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Du lundi au jeudi, passez la soirée avec Lara et son équipe sur FUN Radio !

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😹
Amusant
Transcription
00:00Ça s'est passé chez Lara Bell Rose & Friends sur Fun Radio.
00:04Qu'est-ce que c'est que ces discussions extra, hyper intéressantes qu'on a alors qu'on est en musique ?
00:09C'est très difficile de... quoi ? Alors pendant la musique on ne se parle pas ?
00:13Non, il ne faut pas se parler.
00:15Mais surtout quand on a des invités qui ont une vie aussi trépidante, aussi incroyable, avec plein d'anecdotes.
00:21Dino, tu as posé une question à notre ami Grégory Schmitt, médecin légiste, le jour, drag queen, la nuit.
00:26Et à Denis Gouman, le juge extraordinaire, belge, que tout le monde aime et adore.
00:31Dino, c'était quoi ta question ? Je ne sais plus.
00:33Quelle question ? Tu parles sur les attentats ?
00:36Ah !
00:36Non, c'est une sorte sur quoi qu'on parlait.
00:38Quelle question ?
00:38On veut savoir si par rapport à Grégory...
00:42Pourquoi on meurt souvent à la toilette ?
00:43Ah oui, la première question c'était ça.
00:46C'était ça ta question Dino ? Est-ce qu'on meurt souvent à la toilette ?
00:49Aux toilettes ?
00:50Et le fait qu'il n'y avait plus rien qui le touchait effectivement.
00:53C'est ça la question que je lui posais, c'était est-ce que le sang, les corps, les organes,
01:00un visage défiguré par un accident, est-ce que ça ne te touche pas ?
01:04Comment tu fais pour vivre avec ça ?
01:06Comment être désensibilisé par rapport à ça ?
01:08Non, ça ne me touche pas du tout dans le sens où moi quand j'ai le corps devant moi,
01:13au moment où il est devant moi, ce n'est plus un corps pour moi.
01:15C'est un objet d'expertise.
01:16Et donc je dois répondre à des questions, aux questions que le magistrat me pose,
01:21savoir de quoi la personne est morte, comment elle est morte.
01:24Et donc voilà, moi je suis concentré sur ça.
01:27Et donc je ne pense pas au fait que c'est une personne, je ne pense pas à tout son vécu avant.
01:32Et je regarde juste le corps tel qu'un objet d'expertise.
01:35Mais ça n'empêche pas le respect qu'on doit au corps, ça n'empêche pas le respect qu'on doit à la personne.
01:42Et puis il faut se rendre compte aussi que quand moi j'arrive sur place,
01:45d'abord un, je sais sur quoi je vais arriver.
01:47Souvent c'est le procureur du roi qui m'appelle et me dit
01:50« Voilà, on a retrouvé un corps d'une personne pendue,
01:52on a retrouvé un corps d'une personne dans le canal, etc. »
01:56Donc je sais ce que je vais voir.
01:59À l'inverse des policiers qui quand ils ouvrent une porte,
02:01ils ne savent jamais ce qu'ils vont voir.
02:04Déjà, je n'ai pas ce stress-là.
02:06Et puis quand j'arrive sur place,
02:08les policiers ont fait un périmètre d'exclusion judiciaire.
02:11Ils ont éloigné la famille.
02:13Et donc je n'ai pas de contact, à ce moment-là en tout cas, avec les proches.
02:16Du coup je n'ai pas l'affect, je n'ai pas toute l'histoire.
02:18Et donc j'arrive sur place,
02:20c'est des policiers que je connais,
02:21je suis avec la police scientifique, on se connaît depuis longtemps aussi.
02:24Et donc on parle de tout et de rien,
02:26on rigole.
02:27Et ça nous permet de faire notre travail consciencieusement,
02:31mais en même temps de prendre le recul nécessaire
02:32pour ne pas craquer à chaque fois qu'on voit un corps.
02:37Ce ne serait pas tenable.
02:38C'est ce qu'on essaie de bien expliquer dans le livre,
02:40si je me permets juste de spécifier ça,
02:43c'est vraiment expliquer le rôle,
02:45Grégory parlait de périmètre d'exclusion judiciaire.
02:47En fait j'explique dans le livre véritablement
02:50toutes les différentes phases de l'enquête.
02:53Parce que parfois on a l'impression,
02:54quand on voit des séries, des experts ou d'autres livres,
02:57d'ailleurs où le médecin légiste fait la présence de faire tout,
02:59de résoudre tous les crimes, etc.
03:01Ce n'est pas vraiment ça.
03:02Donc j'explique d'abord, dans tout le début du livre,
03:06de manière assez didactique j'espère,
03:07vraiment le rôle de chacun, le policier qui enquête,
03:11avec un chef d'enquête qui est le procureur du droit
03:13ou le juge d'instruction,
03:14qui demande à un médecin légiste de se rendre sur les lieux,
03:16c'est ce que Grégory expliquait à l'instant,
03:18pour pouvoir déterminer s'il s'agit ou non d'un décès suspect ou non,
03:22meurtre ou pas par exemple.
03:24Et donc c'est vraiment expliquer toutes ces phases-là
03:26pour que les gens comprennent bien,
03:28finalement pour qu'ils soient au cœur d'une enquête
03:29et qu'ils comprennent bien comment se déroule une enquête
03:32en réalité, vraiment le plus proche possible de la vérité du terrain.
03:37Parce que ça me semble important,
03:38dans un souci d'explication aussi,
03:40pour que les gens qui regardent parfois des séries,
03:43qui ont une vision tronquée,
03:44ou à l'américaine parfois,
03:46des séries et de la réalité,
03:49et en fait non,
03:50il y a vraiment toute une série de rôles
03:52que chacun doit garder,
03:54et donc c'est ça qu'on explique dans le livre,
03:56en racontant toutes ces enquêtes,
03:57que ce soit ce que Grégory disait
04:00pour les scènes de crime.
04:03Et aussi, ça on l'indique aussi,
04:05le rôle du médecin légiste est aussi
04:07d'expertiser des personnes vivantes,
04:10des personnes victimes de,
04:12malheureusement oui, de viols,
04:15de graves faits de coups et blessures,
04:18parce que l'intérêt à ce moment-là pour le magistrat
04:20est de savoir les séquelles,
04:22combien dure l'incapacité de travail par exemple,
04:25parce que ça a une incidence au niveau de la peine.
04:27Pour un juge,
04:28en fonction de la durée et de l'incapacité de travail,
04:31donc est-ce que la personne,
04:33si une personne est blessée à l'œil,
04:35est-ce qu'elle va avoir un handicap toute sa vie
04:38et ne plus bien voir toute sa vie,
04:39ou est-ce que l'hématome va se résorber
04:42et dans deux mois on n'en parle plus ?
04:44Ça a évidemment aussi une incidence sur le dossier.
04:47Et donc ça, c'est effectivement aussi
04:48le médecin légiste qui est mandaté
04:49pour aller expertiser la personne.
04:52Et là, Grégory va avoir peut-être une autre réponse
04:55à la question de Dino,
04:56qui est de savoir au niveau de l'émotion.
04:58Ça change, parce que là,
04:59il n'est plus face à un cadavre inerte
05:01et qui est un objet d'expertise,
05:02comme il vient de le dire,
05:03mais face à une personne vivante
05:05qui est là avec toutes ses émotions,
05:06parfois des enfants,
05:07qui ont subi des sévices.
05:10Et là,
05:11peut-être que tu peux indiquer,
05:13que là,
05:13tu n'as pas le même sentiment
05:15que ce que tu viens de dire par rapport au cadavre.
05:17C'est vrai que c'est tout à fait différent,
05:18parce que quand je suis face à la personne
05:19qui va m'expliquer ce qui lui est arrivé,
05:23forcément,
05:24elle va l'expliquer avec ses mots,
05:26avec son émotion,
05:27avec son vécu.
05:28Elle peut craquer,
05:29elle peut pleurer.
05:30Et du coup,
05:30ça peut être parfois plus difficile
05:32de prendre le recul
05:33et de ne pas être touché
05:35par toutes ces émotions
05:36que la victime nous transmet aussi.
05:39Donc, c'est vrai que,
05:40d'une certaine façon,
05:42c'est plus facile
05:43de voir un cadavre,
05:44même s'il est découpé en morceaux,
05:47etc.
05:48Voilà,
05:49il est mort,
05:49il est mort,
05:50mais par contre,
05:51quand c'est une personne vivante
05:52qui va nous transmettre
05:53tout ce qu'elle a vécu,
05:54ça peut être plus difficile
05:55de prendre le recul.
05:56Mais bon, j'y arrive.
05:57Moi, ce qui me traumatiserait,
05:58c'est l'esthétique,
05:59en fait, du truc.
06:00Moi, justement,
06:01c'est pas...
06:01La vision.
06:02Ouais, c'est vraiment voir,
06:04je ne sais pas moi,
06:05une gueule complètement défigurée.
06:07C'est vraiment la vision,
06:08quoi, en fait.
06:09Fait des cauchemars.
06:09qui, moi, me traumatiserait.
06:11Moi, ce qui...
06:12Une gueule explosée,
06:13tu vois, genre un suicide,
06:14une balle dans la tête...
06:15Il y a quelque chose
06:16qui te...
06:16Ça ne me fait absolument rien.
06:17La seule chose
06:18que je n'aime pas trop,
06:19moi, c'est les asticots.
06:20Et évidemment,
06:21avec les beaux jours
06:23qui reviennent...
06:23Tu en vois tout le temps, ça ?
06:24En hiver, moins.
06:25Mais en été,
06:26avec les beaux jours
06:27qui reviennent,
06:27on a les insectes,
06:28on a les mouches
06:28qui viennent pondre
06:29sur les cadavres
06:30assez rapidement.
06:31Et moi, je me souviens
06:32d'un cas où on m'appelle
06:34dans un squat
06:34où on avait retrouvé un corps
06:36et quand j'arrive sur place,
06:37je ne vois pas le corps.
06:37Je vois une montagne
06:38d'asticots.
06:39Et donc, il fallait...
06:41Voilà, pousser un peu
06:42les asticots
06:42pour pouvoir atteindre le corps.
06:43Donc, parfois,
06:44il y en a énormément
06:45et ça, je ne suis pas trop fan.
06:47Mais bon...
06:47Et tu les pousses comment
06:48à la pelle, alors ?
06:49À la main, hein ?
06:49Je mets une paire de gants
06:50et puis on y va, go.
06:51Tu pousses...
06:52Je pousse les asticots à la main.
06:53C'est comme quand t'es poubelle dégueulasse
06:53sur ton balcon, là,
06:55toi qui as mal pris, là.
06:56Les asticots,
06:57enfin, le type aussi
06:59te donne aussi
06:59des indications sur...
07:01Oui, mais ça,
07:03c'est moins le rôle
07:03du médecin légiste.
07:04Il y a des spécialistes
07:05et des experts
07:06en entomologie.
07:08Donc, c'est eux
07:08qui vont étudier
07:09les différents types d'insectes
07:11pour essayer de dater la mort.
07:14Mais voilà,
07:14dans un premier temps,
07:16c'est les mouches classiques
07:17comme on voit tout le temps
07:19chez nous
07:20qui viennent pondre
07:20sur le corps
07:21et donc, c'est ce type d'asticots
07:23que...
07:23Un peu blanc, comme ça.
07:24Oui, les asticots blancs
07:25qui font un centimètre ou deux.
07:27C'est le truc
07:27quand t'as un vieux bout de steak
07:29dans ta poubelle
07:30sur ton truc.
07:30C'est exactement pareil.
07:31C'est des mouches
07:32qui pondent là-dessus, en fait.
07:33Si on laisse une poubelle
07:34dehors en plein été,
07:35on va avoir la même chose
07:36que ce qu'on a sur un cadavre
07:37parce qu'une fois qu'on est mort
07:39et qu'on se décompose,
07:40on met un morceau de viande.
07:41C'est des mouches
07:42qui pondent dessus, en fait.
07:42Oui, souvent,
07:43on pose la question,
07:44on pense souvent que
07:45les asticots
07:46vont apparaître spontanément
07:48sur le corps.
07:49Non.
07:49Pour qu'il y ait des asticots
07:50sur le corps,
07:51il faut qu'une mouche
07:52puisse avoir accès au corps.
07:53Et donc, si on meurt
07:54dans un appartement
07:55où toutes les portes
07:57sont fermées,
07:57toutes les fenêtres sont fermées
07:58et qu'il n'y a pas de mouches
07:59à l'intérieur,
08:00on peut pourrir
08:01sans avoir d'asticots
08:02qui va apparaître.
08:03Il faut vraiment
08:04qu'il y ait une mouche,
08:04qu'il y ait un insecte
08:05qui puisse avoir accès au corps.
08:06Et donc, c'est pour ça
08:07qu'en hiver, il y en a moins
08:08parce qu'il y a moins d'insectes
08:09à l'extérieur en hiver
08:10quand il fait froid.
08:10Alors, je vais poser une petite question,
08:11mais pourquoi est-ce que les mouches
08:12ont envie de pondre des oeufs
08:14sur des cadavres ?
08:15Pourquoi ?
08:15Pourquoi pas sur les corps vivants ?
08:16Les mouches sont attirées
08:18par les produits de dégradation
08:21de la viande
08:23et donc les produits
08:24de dégradation du cadavre.
08:25C'est pour ça que les mouches
08:26vont pondre sur les corps,
08:29mais elles arrivent très très vite.
08:31On a déjà tous vu
08:32ces images horribles
08:33dans des pays en guerre
08:36où il y a des gens
08:37qui sont complètement affamés
08:39et qui ne bougent plus
08:40et on voit les mouches
08:41qui viennent pondre
08:42sur les personnes encore vivantes.
08:44Les mouches viennent très très vite
08:45donc généralement,
08:47quand il y a un corps
08:48qui meurt
08:48avec une fenêtre ouverte,
08:50moi j'arrive sur place
08:51parfois 5-6 heures
08:53après le moment du décès,
08:54il y a déjà
08:55des oeufs de mouche
08:56sur le corps.
08:58Ça peut aller extrêmement vite.
09:00Est-ce que tu n'as jamais eu
09:01par exemple peur ?
09:03Les films d'horreur,
09:04tout ça,
09:04quand tu étais jeune,
09:05tu as toujours...
09:06Parce que moi, par exemple,
09:08je ne pourrais vraiment pas
09:09faire ce métier
09:10avec la vue du sang
09:11ou d'être saisie
09:12dans un film.
09:13Oui, qu'est-ce qu'il fait ?
09:13Dans les films d'horreur,
09:15ce qui me fait peur,
09:16ce n'est pas la vision,
09:17c'est plutôt l'aspect
09:18où on est surpris,
09:18où il ne se passe rien
09:19et puis d'un coup,
09:20il y a un truc qui arrive
09:20et j'ai eu ça une fois,
09:21c'était un corps
09:22totalement décomposé
09:24qui était assis
09:24sur le canapé.
09:26Donc j'arrive,
09:27la pièce n'était pas
09:28très éclairée
09:29et il y avait
09:30les policiers
09:31qui étaient devant la porte
09:32qui me regardaient
09:33en train de travailler
09:34et quand j'approche du corps,
09:36c'est le pur hasard,
09:38mais vu que le corps
09:38était décomposé,
09:39il y a la tête qui tombe
09:40juste au moment
09:41où j'approche du corps.
09:42Là, j'ai quand même
09:43un peu hurlé
09:43parce que je ne m'y attendais
09:45pas du tout
09:45à ce que ce corps bouge.
09:47Tu n'as jamais eu,
09:48tu penses que le corps
09:49est en fait décédé
09:50et tu viens
09:50et en fait,
09:51elle t'attrape
09:52pendant un coup le bras.
09:53Non, parce que moi,
09:55quand j'arrive sur place,
09:56ce n'est pas moi
09:57qui fais le constat d'essai.
09:58Moi, on m'appelle
09:59parce que quand on a
10:00découvert un corps,
10:01il y a les services de police
10:01qui ont été appelés
10:02ou une ambulance
10:03qui a été appelée
10:03et donc il y a un médecin
10:04qui est d'abord intervenu
10:06pour faire le constat d'essai.
10:08Et donc, c'est quand
10:08ce médecin intervient
10:10et que lui considère
10:11que ce n'est pas
10:11un décès naturel
10:12que le parquet est prévenu.
10:14Et donc, c'est une fois
10:15que le parquet est prévenu
10:16que le procureur
10:18va faire appel
10:19au médecin légiste.
10:20Donc, il y a déjà
10:20un constat d'essai qui est fait.
10:21Donc, moi,
10:22quand j'arrive sur place,
10:23on est sûr que la personne
10:24est morte.
10:24Donc, elle ne va pas
10:24ne m'attraper le bras.
10:25Il y a bien des histoires
10:26où on a entendu
10:27que sur la table,
10:29hop, on se réveille.
10:31Ça n'était jamais arrivé ça ?
10:32Non, en Belgique,
10:33ça n'est jamais arrivé.
10:33Je pense,
10:34j'ai déjà lu ça aussi,
10:37mais c'est généralement dans...
10:38Non, je pense
10:39que ça est déjà arrivé,
10:41mais plutôt dans des pays,
10:43je veux dire,
10:43où la médecine
10:44est peut-être moins évoluée,
10:46la procédure est peut-être
10:46moins respectée.
10:47Et donc, il n'y a pas toujours
10:48un médecin qui vient faire
10:49le constat de décès
10:51avant qu'une enquête
10:52soit ouverte
10:53ou considère
10:53que la personne est morte.
10:54On l'emmène
10:55en salle d'autopsie,
10:57ça peut aller très vite parfois.
10:58Et c'est quand le médecin
10:59arrive pour faire l'autopsie
11:00qu'il se rend compte
11:01qu'elle n'est pas morte.
11:02Il n'a pas besoin
11:02de croquer l'orteil.
11:03Je ne pense pas
11:04que ça se passe encore.
11:05Pourquoi tu dois aller
11:06sur place alors ?
11:06Parce que de toute façon,
11:07tous les corps
11:07sont quand même ramenés
11:08sur une table d'autopsie.
11:09C'est une bonne question.
11:10Mais si on ne va pas sur place,
11:12je pense qu'on perd
11:1350% des informations.
11:15Par exemple,
11:16si sur un corps,
11:17je vois une écumose,
11:18donc je vois un bleu,
11:19sans avoir vu
11:20si le corps est à côté
11:21d'un objet
11:22sur lequel il aurait pu tomber,
11:24ce bleu,
11:25ça peut être dû à une chute,
11:26ça peut être dû à un coup,
11:27ça peut être dû à plein de choses.
11:28Ça peut être une semaine avant.
11:29Voilà, c'est ça.
11:30Donc, il faut voir les lieux.
11:33Ça apporte vraiment
11:3450% des informations.
11:36Si je vois juste le corps
11:37sans voir les éléments autour,
11:41je vais avoir du mal
11:42à interpréter
11:42toutes les lésions que je vois.
11:43C'est plus difficile
11:44de faire des hypothèses.
11:45Oui, clairement.
11:45Et puis, il faut savoir
11:46que le parquet
11:47ne redonne pas systématiquement
11:48une autopsie.
11:49L'intérêt de demander
11:51à un médecin légiste
11:52de se rendre sur les lieux,
11:54c'est déjà pouvoir déterminer
11:55si, oui ou non,
11:56il y a une intervention
11:56potentielle d'un tiers.
11:57si éventuellement,
11:59il y a eu quelqu'un
11:59qui l'a tué
12:00ou si on peut déjà conclure
12:02qu'en fait,
12:02le décès n'est pas suspect.
12:04Et donc, à ce moment-là,
12:04on n'autopsie pas.
12:05C'est peut-être aussi
12:06un des éléments
12:07qui fait dire à Grégory
12:08qu'on devrait en fait
12:09autopsier beaucoup plus
12:10parce qu'au plus on autopsie,
12:11au plus on découvre des meurtres.
12:14Et bon, il y a les moyens
12:15qui sont ce qu'ils sont
12:16en Belgique,
12:18mais dans d'autres pays aussi.
12:20Mais par exemple,
12:21dans les pays nordiques,
12:22on autopsie beaucoup plus.
12:23Et donc, à ce moment-là,
12:25on trouve évidemment
12:26beaucoup plus d'indices
12:27et de meurtres.
12:28C'est une question de moyens aussi.
12:29C'est une question de moyens
12:30ou d'investissement en tout cas
12:31par rapport à ça.
12:32Bien sûr, il faut quand même
12:33que ça se paye, bien sûr,
12:36mais au prix effectivement
12:37de parfois avoir plus
12:38de cas élucidés.
12:40Et donc ça, c'est aussi
12:41un élément à prendre en compte.
12:43C'est ce que je pense
12:44que tu as remarqué.
12:46C'est ça.
12:47Moi, je travaillais à Bruxelles
12:48et dans le Bramont-Wallon.
12:48À Bruxelles et dans le Bramont-Wallon,
12:50la procédure est assez claire.
12:51Dès qu'un médecin
12:52qui fait le constat d'essai
12:53dit que ce n'est pas
12:54un décès naturel,
12:55un médecin légiste est appelé.
12:56Donc, on est appelé sur les suicides,
12:57on est appelé sur les accidents,
12:58sur la mort indéterminée
13:00parce que tant que c'est indéterminé,
13:01on ne sait pas dire
13:01que c'est naturel.
13:03Et évidemment, sur les meurtres.
13:04et en moyenne,
13:07avec mes collègues,
13:07on fait sur Bruxelles
13:09et le Bramont-Wallon
13:09environ 600 descentes
13:11sur les lieux.
13:11Donc, on va 600 fois sur place
13:13par an
13:15pour les deux arrondissements.
13:16Donc, pour tout Bruxelles
13:17et le Bramont-Wallon
13:18et on autopsie
13:20environ 150 corps par an.
13:23Et donc, on fait déjà
13:24un sacré tri
13:25en allant sur place
13:26parce que l'examen
13:28sur les lieux
13:29où on voit le corps,
13:31on voit les lieux,
13:32on voit la manière
13:33dont il vit.
13:34Parfois, on arrive
13:35dans des appartements,
13:36j'ai été il n'y a pas longtemps
13:37dans un appartement
13:37où dans la pièce,
13:39il y avait,
13:40donc c'était un petit studio,
13:42il y avait le corps
13:42et à côté du corps,
13:44il y avait des canettes
13:45de bière vide
13:46du sol au plafond.
13:48Et donc,
13:49quand on voit ça,
13:50évidemment,
13:51on peut comprendre
13:52que l'hygiène de vie
13:53n'est peut-être pas optimale
13:54et donc,
13:55il avait certainement
13:56des raisons de mourir
13:57et en effet,
13:58sur le corps,
13:58il n'y avait absolument
13:59aucune lésion traumatique,
14:00il n'y avait rien
14:00qui pouvait extérieurement
14:02expliquer le décès.
14:03Mais en tout cas,
14:04l'examen des lieux
14:04était suffisant
14:05et quand on ouvrait le frigo,
14:06à part du beurre,
14:07il n'y avait rien.
14:08Donc, il se nourrissait
14:08genre de beurre et de bière.
14:10Donc, ce n'est pas
14:11un régime très équilibré.
14:11On peut faire du bon pain,
14:12mais pas le bon pain.
14:14Non mais,
14:14alors, je rebondis quand même
14:15parce que du coup,
14:17il faut qu'il y ait
14:18un procureur
14:18qui autorise,
14:19enfin,
14:20qui demande une expertise.
14:21Je rebondis
14:22sur ce que vous avez dit,
14:23je ne me permettrai pas moi,
14:23mais vous avez parlé
14:24du décès de Morane.
14:26Le décès de Morane,
14:27donc,
14:28toi,
14:28vous avez été appelé
14:29sur ce dossier-là.
14:30Alors,
14:31oui,
14:32c'est un peu différent
14:33dans la mesure où
14:34il y a,
14:36en réalité,
14:36par exemple,
14:37pour un magistrat.
14:38Le magistrat,
14:38lorsqu'il y a un corps
14:39qui est découvert,
14:41ne descend pas automatiquement
14:42sur les lieux.
14:43Le procureur
14:44ou le juge d'instruction
14:44ne descend pas automatiquement
14:45sur les lieux.
14:47Il faut savoir
14:47qu'il descend
14:48si
14:49il y a des éléments
14:50qui permettent
14:51de considérer
14:52que le décès
14:53est suspect.
14:54Raison pour laquelle,
14:55avant de descendre,
14:55il demande
14:56au médecin légiste
14:57de me dire
14:57est-ce qu'il y a des indices
14:59d'intervention d'un tiers ?
15:01À ce moment-là,
15:01si c'est oui,
15:02hop,
15:02on y va,
15:03tout le monde y va
15:03et c'est le brambat de combat.
15:05Et alors,
15:06il y a une deuxième,
15:07notamment une deuxième hypothèse,
15:08c'est lorsque
15:08la personne qui est décédée
15:11ou les événements
15:12qui se sont déroulés
15:13peuvent créer
15:14un émoi public,
15:15on va dire.
15:16Et donc,
15:16par exemple,
15:17j'ai eu le cas
15:17où je savais très bien
15:18qu'il y avait un accident
15:19de train
15:20en train
15:21avec un scooter
15:23où c'était un gamin
15:24qui était malheureusement
15:25écrasé par le train
15:26qui n'avait pas respecté
15:27le signal.
15:28Il n'y avait aucun élément
15:29qui permettait de dire
15:31qu'il y avait évidemment
15:32une volonté d'eux.
15:34Mais,
15:35vu que c'était un gosse
15:36qu'il y avait un truc,
15:37je suis descendu
15:38parce que ça pouvait créer
15:39effectivement
15:40certains émoi
15:42et pour montrer quand même
15:42qu'il y a une
15:43réelle prise de conscience.
15:45Ça aurait été exactement
15:45la même décision.
15:46C'est plus finalement
15:47pour l'image
15:48parce que ça aurait eu
15:49la même décision
15:49si j'étais resté dans mon bureau.
15:51Mais,
15:51pour quand même montrer
15:52effectivement que dans des cas
15:53comme ça,
15:53ça mérite quand même
15:54de se déplacer
15:55et de constater les faits.
15:57Et Moran,
15:57c'est un peu ce qui s'est passé.
15:58C'est qu'effectivement,
15:59c'est une personnalité
15:59plus que publique
16:01attachante à souhait
16:02au niveau évidemment
16:03de tout ce qu'elle a pu apporter
16:04à la Belgique.
16:05Et donc,
16:05effectivement,
16:06le procureur
16:09a voulu,
16:10pour être certain
16:11qu'il n'y ait pas
16:11par la suite
16:12d'éléments
16:14qui permettent de dire
16:15oui,
16:15mais en fait,
16:16on n'a pas fait ceci,
16:16on aurait dû faire cela,
16:17etc.
16:17a voulu que tout soit clean,
16:19faire vraiment
16:20dans les règles de l'art
16:21pour être certain
16:22qu'on ne puisse pas reprocher
16:24qu'il y ait eu
16:25tel ou tel manquement.
16:26Juste un parallèle avec ça,
16:27par exemple,
16:28Aznavour,
16:29Charles Aznavour
16:30qui est décédé.
16:31C'est le chanteur, oui.
16:31Oui,
16:32il a chanté pas mal
16:33dans sa vie.
16:35Mais Charles Aznavour
16:36est décédé dans sa baignoire
16:37d'une mort tout à fait naturelle
16:38et ça a été la même chose.
16:40On a ainsi,
16:41c'était quelques mois plus tard,
16:42je crois que c'était
16:42six mois plus tard
16:43et c'était plus ou moins
16:44la même chose en France
16:45puisqu'ils ont également
16:46procédé à l'autopsie.
16:47Il y a eu aussi
16:48parce que c'était Charles Aznavour.
16:50Et donc,
16:50mais en réalité,
16:51on parlait de Moran,
16:52effectivement,
16:53mais ça,
16:54c'est une histoire particulière
16:55parce que Grégory disait
16:57que finalement,
16:59que ce soit un enfant de deux ans
17:00ou un vieillard
17:01ou peu importe,
17:02ça ne lui occasionnait pas spécialement
17:04d'émotions particulières.
17:06Autant Moran,
17:07vous pouvez peut-être
17:08pouvoir le raconter,
17:08ça,
17:09c'était un peu différent.
17:11Oui,
17:12c'était différent,
17:13c'est vrai,
17:13parce que
17:14c'était la première artiste
17:16que j'avais vue en concert.
17:17Je devais avoir
17:177-8 ans,
17:18je devais être la voir
17:19en concert avec mes parents
17:21dans une toute petite salle
17:22à Vireton
17:23dans le fin fond du sud
17:24du pays.
17:25Et depuis,
17:26j'avais tous ses albums,
17:28j'avais été voir
17:29tous ses concerts,
17:30toutes ses tournées.
17:32Donc voilà,
17:32je la suivais vraiment,
17:33je l'avais déjà rencontrée
17:34quelques fois.
17:36On n'était pas
17:37proches,
17:37on n'était pas amis,
17:38mais bon,
17:38on avait déjà discuté
17:40quelques fois,
17:40puis surtout,
17:41j'étais fan.
17:42Et du coup,
17:43quand j'ai appris
17:44qu'elle était décédée,
17:46j'ai tout de suite appelé
17:46ma collègue
17:47qui était de garde
17:47ce jour-là
17:48pour voir si elle avait
17:49dû aller sur place.
17:49Elle me dit en effet
17:50qu'elle avait été sur place,
17:51comme Denis vient
17:52de l'expliquer.
17:54Et elle me dit
17:55qu'une autopsie
17:56a été demandée.
17:58Et c'était moi
17:59qui étais de garde
17:59pour les autopsies
18:00avec ma collègue.
18:01Donc je me suis retrouvé
18:02en salle d'autopsie
18:03ce jour-là,
18:04enfin le lendemain
18:05du décès.
18:06Et moi,
18:06j'avais été voir
18:07le concert de la veille.
18:09Donc je l'avais vue
18:11quelques heures.
18:13Elle avait chanté
18:14le dimanche soir
18:16pour la fête
18:17de l'iris.
18:18Et c'est le lendemain
18:19qu'on la retrouve
18:20morte chez elle.
18:22Et du coup,
18:22le mardi,
18:23je me retrouve
18:23à faire son autopsie.
18:25D'un autre côté,
18:28je me disais
18:28j'ai rien à faire là
18:29parce que
18:30je n'avais pas envie
18:31de voir ça.
18:31Mais d'un autre côté,
18:33c'est certainement
18:33un peu prétentieux
18:34de dire ça,
18:34mais je ne voulais pas
18:35que ce soit
18:35quelqu'un d'autre.
18:36Parce que je me dis
18:36au moins,
18:37ce sera bien fait
18:38ou en tout cas,
18:38ce sera fait
18:39comme j'ai envie
18:39que ce soit fait
18:40avec le respect,
18:41etc.
18:42Et voilà,
18:43donc je l'ai fait.
18:45Après,
18:46sur le moment,
18:47ce n'était pas évident,
18:47mais une fois que je suis
18:48rentré chez moi le soir,
18:49c'était bon.
18:50J'ai réussi à dormir
18:51sans aucune difficulté.
18:53mais voilà,
18:54sur le moment même,
18:55je me disais,
18:56et pourtant,
18:56ce n'est pas la première fois
18:57que j'autopsiais
18:58une personne
18:58que je connaissais.
19:01Ah, on peut ça ?
19:01C'est vrai qu'on dit souvent
19:02que les chirurgiens
19:03ne peuvent pas opérer
19:04quelqu'un de leur famille.
19:06Est-ce que pour les légistes,
19:08c'est pareil ?
19:09Il n'y a rien qui est interdit.
19:10Au niveau légal,
19:11il n'y a rien qui est interdit.
19:12En tout cas,
19:14évidemment,
19:15si c'est une histoire
19:15de meurtre
19:17où je risque d'être appelé
19:19comme témoin
19:20parce que je connaissais bien
19:21donc je peux être appelé
19:21comme un témoin
19:22de moralité,
19:23là, je ne peux pas.
19:25Mais si c'est une personne
19:26que je connais de sortie
19:27qui a priori est décédée
19:29dans un contexte
19:30qui n'est pas un homicide,
19:31mais voilà,
19:32on doit éclaircir
19:32les circonstances du décès,
19:35il n'y a rien
19:36qui empêche
19:37que je fasse l'autopsie.
19:39si ce n'est d'un point
19:40de vue sentimentale,
19:43je vais dire,
19:44au niveau des affects,
19:45ce n'est peut-être pas
19:46l'idéal.
19:47Mais je n'ai jamais
19:49eu aucun problème
19:50avec ça.
19:50Je dis même dans le livre,
19:52ça choque toujours un peu,
19:53en tout cas,
19:53ça choque le principal
19:54intéressé.
19:55J'ai dit que je pourrais
19:56autopsier ma mère
19:56s'il fallait.
19:58Mais encore une fois,
19:59c'est parce que je me dis
20:00que si je le fais,
20:01je sais que ce sera fait
20:02comme j'ai envie
20:03que ce soit fait.
20:05Depuis qu'elle a entendu ça,
20:06elle n'arrête pas
20:06de me le dire.
20:07Est-ce que tu peux
20:07quand même refuser,
20:09par exemple,
20:09même si tu es de garde
20:10ou quoi,
20:10si jamais il y a quelqu'un
20:11qui arrive et tu ne te sens pas
20:13prêt émotionnellement
20:15à autopsier quelqu'un,
20:16est-ce que tu peux refuser
20:17et appeler quelqu'un d'autre
20:19ou pas ?
20:20Oui,
20:20donc si c'est une personne
20:22que je connais,
20:22dont je suis proche
20:24et je ne me sens pas
20:24de faire cette autopsie,
20:26je peux évidemment refuser
20:27et demander au procureur
20:29de requérir un autre légiste.
20:30On est trois à Bruxelles
20:31et donc il n'y a aucun problème
20:34pour pouvoir requérir
20:36un autre légiste.
20:38Aucun souci pour ça.
20:39Beaucoup de questions.
20:40On reçoit aussi pas mal
20:40de questions sur WhatsApp.
20:41Je vais vous laisser
20:42quelques minutes justement
20:43si vous avez des questions
20:44à poser à Dr Schmitt
20:46et le juge Gouman
20:49qui est là.
20:50Ça se passe sur WhatsApp.
20:51Le WhatsApp,
20:52c'est le 0478 425 425.
20:54On passe une soirée
20:55un peu spéciale
20:56dans le cadre
20:56de la sortie du livre
20:57qui s'appelle Dr Queen
20:58puisque en plus
20:59de l'activité
21:00légiste...
21:03Légiste, oui.
21:04Non mais c'est quoi ?
21:04Médico-légale.
21:06L'activité médico-légale.
21:07D'accord, mais c'est logistique.
21:09Ça ne se dit pas.
21:09Logistique, ça ne se dit pas.
21:10Non, logistique, ça ne se dit pas.
21:12Logistique, mais ça n'a rien à voir.
21:13Logistique, voilà.
21:14Médico-légale
21:15du Dr Schmitt ici présent.
21:17Il est aussi drague la nuit.
21:19En effet.
21:20Un personnage de Clarica.
21:21On va parler de tout ça.
21:22Du lundi au jeudi 20h-23h
21:25C'est Lara Bell Rose & Friends
21:28sur Fun Radio.