00:00Ici au cercle, il est 8h13, le malaise des pompiers de Lyon, le résultat d'un audit réalisé sur les risques psychosociaux viennent d'être dévoilés.
00:08On apprend notamment que plus de la moitié des agents sont stressés dans une ambiance dégradée à tous les niveaux.
00:14Pour en parler, Stéphane Lecire, délégué Sud 1089 pour l'intersyndicale des pompiers, répond à vos questions Thierry Boulan.
00:21Bonjour Stéphane Lecire.
00:23Bonjour à tous, merci de me recevoir dans cette radio publique.
00:25Les syndicats disent que l'ambiance est insoutenable chez les pompiers de Lyon, c'est si grave que ça ?
00:33C'est grave, il y a le feu à la maison, depuis plusieurs mois, voire quelques années.
00:39Pas faute d'avoir alerté, c'est d'ailleurs pour ça que l'administration a décidé de mandater Sécafi, une entreprise privée pour faire un audit,
00:46qui confirme ce qu'on dit depuis des mois, la maison est en train de tomber.
00:49C'est-à-dire ?
00:50C'est-à-dire qu'on a des gens en souffrance, qu'on n'a plus de direction, que la gouvernance est complètement désavouée par le personnel,
00:56que tout est compliqué, que même aujourd'hui, pour les choses simples, il nous faut un temps de réponse folle.
01:03Aujourd'hui, le service tient grâce aux hommes et aux femmes qui agitent ce service public,
01:09notamment les personnels administratifs, les pompiers volontaires et les pompiers professionnels.
01:12C'est ce qui sauve l'administration aujourd'hui.
01:14Ça veut dire qu'aujourd'hui, les interventions des pompiers se font dans de mauvaises conditions ?
01:19Tout à fait. On n'est plus en mode dégradé, on est en mode ultra dégradé.
01:23Je m'explique. On fait partir des ambulances à 1, quand elles doivent partir à 3.
01:26Certes, elles sont complétées. On fait partir des engins d'incendie à 2, alors que c'est 6.
01:31Certes, complétées. Mais on met nos pompiers volontaires et professionnels dans des situations insoutenables.
01:35Ça fait courir des risques, y compris au public auprès duquel vous intervenez ?
01:40Tout à fait. Mais parallèlement à ça, c'est la convention tripartite aussi.
01:44En fait, c'est un ensemble de choses qui fait qu'aujourd'hui, le service départemental d'incendie et de secours de Lyon ne fonctionne plus.
01:49Alors la convention tripartite, il faut expliquer. C'est une convention qui est signée entre l'USDIS, entre l'ARS et avec...
01:58L'hôpital, les ambulanciers privés. Et c'est une convention qui a été signée l'an passé, qui est renouvelable, qui sera certainement revue.
02:05Mais la problématique de cette convention, c'est pas de donner des missions aux ambulances privées.
02:09Ça, c'est tout à fait normal. Il y a des missions qui ne sont pas liées aux sapeurs-pompiers.
02:12Je prends l'exemple d'un pouce retourné, d'un transport de malades dans un hôpital. C'est pas le boulot des pompiers.
02:16Par contre, on a tellement donné... En fait, on a voulu tellement baisser les interventions qu'on a donné beaucoup trop d'interventions.
02:21Ce qui fait qu'on a joué sur deux choses. Et ça a eu deux conséquences.
02:25Surtout, la première conséquence, c'est de baisser nos effectifs professionnels.
02:28On a perdu 30 postes en quelques années. Et surtout, la motivation de nos pompiers volontaires, elle a complètement chuté.
02:32Parce qu'aujourd'hui, ils sont d'astreinte, mais ils ne partent plus.
02:35Les gens, quand vos auditeurs, quand ils font le 18, ils pensent avoir une ambulance rouge.
02:39Et ils se retrouvent avec une ambulance blanche. J'ai absolument rien contre les ambulanciers privés.
02:43Mais les délais d'intervention ne sont pas du tout les mêmes.
02:46Et quand ils font le 18, ils pensent avoir une ambulance rouge.
02:49Donc, ils nous rappellent, ils ont des trois quarts d'heure, une heure et demie d'attente.
02:52Et on a des missions comme la douleur thoracique, l'AVC, qui n'est pas prise en charge par le service départemental.
02:57Alors que ça, c'est des missions qui doivent revenir chez nous.
02:58Donc, il faut revoir cette convention pour savoir qui intervient à quel moment.
03:03Tout à fait. Et j'ai envie de vous dire, hier, la réunion qu'on a eue avec le président d'Horte, le président Bonnefond et le préfet,
03:09c'est beaucoup de paroles. Encore des paroles. C'est la chanson de Dalida. Paroles, paroles.
03:13Mais nous, on voudrait passer à l'émission de France 2, des paroles et des actes. Et on n'a pas d'actes.
03:17On a eu hier, des gens qui nous ont dit qu'ils comprenaient.
03:20On a un préfet qui est parfait, qui connaît très bien la problématique du SDIS.
03:23Un président du département qui connaît beaucoup moins, mais c'est tout à fait normal, mais qui ne comprend pas comment on peut être autant sclérosé au sein du SDIS.
03:30Qui nous a même comparé à la CAF en disant, mais c'est pire qu'à la CAF chez vous.
03:33Mais il a tout à fait raison. Il a tout compris, en fait.
03:34Et un président du CASDIS, M. Bonnefond, qui soit nous ment, soit n'est pas au courant de ce qui se passe dans sa maison.
03:40Et ça, ça nous pose vraiment un problème. D'où notre demande de changer de président.
03:43Vous écoutez ici au CR, il est 8h17. Stéphane Lecire, délégué Sud 1089 pour l'intersyndicale des pompiers, est notre invité ce matin.
03:51Alors, vous réclamez des actes. Et on entendait tout à l'heure dans le journal de 8h, M. Bonnefond, qui disait
03:56« Ben oui, il va y avoir un plan d'action, mais ça va être difficile à mettre en place avant la fin de l'été ».
04:01Eh oui, mais on entend toujours la même chose, en fait. On n'a pas rencontré pour la première fois nos décideurs hier.
04:07Le préfet, le président d'Ordre, on les a déjà rencontrés au cours de la dernière année à multe reprises,
04:12sauf le président d'Ordre, puisqu'il est président depuis 6 mois. On alerte depuis le début.
04:16Donc, on peut nous dire aujourd'hui « L'été arrive, calmez-vous, et puis on verra ça en septembre ».
04:19Mais sauf que ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on a des gens en souffrance aujourd'hui.
04:22On a des gens qui sont partis en dépression. On a des gens qui ont fait des tentatives de suicide au sein du SDIS.
04:28On est vraiment dans l'urgence, en fait. Donc, on ne peut pas attendre.
04:30En fait, moi, ce que j'ai envie de dire aujourd'hui, si je veux passer un message au président d'Ordre,
04:33c'est soit il confirme le président Bonnefond et OK, mais dans ce cas-là, il crée un grand séminaire très rapidement.
04:38La semaine prochaine, on se met autour de la table et on commence à… un peu comme une chaudière.
04:43La pression est tellement élevée qu'il va falloir la baisser rapidement.
04:45Et il y a plein d'actions qu'on peut faire assez rapidement.
04:47Soit il décide de changer de président et on fera de toute façon la même chose.
04:49Il faut à tout prix qu'on se remette autour d'une table et qu'on arrête de nous cacher tout,
04:53de nous donner aucun document. Enfin, voilà, c'est insupportable.
04:55Le président Bonnefond est là depuis un petit moment déjà.
04:58Comment le fil s'est rompu ? Puisqu'il y a eu toute une période où il n'y avait pas de problème.
05:04Alors, vous avez tout à fait raison. Le président Bonnefond, sauf erreur de ma part, il est président depuis 9 ans.
05:08Aujourd'hui, on a une direction avec un directeur départemental et un président du conseil d'administration,
05:13donc M. Bonnefond, et ce binôme-là ne fonctionne plus.
05:15Depuis un an, il y a eu beaucoup de clashs, ça ne marche plus.
05:18Donc, ça explique aussi pourquoi notre établissement public est tombé… est tombé.
05:26On entendait tout à l'heure le témoignage d'un sapeur-pompier volontaire expérimenté
05:32qui nous disait ce matin que la durée d'engagement était passée de 20 ans à 6 ou 7 ans pour les volontaires.
05:39Alors, est-ce que c'est dû à la situation dans Lyon ou est-ce que c'est dû, comme dans d'autres corps de métier,
05:43où on voit, je ne vais pas dire un désengagement, mais que les gens ont aussi d'autres affinités dans leur vie
05:49et que pour ce genre de métier très exigeant, ils demandent aussi la possibilité de souffler et où ils s'engagent moins longtemps ?
05:56Alors, soyons honnêtes, il y a déjà un effet sociétal. Il n'y a aucun problème avec ça.
06:00Sauf que nous, dans Lyon, on a en plus rajouté des contraintes supplémentaires. Je m'explique.
06:04Les pompiers volontaires ou professionnels ont des formations de plus en plus longues.
06:07Comment vous pouvez faire ? Comprendre un pompier volontaire qui va passer un temps fou, pas chez lui, à se former et pas l'engager.
06:13Comment ça peut fonctionner ? Comment ça peut fonctionner quand on paye 7 centimes de l'heure, la streinte ?
06:17Comment ça peut fonctionner quand on paye un pompier volontaire à la garde de 12 heures, entre 30 et 45 euros ?
06:23Je précise juste que le président Dort a décidé d'augmenter de 30 euros cette indemnité.
06:27C'est une chose qu'on lui avait demandé en mars et ça va être acté en début d'été.
06:33Là, il y a eu cette réunion hier. Il y a eu des promesses de fête.
06:37La suite, c'est quoi ? Est-ce que vous, syndicat, vous avez d'autres échéances, d'autres actions ?
06:45Alors, c'est assez simple. En fait, on va leur donner quelques jours quand même parce qu'il y a eu beaucoup de paroles.
06:49On ne peut pas leur enlever ça, mais les paroles ne suffisent plus aujourd'hui.
06:52Donc là, on demande clairement au président Dort soit de confirmer le président Bonnefonds
06:56et dans ce cas-là, il va falloir qu'on se mette autour de la table très rapidement, dès la semaine prochaine, pour calmer le jeu.
07:01Soit il change de président ou il met une présidente ou un président et il faudra faire de toute façon la même chose.
07:05Et si ça ne se passe pas comme ça, bien sûr qu'on va redescendre dans la rue.
07:09On va faire la même chose qu'on a fait la semaine dernière où on ne fera pas un mouvement de grève
07:12parce que c'est trop compliqué et ça nous fait baisser nos effectifs.
07:14Donc, c'est dangereux pour la population.
07:16Mais on refera une marche. On appellera les citoyens à venir nous aider.
07:18Il faut qu'on avance de toute façon. On ne va pas attendre.
07:21On ne va pas passer l'été tranquillement et se revoir au 1er septembre.
07:23Donc, vous attendez une réunion. On a bien compris.
07:26La semaine prochaine.
07:26à nouveau pour acter les choses et pour avoir un calendrier plus précis.
07:32Merci Stéphane Lecir.
07:33Est-ce que je peux juste rajouter un petit point ?
07:34Vraiment, très très rapidement.
07:36Ok, très rapidement. Je veux dire aujourd'hui que je suis triste parce que j'ai un pompier professionnel
07:38qui ne va plus être pompier, qui s'est réveillé ce matin pompier.
07:41Et qui, ce soir, va signer son arrêté de radiation parce qu'il a fait une faute,
07:44qui mérite une sanction.
07:45Mais pour vous donner l'état du SDIS, c'est aujourd'hui, on met les gens à la porte,
07:48on fait des punitions à tour de bras, on veut casser du personnel.
07:51Donc, si j'ai un message à passer au président Bonnefond, qui est encore président du SDIS,
07:54c'est qu'il ne fasse pas signer ce document aujourd'hui et qu'on se mette autour de la table
07:57pour mettre une sanction claire, nette et précise en lien avec la faute professionnelle.
08:01Le message est passé. Merci Stéphane Lecir, délégué Sud du SDIS 89.