On a rencontré Virginie Efira à Cannes pour son rôle dans "Vie privée" de Rebecca Zlotowski.
Nous avons évoqué sa collaboration avec la réalisatrice, ce que cela signifie d’interpréter un personnage qui incarne un souvenir, ainsi que la nuance entre être celle qui écoute et celle qu’on écoute.
00:00Tu joues ou pas, je suis un souvenir, je me mets à jouer au ralenti, je faisais un flashback.
00:04Oh je ne suis qu'un flashback, je vais jouer comme ça dans les flashbacks.
00:06C'est quand même génial de suivre une réalisatrice.
00:08Donc quand j'ai lu son scénario, c'est chouette parce qu'elle fait des choses très différentes
00:13et c'est comme si toutes les choses que je connaissais d'elle, elle les montre de plus en plus.
00:18C'est une drôlerie par exemple.
00:20Parce que vraiment, passer du temps avec Rebecca, c'est aussi chouette que d'en passer avec Jonathan Cohen au niveau de l'humour, vraiment.
00:26Qu'est-ce que ça a changé pour vous de jouer un souvenir, un fantôme ?
00:29Non, toi tu ne dois jamais jouer le genre, donc tu ne joues pas, je suis un souvenir, je me mets à jouer au ralenti.
00:34Je faisais un flashback.
00:35Oh je ne suis qu'un flashback, je vais jouer comme ça.
00:37Dans les flashbacks, je joue toujours.
00:39Moi je me suis interrogée, vu que c'est que quelques rares images comme ça, on n'a jamais une très bonne idée de soi.
00:44C'est-à-dire que cet endroit de dépression, je me suis dit c'est quand même bizarre qu'elle me choisisse.
00:49J'ai encore une image de moi qui doit venir de l'époque des couettes et de la télévision, de...
00:53Allez, allez, ça va la vie !
00:55Et je me dis, tiens c'est marrant qu'elle me choisisse.
00:57C'est comme Justine d'ailleurs me rassurait en disant non, non, t'inquiète, on voit que ça ne va pas si bien que ça.
01:01Et justement pour vous en dire sur le film de Justine, vous incarnez une psychanalyse ?
01:05Oui.
01:06Là vous incarnez une patiente, vous préférez quoi ? Vous préférez être celle qui écoute ou celle qui parle ?
01:11Je crois que je préfère être celle qui écoute.
01:13Je pense que j'étais plusieurs fois psy psy dans les films.
01:16En tout cas c'est quelque chose qui m'intéresse, qu'on se demande toujours à quoi ils pensent, à quoi ils font référence.
01:21Est-ce que faire du cinéma pour vous c'est une forme de thérapie ?
01:24Non, pas du tout de thérapie, mais je pense qu'il y a un lien avec la psychanalyse très fortement.
01:29J'ai l'impression que là-dedans, la possibilité de comprendre et d'investir, c'est forcément la possibilité d'imaginer qu'on est plus large que ça,
01:37de pouvoir prendre des prismes de regard différents sur quelque chose, et aussi sur c'est quoi cette espèce de chose qu'on appelle abandon, lâcher prise, je ne sais pas.
01:44C'est un drôle de truc à appréhender, abandonner le regard sur soi, comment d'un coup tu trouves un lien à l'autre.
01:50Je crois que c'est vraiment un rapport avec soi-même en fait pour l'acteur de cinéma.
01:52Est-ce qu'il y a des rôles qui vous ont donné la sensation de vous approcher un peu d'un état différent ?
01:57Alors les souvenirs qui me viennent comme ça, il y a d'abord ceux qui sont évidents, c'était vraiment une direction de jeu d'Alice Vinocourt pour revoir Paris.
02:05Parce qu'elle cherchait des trucs sur les regards.
02:06Elle disait beaucoup hypnotique, alors c'est bizarre, on dit plus hypnotique.
02:09Plus hypnotique, qu'est-ce que c'est ? Cette chose difficile à concrétiser.
02:13Et après en fait, tu essaies de perdre les repères comme ça.
02:17Et parfois, et ça de manière plus consciente ou plus voulue, certaines scènes, comme ça dans certains films,
02:22je pense justement à Sybille de Justine Trier, ça c'est chouette d'être perdue en fait.
02:27C'est un peu le joueur de flûte avec les rats quoi.
02:30Tu suis quelque chose, tu ne sais pas bien quoi.
02:32Et surtout tu ne te dis pas, merde je n'ai pas compris.