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Lancée dans le sillage de l'affaire de Bétharram, la commission d'enquête parlementaire sur les violences à l'école a commencé ses travaux le 20 mars avec l'audition des représentants de victimes de violences subies dans des établissements privés catholiques. Pendant plus de deux heures, ils sont revenus sur les sévices infligés à de nombreux élèves. Les députés ont aussi entendu des acteurs clés du dossier Bétharram, comme la professeure lanceuse d'alerte, le gendarme et le juge en charge d'une enquête pour violences sexuelle en 1998 et les journalistes spécialistes de l'affaire.

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Transcription
00:00Générique
00:00Si cette commission d'enquête a une utilité, peut-être dès ses premiers instants, c'est celle-là.
00:17Participez avec vous à ce processus de libération de la parole.
00:22Bonjour à tous et bienvenue sur LCP.
00:25Nous vous proposons de revivre les moments forts de la commission d'enquête dite Bétaram.
00:30Après les révélations à des violences dans cette école privée catholique Notre-Dame de Bétaram,
00:35la commission de l'éducation de l'Assemblée s'est transformée en commission d'enquête.
00:39Objectif, faire toute la lumière sur les violences dans les établissements scolaires partout en France.
00:45Le jeudi 20 mars, pour les premières auditions, les députés donnent la parole aux premiers concernés,
00:50les collectifs de victimes qui se sont constitués pour la plupart dans la foulée des révélations sur Bétaram.
00:56Permettez-moi d'abord de vous saluer, de saluer votre force, votre courage et de dire pour commencer les travaux d'audition de cette commission d'enquête parlementaire
01:09que c'est de votre force, de votre courage de victime que cette commission d'enquête est née.
01:15Est-ce que vous-même, comme victime, enfant, adolescent ou certains membres de vos collectifs,
01:20est-ce qu'ils ont cherché de l'aide à l'époque où ils étaient victimes ?
01:26Si oui, comment, vers qui se sont-ils tournés ?
01:30Au sein de l'établissement ? En dehors de l'établissement ?
01:34Quelles réponses ont-ils eues alors ?
01:38C'est la question, pour nous, du signalement qui est vraiment au cœur de notre attention.
01:43Moi, je suis rentré en 1958 et tous les abus sexuels qui se passaient à l'époque, personne n'en parlait, y compris entre nous, on n'en parlait pas.
01:56Moi, j'ai passé donc 7 ans internes, j'ai joué dans l'équipe de foot depuis les Benjamins, Minim, Cadet, peu importe,
02:05avec 3 personnes, 2 qui ont porté plainte, jamais, jamais, on n'a découvert maintenant qu'en fait, on a été victime.
02:14On n'en a jamais parlé. Moi, personnellement, mes parents sont morts, ils ne l'ont jamais su.
02:21Toujours est-il que si j'avais raconté ça à mes parents, un, ils ne m'auraient pas cru, ça c'est absolument évident,
02:28et deuxièmement, heureusement que je ne l'ai pas raconté finalement, avec le recul,
02:35parce que je pense que, comme on m'aurait pris pour un menteur,
02:39eh bien, Cendrillon, ce n'était pas assez fort pour m'éduquer, on m'aurait envoyé à Bétarame.
02:45Nous, en ce qui concerne le Collège Saint-Pierre, aucune aide, de toute façon, n'aurait pu être sollicitée auprès de la direction de l'école,
02:52parce que la violence y était vraiment systémique.
02:54Voilà. Donc, de bas en haut, je dirais, à part les femmes qui nous servaient à la cantine,
03:00tout le monde était dans la violence. Je n'ai pas... Jusqu'à maintenant, on commence à remonter le fil de l'histoire de ce continuum de la violence.
03:09On a repéré à peu près tous les professeurs. Il n'y en a pas un qui, un jour, ou deux, c'est rare qu'il n'en ait donné qu'un, n'ait pas frappé un élève.
03:19Ils étaient recrutés pour ça, véritablement.
03:21Donc, je dirais qu'à la limite, si on avait eu l'heure de se plaindre auprès du directeur ou d'un professeur de la violence,
03:30on s'en serait repris d'autres. Et il y aurait eu des mesures de rétorsion derrière.
03:35Les parents, on n'en parlait pas, parce que pour la plupart, on nous mettait là pour ça.
03:38Et je n'arrive pas à croire que le diocèse ait pu ignorer ces choses-là, puisque le collège était marquetté comme...
03:45On disait ça aux enfants, et les parents disaient ça aux enfants, si tu n'es pas sage ou si tu ne travailles pas bien,
03:50tu vas aller chez les frères Quatre Bras ou les frères Tape Dure.
03:52Bon, voilà, je pense que comme slogan, c'est relativement efficace.
03:56Enfin, c'était ignoble. Voilà.
03:57Pas de signalement pendant 30 ans, ça veut dire que, qu'a fait l'État ?
04:02Pendant ce temps-là, je m'excuse, mais on est à l'Assemblée, on paye des impôts.
04:10Il n'y a pas eu, en 30 ans, un signalement ?
04:14Est-ce qu'il y a eu des inspections ? Je n'en sais rien.
04:17Parce que ce qui nous est apparu dans nos premières visites sur place
04:22et dans nos premiers échanges formels ou informels avec des victimes,
04:25c'est que lorsqu'on dit un coup, une gifle, finalement, à l'époque, c'était accepté,
04:31derrière les coups, il y avait des violences physiques,
04:34derrière les violences physiques, il y avait très souvent des violences sexuelles,
04:38et en fait, lorsqu'on accepte le début, on ferme les yeux sur l'ensemble d'un système.
04:45Voilà. Donc, ce que je vous poserai peut-être à vous tous comme question,
04:48si vous avez envie les uns et les autres de prendre la parole,
04:51c'est quels sont les contrôles que vous avez connus ou dont on vous parle
04:57et qui n'ont pas fonctionné ?
04:59Comment vous imagineriez le contrôle qui aurait pu, en se replaçant dans le passé,
05:04faire que les faits soient beaucoup plus tôt décelés et beaucoup plus tôt prévenus ?
05:08Alors, le contrôle, mais il n'y en avait pas de contrôle.
05:13C'était la porte ouverte à toutes les exactions.
05:16Nous, on subissait la clôture que les bonnes sœurs,
05:19excusez-moi, je le dis volontairement comme ça,
05:23les bonnes sœurs, elles n'avaient rien de bon.
05:27Rien de bon.
05:29Les bonnes sœurs nous martyrisaient.
05:32Alors, les rares filles qui arrivaient à prendre le dessus,
05:37eh bien, elles fuguaient.
05:38Mais quand elles revenaient, on leur tondait les cheveux.
05:43À ras.
05:44Et on leur mettait des robes.
05:47Allez, c'était plutôt des chiffons que des robes.
05:51Et on les enfermait au mitard.
05:54Alors, moi, je suis d'une génération qui a suivi, en fait, la génération de mes camarades.
05:59Nous, il y a eu des contrôles.
06:00J'ai des témoignages de gens qui me disent,
06:02on parle par exemple d'une maîtresse de ses mains, tortionnaire sadique.
06:06Les parents se sont plaints à la direction.
06:08Plusieurs fois.
06:09On me parle même d'un contrôle académique, comme on l'a tous connu.
06:14Alors, moi, je me souviens, enfant, une semaine avant, deux semaines avant,
06:16on nous disait, attention, on va être contrôlés.
06:19Là, tout le monde était sage.
06:19Mais à aucun moment, les enfants n'ont été entendus.
06:22Je vous parle d'une personne qui frappait sur la tête de ses élèves de manière répétée,
06:26qui a décollé les oreilles d'un enfant qui venait de se les faire recoller chirurgicalement.
06:32Enfin, des choses d'une violence inouïe.
06:34Et donc, les parents se sont plaints.
06:37La direction n'a rien fait.
06:39Il y a eu un contrôle qui n'a servi absolument à rien.
06:43Donc, on ne fait pas de bruit, on ne fait pas de vagues.
06:45On m'a même redit il n'y a pas longtemps, on lave notre linge sale en famille.
06:50Pareil, il y a des élèves, il y a un prêtre qui était, qui posait problème, en fait,
06:55qui a été, dont les élèves ont trouvé qu'il avait des gestes très déplacés.
06:59Ils sont allés se plaindre au censeur de l'époque, qui leur a dit, ce sont des accusations très graves.
07:06Vous savez bien que les prêtres sont en manque d'affection.
07:08Ce sont des gestes d'affection légitime d'un homme de Dieu.
07:11J'ai même un témoignage qui, moi, me glace sur un maître de CM2 qui caressait les petites filles tous les jours.
07:19Il y en a qui disent, je me suis fait caresser tous les jours, il a mis la main dans ma culotte tous les jours en CM2.
07:23De la directrice de l'école primaire qui prévient, je suis désolée, c'est vraiment dur,
07:29qui prévient une des mamans d'élèves en lui disant, fais attention à monsieur machin, fais attention.
07:35Donc on savait, ce type est arrivé avec une réputation et on l'a laissé dans une école de CM2.
07:40Donc les contrôles n'ont servi à rien, les enfants en parler n'ont pas été écoutés,
07:44et tout ça pour protéger la réputation de ces établissements.
07:48Et je voudrais vous interroger sur, est-ce que dans les établissements qui ont été les vôtres,
07:52est-ce qu'il y avait des enfants qui fuguaient, qui s'échappaient, qui fuyaient ?
07:57Elles fuguaient facilement, les filles.
07:58Moi, je n'ai pas voulu parce que je ne savais pas ce qui m'attendrait dehors.
08:03Je n'étais pas terrorisée de savoir ce qui pourrait se passer, puis j'étais loin de chez mes parents.
08:09Les filles fuguaient.
08:09Mais pendant toute la nuit, avec les chiens bergers allemands, on était conviés à passer dans tous les bosquets, dans tous les jardins,
08:20pour savoir s'ils n'étaient pas montés en haut d'un arbre, pour se cacher.
08:23Et quelquefois, elle fuguait.
08:28Et puis, elle se ratait.
08:30Elle tombait par terre, comme à Nancy, où elle a râlé toute la nuit, et que les chiens l'ont mangé, en fait.
08:40La chaîne, elle est immense parce que les enfants, ils ont parlé, ils ont dit, ils ont parlé à leurs parents,
08:47ils ont parlé aux personnes à l'extérieur, la dame qui s'occupait de la piscine à Liévin,
08:54les personnes qui faisaient, les enfants allaient faire du sport à l'extérieur, ils le disaient.
09:00Mais pourquoi personne n'a bougé ?
09:01Jamais.
09:02En fait, tout le monde était au courant.
09:03Et ça a été un lieu qui a été protégé jusqu'en 2019,
09:07où il a fallu une vague de 200 auditions suite à une plainte pour viol déposée en 2013,
09:12pour que le rectorat dise à Riaumont de faire partir les enfants.
09:20Aujourd'hui, Riaumont, il y a des scouts et des louvettes,
09:23avec des prêtres qui vont passer dans la justice,
09:26et dont un, dont on va savoir ce qu'il va prendre pour détention d'images pédopornographiques,
09:30pendant cinq ans.
09:31On ne pouvait pas trop raconter ce qu'il y avait à l'école, à l'établissement,
09:37puisque le directeur de l'établissement était lui-même un agresseur.
09:41Donc on se taisait.
09:44Et de toute façon, quand on rentrait à la maison et qu'on voulait raconter ça à nos parents,
09:48ils nous avaient mis là pour ça.
09:50Donc on nous disait, s'il t'a pris des coups, c'est que tu les as méritées.
09:55Mais moi, les premières violences, elles ont commencé dans une école publique primaire,
10:00et pas dans un petit village du fond du Pays Basque.
10:02C'était à Anglette, une grande ville.
10:06Voilà.
10:06C'était en cours de CM1.
10:09Il y avait un des tortionnaires qui avait peint les vitres de la classe en blanc,
10:14pour ne pas qu'on voit de l'extérieur ce qu'il nous faisait à l'intérieur.
10:17Le deuxième agresseur, c'était le directeur de l'école,
10:21qui avait une baguette, une espèce de petit fouet, qu'il appelait Caroline.
10:26Et donc il nous disait, viens, je vais te présenter Caroline.
10:28Et il nous faisait nous allonger sur ses genoux, et il nous fouettait avec sa baguette.
10:33Pour les dicter, quand on faisait trop de fautes, il nous faisait venir à côté de lui,
10:38nous prenait l'intérieur de la cuisse,
10:41pincé, et tournait violemment, jusqu'à qu'on corrige la faute.
10:45Donc quand on rentrait à la maison, moi j'avais deux, trois bleus.
10:50Je disais à mon père, qui était médecin en Anglotte, il était médecin,
10:53je lui disais, mais papa, t'as vu ça ?
10:55Ben la prochaine fois, tu ferais moins de fautes.
10:58Donc en fait, tout le monde savait, parce qu'un établissement public,
11:02il y avait un médecin, il y avait des infirmières,
11:05tout le monde allait voyer les vitres peintes en blanc.
11:06Et personne n'a jamais rien dit.
11:09À Bétaram, effectivement, les enfants fuguaient souvent,
11:13et notamment le mercredi.
11:14Moi, je me souviens très très bien, dans les années 80-90,
11:18de voir l'estafette de la gendarmerie de Naï,
11:22revenir avec des enfants.
11:24Mais parfois, c'était aussi la population locale,
11:28les habitants de l'est d'El-Bétaram,
11:30qui trouvaient des enfants en pleurs,
11:34fuyant l'établissement,
11:35et qui rappelaient,
11:37je me rappelle très bien de M. Sager,
11:39qui allait les chercher,
11:41très rapidement d'ailleurs.
11:43Je ne sais pas.
11:44Enfin, notre société,
11:46on dit, c'était il y a 30, 40, 50, 60 ans.
11:50Moi, quand je vais voir Romain Clerc,
11:52en février,
11:53avec 8 plaintes criminelles,
11:56qui visent le surveillant de Bétaram,
11:57qui est actuellement en détention,
12:00des plaintes criminelles,
12:02que je vais déposer le lendemain
12:04au procureur de la République.
12:07Et le directeur actuel de Bétaram
12:09me dit,
12:11je n'ai rien à reprocher à ce surveillant.
12:15Et moi, je veux lui lire les plaintes criminelles,
12:19il ne le souhaite pas.
12:20Il ne veut même pas les entendre.
12:22Donc, quand on dit,
12:23c'était il y a 30, 40 ans,
12:26je crois que
12:28notre responsabilité,
12:30il faut que je saisisse
12:32via l'article 40
12:34les maires d'Igon
12:36et de Monteau,
12:39le préfet qui est alerté,
12:40qui dit qu'il ne peut rien faire.
12:42On est en grande difficulté, en fait.
12:44C'est-à-dire que s'il n'y a pas
12:45un Alain Esquerre qui se lève
12:46et qui hurle, en fait,
12:49auprès de la presse,
12:52et c'est la presse qui va faire pression
12:53pour que ce surveillant soit suspendu,
12:56ça en dit long
12:56sur les dysfonctionnements de l'État,
12:58aujourd'hui, en fait.
13:00Parce que là, on parle d'il y a 30, 40 ans,
13:03mais aujourd'hui,
13:04on a encore des choses à faire.
13:05Parce qu'il y a un trou dans la raquette.
13:07Les dispositifs d'alerte,
13:09ils ne marchent pas.
13:11La preuve, on en est à créer
13:12des pauvres pages Facebook.
13:14C'est-à-dire que s'il n'y a pas
13:16des citoyens qui prennent
13:18le taureau par les cornes,
13:21le système, il continue,
13:22il est bien huilé.
13:24Ça, tout continue à tourner.
13:27Et le pas de vague,
13:28il est toujours là en 2025.
13:30Mais moi, à l'époque,
13:33le prêtre qui m'a agressé,
13:37il a été exfiltré de Cendrillon à l'époque.
13:40Il s'est retrouvé curé à Biscarros
13:41et après, curé de Biscarros,
13:44il s'est retrouvé directeur à Tartas.
13:47Et est-ce que vous croyez, moi,
13:48par exemple, dans la récolte,
13:52entre guillemets, des témoignages,
13:55pardon,
13:57je n'ai aucun paroissien de Biscarros
13:59qui m'a parlé,
14:00ni aucun élève de Tartas.
14:03Dans toutes les victimes,
14:05on est la face...
14:07Il ne faut pas croire.
14:09On nous a cassés.
14:12Voilà.
14:12Et c'était un système qui reposait
14:14effectivement sur un homme,
14:16le père L,
14:17mais qui a été couvert par le diocèse.
14:19Je n'arrive pas à concevoir
14:21que ça puisse être autrement.
14:22Ça n'aurait pas duré 30 ans.
14:24Il y a quand même...
14:26Moi, ce qui nous unit tous,
14:27quand même,
14:28c'est le manque de courage
14:29de ceux qui ont vu et qui n'ont rien fait.
14:31Il y a eu un manque de courage des adultes.
14:34Alors, il y avait les bourreaux,
14:35mais j'en veux presque plus
14:36à ceux qui étaient là,
14:37qui avaient des responsabilités
14:38et qui ont vu.
14:38Quand les villageois voyaient les gosses
14:40avec des croix au mercurochrome
14:42sur la tête
14:42et qu'ils n'ont rien fait.
14:43Quand les autres professeurs de l'école
14:46voyaient les vitres peintes.
14:48Quand on voyait les gamines défenestrées.
14:51Tous, on peut tous.
14:53Il y a eu des gens
14:53qui n'avaient absolument aucun courage.
14:55Quand une maîtresse de CM1,
14:57on nous dit qu'elle était élue
14:58du comité d'entreprise,
14:59tout le monde avait peur d'elle,
15:01même les adultes.
15:02Donc, deux directeurs successifs
15:03l'ont couverte,
15:05alors que ça disait ses élèves.
15:07Comment est-ce qu'aujourd'hui...
15:07Moi, j'ai 42 ans aujourd'hui.
15:08Si j'entendais parler
15:09de quelqu'un qui fait comme ça,
15:10je n'aurais pas peur
15:10d'aller voir la police.
15:12Alors, je ne sais pas pourquoi.
15:13C'était une génération
15:13où tout le monde avait peur
15:14de tout le monde.
15:15Mais il faut que ça cesse.
15:16Et encore une fois,
15:18ça n'était pas normal,
15:19même à cette époque-là.
15:21Après ces témoignages poignons,
15:23les députés continuent leurs travaux.
15:25Le 26 mars,
15:26ils auditionnent quatre journalistes
15:27qui ont enquêté
15:28sur les violences
15:29à Notre-Dame de Bétaram.
15:30On a vu la création
15:33de ce groupe Facebook
15:34créé par Alain Esquerre
15:35à la fin octobre 2023.
15:42On a commencé à en parler
15:43entre nous.
15:47Et très clairement,
15:49la réflexion qu'on a eue au début,
15:50c'est, oui,
15:51des violences à Bétaram,
15:53grande nouvelle.
15:54parce que tout le monde,
15:56effectivement,
15:57en Béarnes,
15:58connaissait la réputation
15:59de cet établissement.
16:02Mais cela dit,
16:03évidemment,
16:03on s'est intéressé
16:04aux échanges
16:04qui y étaient déployés
16:06jusqu'au moment
16:09où on a pu avoir
16:11des premiers témoignages directs
16:12en contactant
16:13les membres de ce groupe,
16:16puis Alain Esquerre
16:17et qu'on a choisi
16:20d'en faire un article.
16:21Donc les premiers qui,
16:23les premiers confrères
16:24qui ont travaillé dessus,
16:25je crois que c'était
16:26France Télévisions,
16:27je crois que c'était France 3,
16:28le tout premier article.
16:30La République des Pyrénées
16:31également a beaucoup
16:32travaillé dessus.
16:34Et petit à petit,
16:36on s'est plongé
16:38dans ce dossier
16:39qui était bien plus vaste
16:42qu'on l'avait perçu
16:43au début, évidemment.
16:45En fait,
16:45ce qui nous a intéressé
16:46particulièrement
16:48dans cet établissement,
16:50c'était la multiplication
16:53de témoignages
16:54concernant des périodes
16:56différentes
16:56et avec une diversité
16:58d'auteurs
16:59qui laissaient déjà
17:01transparaître
17:02ce que l'on voit aujourd'hui
17:03qui est une mécanique
17:05de la violence
17:06systémique, institutionnelle
17:09au sein de cet établissement
17:11et qui, en fait,
17:13démontrait qu'il y avait
17:14au-delà de la nécessité
17:17de faire émerger
17:18la parole des victimes,
17:19d'interroger la responsabilité
17:21individuelle des auteurs
17:23qui montraient
17:24qu'il y avait
17:24un environnement
17:25institutionnel
17:27qui avait permis
17:28à la violence
17:29de, qu'elles soient
17:31les violences sexuelles
17:33mais aussi physiques
17:34et psychologiques
17:35de se répéter
17:35pendant des années
17:37voire des décennies
17:38au sein de cet établissement
17:40et on s'est assez rapidement
17:43concentré sur les années 90
17:44qui, à Notre-Dame
17:46de Béteram
17:47nous semblent absolument
17:48fondamentales
17:49sur la manière
17:52dont ce qu'on qualifierait
17:53aujourd'hui de lanceurs
17:54et lanceuses d'alerte
17:55ont été complètement ignorés
17:57par de nombreuses institutions
18:00et qui est pour nous
18:02une décennie de bascule
18:03où potentiellement
18:04les institutions
18:05auraient pu réagir
18:06et les personnes
18:07à la tête
18:08de ces institutions
18:08et n'ont rien fait
18:10et on se rend compte
18:13aujourd'hui
18:13qu'avec l'ampleur
18:15des témoignages
18:15y compris pour des faits
18:16postérieurs
18:17aux premières alertes
18:18et bien ça a eu
18:19des conséquences
18:20extrêmement lourdes
18:21Plusieurs d'entre vous
18:23nous avaient dit
18:24tout le monde savait
18:25alors
18:26qu'est-ce qu'on savait
18:28parce qu'il y a aussi
18:29quelque chose d'assez
18:30imprécis dans cette formule
18:31qu'est-ce qu'on savait
18:32qu'est-ce qu'on se disait
18:32de cet établissement
18:33et est-ce que
18:35au moment où on savait
18:36et à quel moment
18:37d'ailleurs
18:38à partir de quand
18:38sait-on que
18:39Betaram est un établissement
18:40violent
18:41si je comprends
18:42si je déduis
18:42de vos propos
18:43quelque chose
18:44quelle violence
18:45parle-t-on ?
18:46Et quand je suis arrivé
18:47à Pau
18:47en 2018
18:50je vous avoue
18:52que je ne
18:53je ne peux pas
18:53répondre précisément
18:54à votre question
18:55je ne me souviens pas
18:55qui m'a dit quoi
18:57mais
18:58j'ai entendu
19:00à plusieurs reprises
19:01une affaire
19:02de réputation
19:03quand on parlait
19:04de l'expression
19:05« si tu n'es pas sage
19:06tire à Betaram »
19:07je l'ai lue
19:08je l'ai entendue
19:08à plusieurs reprises
19:09donc la première chose
19:11à laquelle j'ai pensé
19:13quand
19:13l'affaire Betaram
19:16a éclaté
19:18c'est
19:18est-ce que
19:20mon père
19:20et ses frères
19:21y étaient passés
19:21donc j'appelle mon père
19:23et je lui demande
19:24qui est passé
19:26pour moi
19:26c'était une évidence
19:27et bien non
19:29donc sur les
19:30ils étaient 4
19:324 frères
19:32nés dans les années 40
19:34les 4 ont été victimes
19:36de violences sexuelles
19:38à des niveaux
19:39plus ou moins graves
19:40les 4
19:41dans les Pyrénées-Atlantiques
19:43et aucun
19:43qui soit passé
19:44par Betaram
19:45certains étaient
19:47à Bayonne
19:47d'autres à Pau
19:50dans d'autres établissements
19:52sur lesquels
19:54il y a déjà
19:54des articles
19:55qui ont été
19:55qui ont été faits
19:57je pense que
20:00Betaram
20:00représentait
20:01voilà
20:01mes oncles
20:02que j'ai interrogé
20:03sur la question
20:05me disait
20:08de manière un peu
20:09même très ironique
20:11Betaram
20:12c'était
20:13le sommet
20:14Betaram
20:16effectivement
20:17on sait
20:17on sait
20:20que c'est
20:21un établissement
20:22de redressement
20:23d'éducation
20:23à la dure
20:24j'ai des camarades
20:27de classe
20:27qui sont passés
20:28qui parlaient
20:29de la violence physique
20:29ça je pense
20:30qu'à minima
20:31pour répondre
20:31à qui savait
20:33tout le monde savait
20:34qu'au moins
20:34il y avait
20:35de la violence physique
20:36après
20:37on ne savait pas
20:38forcément
20:39jusqu'où
20:40elle est
20:40cette violence physique
20:41puisqu'elle est
20:42aujourd'hui
20:43il y a même
20:43des témoignages
20:44de torture
20:45assez récemment
20:47qu'on a pu obtenir
20:49donc ça va
20:51ça va très loin
20:52on est sur
20:52de la maltraitance
20:53quotidienne
20:54etc
20:54des abus sexuels
20:57mais je crois
20:58que
20:58ce qu'il faut dire
21:00à Betaram
21:01ce qu'il y a de particulier
21:02à Betaram
21:03c'est d'abord
21:03si vous êtes allé
21:05là-bas
21:06vous avez vu le lieu
21:07niché entre la montagne
21:09le Gave de Pau
21:10on est à 8 km
21:11de Lourdes
21:12c'est un lieu
21:13qui est sacré
21:15en fait
21:16pour beaucoup de personnes
21:17parce que le fondateur
21:17a été canonisé
21:19donc en fait
21:20on ne touche pas
21:22à Betaram
21:22encore
21:23des plaintes
21:24qui se recoupent
21:25c'est ce qui est
21:26assez effarant
21:27c'est-à-dire des gens
21:27qui sont nés
21:29à des périodes différentes
21:30qui ont été scolarisés
21:31à des moments différents
21:32qui ne se connaissent pas
21:33ils racontent
21:34au détail près
21:35les mêmes process
21:36la même terreur
21:38ce qu'ils ont vécu
21:38la fameuse punition
21:39du Perron
21:40un point sur
21:41les pressions
21:42parce qu'elles ne me paraissent
21:44pas à minimiser
21:46lorsque François Bayrou
21:48prend la parole
21:49devant la représentation nationale
21:50alors j'affirme
21:52que j'ai
21:54évidemment
21:55je n'ai jamais
21:57été informé
21:58de quoi que ce soit
22:00de violence
22:01ou de violence
22:02a fortiori
22:03sexuelle
22:04jamais
22:05je peux vous assurer
22:07que tout est faux
22:08et qu'une plainte
22:10en diffamation
22:11sera évidemment portée
22:12lorsque François Bayrou
22:15prend la parole
22:16devant la représentation nationale
22:17et annonce
22:18une plainte
22:19pour diffamation
22:19la première chose
22:21c'est que nous
22:21on la questionnait
22:22à plus de 5 reprises
22:23pour savoir
22:23si cette plainte
22:24avait été déposée
22:25et contre qui
22:26on imaginait à l'époque
22:27que c'était contre Mediapart
22:28le Premier ministre
22:29ou son cabinet
22:30n'ont jamais voulu
22:31nous répondre
22:31mais cette plainte-là
22:34annoncée
22:35à l'Assemblée nationale
22:36reprise partout
22:37dans la presse
22:38c'est une pression
22:39c'est une pression
22:40sur nos sources
22:41dans un climat
22:42qui était assez tendu
22:44on a des personnes
22:45qui nous ont
22:46expliqué
22:47qu'elles ne craignaient
22:48de parler
22:48puisqu'elles imaginaient
22:50la place du Premier ministre
22:51à la fois locale
22:52et à la fois
22:53à ton Premier ministre
22:53et que c'était
22:54pas un sujet facile
22:55on a le père
22:55d'une première victime
22:56qui nous a dit
22:57surtout
22:57vous ne mettez pas mon nom
22:59je ne veux pas avoir de problème
23:00j'ajoute que
23:01cette plainte-là
23:02c'est aussi un narratif
23:04qui a été
23:04qui a servi
23:06évidemment
23:07le Premier ministre
23:08pour mentir
23:09et se couvrir
23:10par la suite
23:11mais c'est un narratif
23:12qui sert aussi
23:12à discréditer
23:13la presse
23:14c'est-à-dire que
23:15les articles
23:16qu'on a
23:17à l'issue
23:17de ces questions
23:19au gouvernement
23:19c'est de dire
23:20Mediapart accuse
23:22le Premier ministre
23:23dément
23:24c'était un moment
23:26assez inédit
23:26c'est-à-dire qu'on est
23:27quand même dans
23:27des révélations
23:28documentées
23:29c'est-à-dire que
23:30tout était là
23:30nous
23:31autant il peut y avoir
23:33des enquêtes
23:33journalistiques très pointues
23:35avec des sources
23:35des documents cachés
23:36etc
23:36là c'était quand même
23:38ça rejoint ce que je disais
23:39en préambule
23:40sur la place publique
23:41et en tout cas dans les archives
23:42et on a fait
23:43une trentaine d'articles
23:44aujourd'hui
23:44on assume
23:46et on ne retirait pas
23:47une ligne
23:47rien de ce qui a été publié
23:49aujourd'hui
23:49on a une trentaine d'articles
23:50rien n'est inexact
23:51il n'y a pas une erreur
23:52dans Mediapart
23:53quant au fait
23:54qu'affirmer
23:55que François Bayrou
23:57a menti devant
23:57la représentation nationale
23:58ce n'est pas une opinion
24:00ce n'est même pas
24:01une conviction
24:01c'est un fait
24:02je vais juste vous lire
24:04donc une archive
24:05du 5 mai 1996
24:07qui n'est pas
24:07de Mediapart
24:08qui est de sud-ouest
24:09dimanche
24:10où donc la fameuse
24:12visite de François Bayrou
24:14est évoquée
24:15à Bétharam
24:16pendant une enquête
24:17judiciaire
24:17qui va déboucher
24:19sur la condamnation
24:20d'un surveillant
24:21du surveillant général
24:23de cet établissement
24:24et François Bayrou
24:26donc après
24:27une inspection
24:27dont on a
24:28compris ensuite
24:31qu'elle était là
24:31simplement pour
24:32blanchir
24:33l'établissement
24:34dit
24:35nombreuses sont
24:36les béarnais
24:36qui ont ressenti
24:38ces attaques
24:39au pluriel
24:40donc ce n'est pas
24:41l'attaque d'un professeur
24:42d'un parent d'élève
24:43ces attaques
24:44au pluriel
24:45donc il est au courant
24:46qu'il y a un climat
24:47de dénonciation
24:48au pluriel
24:49parce qu'on sait
24:50que dans ces années-là
24:51il y avait aussi
24:51une professeure
24:52qui dit lui avoir écrit
24:53donc ces attaques
24:55ont été ressenties
24:57avec un sentiment
24:58douloureux
24:58et un sentiment
24:59d'injustice
25:00le mot injustice
25:01est intéressant
25:02pendant une enquête
25:03judiciaire
25:04laquelle va déboucher
25:05un mois plus tard
25:05sur la condamnation
25:06donc l'injustice
25:08elle serait plutôt
25:10du côté quand même
25:10de la victime
25:11toutes les informations
25:13que le ministre
25:14pouvait demander
25:15le ministre
25:15parlant de lui
25:16donc à la troisième personne
25:17il les a demandées
25:18toutes les vérifications
25:20au pluriel
25:21ont été favorables
25:23et positives
25:24le reste suit son cours
25:25cette même personne
25:28qui s'exprime ainsi
25:29dans Sud-Ouest
25:31le 5 mai 1996
25:32dit en 2025
25:34en février 2025
25:35qu'elle n'a jamais
25:36été informée
25:37de la moindre alerte
25:39sur des violences
25:40au sein de Notre-Dame
25:41de Bétarame
25:42Quelques minutes après
25:44c'est au tour
25:44de Françoise Gulung
25:45d'être auditionnée
25:46enseignante à Bétarame
25:48de 1994 à 1996
25:50elle est la première
25:51à avoir alerté
25:53sur les violences
25:53envers les élèves
25:54devant les députés
25:56elle raconte
25:57ce qu'elle a vu
25:57et ce qu'elle a signalé
25:59à son administration
26:00Je me suis perdue
26:02je cherchais
26:03le secrétaire
26:04dans les couloirs
26:05j'entends sur ma gauche
26:07dans une salle
26:08un adulte
26:10qui hurlait
26:10sur un enfant
26:11qui le cognait
26:13j'entendais les coups
26:14et venait en face de moi
26:16Madame Berrou
26:18donc je
26:19bêtement
26:21je lui dis
26:22mais qu'est-ce qu'on peut faire
26:23et elle n'a pas compris
26:25ce que j'attendais
26:25ça c'est clair
26:26elle n'a pas compris
26:27donc bon ben
26:29voilà
26:31c'était entre 15 jours
26:33et 3 semaines
26:33après la rentrée
26:34quoi
26:34ensuite les choses
26:36que j'ai vues
26:36très très très vite
26:37et qui m'ont beaucoup
26:38beaucoup dérangée
26:39c'est mes élèves
26:40j'avais des enfants
26:42qui étaient
26:42écrasés de fatigue
26:44qui étaient
26:46ternes
26:47qui étaient
26:48passifs
26:49et
26:50qui de temps en temps
26:52il y en avait un
26:52ou l'autre
26:53dont la tête
26:54tombait sur le pupitre
26:55la première fois
26:57où ça vous arrive
26:57ça surprend quand même
26:58donc j'ai voulu savoir
26:59j'ai interrogé
27:00on m'a dit
27:01c'est pas grave
27:02il y a eu des problèmes
27:02parce que les enfants
27:03essayaient de pas trop parler
27:04c'est pas grave
27:05il y a eu des problèmes
27:06à l'internat cette nuit
27:06on n'a pas pu dormir
27:07n'empêche que ce genre
27:10de problème
27:10ça se répétait
27:11avec une fréquence folle
27:13bon alors là
27:14j'ai commencé à aller voir
27:15l'infirmière
27:16parce que j'ai voulu comprendre
27:17et l'infirmière
27:18m'a confirmé
27:20qu'il se passait
27:21ce genre de choses
27:22et elle m'a dit
27:23mais bon
27:24il me semble
27:25qu'il se passe aussi
27:25d'autres choses
27:26donc je pense
27:27que c'était dans le premier mois
27:28le premier mois et demi
27:29vous pouvez juste expliciter
27:31ce genre de choses
27:33c'est à dire
27:33c'est à dire
27:34des enfants
27:35qui visiblement
27:36avaient passé
27:37une grande partie
27:38de la nuit
27:38debout
27:40sans pouvoir dormir
27:41alors les enfants
27:42alors ce qu'elle m'a expliqué
27:43ce que les enfants
27:44peut-être n'osaient pas dire
27:46c'est que les enfants
27:47étaient mis
27:47au garde-à-vous
27:48au pied de leur lit
27:49et que ça pouvait durer
27:50deux heures
27:51trois heures
27:51donc là
27:53donc on était
27:54encore en 94
27:56je pense
27:57ou tout début 95
27:58j'ai commencé à signaler
27:59j'ai écrit à monsieur Berroux
28:02l'infirmière l'avait déjà fait
28:03quelques temps avant
28:04sans réponse
28:05j'ai écrit moi aussi
28:06sans réponse
28:07j'ai fait un courrier
28:08que j'ai envoyé
28:10au tribunal
28:11sans réponse
28:13je suis allée
28:15à la gendarmerie
28:16et on m'a dit
28:17oh oui on sait
28:17on sait
28:18et j'ai aussi écrit
28:20à la direction
28:21diocésaine
28:21et j'ai contacté
28:23le médecin de la PMI
28:24le médecin de la PMI
28:27a certainement soutenu
28:29mes propos
28:29au niveau de la direction
28:30diocésaine
28:31et moi-même
28:32la seule personne
28:33qui m'ai contactée
28:34c'est un représentant
28:36de la direction diocésaine
28:37qui m'a convoqué
28:38dans un bureau
28:40d'une école maternelle
28:41de Pau
28:41où il m'a expliqué
28:43avec beaucoup de courtoisie
28:45beaucoup d'entre gens
28:47que
28:48d'abord que je déshonorerai
28:50ma famille
28:51et surtout
28:53que si je voulais rester
28:54dans l'enseignement catholique
28:55il fallait que
28:56j'oublie tout ça
28:57donc des violences physiques
28:59est-ce que vous avez
29:00vous êtes témoin
29:02ou on vous rapporte
29:03des violences sexuelles
29:04lorsque vous êtes à Bétharam
29:05non
29:06on ne nous rapporte pas
29:07de violences sexuelles
29:08lorsque je suis à Bétharam
29:09je vois d'autres
29:11j'ai vécu
29:12j'ai vécu au moins
29:12parce que
29:13c'est vieux hein
29:14mais je me souviens
29:15au moins d'avoir vu
29:16une agression physique
29:17un enfant rossé dans la cour
29:18très violemment
29:20et je pense que ça fait partie
29:21des éléments
29:22qui m'ont permis
29:23de faire mes premiers courriers
29:24un enfant rossé dans la cour
29:26par un autre élève
29:26ou par un adulte
29:27par un surveillant
29:28par un adulte
29:29donc vous lui adressez
29:30un courrier
29:31à monsieur Bayrou
29:31en sa qualité de ministre
29:32et de conseiller départemental
29:34est-ce que vous recevez
29:35une réponse de sa part
29:36non
29:36la seule réponse que j'ai reçue
29:38c'est de l'évêcher
29:39un peu plus tard
29:40plusieurs mois plus tard
29:41peut-être
29:41plusieurs semaines plus tard
29:42vous allez rencontrer là
29:44physiquement monsieur Bayrou
29:45à l'occasion d'une remise
29:46de décoration
29:47et là vous avez rapporté
29:49dans la presse
29:49l'avoir à nouveau
29:51informé
29:51est-ce que vous pouvez revenir
29:52sur cet épisode
29:53de le décrire
29:53qu'est-ce que vous lui dites
29:55qu'est-ce qu'il vous répond
29:56alors
29:56on fêtait le départ de Pau
30:02de Mère Myriam
30:03qui était quelqu'un
30:03à qui j'étais très attachée
30:04donc j'y suis allée
30:06et à un moment
30:09je vois monsieur Bayrou
30:10à côté de Mère Myriam
30:11Mère Myriam était à sa droite
30:14et lui à gauche
30:15je me suis dit
30:16bon c'est le moment où jamais
30:18il ne m'a jamais répondu
30:19je tente
30:20donc je suis allée à lui
30:21et je lui ai dit
30:22monsieur Bayrou
30:22c'est vraiment grave
30:25ce qui se passe à Bétarame
30:25il faut faire quelque chose
30:27et il m'a simplement répondu
30:29mais on exagère
30:31voilà
30:31donc
30:32je n'ai rien fait de plus
30:34parce que
30:35dans un tout premier temps
30:36j'ai quand même
30:37un petit peu interrogé
30:38mes collègues
30:39je ne comprenais pas
30:40il devait bien s'être aperçu
30:41que les enfants
30:42que ce n'était pas très normal
30:44et en fait
30:45c'était toujours
30:45non mais on n'en parle pas
30:47mais de toute façon
30:48c'est comme ça
30:49ce n'est pas grave
30:51et voilà
30:51est-ce que d'autres enseignants
30:53sont témoins
30:55vous avez parlé de madame Bayrou
30:55mais est-ce que d'autres enseignants
30:56le sont
30:57est-ce qu'ils vont tenter
30:58de les signaler
30:59eux aussi
31:00est-ce que leurs éventuels signalements
31:02vont connaître
31:02les mêmes suites que les vôtres
31:04c'est-à-dire une absence de réponse
31:05ou seront-ils traités différemment
31:07au moment où j'y étais
31:09c'était le silence
31:11sur ce genre de problème
31:12je pense que
31:12tous les enseignants
31:14pouvaient comme moi voir
31:15que
31:16enfin du moins tous ceux
31:17qui avaient affaire
31:18à des enfants
31:18au moins de l'âge collège
31:20mais je pense qu'il était vrai aussi
31:21pour certains lycéens
31:22pouvaient voir
31:23que les enfants étaient
31:24dans une situation difficile
31:26je pense que
31:27tous les enseignants
31:27le savaient
31:28maintenant
31:30aucun
31:32moi on m'a toujours demandé
31:33de me taire
31:34de ne pas créer
31:35de problème
31:36est-ce que vous avez
31:38des regrets
31:39j'entends dans votre
31:41expression
31:42je n'ai pas pu faire plus
31:44donc vous êtes allé
31:45jusqu'à vous adresser
31:47aux responsables politiques
31:48à interroger
31:49vos collègues
31:50est-ce que
31:51avec le recul
31:52avec les témoignages
31:52que vous avez fait
31:53à la presse aujourd'hui
31:54vous imaginez
31:55que vous auriez pu
31:56faire quelque chose
31:57de plus
31:57je pense que j'ai vraiment
31:59fait tout ce que je pouvais
32:00en tout cas moi
32:01je n'ai pas
32:04je n'ai
32:04je crois que j'ai vraiment
32:06fait tout ce que je pouvais
32:07vraiment
32:07je ne pense pas
32:08que je pouvais faire autre chose
32:09mais quand
32:10en décembre
32:1395
32:13ces deux enfants
32:15ont été mis dehors
32:16dans le froid
32:17alors là
32:19j'ai trouvé
32:19que c'était vraiment
32:20j'ai considéré
32:22que c'était de la torture
32:23de la barbarie
32:24de faire ça
32:24à des enfants
32:25et alors là
32:26j'ai décidé
32:26que je n'aurais plus
32:28aucune prudence
32:30par rapport
32:31à ce monde là
32:31ça c'est clair
32:32donc la première chose
32:34que j'ai fait
32:34ça s'était passé
32:36juste avant Noël
32:37les vacances de Noël
32:38donc à la rentrée
32:39j'arrive dans mes classes
32:41de collège
32:42puisque j'avais des collégiens
32:43la première classe
32:44où j'arrive
32:44j'avais des enfants
32:45affolés
32:46terrifiés
32:48alors je les calme
32:49ce qu'ils me racontent
32:51parce que je ne savais pas
32:52et alors ils me disent
32:53oui mais moi
32:54alors ils me racontent
32:55mais moi
32:56j'ai pas de carte de téléphone
32:57qu'est-ce que je vais faire
32:58alors là
32:59j'ai considéré
33:00que le mieux
33:02que je pouvais faire
33:02c'est un peu
33:04de les protéger
33:04donc j'aurais dit
33:05déjà
33:05pas de soucis
33:06on peut
33:08il y a des cabines téléphoniques
33:09dans le village
33:09vous seriez à la place
33:11de vos petits camarades
33:12vous foncez à la cabine
33:13vous faites le 119
33:14il n'y a pas besoin de monnaie
33:15et après je leur ai dit
33:16aussi
33:17je pense que ça ne suffit pas
33:19il faut que vous racontiez
33:20à vos parents
33:21aussi les problèmes
33:22d'internat
33:23et alors là
33:25il y a des élèves
33:26qui m'ont dit
33:27mais je ne peux pas raconter
33:28ça
33:28mes parents
33:29ils ne croiront pas
33:29c'est embarrassant
33:32pour un adulte
33:33d'entendre ça
33:33donc je me suis dit
33:36il faut que je les rassure
33:38donc je leur ai dit
33:39mais c'est normal
33:39que vos parents
33:40ne vous croient pas
33:41vos parents
33:43ils vous ont mis là
33:44en pensant que vous serez
33:45bien élevés
33:46qu'on vous prendra soin de vous
33:47bien sûr
33:47qu'on sera sévères
33:48mais qu'on prendra soin de vous
33:49donc c'est normal
33:50qu'ils ne vous croient pas
33:51donc il faut que vous en parliez
33:52à une tati
33:54une grand-mère
33:54un cousin
33:55quelqu'un qui vous croira
33:56et que vous gardiez
33:57son numéro de téléphone
33:58pour le cas où
33:58après-pain vous arriverez
34:00alors là
34:01évidemment
34:01pour moi
34:02je suis devenue
34:05immédiatement
34:05personnelle en gratte
34:06ça c'est sûr
34:07d'abord on m'a sommé
34:08le surveillant général
34:10et puis quand on me présente
34:11dans le couloir
34:12le père directeur
34:14de demander une mutation
34:16alors le surveillant général
34:17m'a sommé
34:17le père directeur m'a dit
34:18ce serait mieux pour vous
34:19mais bon le résultat est même
34:20j'ai refusé
34:21un jour
34:24je traverse la cour
34:26et je vois
34:27que le surveillant général
34:28était avec un ballon
34:29et un groupe
34:30d'adolescents
34:32probablement
34:33des jeunes lycéans
34:33autour de lui
34:34et donc
34:36c'était pas habituel
34:37donc je traverse la cour
34:39en gardant un oeil dessus
34:40et je vois
34:40le surveillant général
34:41qui fait comme ça
34:42le ballon part
34:43et le groupe d'enfants
34:45enfin d'adolescents
34:46suit le ballon
34:48et donc me saute dessus
34:49le ballon
34:49était envoyé sur moi
34:52donc tout le monde
34:53me saute dessus
34:53donc je
34:55je suis bousculée
34:56je tombe par terre
34:57je suis effectivement
34:59égratignée de partout
35:01je saigne
35:02et j'ai mal à la face
35:04donc
35:05je ne fais ni une ni deux
35:08personne n'est venu
35:09d'ailleurs
35:09ni m'éponger
35:12ni rien
35:12je suis partie
35:14directement à ma voiture
35:15et je suis partie
35:16à l'hôpital de Pau
35:17c'est à dire
35:17à 35 kilomètres de là
35:19aux urgences
35:20et là on a fait des radios
35:21et j'avais des fractures
35:22de la face
35:23alors c'est un épisode
35:25qui est décrit
35:25dans le rapport
35:26d'inspection 96
35:27qui peut d'ailleurs
35:27nous conduire
35:28donc à cette deuxième série
35:29de questions
35:31il décrit
35:32d'une façon différente
35:35de celle que vous venez
35:36de le faire
35:36cet accident
35:37alors madame Gulung
35:38a été blessée
35:40elle a également demandé
35:41à son avocat
35:42de porter plainte
35:43elle donne de ce troisième incident
35:45une interprétation
35:46qui ne correspond pas
35:47à la réalité
35:47le contenu de la déclaration
35:49écrite faite par
35:50Stéphane G
35:51qui est
35:52un élève
35:54dont on a la déclaration
35:55un peu plus tard
35:56a été confirmé
35:57par des élèves présents
35:58dans la cour
35:58est témoin de l'accident
35:59et ce Stéphane G
36:00donc décrit
36:00une bataille
36:02de boulettes de papier
36:02qu'il conduit
36:03il ne vous verrait pas
36:05il saute par dessus
36:06l'épaule d'un camarade
36:07et il vous tombe dessus
36:08cette description
36:09ne correspond pas du tout
36:10à celle que vous pouvez faire
36:11voilà
36:11en tout cas
36:12il n'y a pas de ballon
36:13et il y a un seul enfant
36:15bon
36:16voilà bon
36:16c'est pas ce que j'ai vécu
36:18ceci étant
36:19c'était le début
36:20mais ensuite
36:21dès que j'ai traversé la cour
36:22j'avais des latsis
36:23on a abîmé ma voiture
36:28on me téléphonait chez moi
36:31avec des menaces
36:32donc voilà
36:34pour moi
36:35c'est dans un continuum
36:37donc on est mi-avril
36:39l'inspecteur est présent
36:40pendant une journée
36:41c'est le 12 avril
36:42pour être précis
36:42vous ne le croisez pas
36:44vous n'avez pas
36:44avant de sa présence
36:45alors qu'il va rencontrer
36:46plusieurs
36:47une vingtaine de personnes
36:48entre des personnels
36:49et des élèves
36:50vous ne le rencontrez pas
36:52vous ne lui parlez pas
36:52mais ce jour-là
36:53vous êtes au travail
36:55vous êtes en arrêt maladie
36:56vous êtes présent
36:57c'était à la suite
36:58de ces fractures de la face
37:00j'ai dû être arrêtée
37:01trois ou quatre jours
37:02peut-être une semaine
37:04pas plus
37:04parce que je tenais
37:05je ne voulais pas céder
37:08à ce genre de choses
37:09donc
37:09ça a été
37:12programmé
37:14organisé
37:15juste au bon moment
37:16je ne sais pas
37:18en tout cas
37:18et d'ailleurs
37:21si ça avait été
37:22si ça avait été
37:23involontaire
37:27je ne comprends pas
37:28pourquoi on ne m'en ait pas parlé
37:29normalement
37:31puisque j'étais concernée
37:34on devait me la présenter
37:35on devait me permettre
37:36de faire mes commentaires
37:37et me permettre
37:39de la signer
37:40voilà
37:40alors madame Glung
37:41je vais vous transmettre
37:42ce document
37:42et puis le public
37:42je veux le redire
37:43la presse l'a publié
37:44vous êtes la personne
37:45qui est la plus fréquemment citée
37:47dans ce document
37:48je veux rappeler
37:49que le premier ministre actuel
37:50a indiqué
37:51avoir commandé
37:52directement
37:52comme ministre de l'éducation
37:53ce rapport
37:54en passant par
37:55le recteur d'académie
37:56et l'une des conclusions
37:57de ce rapport
37:58madame Glung
37:59est la suivante
37:59elle invite à
38:01je cite
38:01trouver une solution
38:02afin que madame Glung
38:04n'enseigne plus
38:05dans cet établissement
38:06ça j'ai lu
38:06parce que c'est sur
38:07la deuxième page
38:07elle a l'intention
38:09de demander sa mutation
38:10qu'est-ce que vous pensez
38:11moi je n'avais pas l'intention
38:12de demander la mutation
38:13et ils étaient très claires
38:14je leur avais dit que non
38:15après le signalement
38:18de l'enseignante
38:18un rapport d'inspection
38:19académique
38:20est commandé
38:21par l'éducation nationale
38:22le rapport
38:23rendu en avril 1996
38:25conclut que
38:26Notre-Dame de Bétaram
38:27n'est pas
38:27un établissement
38:28où les élèves
38:29sont brutalisés
38:30l'affaire
38:32qui a éclaté
38:33en 2025
38:34n'est pas la première
38:35à Bétaram
38:35en 1998 déjà
38:37le père Caricard
38:39prêtre et directeur
38:40de l'établissement
38:41est mis en examen
38:42pour viol
38:43et tentative de viol
38:44sur mineur
38:45c'est à ce moment-là
38:46qu'apparaît le nom
38:47de François Bayrou
38:48les députés
38:49auditionnent alors
38:50tour à tour
38:51un gendarme
38:52en poste à Pau
38:52à cette époque
38:53et le juge d'instruction
38:55J'étais officier
38:57de police judiciaire
38:58à la section
38:58de recherche de Bordeaux
39:00j'ai donc été chargé
39:02par monsieur Mirand
39:03juge d'instruction
39:04au TGI de Pau
39:05de mener
39:07l'enquête
39:08sur commission
39:09rogatoire
39:09concernant
39:10les faits
39:11commis
39:12par Pierre Caricard
39:13qui avaient été
39:14dénoncés
39:15quelques temps
39:16plus tôt
39:17par Franck Delagane
39:20de Malaisieux
39:21que j'étais allé entendre
39:23à la maison d'arrêt
39:24de Gradignan
39:24puisqu'à cette époque-là
39:26il était incarcéré
39:27pour des faits
39:29d'exhibition sexuelle
39:30et à l'occasion
39:32desquels
39:33pourrait peut-être
39:36expliquer
39:37ses déviances
39:38avait expliqué
39:39à l'officier
39:40de police judiciaire
39:41de Bordeaux
39:42qu'il était
39:43donc
39:44qu'il avait été victime
39:45dix ans plus tôt
39:47de viol
39:49de la part
39:49de Pierre Caricard
39:51j'ai dû
39:53commencer
39:54cette enquête
39:55en décembre
39:5697
39:57j'ai dû
39:59entendre
39:59Franck Delagane
40:00peut-être
40:01début 98
40:02et ce n'est
40:04qu'en mai
40:05que j'ai entendu
40:07Pierre Caricard
40:08très bien
40:09le 26 mai
40:101998
40:10le 16 février
40:11dernier
40:122025
40:12sur TF1
40:13vous avez déclaré
40:15qu'en arrivant
40:15ce jour-là
40:15au tribunal
40:16le juge
40:17Mirande
40:18vous aurait
40:18déclaré
40:19je vous cite
40:20il y a un problème
40:21la présentation
40:22va être retardée
40:23le procureur général
40:25demande à voir
40:26le dossier
40:26et monsieur
40:27Bayrou
40:27est intervenu
40:29auprès du procureur général
40:30qui demande
40:30à voir le dossier
40:31est-ce que vous
40:33confirmez
40:34cette déclaration
40:35alors
40:36je reprends
40:38les termes
40:39monsieur Mirande
40:40m'attendait
40:41devant la porte
40:42de son bureau
40:43il m'a dit
40:46la présentation
40:47était prévue
40:48à 14h
40:48donc moi
40:49j'étais là
40:49à 14h
40:50avec
40:50Pierre Caricard
40:52monsieur Mirande
40:53m'attendait
40:54à la porte
40:55de son bureau
40:55et il m'a dit
40:56monsieur
40:56la présentation
41:00est retardée
41:01le procureur général
41:02demande à voir
41:03le dossier
41:05il y a eu
41:06une intervention
41:08de monsieur
41:08Bayrou
41:09point
41:10le nom de
41:11François Bayrou
41:12apparaît là
41:12dans ce contexte
41:13très particulier
41:14est-ce que ça
41:15suscite une
41:16réaction
41:17de votre côté
41:18est-ce que c'est
41:18c'est un nom
41:19qui était apparu
41:20à une autre étape
41:21de vos investigations
41:22est-ce que
41:23l'intervention
41:24de François Bayrou
41:25telle qu'elle vous est décrite
41:26par le juge Mirande
41:27vous surprend à ce moment-là
41:28oui effectivement
41:30je suis surpris
41:31mais comme je vous le dis
41:32c'est une
41:32pour moi c'est une information
41:33tout à fait laconique
41:35parce qu'à ce moment-là
41:36la question qui se pose
41:39pour moi
41:39c'est le devenir
41:41de Pierre Caricard
41:42qui est un violeur
41:43pour poursuivre
41:45jusqu'à la mise en liberté
41:46de Pierre Caricard
41:48entre
41:49entre 1988
41:52et 2001
41:56j'ai dû
41:57conduire
41:59entre 7
42:00et 8 enquêtes
42:01de viol
42:03sur les 7
42:05ou 8 enquêtes
42:06de viol
42:06alors si on part
42:08du chiffre 7
42:085
42:10ont vu
42:12leur auteur
42:13comparaître
42:14devant
42:15une cour d'assises
42:16en prolongement
42:18de leur détention
42:19provisoire
42:202
42:22ne sont pas allés
42:23devant la cour d'assises
42:24Pierre Caricard
42:26moi je n'étais pas
42:27convaincu
42:28par les dires
42:29de la victime
42:30il m'a fallu
42:323 mois et demi
42:33sur commission
42:34rogatoire
42:35pour démontrer
42:35que la victime
42:37mentait
42:37donc effectivement
42:3912 jours après
42:40pour poursuivre
42:41sur la remise
42:43en liberté
42:43monsieur Mirand
42:44m'appelle
42:45en me disant
42:45monsieur Ota
42:46la chambre d'accusation
42:48a remis
42:49Pierre Caricard
42:51en liberté
42:52sous contrôle judiciaire
42:55placé en détention
42:58le 26 mai
43:001998
43:01le père
43:02Sylvie Caricard
43:03interjetait
43:04appel
43:05le même jour
43:06et saisissait
43:07au titre
43:08de l'article
43:09187-1
43:11du code
43:12de procédure pénale
43:13le président
43:14de la chambre
43:14d'accusation
43:15qui ordonnait
43:16le renvoi
43:17devant la chambre
43:18d'accusation
43:19celle-ci
43:21par arrêt
43:22du 9 juin
43:231998
43:24ordonnait
43:25la mise en liberté
43:26sous contrôle judiciaire
43:28conformément
43:29à mes réquisitions
43:31signé
43:35Rousseau
43:36procureur général
43:38dans le même courrier
43:41le procureur général
43:42écrit
43:43j'ai l'honneur
43:44en vous confirmant
43:45les termes
43:46de mon compte-rendu
43:47téléphonique
43:48du 26 mai
43:491998
43:50pour rendre compte
43:52au ministre
43:52de la justice
43:53je suppose
43:55qu'il faut avoir
43:56des informations
43:56les informations
43:58elles sont dans
43:58la procédure
43:59que j'amène
44:00le 26 mai
44:011998
44:02au tribunal
44:03et est-ce que vous
44:04continuez une enquête
44:06autour de ce fait
44:08ou d'autres faits
44:10liés au sévice
44:12à Pétarame
44:13alors effectivement
44:15monsieur Miranda
44:17à l'issue
44:19de la mise en examen
44:21de Pierre Caricard
44:22m'avait demandé
44:24de poursuivre l'enquête
44:28et d'aller rencontrer
44:32l'ensemble
44:33des internes
44:36qui étaient
44:36en même temps
44:38à Pétarame
44:40que Franck Delagane
44:42de Malaisieux
44:43quelques mois plus tard
44:45Benoît Giaume
44:47que j'avais entendu
44:50a écrit à monsieur Mirand
44:52en lui disant
44:54monsieur le juge
44:56voilà ce qui m'est arrivé
44:57est-ce que pour conclure
44:58cette audition
44:59vous pourriez préciser
45:00rétrospectivement
45:02la gestion
45:03votre vision
45:04sur la gestion
45:05de cette affaire
45:05par le système judiciaire
45:07et éventuellement politique
45:08de l'époque
45:09oui je confirme
45:11je suis parti
45:14entendre
45:16ces jeunes hommes
45:17qui avaient quitté
45:20peut-être
45:21certains Métarame
45:22depuis 4 ou 5 ans
45:23qui auraient pu
45:25se sentir
45:25à la limite
45:26libre
45:27de parler
45:28même si c'est difficile
45:30d'avouer
45:31qu'on a été
45:32violé
45:33mais il y avait
45:35peut-être
45:36effectivement
45:36une ouverture
45:38de porte
45:39
45:39qui aurait pu faire
45:40qu'ils commencent
45:43à parler
45:43ils ont certainement lu
45:47dans la presse
45:48puisque ça avait
45:49fait quand même
45:50dans la presse
45:51relativement
45:52de bataille
45:53que Pierre Carica
45:55avait été remis
45:56en liberté
45:56quand on entend
45:58des gens
45:59qui maintenant
45:59disent
46:00mais même
46:00dans notre famille
46:01on ne voulait pas
46:02qu'on en parle
46:03même dans notre famille
46:05on ne nous croyait pas
46:06comment voulez-vous
46:07qu'un jeune homme
46:09qui voit
46:10un enquêteur
46:10arriver
46:11et vous
46:12vous interrogez
46:14sur ce qu'il a pu
46:15se passer
46:15à Métarame
46:16vous interrogez
46:17sur ce qu'il a pu
46:18se passer
46:19quand il partait
46:19en camp de vacances
46:20je pense
46:21à Benoît Joum
46:22qui allait
46:23en camp de toile
46:24avec Pierre Carica
46:26comment voulez-vous
46:29qu'on puisse
46:31parler
46:32quand on sait
46:33que la justice
46:34ne semble pas croire
46:35la première victime
46:37qui s'est
46:37qui s'est exprimée
46:40ben oui
46:43c'est
46:43c'est particulièrement
46:45décevant
46:46parce qu'on aurait pu
46:48peut-être
46:48à cette époque-là
46:50entraîner
46:51d'autres témoignages
46:53et peut-être
46:54qu'il y a eu
46:54un encouragement
46:55à parler
46:58il y a des gens
46:59qui maintenant
47:00sont confrontés
47:02par le problème
47:03de la prescription
47:04parce qu'ils n'ont pas
47:05parlé suffisamment tôt
47:06alors je fais peut-être
47:10de la justice fiction
47:11mais si Carica
47:14était resté
47:15à la maison d'arrêt de Pau
47:16peut-être
47:16qu'il ne se serait pas
47:17suicidé
47:18peut-être
47:20qu'il serait allé
47:21devant les assises
47:23même sûrement
47:23et certainement
47:25qu'on n'aurait pas
47:26perdu 10 ou 20 ans
47:28parce que
47:29peut-être
47:29qu'en 2000
47:31au vu des assises
47:33et de la condamnation
47:34qui aurait été prononcée
47:36contre lui
47:36et bien d'autres gens
47:38se seraient mis à parler
47:39ce qui n'a pas été le cas
47:41il a fallu attendre
47:432020
47:44pour que tout se déclenche
47:46non
47:47c'est trop tard
47:48alors je voudrais maintenant
47:49revenir sur
47:50votre rencontre
47:52avec François Bayrou
47:53qui en 1988
47:54est président du conseil départemental
47:56des Pyrénées-Atlantiques
47:57et député
47:58cette rencontre
47:59à l'occasion
48:00de laquelle
48:01vous lui révélez
48:02l'effet de violence sexuelle
48:04à Bétaram
48:04une première question
48:05sur le moment
48:06de cette rencontre
48:07est-ce que vous avez
48:08un souvenir de sa date
48:09du tout
48:10mais cette rencontre
48:11ne m'a pas surpris
48:13ni étonné
48:14ni étonné
48:15car
48:16je connaissais
48:17monsieur Bayrou
48:18déjà
48:18depuis quelques années
48:20puisque
48:20nous sommes voisins
48:22depuis au moins
48:2350 ans
48:24à l'époque
48:25et
48:27il arrivait
48:28autrefois
48:29que nous nous rencontrions
48:31à nos domiciles
48:32respectifs
48:32c'était arrivé
48:33et quand il est
48:36venu me voir
48:37il me semble
48:38même peut-être
48:39sans m'avoir averti
48:41il me semble
48:43qu'il voulait
48:46se renseigner
48:48sur ce qui se passait
48:50car
48:50il avait une grande
48:52inquiétude
48:53au regard
48:54de son fils
48:54qui était
48:55son fils
48:56Calixte
48:57qui était élève
48:58à Bétaram
48:59et quand il est venu
49:01me voir
49:02il a manifesté
49:03une incrédulité
49:05très grande
49:06car il ne pouvait
49:08y croire
49:09tant les faits
49:11étaient graves
49:13épatants
49:13vous nous avez
49:15indiqué
49:15quand François Bayrou
49:17est venu
49:18me voir
49:18et cette déclaration
49:19que vous faites
49:19ce matin
49:20elle est cohérente
49:21avec celle
49:22que vous avez
49:22toujours faite
49:23notamment
49:24devant le journal
49:25Le Monde
49:26en mars 2024
49:27et au journal
49:28Mediapart
49:28en février 2025
49:29où vous indiquez
49:30que c'est François Bayrou
49:31qui est venu
49:31vous parler
49:32que sa démarche
49:33était de venir
49:34vous voir
49:34or François Bayrou
49:36décrit lui
49:37cette rencontre
49:38le 15 février dernier
49:39lors d'une conférence
49:41de presse
49:41comme une rencontre
49:42fortuite
49:43est-ce que
49:44vous pourrez
49:44revenir sur
49:46cette description
49:47est-ce que c'est
49:49fortuit
49:49ou est-ce que
49:50c'est une démarche
49:51de François Bayrou
49:52que de venir
49:53vous trouver
49:54pour évoquer
49:55des sujets
49:55qu'on détaillera
49:56juste après
49:57alors
49:59bien évidemment
50:00ce n'est pas fortuit
50:02puisqu'il est venu
50:04chez moi
50:04à mon domicile
50:05qu'il connaissait
50:06bien déjà
50:07et pour en parler
50:09donc en 1998
50:10François Bayrou
50:11sait qu'il y a
50:12il y a eu
50:13des violences sexuelles
50:15à Bétarame
50:15au moment
50:17au moment
50:18où il est venu
50:18me voir
50:19oui
50:19oui
50:21considérant
50:23que
50:23les médias
50:25qui en avaient
50:27largement
50:28diffusé
50:29la teneur
50:29très bien
50:31quand il vient
50:32vous trouver
50:33il vous indiquez
50:35qu'il est préoccupé
50:36par la situation
50:37de son fils
50:38qui est scolarisé
50:39dans l'établissement
50:40Bétarame
50:40est-ce qu'il exprime
50:41devant vous
50:42une préoccupation
50:43plus générale
50:43pour d'autres élèves
50:44ou pour la totalité
50:46des élèves
50:46de l'établissement
50:47Bétarame
50:47qui pourraient
50:48eux aussi
50:48être exposés
50:50à des agresseurs
50:51du tout
50:52non du tout
50:52il n'a parlé
50:53que de son fils
50:54pour lequel
50:55il était inquiet
50:56il y a un fait
50:58il n'arrivait pas
50:59à croire
51:00la réalité
51:01de ces faits
51:02il disait
51:03je me souviens
51:04très bien
51:04mais c'est incroyable
51:06c'est incroyable
51:07Très bien
51:08comment caractériseriez-vous
51:09l'ensemble des déclarations
51:10récentes
51:11de l'actuel Premier ministre
51:12sur la façon
51:14dont il a décrit
51:14cet échange
51:15avec vous
51:16sur la façon
51:17dont il nie
51:18avoir eu connaissance
51:19dès 1998
51:20de violences sexuelles
51:21Bétarame
51:21je pense
51:22la mémoire
51:24elle aussi
51:25lui fait défaut
51:26parce que
51:27il y a une réalité
51:29l'échange
51:30que nous avons eu
51:31moi je ne l'ai pas oublié
51:33je l'ai maintenu
51:35à maintes reprises
51:36et je ne comprends pas
51:38je n'ai pas compris
51:39d'ailleurs
51:39qu'il ait pu
51:40l'occulter
51:42en contestant
51:43d'abord
51:43et ensuite
51:44en l'édulcorant
51:46quelle a été
51:48votre réaction
51:50lorsque vous avez appris
51:52la remise
51:53en liberté
51:54du père Caricard
51:55le 9 juin
51:561998
51:57est-ce que
51:58dans votre expérience
51:59cette remise
51:59en liberté
52:00était probable
52:02attendue
52:03est-ce que vous sentiez
52:04les choses venir
52:05quand j'ai appris
52:06sa remise en liberté
52:08j'ai été surpris
52:10parce que c'était
52:11une décision
52:12contre toute attente
52:13il suffisait de lire
52:15ne serait-ce que ça
52:16la déclaration
52:17de la première victime
52:19Franck
52:20le jour du décès
52:22du père
52:23de l'enfant
52:24la mère
52:25a averti
52:26l'institution
52:28a averti
52:29monsieur Caricard
52:30pour lui dire
52:31qu'il fallait
52:32que l'enfant
52:33vienne à Bordeaux
52:34pour les obsèques
52:35et Caricard
52:37donc s'est
52:38occupé
52:40de l'enfant
52:40est venu
52:42le réveiller
52:42l'a amené
52:43dans sa salle
52:44de douche
52:45privée
52:46où il l'a
52:48déshabillé
52:49et là
52:50il a essayé
52:51de le pénétrer
52:52n'y arrivant pas
52:54car l'enfant
52:55réagissait
52:56instinctivement
52:58il a introduit
53:00son sexe
53:01dans la bouche
53:01de l'enfant
53:02et a éjaculé
53:04dans la bouche
53:05et sur le visage
53:06de l'enfant
53:07quand je parle
53:08de fait ignoble
53:09le rignomini
53:10me suffit largement
53:12pour l'évoquer
53:13est-ce que vous pouvez
53:14sans modérer
53:15vos propos
53:15exprimer
53:17ce que vous avez
53:18ressenti
53:19et dit autour
53:19de vous
53:20au moment
53:21où vous avez
53:21appris cette nouvelle
53:22j'ai été révolté
53:24par cette nouvelle
53:25car la simple lecture
53:28du premier procès
53:30verbal d'audition
53:31de la première victime
53:32était tellement
53:34édifiant
53:34qu'à aucun moment
53:36on aurait pu penser
53:37qu'une remise en liberté
53:38serait intervenue
53:40à aucun
53:40Est-ce qu'à l'époque
53:42vous avez pu
53:43mener une action
53:44est-ce qu'en tant
53:45que juge d'instruction
53:46il y avait quelque chose
53:47à faire ?
53:49Alors à l'époque
53:50en tant que juge d'instruction
53:52il n'y avait rien à faire
53:53j'avais
53:54les bras coupés
53:56disons
53:57les seules voies
53:59de recours
53:59que j'avais
54:01j'en vois pas tellement
54:02Si je comprends bien
54:04monsieur le juge
54:05j'ai compris
54:05pour bien comprendre
54:06les suites de l'enquête
54:07suite à la remise
54:08en liberté
54:08conditionnelle
54:09conditionnelle
54:10du père Caricard
54:11vous avez poursuivi
54:14des investigations
54:15de ce qui nous a été
54:16d'ailleurs indiqué
54:17par les gendarmes
54:17sur l'autre déclaration
54:19de viol
54:19la seconde déclaration
54:21de viol
54:21mais sur
54:22ce qui était
54:23dans ce courrier
54:24et sur le père Caricard
54:26lui-même
54:26et la première victime
54:28après la remise
54:29en liberté
54:30il n'y avait plus
54:31d'investigation
54:32sur ce sujet-là
54:33Tout à fait
54:35d'autant que
54:36Caricard était
54:37à ce moment-là
54:38à quelques
54:391000 ou 1500 kilomètres
54:41du lieu
54:43d'instruction
54:44de cette information
54:45donc
54:46je voyais mal
54:48comment
54:48l'interroger
54:49à nouveau
54:50le confondre
54:51le confronter
54:52procéder
54:54aux expertises
54:55médico-psychologiques
54:57psychiatriques
54:58à l'enquête
54:59de personnalité
55:00tout cela
55:01a été réduit
55:02à néant
55:03Votre échange
55:04en 1998
55:05avec François Bayrou
55:06où vous lui décrivez
55:07des faits
55:07que vous avez caractérisés
55:08d'ignobles
55:09de révoltants
55:10et vous nous dites
55:12que François Bayrou
55:13n'arrivait pas
55:14à le croire
55:15alors qu'est-ce
55:15qu'il n'arrivait pas
55:16à croire
55:17exactement ?
55:19Il n'arrivait pas
55:20à croire
55:20que Caricard
55:22qu'il semblait connaître
55:24autrement
55:25il n'aurait pas
55:26il n'aurait pas
55:27émis cette observation
55:28qu'il semblait connaître
55:30et pu commettre
55:33ces faits
55:34qu'il n'arrivait pas
55:34à le croire
55:35qu'il ait commis
55:37un viol
55:37parce qu'on n'en était
55:39à ce moment-là
55:40qu'au premier viol
55:42C'est très clair
55:43qu'il le connaissait
55:44et qu'il avait
55:44même une certaine
55:46conception
55:46du père Caricard
55:48Je le souligne
55:49parce que nous sommes
55:49en 1998
55:50et je veux redire
55:51qu'en février 2025
55:53à la mairie de Pau
55:54devant les victimes
55:56de Bétarame
55:56François Bayrou
55:58maire de Pau
55:59premier ministre
55:59de la France
56:00a affirmé
56:01ne pas connaître
56:02le père Caricard
56:03Oui ça me paraît
56:05cela me paraît
56:07un peu
56:07comment dire
56:08ça me paraît
56:11un peu inexact
56:12puisque tout plaide
56:14pour dire
56:15qu'il le connaissait
56:16son épouse
56:17qui enseignait
56:18ses enfants
56:18qui étaient élèves
56:19le fait
56:21qu'il n'arrivait pas
56:22à croire
56:23qu'il ait commis
56:24les faits
56:25qu'on reprochait
56:26à Caricard
56:27ce qu'il laissait
56:28entendre
56:28qu'il connaissait
56:29cet homme
56:29et sa personnalité
56:31donc on a du mal
56:33à le croire
56:34en effet
56:34Voilà pour les moments
56:37forts de la commission
56:38d'enquête
56:38d'Ide Bétarame
56:39qui poursuit ses travaux
56:41c'est la fin
56:42de cet épisode
56:43des grands débats
56:43A très bientôt
56:44sur LCP
56:45Sous-titrage Société Radio-Canada
56:47Sous-titrage Société Radio-Canada
56:49Sous-titrage Société Radio-Canada
56:51Sous-titrage Société Radio-Canada

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