Le directeur de l’observatoire de l’immigration et de la démographie Nicolas Pouvreau-Monti était invité de Face à l’Info sur CNEWS ce jeudi 5 juin. «80% des afghans qui demandent l’asile l’obtiennent, a-t-il affirmé. C’est 60 fois plus qu’il y a 20 ans (...) Il y a au moins 100 000 Afghans en France».
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00En effet, pour la première fois, l'étude de Didier Leschi propose une estimation du nombre d'Afghans qui vivent aujourd'hui en France.
00:07Et dans ce cadre-là, on a effectivement évalué avec lui de manière très prudente et minimaliste qu'il y a au moins 100 000 Afghans aujourd'hui sur le territoire français.
00:15Et effectivement, il faut prendre la mesure de la rapidité avec laquelle cette communauté s'est constituée.
00:19C'est-à-dire que si on regarde les chiffres de l'INSEE, on se rend compte qu'en 2007, il y avait à peine 1 600 Afghans sur le territoire français.
00:25Donc ça veut dire qu'en moins de 20 ans, vous l'avez dit tout à l'heure, le nombre d'Afghans en France a été multiplié par 55, par 60, sans qu'il n'existe aucun lien historique particulier entre la France et l'Afghanistan.
00:36Et de ce point de vue-là, les Afghans font désormais partie des dix principales nationalités qui bénéficient aujourd'hui en France des titres de séjour en cours de validité.
00:46Alors cette immigration très rapide, très nombreuse, il faut le dire, elle est d'abord et avant tout liée aux droits d'asile.
00:51La quasi-totalité, 96% des premiers titres de séjour qui ont été accordés à des Afghans l'an dernier, l'ont été pour motif humanitaire, contre 0,2% pour motif économique.
01:02Les Afghans sont globalement, depuis 2018, la première nationalité qui demande l'asile en France.
01:07Par exemple, on a deux fois plus d'Afghans que de Syriens en France, contrairement à d'autres pays européens.
01:11Et contrairement à une idée reçue, ce que Didier Leski, dans l'étude, appelle la ruée afghane vers l'Europe, n'est en fait pas liée à la reprise du pouvoir par les talibans à l'été 2021.
01:22Elle a commencé dès 2015, lorsque le gouvernement allemand d'Angela Merkel a décidé de suspendre les règles de Schengen pour, à l'époque, accueillir largement les demandeurs d'asile,
01:32et en particulier les demandeurs syriens, puisque c'était le contexte de la guerre en Syrie.
01:35Mais en prenant cette décision, il y a une route migratoire qui s'est ouverte vers l'Europe, une fenêtre d'opportunité,
01:41dans laquelle se sont engouffrés d'autres populations que les Syriens, et donc spécialement les Afghans.
01:47Dans ce contexte, la France, en Europe, s'est rendue spécialement attractive pour les Afghans,
01:53y compris plus que des pays qui, pendant longtemps, ont été spécialement concernés, la Suède, le Danemark, même l'Allemagne,
01:58qui ont tous resserré leurs critères d'accueil.
02:01À quoi cela tient ?
02:02Ça tient d'abord au très fort taux de protection des Afghans en France.
02:06C'est-à-dire qu'on a environ 80% des Afghans qui déposent une demande d'asile en France,
02:12qui obtiennent finalement l'asile.
02:13À titre de comparaison, en Suède, c'est 40%, c'est-à-dire deux fois moins.
02:18Et c'est ainsi qu'on est arrivé à ces 100 000 personnes en France,
02:21qui sont présentes globalement sur l'ensemble du territoire national.
02:23Parce que, du fait de la politique de répartition des demandeurs d'asile,
02:27qui est pilotée par l'État, il y a évidemment des Afghans à Paris ou en Ile-de-France,
02:31mais il y en a aussi, dans un ensemble improbable, de villes petites et moyennes.
02:35Il y a des communautés afghanes à Vannes, à Colmar, à Aurillac ou à Châteauroux, par exemple.