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00:00Et on parle donc de mode éphémère, de fast fashion avec notre invité ce matin.
00:04C'est le fait de fabriquer des vêtements en grande quantité à l'autre bout du monde
00:07et ce sont des produits qui sont ensuite vendus à petit prix chez nous.
00:11Bonjour Guillaume Recorbet.
00:13Bonjour David.
00:13Vous avez créé à Saint-Etienne une marque made in France, fabriquée en France,
00:17qui s'appelle Signé Clovis.
00:19On parle de fast fashion parce que les sénateurs examinent une loi aujourd'hui.
00:22On va y revenir, mais pour bien comprendre votre position,
00:25on va peut-être commencer par votre marque.
00:26Donc justement, l'ambition de Signé Clovis, c'est de faire du fabriqué en France.
00:31Est-ce que c'est facile à faire sur le marché du textile aujourd'hui ?
00:35Est-ce que c'est facile à faire ?
00:37Il faut déjà trouver les bons fournisseurs.
00:39Ça a été quand même un travail préliminaire qui a été nécessaire et important.
00:43Des fournisseurs de chemise en France, ça ne court pas les rues.
00:47Les difficultés, effectivement, elles sont techniques en fait, c'est ça ?
00:50Elles sont techniques et c'est un véritable savoir-faire la chemise.
00:52En fait, une couturière entre guillemets classique pour qu'elle puisse se spécialiser en chemise,
00:56il faut qu'elle se forme un an et demi avant d'être réellement efficace.
01:00Donc, ce n'est pas tous les matins qu'on va creuser déjà des couturiers et des couturières de qualité
01:03et ensuite qu'ils soient spécialisés en chemise avec des machines spécialisées en chemise et ainsi de suite.
01:08Alors, ce qui revient souvent quand on parle des produits français de qualité,
01:12c'est le prix, naturellement.
01:14Vous connaissez ce débat-là.
01:15La chemise que vous portez d'ailleurs, pour les téléspectateurs, téléspectatrices,
01:20elle coûte plus de 100 euros.
01:22Quand on va dans certains magasins, sur certains sites,
01:25effectivement, on en trouve pour quelques dizaines d'euros.
01:28Il en faut pour tous les porte-monnaies ?
01:31Pour le coup, il en faut pour tous les porte-monnaies.
01:33On va en gros de 15 euros à peu près à 1000 euros sur la chemise.
01:36Donc, on a un ratio quasiment x 100.
01:39Moi, je suis malheureusement à peu près 10 fois plus cher que la chemise la moins chère
01:42et notamment de l'ultra fast fashion dont on va parler.
01:45Accessoirement, je paye à peu près 10 fois plus de TVA aussi que ces personnes-là, ces entreprises-là.
01:50Mais oui, c'est une heure et demie, une chemise à monter.
01:52Donc, une heure et demie, en fait, si on veut offrir un salaire décent à un ouvrier,
01:56un ouvrier ou une ouvrière qui puisse se permettre d'acheter lui-même ou elle-même du Made in France,
02:00du fabriqué en France, une heure et demie, il faut les payer.
02:03Alors, vous auriez bien eu besoin d'une loi ou d'un projet de loi véritablement ambitieux
02:09pour essayer de vous épauler dans cette démarche-là.
02:13Ce qu'on constate, c'est que le texte qui arrive au Sénat aujourd'hui sur l'ultra fast fashion,
02:18cette mode éphémère, a été, son mauvais jeu de mots, un peu détricoté ces derniers jours.
02:24Ça a trop changé, c'est trop loin de la réalité, trop loin de l'ambition réelle qu'il y avait à la base ?
02:30En plus, à la base, c'est un député, Vermorel Marquez, du Nord-Ligérien,
02:36qui était co-créateur de cette loi, qui avait été voté à l'unanimité,
02:40il faut le rappeler aussi, par l'ensemble des députés.
02:43Donc, à croire que l'ensemble de ces députés-là n'avaient pas eu la...
02:46Il était assez visionnaire, il avait fait une loi qui était un non-sens économique.
02:51Et visiblement non, mais ça a été un an plus tard, remis en cause au mois de mars par nos sénateurs.
02:57À l'origine, l'objectif de la loi, l'objet de la loi, c'était de viser l'ultra fast fashion,
03:01mais aussi la fast fashion.
03:03Et c'est la fast fashion qui a commencé à casser l'ensemble de nos entreprises
03:06et l'ensemble de nos marques, des camailleux et autres,
03:09dont on parle depuis plus de dix ans maintenant,
03:11qui sont en souffrance et qui coulent les unes après les autres.
03:13Et la dernière dont j'ai entendu parler, c'est Café Coton,
03:15la marque leader de la chemise,
03:17que tous les hommes entre 40 et 50 ans ou 60 ans connaissent par cœur.
03:22Bon ben voilà, liquidation judiciaire il y a à peu près quatre semaines.
03:24Donc, ça continue en fait.
03:27Et malgré ça, on a des sénateurs qui détricotent la loi
03:30et qui vont viser uniquement l'ultra fast fashion
03:32et qui vont même vider une partie de la loi, des impacts de la loi,
03:36notamment la réglementation sur les publicités,
03:39pour faire en sorte que l'économie continue de tourner
03:42malgré la casse sociale qu'on génère en France.
03:44Et ce qui est décevant également, disent certains,
03:47c'est le côté protection de l'environnement.
03:51Là aussi, on a abandonné des idéaux assez forts.
03:54Oui, oui, alors je crois que la semaine dernière,
03:56déjà on a eu des votations de nos députés qui étaient assez alarmantes.
04:01Mais sur le textile, on parle de quasiment un dixième
04:04des émissions de CO2 mondiales dans le monde, pardon,
04:07qui sont émises par l'industrie textile.
04:1010%, on est entre 8 et 10%.
04:12Je ne sais pas si de l'autre côté du micro,
04:15les gens arrivent à se rendre compte.
04:16C'est faramineux.
04:18Et Cheyenne aurait doublé ses émissions de CO2
04:20en moins d'un an, entre 2023 et 2024.
04:23Donc on est sur une production exponentielle
04:25des émissions de CO2.
04:27Donc on court vers un objectif,
04:29en théorie, qu'on souhaite éviter.
04:31Cheyenne, c'est cette fameuse plateforme
04:32qui est vraiment symbolique de cette ultra fast fashion.
04:37Si je vous comprends bien, cette loi qui va être évoquée aujourd'hui au Sénat,
04:43peut-être la meilleure des choses, ce serait de ne pas la voter
04:45et de repartir de zéro.
04:46Elle ne va servir à rien, cette loi.
04:49Concrètement, elle ne va servir à rien, déjà,
04:50parce qu'il manque du contenu qui devra être validé par décret.
04:54Donc c'est toujours à postériori que le contenu réel va apparaître
04:56ou ne pas apparaître.
04:59Elle n'est pas suffisante, ça c'est indéniable.
05:01Après, est-ce qu'on a l'impression de faire un pas en avant
05:03en rédigeant ce genre de loi
05:04et en mobilisant autant de députés et de sénateurs ?
05:07Je me suis remémoré un discours de politique générale
05:10de notre Premier ministre François Bayrou,
05:12c'était au mois de janvier 2025,
05:15où à l'époque, c'était limpide dans son esprit
05:17et dans l'esprit de nos décideurs,
05:19il fallait relancer des filières en France,
05:21notamment en fonction de celles qui étaient
05:23en déséquilibre de balance commerciale.
05:25Bon, la filière textile,
05:278% des émissions de CO2,
05:29elle nous coûte 10 milliards d'euros par an,
05:31je pense que c'était déjà suffisant
05:32pour se dire qu'il fallait faire quelque chose
05:34et malheureusement, ce ne sera peut-être pas en 2025.
05:36La marque signée Clovis avec un magasin à Santé.
05:40Rue de la République, qui peut signer la République.
05:41Si vous voulez aller faire un petit tour
05:43pour découvrir ses chemises,
05:45Guillaume Recordé, vous l'avez créée,
05:46cette marque 100% made in France,
05:49fabriquée en France.
05:51Et donc, étiquette de la Loire, étiquette de Santé.
05:52Exactement, très stéphanoise.
05:54Merci d'avoir parlé ce matin de cet enjeu particulier,
05:57cette fast fashion, la mode éphémère.
05:59Merci d'être venu jusqu'à nous et bonne journée.
06:01Merci à vous.
06:02Ici Saint-Etienne-Loire,
06:04jusqu'à 9h,
06:05ici matin.