Au lendemain du meurtre au couteau de Mélanie G. par un élève du collège de Nogent (Haute-Marne), le procureur de la République de Chaumont, Denis Devallois, fait le point sur l’enquête.
00:00En garde à vue, l'intéressé se montre détaché, tant au regard de la gravité des faits reprochés que des conséquences vis-à-vis de lui-même.
00:12Il ne manifeste au demeurant aucun signe évoquant un possible trouble mental.
00:19Il reconnaît être l'auteur du passage à l'acte, mais ne l'explique pas véritablement.
00:24Il n'exprime pas de regrets ni aucune compassion pour les victimes.
00:34Il fait part d'une certaine fascination pour la violence et la mort, ainsi que pour les personnages les plus sombres des films ou des séries télévisées.
00:44Il est adepte de jeux vidéo violents, sans pour autant être addict à ses jeux selon ses propres termes et selon les déclarations de ses parents.
00:52Il utilise peu les réseaux sociaux.
00:56D'une manière générale, ce jeune homme apparaît en perte de repère quant à la valeur de la vie humaine, à laquelle il ne semble pas attacher une importance particulière.
01:06Il est décrit comme sociable et plutôt comme un bon élève.
01:12Intégré à la vie de son établissement, il est d'ailleurs référent anti-harcèlement depuis plusieurs années.
01:17Il est issu d'une famille, unie et insérée professionnellement.
01:22Aucun membre de sa famille, ni lui-même, ne présente d'antécédents judiciaires.
01:28L'enquête a établi qu'il avait fait l'objet de deux sanctions disciplinaires en novembre et décembre 2024.
01:35Une pour avoir porté des coups de poing à un camarade de classe.
01:39Une autre pour avoir frappé un élève de sixième.
01:41Il a indiqué aux enquêteurs avoir voulu s'en prendre à une surveillante, sans cibler en particulier l'une d'entre elles.
01:49Dans l'établissement, il n'y a que des dames qui exercent cette fonction.
01:54Il ne ciblait donc pas particulièrement la victime, madame Mélanie G.
01:59Il indique avoir agi ainsi parce qu'il ne supportait plus le comportement des surveillantes en général, qui auraient eu, selon lui, une attitude différente selon les élèves.
02:10Il ne peut pas toutefois relater précisément les événements qui expliqueraient ses sentiments d'injustice subie et de colère.
02:18Il établit peut-être lui-même un lien entre le fait d'avoir été sermonné par une surveillante vendredi 6 juin alors qu'il embrassait sa petite amie au sein du collège.
02:31Il précise que cette surveillante n'est pas celle qui sera sa victime le mardi 10 juin.
02:37A la suite de cet incident de vendredi, il déclare avoir ressassé, dès le lendemain, samedi 7, le projet de tuer une surveillante et, selon ses propres termes, n'importe laquelle.
02:51Il précise d'ailleurs avoir, mardi matin, après le petit déjeuner, pris le plus gros couteau qui se trouvait à son domicile pour, selon ses propres termes, faire le plus de dégâts.
03:04Malgré les soins prodigués par les secours, la victime est décédée sur place à 10h10.
03:11L'autopsie, pratiquée ce jour, a mis en évidence 7 plaies, situées principalement sur le côté gauche de la victime.
03:192 lésions de défense au niveau des mains, 1 plaie au niveau du crâne, 2 plaies au niveau des épaules, 2 plaies dans le dos, dont une, à l'origine du décès, d'une profondeur de 18 cm.
03:31La victime était âgée de 31 ans. Elle est exercée en qualité de surveillante ou d'assistante d'éducation, pour reprendre le terme consacré, depuis la rentrée de septembre 2024.
03:44Elle est décrite par tous les témoignages comme une personne particulièrement appréciée, notamment dans l'exercice de sa profession.
03:52Elle était maman d'un jeune enfant de 4 ans.
03:53Les gendarmes étaient présents sur les lieux à l'entrée des classes, parce qu'ils procédaient à une opération de contrôle aléatoire des sacs des élèves,
04:03afin de découvrir d'éventuelles armes blanches.
04:06Et une opération similaire avait eu lieu au collège de Nogent le 25 avril 2025, sans qu'aucune arme n'ait été découverte.
04:15On ne peut que s'imaginer avec effroi ce qu'il aurait pu advenir si les gendarmes n'avaient pas été présents, mardi 10 juin, devant cet établissement.