00:00C'est une première fois, en fait, et comme toutes les premières fois,
00:04elles sont à la fois vertigineuses et en même temps, il y a un plaisir fou
00:07à faire les choses avec une certaine innocence, comme ça.
00:13C'est hyper beau de faire les choses pour la première fois à mon âge,
00:18parce que j'ai 41 ans et que, voilà, c'est une aventure toute nouvelle pour moi
00:23de jouer dans un film, de porter une histoire, une fiction.
00:27C'est une première fois, en fait, et comme toutes les premières fois,
00:30elles sont à la fois vertigineuses et en même temps, il y a un plaisir fou
00:33à faire les choses avec une certaine innocence, comme ça.
00:39C'était pour moi un très, très gros cap.
00:41Ce n'était pas gagné d'avance.
00:43Enfin, j'avais beaucoup de barrières, de peur, etc.
00:46En l'occurrence, Amélie, on a eu cette super belle expérience du premier,
00:52enfin, du court-métrage, qui était sa première fois.
00:54Là, c'était sa première fois faire un film.
00:56Et moi, c'était ma première fois à moi.
00:57Donc, il y a une forme de baptême du feu, un peu en commun,
01:01où on avance un peu main dans la main, elle et moi.
01:03Et je crois que j'aime bien cette idée qu'on découvre les choses ensemble.
01:08T'as qu'à rester, nous aider.
01:09Mais j'ai une vie, putain, papa !
01:11Oh, ben ça, on avait bien compris, hein !
01:13Je ne sais pas comment tu fais, parce que moi,
01:15je le trouve particulièrement insupportable.
01:17Mais moi aussi, je le trouve insupportable.
01:20Il y a un truc qui est très déroutant pour moi,
01:27c'est que quand on est en tournée, il y a un public,
01:30et donc il y a cette espèce d'échange électrique.
01:32Alors, ça se passe bien ou ça se passe moins bien,
01:34c'est les spectacles vivants.
01:36On a donné, on a reçu,
01:38et on repart avec quelque chose vers autre chose.
01:41Là, il n'y a pas de public.
01:43À qui on parle, en fait ?
01:44Moi, c'était toutes ces questions-là qui ont émergé en moi,
01:47en me disant, mais à qui on parle quand on joue comme ça ?
01:50Pour qui on joue ?
01:51Comment ?
01:52Ça m'a fait très bizarre de ne pas avoir ce fluide-là.
01:55Et puis, une fois que le film est fini,
01:56avec cette sensation très étrange de dire,
01:59bon, alors maintenant, j'ai traversé là,
02:01deux mois de ma vie avec ce personnage,
02:03ses interrogations, ses préoccupations,
02:05son look, sa veste.
02:07Qu'est-ce que je vais faire de cette veste ?
02:08Qu'est-ce que je vais faire de toutes ces histoires
02:10qu'elle a portées en elle, quoi ?
02:14Il n'y a pas du tout de confort du studio
02:18où on se dit, on va faire 5 prises, 10 prises, 15 prises
02:21pour trouver la bonne voie.
02:23Puis après, on pourra peut-être retravailler un peu
02:24l'esthétique de la voix, de la reverb ou tel ou tel truc
02:27pour sublimer la prise.
02:36Là, l'idée, c'était vraiment que la prise,
02:39telle qu'elle va être, elle va exister telle qu'elle.
02:42Donc, c'est l'instant tel qu'il a été vécu,
02:45voilà, qui va exister comme ça.
02:47Et en fait, je trouve ça beau de se dire
02:50qu'il n'y aura rien pour repêcher les maladresses,
02:54il n'y aura rien pour aller corriger la voix
02:57si jamais elle est un peu pas au bon endroit, en fait.
03:00Et presque même, c'est ça qui va ouvrir le cœur
03:04du sujet et du spectateur.
03:06Donc, c'était aussi un exercice d'abandon
03:10que j'ai trouvé hyper formateur, hyper beau.
03:13Et puis moi, j'aime même...
03:15Ça, c'est quelque chose que j'ai appris sur scène aussi.
03:18Souvent, le public aime aussi quand il y a des maladresses,
03:23quand on est fragile, en fait,
03:24parce que ça raconte bien plus de soi
03:28que plein de perfections.
03:29Ce qui me bouleverse dans ce personnage,
03:36c'est qu'elle a une forme de colère,
03:39de rage un peu sauvage,
03:40et qu'en même temps, ça la desserre,
03:44et en même temps, c'est ça qui la guide.
03:46Et qu'en même temps, elle a une tendresse,
03:48elle a une douceur,
03:49mais elle a du mal à la diriger vers elle-même.
03:53Et que je pense que tout le chemin de ce film,
03:56c'est un chemin de guérison,
03:57qu'elle apprend à être plus douce avec elle.
04:00Et ça, c'est quelque chose qui me parle,
04:01parce que c'est pas si facile que ça,
04:04d'être doux avec soi.
04:06Et de trouver les chemins pour l'être,
04:10c'est un beau truc.
04:15On a tous et toutes en soi
04:18cette part d'adolescence
04:20qui s'est jamais vraiment refermée.
04:22Mais je pense que ces âges-là de la vie,
04:24ces âges où on est censé avoir tout résolu,
04:27la quarantaine,
04:28on est censé avoir un job,
04:30que les choses soient un peu dans les cases,
04:33en fait,
04:34il y a des formes de renaissance
04:37et de métamorphose
04:38perpétuellement dans une existence.
04:40Il n'y a pas que l'adolescence
04:42qui est une période de métamorphose.
04:45Et cet âge-là de la quarantaine,
04:46il pose toutes les questions de...
04:48C'est un milieu de vie ?
04:50Qui sont mes parents ?
04:51Est-ce que moi, je serais mère ou pas mère ?
04:55Où est-ce que j'en suis avec mes origines ?
04:58De quoi sera fait mon futur ?
05:00Donc c'est des questions très philosophiques,
05:02très, très denses.
05:03Et en même temps,
05:04il y a des résurgences
05:06de cette fougue d'adolescence.
05:08C'est pour ça que de mélanger
05:09tous ces spectres-là dans le film,
05:13c'est ça qui est touchant, je trouve.
05:14Merci d'avoir regardé cette vidéo !