Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 7 mois
Élu président des Républicains dans un fauteuil ce dimanche, le ministre de l'Intérieur semble avoir un boulevard devant lui pour la présidentielle. Mais Bruno Retailleau est attendu au tournant par une partie de son propre camp tout comme par Édouard Philippe.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Votre choix ce soir, Christophe Barbier. On va reparler de Bruno Retailleau qui a été élu triomphalement au président des Républicains hier avec près de 75% des suffrages.
00:08Il change de dimension avec cette victoire, c'est ce que vous allez nous dire. On va explorer quand même la nouvelle vie de Bruno Retailleau depuis sa victoire d'hier.
00:15En cinq questions, est-il le ministre de l'Intérieur, le nouveau patron de la droite ? C'est la première question.
00:20Il est l'homme fort de la droite, mais il n'est pas le patron. Parce qu'il a été soutenu dans cette campagne par tous les barons du parti,
00:26Copé, Larcher, Pécresse, Bertrand, Lysnard. Depuis hier, ils n'ont plus besoin de Retailleau pour se débarrasser de Wauquiez.
00:33C'est fait. Donc ils ne lui doivent plus rien. À partir de là, même s'ils leur donnent une place dans le parti,
00:39ils vont travailler eux pour leur ambition personnelle. Il est dans la situation d'Hugues Capet.
00:44Pourquoi ?
00:44Hugues Capet, en 990, il dit au comte de la marche, comte Aldaber de la marche,
00:50« Qui t'as fait comte ? » puisqu'il l'avait nommé. Et l'autre lui répond « Qui t'as fait roi ? »
00:54Vous voyez ? La photo qu'on a vue de Retailleau hier, les images qu'on a vues de Retailleau,
00:59vous allez voir, elles montrent les barons autour de lui, supporters, mais pas vassaux.
01:04Regardez et écoutez Bruno Retailleau.
01:06Nous avons, dans cette campagne, réussi, fait revenir à nous des militants qui s'étaient écartés de LR, de notre famille politique.
01:16Eh bien demain, si ça a été possible avec des militants, ça le sera, j'en suis certain, avec des électeurs,
01:23pourvu qu'on tienne une ligne, une ligne qui soit une ligne claire.
01:27On a compris la situation.
01:29On pouvait difficilement faire entrer plus de monde dans un simple espace.
01:32Voilà, il en manquait quelques-uns des barons, mais ils étaient quasiment tous là.
01:35Que nous dit Bruno Retailleau dans sa profession de foi aux militants ?
01:38Être chef, c'est savoir fédérer.
01:41Jacques Chirac, lui, à l'époque, il disait « Un chef doit savoir chefer ».
01:45Il faut choisir entre les deux.
01:46Soit on est primus inter pares, on est l'arbitre du match, soit on est le chef de la meute.
01:51Il risque de ne pas choisir et d'être un simple arbitre, un organisateur et pas un compétiteur.
01:56Se retrouver dans la position qu'ont connue Annie Gennevard ou Christian Jacob avant lui,
02:00ce n'est pas ça son ambition.
02:01La deuxième question pour vous ce soir, est-ce que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau,
02:04depuis sa victoire, est devenu l'homme fort du gouvernement ?
02:06Il était déjà très puissant par son portefeuille, par son omniprésence médiatique, avec cette victoire.
02:10Il prend l'ascendant sur Darmanin, Borne, Valls, ministre d'État comme lui,
02:16avec des CV ministériels plus longs que le sien.
02:18Il se renforce par rapport à Lecornu ou Vautrin.
02:21Il est l'homme fort du gouvernement par rapport à tout cela.
02:23Il est aussi peut-être un peu plus fort que François Bayrou, qui est tombé à 20% dans les sondages.
02:28D'ailleurs, Bayrou l'a deviné, puisque dans son tweet de félicitations hier,
02:32il est d'une ambiguïté éloquente.
02:34Félicitations chaleureuses, certes, mais à la fin, il lui demande de rester au travail.
02:39Les Français aiment la diversité et veulent la solidarité.
02:42Alors, ce n'est pas des consignes pour l'immigration ou les impôts.
02:44Diversité pour l'immigration, solidarité pour les impôts.
02:47Non, non, c'est « tu es dans le gouvernement, tu es solidaire de l'équipe ».
02:51Il lui demande d'être, comme le dit la devise de la comédie française,
02:54« simul en sigulis », singulier, mais avec les autres.
02:59Ce qu'on peut traduire aussi par « ensemble », mais chacun pour soi.
03:02C'est ça l'avis d'un gouvernement.
03:03Est-ce qu'à terme, Bruno Retailleau est obligé de quitter le gouvernement ?
03:05À terme, oui, mais pas seulement quand il sera, s'il est un jour candidat à la présidentielle.
03:10Avant, pour préparer cette candidature.
03:13Quitter le gouvernement doit être un moment de relance ou de lancement d'une ambition.
03:17C'est un art de savoir rompre.
03:18Sarkozy quitte le gouvernement à l'été 2004, à la fin de l'été.
03:23Il y revient en 2005.
03:25C'est compliqué, mais il a incarné quand même la rupture avec Chirac.
03:28C'est l'essentiel.
03:29Macron, il claque la porte en août 2016.
03:31Il n'est pas responsable du bilan de Hollande.
03:34C'est réussi.
03:35Quatre mois plus tard, Valls, il s'en va de Matignon.
03:37On lui colle le bilan sur le dos.
03:38Ses amis de la gauche le punissent.
03:40Il est battu à la primaire.
03:41Savoir rompre, c'est tout un art.
03:43Alors pour Retailleau, ça peut être sur un sujet de principe.
03:46Mais est-ce que la fin de vie ou les relations avec l'Algérie,
03:49ce n'est pas un peu maigre pour claquer la porte ?
03:51Sinon, il faut partir le plus tard possible en disant
03:53j'ai fait tout ce que je pouvais faire, travail accompli.
03:56Sauf qu'avec une absence de majorité,
03:58accomplir le travail à Beauvau, ça sera quasiment une équation impossible.
04:01Mais il y a une question avant ça.
04:02Est-ce qu'il est devenu incontournable pour la présidentielle à droite ?
04:05Non, pas du tout.
04:06Tous les barons considèrent que c'est un parmi les autres.
04:08C'est sûr, il est en tête du peloton.
04:10Mais finalement, est-ce qu'il est vraiment un gaulliste ?
04:13Il vient du villiérisme, il est passé par le fillonisme
04:15qui n'était plus vraiment le séguinisme.
04:17On le considère comme un homme de droite, mais d'une autre droite.
04:22C'est vrai qu'il est de Vendée.
04:24Donc la relation au bonapartisme, c'est important chez les gaullistes,
04:27c'est qu'un peu compliqué.
04:28L'histoire de la Vendée avec la République, elle est tempétueuse.
04:31Tout cela, ça permet de faire un procès de Bruno Retailleau
04:34pour dire que ce n'est pas vraiment notre candidat,
04:36mais il ne va pas se laisser faire.
04:37D'autant qu'il n'y a pas que la droite.
04:38Il y a aussi Edouard Philippe.
04:39Et Edouard Philippe, ce week-end, a pris la parole pour parler à la droite.
04:44Pour rendre notre pays plus fort et plus prospère
04:47et pour redonner à l'ensemble de nos concitoyens le goût de la liberté.
04:52Est-ce que c'est assez de droite ? Est-ce que c'est assez populaire ?
04:55Mais moi, je ne suis pas là pour défendre la pureté de la droite française.
04:58Je suis là pour défendre la France.
05:00Je suis là pour défendre les Françaises et les Français.
05:01La poutre-travail.
05:04La poutre-travail, c'est ce que disait Edouard Philippe après 2017
05:07pour expliquer la crise de la droite.
05:09Eh bien, est-ce que Bruno Retailleau a un destin de charpentier
05:12ou de crucifié pour la poutre ?
05:13Réponse dans deux ans.
05:15Est-ce qu'il est un danger, Bruno Retailleau, pour Marine Le Pen ?
05:17Non. Tant que Marine Le Pen est dans la course,
05:20tant que Bruno Retailleau n'a pas des résultats massifs à Beauvau,
05:22il se prête à la critique du RN, c'est-à-dire c'est que des mots,
05:26il n'y a pas de résultats.
05:26D'ailleurs, c'est ce qu'on entendait sur les plateaux hier soir,
05:29notamment BFM.
05:31Le bilan de M. Retailleau en matière d'OQTF
05:34est plus mauvais que celui de M. Darmanin.
05:39En fait, Bruno Retailleau est un danger pour Jordan Bardella.
05:43Si Marine Le Pen est éliminée de la compétition par la justice à l'été 2026,
05:46assez vite, les électeurs vont se dire
05:48« Bardella, trop jeune, pas expérimenté,
05:51la fonction présidentielle, c'est compliqué,
05:52on a déjà eu un jeune ».
05:53Ça, c'est bon pour un candidat de droite dur
05:55qui pourrait, tel Bruno Retailleau,
05:58s'adresser aux électeurs RN et leur dire
06:00« Venez à nous, on a quasiment les idées,
06:02mais on a la compétence ».
06:04Il pourrait alors rééditer l'exploit de Nicolas Sarkozy en 2007,
06:07vampiriser l'extrême droite au premier tour
06:09pour écraser la gauche au second tour.
06:11Mais 2007, c'est très très loin.
06:13Commentaire, si vous le souhaitez, Ulysse Gosset, Amélie Rosic.
06:17Oui, la vraie question, effectivement,
06:18c'est que devient Édouard Philippe
06:19s'il y a une droite forte qui se reconstitue autour d'un homme,
06:22quel qu'il soit, peut-être Bruno Retailleau,
06:24est-ce que ça affaiblit les chances
06:26d'Édouard Philippe pour la présidentielle ?
06:29Est-ce que les Français vont vouloir rester
06:30dans un bloc central,
06:32droitisé mais pas trop,
06:33qui rejette l'extrême droite et l'extrême gauche ?
06:35Ou est-ce qu'ils vont vouloir revenir à avant 2017
06:37et reconstituer un bloc droite-gauche ?
06:40L'espoir de Retailleau, c'est d'incarner cette droite
06:42qui ne s'allie pas avec l'ERN
06:43mais qui a reconquis le territoire macronien.
06:46Mais à gauche ?
06:47Ah bah à gauche, tiens, il y a le congrès du PS dans un mois.
06:49C'est le deuxième chapitre de notre histoire.
06:50Eh bah voilà, Amélie Rosic.
06:51Moi, je me demande comment va Laurent Wauquiez.
06:53Voilà.
06:54Rien ne détruit les hommes politiques
06:58qui ont l'ambition suprême.
07:00Tout est inscrit dans leur destin.
07:02Wauquiez a gagné à 75%
07:03quand il a été élu président des LR.
07:05Et il sait que ça s'est mal terminé assez vite.
07:07Donc pour Retailleau,
07:08il doit penser que ça va être la même chose.
07:09Toute petite parenthèse,
07:10on parlait de Donald Trump tout à l'heure.
07:11Donald Trump doit prendre la parole ce soir.
07:13Aux alentours de 21h, évidemment,
07:14on suit ça pour voir quel compte-rendu
07:16il fera justement.
07:17Ce sera dans le bureau Oval.
07:18Du coup de téléphone à Vladimir Poutine ce soir,
07:20c'est la grosse information de la soirée.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations