Une invitation à Paris pour relancer un dialogue bloqué en Nouvelle-Calédonie: Emmanuel Macron va réunir indépendantistes et loyalistes à partir de la mi-juin, après l'échec des récentes négociations sur l'avenir institutionnel de l'archipel, frappé en 2024 par des violences insurrectionnelles. Mais pour Sonia Backès, présidente de la Province Sud de Nouvelle-Calédonie, «il faut arrêter de diviser les populations».
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00:00Et vous êtes une élue inquiète ce matin. Vous suspectez, Manuel Valls et le gouvernement, de vouloir abandonner la Nouvelle-Calédonie.
00:08C'est entre ces termes que ça se présente ?
00:10Alors je ne suspecte pas, puisque Manuel Valls n'est pas le gouvernement. Manuel Valls, seul et j'y reviendrai, a proposé, là je cite,
00:19« complétude de la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, avec un transfert de toutes les compétences régaliennes, une nationalité calédonienne, un statut international de pleine responsabilité ».
00:28Donc l'indépendance, malgré trois votes des Calédoniens contre l'indépendance, mais considérant que comme un certain nombre, une minorité a tout cassé,
00:36eh bien il faut lâcher à cette minorité l'indépendance. Donc il est heureusement à ce stade très isolé dans cette proposition,
00:43mais on s'interroge de comment le numéro 3 du gouvernement peut arriver en Nouvelle-Calédonie et proposer ça.
00:48C'est-à-dire que vous suspectez qu'il ait ce mandat, cette véritable mission, ce mandat du président de la République ?
00:54Non, nous savons aujourd'hui qu'il n'a pas ce mandat du président de la République. Le président de la République n'avait pas connaissance de ce projet.
01:02Il a d'ailleurs invité toutes les forces calédoniennes pour, je cite, « clarifier la situation ».
01:08Un certain nombre de membres du gouvernement, vous l'avez dit, le ministre de l'Intérieur a envoyé François-Xavier Bellamy,
01:14le numéro 2 des Républicains en Nouvelle-Calédonie, pour affirmer que si Manuel Valls s'entêtait dans son projet,
01:19ça pourrait remettre en cause leur participation au gouvernement. Donc il n'est pas suivi, mais ça n'empêche qu'il est arrivé en proposant
01:26rien de moins que d'abandonner une partie du territoire national sans aucun mandat et en positionnant la négociation avec les indépendantistes
01:34dans une situation impossible, puisqu'on leur offre l'indépendance, comment voulez-vous qu'ils fassent marche arrière ?
01:39Ça veut dire très concrètement que le projet que vous craignez, c'est que la Nouvelle-Calédonie soit plus française ?
01:44Tout simplement, puisqu'effectivement c'est le projet de Manuel Valls, c'est-à-dire que c'est l'indépendance.
01:48Il nous dit « ne vous inquiétez pas, il y aura un pacte d'interdépendance avec la France, donc vous garderez un lien ».
01:54Mais ça pose une question même à l'échelle nationale. On a voté trois fois « non » et en fait on a un ministre numéro 3 du gouvernement
02:01qui dit « en fait ce n'est pas grave, les gens ont tout cassé, donc on revient sur ce résultat ».
02:05Qu'est-ce que vous dites à ceux qui n'excluent pas un quatrième référendum ?
02:09Allez, le premier référendum, le deuxième référendum, le troisième référendum, ils ont mal voté.
02:13Vous savez, on connaît ça, ils ont mal voté, le résultat, on peut organiser un quatrième référendum.
02:20Non mais c'est surprenant qu'on puisse imaginer ça, c'est-à-dire quand est-ce que ça s'arrête ?
02:23Quand est-ce que les Calédoniens, on respecte tout simplement leur vote ?
02:28Ils ont voté trois fois en plus dans des conditions extrêmement défavorables au camp de la France
02:32puisque les Canacs pouvaient être inscrits automatiquement sur les listes et pas les autres
02:36puisqu'il fallait être arrivé avant 1994 pour pouvoir voter aux trois référendums.
02:42Les conditions étaient très défavorables et malgré ça, on a gagné trois fois
02:45et on nous dit « non mais comme ce n'était pas comme ça que c'était prévu, on va vous en faire un quatrième ».
02:50À un moment donné, il faut que ça s'arrête, il faut que la Calédonie se reconstruise
02:53et il faut arrêter de diviser les populations parce que les référendums,
02:56finalement, ils ne font à chaque fois qu'opposer les populations avec des enjeux identitaires forts.