Le 29 septembre 1976, en plein entracte de son concert au Palais des Sports, Johnny Hallyday accorde une interview en direct à France Roche dans l’émission C’est à Dire sur Antenne 2. Un moment rare, intime et sans fard, où l’artiste se confie sur sa vie, sa scène, et son lien unique avec le public. Une archive précieuse pour les passionnés.
00:00Nous sommes au palais des sports où Johnny Hallyday vient d'avoir un petit accident.
00:04Pendant la bagarre qui devait terminer la première partie, il a reçu un nouveau coup sur le nez qui avait été cassé récemment pendant les répétitions.
00:12Et maintenant on vient d'appeler le docteur pour le soigner. Je crois que la soirée va quand même continuer.
00:17Oui, il y a de l'information à tout moment dans cet à dire.
00:19Nous entrons ?
00:20Oui. Où est Johnny ? Où est Johnny Hallyday ?
00:26Je n'ai pas le son avec vous. Voilà, ça y est maintenant.
00:29Voilà, je voudrais, France, que le caméraman essaie de nous emmener, s'il veut bien, notre confrère, chez...
00:34Eh bien voilà, on est en train de masser Johnny Hallyday, qui vient de terminer la première partie.
00:39Dites-moi, mais c'est comme Cassius Clay Norton, à ce que je vois.
00:42Ben, presque.
00:44Est-ce que Johnny a la possibilité de parler ? Ça me surprendrait.
00:46Voilà.
00:47Oui ?
00:47Si, si, ça va.
00:48Bien, vous m'entendez, là ?
00:49Je vous entends très bien.
00:51Bien, dites-moi, depuis quand vos fans éprouvent-ils le besoin d'enrober leur joie dans des bouteilles pour vous les mettre sur le nez ? Qu'est-ce qui se passe, là ?
00:57Dans des bouteilles ?
00:58Non, c'est quoi, ce coup que vous venez de prendre ?
01:02Ah non, ce ne sont pas des fans, c'est une bagarre qui est réglée avec des cascadeurs de cinéma.
01:10Ah, c'est une vraie bagarre ?
01:11Enfin, disons que c'est une fausse bagarre, mimée en vrai.
01:15C'est bien ça, j'ai l'air parfait.
01:16Enfin, de temps en temps, c'est...
01:18De temps en temps, seulement c'est vrai, comme ce soir, j'ai reçu un coup de pied en plein dans la mâchoire.
01:24Bon.
01:24Je ne peux plus fermer la bouche.
01:25Bon, il y a deux choses. Je vais vous demander d'essayer de tourner la tête si les mains de votre masseur vous le permettent vers nous, qu'on voit un peu votre visage.
01:31Et vous demandez de nous dire un peu comment est organisé votre tour de chant, votre récital, Johnny Hallyday ?
01:37Eh bien, en première partie, ce qu'on vient de terminer, il y a les anciennes chansons. Enfin, il y a les chansons entre 1962 et 1967 ou 1968.
01:52Oui.
01:53En deuxième partie, ça continue avec des chansons de 1968 à 1976.
01:59Johnny Hallyday, lorsqu'on vous voit sur scène, on comprend qu'on vous retrouve dans cet état-là à l'entracte parce que ça remue énormément,
02:06ça déménage, comme on dit, dans votre métier. Moi, je voudrais savoir si vous avez envie d'accentuer de plus en plus ce côté sportif,
02:12au contraire de retrouver peut-être un côté symphonique, musical, et donc peut-être un peu plus soft, un peu plus doux.
02:19Il y aura des chansons, disons, plus sentimentales, ou plus soft, ou plus douce, comme vous dites, dans la deuxième partie.
02:29Il y aura également du rock'n'roll, mais il y aura également des chansons, disons, plus tendres.
02:33Bon, comme c'est une émission d'information avant tout, j'aimerais savoir combien peut coûter l'organisation d'un tel spectacle.
02:39Parce que j'ai lu quelque part que vous vous ruiniez à monter sur scène, c'est-à-dire que ça vous coûtait énormément d'argent à faire des récitals de ce genre.
02:45Est-ce que c'est vrai, ça ?
02:47Disons que le spectacle revient aux alentours de 400 millions.
02:49En cinq semaines, c'est-à-dire 36 représentations, on ne peut malheureusement pas dépasser les cinq semaines parce qu'il y a d'autres spectacles qui doivent passer après nous.
03:05En étant plein tous les soirs, de toute façon, on ne peut pas, c'est impossible, arriver à faire 400 millions.
03:11C'est-à-dire que si c'est plein, on ne peut pas rentrer plus de gens que ça ne contient.
03:16Oui. Mais alors, qu'est-ce qui vous pousse à faire ce genre de choses ?
03:19Je veux dire, c'est une nécessité industrielle que de se montrer au palais des sports et ça fait vendre du disque ou bien c'est votre goût du show, de la performance ?
03:25Écoutez, malheureusement, ma maison de disque ne me paye pas plus pour ça.
03:29Oui. Il y a plein de gens mal éduqués, j'en suis sûr.
03:33C'est pas pour vendre plus de disques, étant donné que les impôts me prennent toute...
03:39Disons, j'ai saisi sur mes disques, donc que j'en vende ou que j'en vende pas, c'est pas ça qui me ramène de l'argent.
03:44Vous participez au redressement du plan anti-inflation, alors ?
03:47Disons, ça fait partie d'une des personnes, disons, qui est en vue, quoi.
03:55Dans le collimateur, c'est exact, merci.
03:57Et puis, non, je fais surtout ça pour mon plaisir personnel, je fais ça pour...
04:01Également parce que ça fait un an que je n'avais pas chanté et que j'avais envie de faire un show un peu différent.
04:06Et je voulais faire public au public qui, disons, qui allait venir pendant ces cinq semaines.
04:12Oui, Johnny, vous avez la conscience d'être ce qu'on appelle un peu bêtement d'ailleurs, mais on n'a que les mots pour s'exprimer,
04:18un mythe et d'une certaine façon, une sorte de James Dean du rock'n'roll.
04:23Écoutez, si un jour on peut me dire, on m'a tout dit dans ma vie, c'est une bête de scène, c'est James Dean du rock'n'roll.
04:30On le sait, mais ce qui me ferait le plus plaisir, c'est quand on dise que, surtout que je suis Johnny Hallyday.
04:36Oui, je vous dirais même, dans l'état où je vous vois, le roi est nu et c'est Jean-Philippe Smed que je vois, c'est ça ?
