann à Ruffin, donc évidemment de la gauche non-mélanchoniste.
07:04Donc on pouvait penser que les positions avaient convergé au sein du Parti Socialiste.
07:08Mais on voit qu'il subsiste quand même des différences non négligeables
07:11qui sont exacerbées dans ce Congrès.
07:13C'est-à-dire que pour les opposants à Olivier Faure,
07:14le rejet de la France Insoumise est vraiment une position de principe
07:17et doit être claire et définitive.
07:18Pour Olivier Faure et ses soutiens, c'est davantage un constat
07:21que la France Insoumise n'est pas prête à participer de façon honnête à une union de la gauche,
07:25mais que peut-être dans les élections municipales,
07:28il peut y avoir une considération locale qui le justifie.
07:30Éco-législative, les considérations de front républicain comme en juillet 2024
07:34face à l'extrême droite peuvent justifier encore de rechercher des convergences.
07:37Donc on voit qu'effectivement, même si la direction du PS est aujourd'hui
07:40prête à assumer ces divergences avec la France Insoumise,
07:43elle ne considère pas que c'est un mouvement avec lequel il faut interrompre définitivement
07:47toute discussion et ériger un cordon sanitaire,
07:50là où ses opposants continuent de penser qu'il faut un tel cordon sanitaire en quelque sorte.
07:54Mais on en déduit pour résumer que la gauche française est toujours condamnée à la division.
07:58Elle reste très divisée, même si de fait ce sont quand même les partisans de l'Union
08:01qui ont remporté ce congrès.
08:03Alors de justesse, même si Olivier Faure peut avoir une majorité
08:05s'il parvient à s'entendre avec notamment le courant de Boris Vallaud
08:08qui a un poids maintenant assez substantiel,
08:12mais effectivement le PS reste tout aussi fracturé qu'il l'était avant ce congrès.
08:16On passe à un sujet très médiatique qui date de cette semaine,
08:21Rima Hassan expulsée d'Israël après son expédition à bord d'un navire humanitaire en direction de Gaza.
08:27Rima Hassan, c'est donc une députée européenne franco-palestinienne.
08:31Elle a été accueillie en France comme une héroïne par de nombreux militants pro-palestiniens cette semaine
08:36et par une partie de la gauche. Est-ce que vous comprenez cet engouement ?
08:39En fait, l'importance et la centralité que prend Rima Hassan d'une certaine façon dans la politique française,
08:43c'est la rencontre entre, d'une part, une femme engagée, une militante de la cause palestinienne
08:48et d'autre part, un parti, la France Insoumise, qui a considérablement investi cette question
08:53de la défense de la Palestine depuis octobre 2023.
08:57On avait vu que pendant les élections européennes, Rima Hassan avait été énormément mis en avant,
09:02presque autant, voire plus que la tête de liste qui était Manon Aubry.
09:05Donc on voit que la France Insoumise veut vraiment faire de cette question palestinienne
09:11un marqueur identitaire du parti et revendique presque un monopole de cette question de la défense de la Palestine.
09:19Ce qui n'est pas tout à fait vrai puisque les autres partis de gauche défendent aussi la liberté de la Palestine,
09:24mais il y a des désaccords sur notamment la question de la qualification de génocide ou pas,
09:28sur la question du rapport à l'antisémitisme et de la condamnation du Hamas, etc.
09:33Et donc voilà, la France Insoumise a investi et a saisi cette personnalité
09:38qui en retour voit ici une occasion de faire progresser ces idées.
09:42Donc c'est vraiment la rencontre entre une militante et un parti politique
09:45qui a décidé d'investir à fond cette question de la défense de la Palestine.
09:49Mais lorsque Jean-Luc Mélenchon la compare à Victor Hugo, je le cite, c'était dans un tweet,
09:54Rima à Paris, c'est Victor Hugo de retour de Guernsey.
09:57Seule la secte médiatique peut croire qu'un tel événement peut être invisibilisé.
10:00C'est de la provocation ? C'est quoi ? C'est de la politique spectacle finalement, Rima Hassan ?
10:07Il y a très probablement une sincérité de sa part à elle et probablement de la part d'une grande partie des personnes qui la soutiennent.
10:15Mais c'est vrai que clairement de la part de la France Insoumise, il y a un pari
10:18qui est que c'est un sujet qui est mobilisateur pour eux, qui est mobilisateur pour une grande partie de leur électorat
10:23et qui ont décidé de jouer le clivage à fond.
10:26Alors c'est vrai que du coup ça en fait une figure extrêmement controversée
10:27parce que c'est un sujet sur lequel il y a des opinions très polarisées.
10:31Mais la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon ont fait ce pari d'investir considérablement ce sujet
10:36et de polariser autour pour mobiliser une grande partie de leur électorat.
10:41Merci beaucoup Damien Lecomte d'avoir été notre invité pour faire le tour de tous les sujets politiques
10:46qui ont occupé l'espace médiatique cette semaine.
10:52Merci à vous.
10:53Restez avec nous tout de suite, c'est le Journal de l'Afrique présenté par Fatima Tawan.