00:04Bonsoir à toutes et à tous, c'est le jour d'après, le jour d'après, les premières réponses sur la plateforme d'inscription post-bac Parcoursup.
00:122 millions à 670 000 propositions ont été envoyées aux candidats émanant d'établissements d'enseignement supérieur, publics et privés, dont les vôtres.
00:22Fabrice Bardach, bonsoir.
00:23Bonsoir.
00:24Vous êtes le vice-président du groupe Ionis Éducation, 28 écoles privées. Est-ce que vous avez un premier bilan à nous livrer ?
00:33Alors là, on en est vraiment au tout début. On a envoyé, nous, de notre côté, plusieurs milliers d'acceptations. Les réponses des étudiants commencent à arriver.
00:44On est dans une période où c'est toujours un peu challengeant pour tout le monde, pour les étudiants comme pour les écoles.
00:49Est-ce que vous avez reçu davantage de demandes que vous n'avez de place aujourd'hui dans vos 28 écoles ?
00:54Non, non, parce qu'on essaie quand même de calibrer les offres aux places qui sont disponibles réellement dans l'école.
01:02Alors, je vois que sur 3 millions d'étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur l'an dernier, un quart était inscrit dans le privé.
01:09C'était 12% seulement en 2000. Comment est-ce que vous l'expliquez ?
01:14Par plusieurs raisons. D'abord parce que le privé est devenu une institution qui est parfois en qualité comparable à ce qu'on peut trouver dans le public.
01:28Donc ça s'est amélioré, en tout cas.
01:30Enfin, sur certaines écoles.
01:31On reviendra sur...
01:32Et surtout, il y a un phénomène qui est venu accentuer le nombre d'étudiants, c'est la gratuité qui a été amenée par l'apprentissage.
01:42Et ça ?
01:42Et là, c'était tout à fait nouveau puisque pour la première fois dans l'histoire de l'éducation supérieure, d'une certaine manière, certains établissements privés sont moins chers que le public.
01:53Ce qui n'est pas votre cas puisque vous ne faites pas énormément d'apprentissage, d'après ce que j'ai compris.
01:58Donc c'est un système qui favorise l'enseignement privé.
02:02Mais vous, que vous avez décidé de ne pas mettre en place, est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous avez décidé dans vos 28 écoles, des écoles d'ingé, écoles de commerce, où il pourrait y avoir de l'apprentissage, pourquoi vous avez décidé de ne pas le mettre en place ?
02:15Non, là je corrige, je corrige parce qu'on a de l'apprentissage également dans nos écoles. En plus, c'est une nécessité pour un certain nombre d'étudiants.
02:22Disons qu'on ne commence pas nos parcours par de l'apprentissage.
02:27Ce qui est le cas parfois de vos concurrents ?
02:29Parfois, parfois. Ce n'est pas le plus souvent parce que lorsque un jeune homme ou une jeune fille sort de terminale pour le présenter à l'entreprise et pour que l'entreprise accepte une espèce de temps partiel de travail avec quelqu'un qui ne sait encore rien faire dans l'entreprise
02:44et qu'elle paye pour ça, ce n'est pas si facile que ça de le trouver.
02:48Ce que je comprends Fabrice Bartèche, c'est que vous, vous ne préconisez pas l'apprentissage juste après le bac en gros.
02:54Non, non, non, certainement pas.
02:55Alors il y a quelques mois sortait le livre Le Cube de Claire Marshall qui dénonçait les dérives de l'enseignement privé, de grands groupes privés dans lesquels ont investi des fonds d'investissement.
03:06Est-ce que le retentissement de cette enquête vous a causé du tort ?
03:09Non, non. Je dirais plutôt qu'il y a peut-être une différence qui a pu se faire entre certains groupes privés et d'autres, mais pas du tout.
03:17Je crois que l'enquête a été focalisée sur certaines pratiques, sur certains établissements.
03:22Je crois que même sur le groupe qui était concerné, les étudiants ont su faire la différence entre les pratiques qui étaient dénoncées à juste titre
03:32et les écoles qui pratiquaient autrement, même à l'intérieur de ce groupe.
03:36Notamment subventionnés par des aides d'État grâce à l'apprentissage, des formations pas toujours diplômantes, surpeuplées, des machines à cash.
03:47C'est donc absolument pas le cas ?
03:49Les machines à cash, je ne suis même pas sûr que même dans l'établissement concerné ce soit le cas.
03:54En tout cas, ce n'est pas du tout le modèle. Vous êtes plutôt un groupe familial.
03:57Il n'y a pas du tout. Il n'y a pas de fonds d'investissement. Et ça change, en gros, ça change le contenu des formations aussi.
04:04Voilà. Et à nos yeux, on est très traditionnalistes dans nos formations.
04:08C'est-à-dire que pour nous, un jeune homme, une jeune fille qui rentre chez nous, ce sont des personnes qu'on doit en même temps former à un métier,
04:16mais qu'on doit également, d'une certaine manière, entre guillemets, éduquer.
04:19Et pour les éduquer, il faut qu'ils soient là. S'ils ne sont pas là, on ne peut pas faire ce boulot.
04:24Donc pas d'apprentissage, on revient bien.
04:25Il y a quand même toute une partie de la formation qui se fait à travers la vie associative, à travers la participation à des événements généreux,
04:36à travers des manifestations sportives, à travers une collaboration informelle qui se passe entre étudiants.
04:43Il y a des gens qui restent au campus.
04:44Il y a des années, j'ai connu, je vous assure, des étudiants qui passaient les soirées, qui passaient les périodes de Noël au campus,
04:55s'ils étaient au-delà de leur famille, ils trouvaient une chaleur sur place.
05:00Donc ça veut dire, si je vous comprends bien Fabrice Bardèche, qu'il ne faut pas, en tout cas, c'est votre modèle,
05:06vous ne dites pas qu'il faut faire comme ça, il ne faut pas généraliser, mais en tout cas, vous,
05:09ce n'est pas d'apprentissage au début et pas d'apprentissage non plus à travers un écran.
05:14Et ça, c'est important.
05:15Donc il y a des cours en physique.
05:17Non, mais ça peut rendre des services aussi.
05:18On a été très contents de faire ça pendant le Covid.
05:21Oui, mais pas maintenant.
05:23Maintenant, non, on essaye d'éviter.
05:25Alors, reconnu par l'État, j'ai vu qu'il y avait donc formation reconnue par l'État,
05:29ça ne suffit pas, ça ne suffit pas à faire le tri quand on est parent et qu'on veut évidemment le meilleur pour son enfant.
05:35C'est déjà une chose, c'est déjà une chose.
05:36Ce qui aide beaucoup à faire le tri, ce sont quand même les formations qui sont évaluées par des grandes conférences.
05:42Soit la CEFDG, soit la CTI, soit HCRES.
05:48Reconnue par CEPER.
05:50Voilà, c'est-à-dire reconnue par des organes qui sont exigeants, ou la conférence des grandes écoles,
05:56véritablement pour les formations, pour la recherche, pour l'international,
06:00pour le dispositif mis en place, pour la qualité de l'enseignement.
06:03Et là, je pense que ça, c'est déjà un bon repère.
06:06Est-ce que le fait qu'il y ait de plus en plus d'inscrits aussi dans le privé,
06:12ne montre pas aussi que c'est de plus en plus difficile de se reconnaître dans les formations parfois dispensées à l'université ?
06:21On ne voit pas toujours à quel métier ça va nous mener.
06:23Est-ce que vous faites un travail que parfois le secteur public ne fait pas ?
06:28Mais c'est vrai, c'est vrai qu'il y a une recherche du public de l'efficacité.
06:34Je parle des jeunes, quand ils cherchent une formation, ils cherchent une efficacité,
06:38c'est-à-dire avoir un métier derrière.
06:40Mais pas tous.
06:41Il y en a beaucoup qui s'engagent dans les formations par idéalisme, par envie, par curiosité.
06:47Et c'est bien.
06:47Et c'est bien, c'est bien.
06:49Heureusement, parce que l'État fait un travail que seul l'État peut faire.
06:54Si l'État fait...
06:55C'est peut-être que vous, vous ne le faites pas, vous, ça ?
06:57On fait notre part de recherche, mais notre recherche, elle s'inscrit toujours dans un aspect utilitaire.
07:03Alors, dernière question, justement, concernant cet aspect utilitaire,
07:06est-ce que vous avez mis en place dernièrement des nouvelles formations
07:09pour être en adéquation avec les métiers de demain ?
07:12Par exemple, ce qui occupe tout le monde aujourd'hui, bien sûr, c'est l'intelligence artificielle.
07:15Aujourd'hui, on a créé un centre d'études pour l'intelligence artificielle
07:19qui permet de former à la fois tous nos personnels, nos étudiants,
07:24et de prendre cette pratique à notre compte pour faire progresser tout le monde,
07:30y compris les étudiants, y compris les professeurs,
07:32et se servir positivement de l'IA.
07:35Je pense que c'est la seule façon de l'aborder, parce que de toute façon, elle est là.
07:37Merci beaucoup Fabrice Bardèche, vice-président du groupe Ionis Education.
07:42Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.