« Pour lui le Vatican somnolait » : le pape François, un pape moderne

Le Parisien

il y a 5 mois

Le pape François est décédé ce 21 avril 2025, jour du lundi de Pâques, à l'âge de 88 ans. La journaliste Caroline Pigozzi revient pour Le Parisien sur trois éléments qui ont fait du pape François un pape « différent ».

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00:00Alors ce pape était un pape tout à fait différent parce que d'abord c'était le premier pape des

00:07Amériques et le premier pape Jésus qui pensait que rester dans une tour d'ivoire dans son palais

00:13pontifical n'allait pas aider le catholicisme. Je pense qu'il trouvait un peu que le Vatican

00:20somnolait et qu'il allait réveiller tout ça et changer de vieilles règles. On était tous place

00:26Saint-Pierre évidemment le jour où il a été élu et quand on a annoncé son nom, Giorgio Mario Bergoglio,

00:35mais il y a plein de gens qui ne savaient pas qui c'était et qui n'avaient jamais entendu et ça a été

00:41un moment assez extraordinaire. Il a dit mais je viens de l'autre bout du monde.

00:56Vous savez que le devoir du conclave était de donner un Vescovo à Rome. Il semble que mes fratelles

01:11cardinales ont appris à l'apprendre presque à la fin du monde.

01:15Il a choisi le nom de François parce que dans son tempérament, il est à moitié franciscain parce que

01:28les franciscains s'occupent des pauvres. Ce pape vivait très simplement. Donc quand il est arrivé,

01:34il a dit déjà qu'il ne voulait pas avoir de religieuse à son service. Il habitait au deuxième

01:39étage de l'hôtel des cardinaux qui est un endroit sans style, enfin vous voyez qui n'a rien de luxueux,

01:45qui est juste fonctionnel. Et ce que voulait le pape François, c'est que les associations,

01:52c'est que les gens riches qui venaient le voir versent de l'argent pour les œuvres qui sont menées

01:57pour les migrants.

01:58La question des migrants, c'était le sujet de sa vie. Il était lui-même fils de migrant. D'abord, il a,

02:15j'oserais dire, culpabilisé le monde entier parce que c'était un sujet dont on parlait peu avant son arrivée.

02:21Alors, je ne sais pas si on pourrait dire que le Vatican est un paradis fiscal,

02:29on pourrait en tout cas dire que c'était une nébuleuse extrêmement compliquée avec quatre systèmes

02:34que chacun tricotait dans son coin et personne n'avait la main sur le système général.

02:39Et ce qu'a essayé de faire le pape, c'est une entité unique qui regarde les comptes,

02:46comment sont faits les comptes. Rien n'est jamais parfait, mais ce qui est sûr, c'est que dans ce domaine,

02:52ce peuple avait vraiment essayé de renverser la table.

02:54Ils avaient même réduit les salaires du personnel du Vatican de 10 %.

03:00Ensuite, avant au Vatican, les gens ne travaillaient que jusqu'à une heure ou deux heures de l'après-midi.

03:04Ça, on leur a quand même gentiment demandé s'ils pouvaient revenir l'après-midi et pas seulement faire la sieste.

03:09Beaucoup de cardinaux avaient des chauffeurs. Ils avaient même des chauffeuses, des bonnes sœurs.

03:15Chauffeurs étaient des dangers publics parce qu'elles étaient tellement émues de conduire un cardinal

03:19qu'elles donnaient des grands coups de volant et conduisaient généralement très mal.

03:23Et je crois qu'il y a eu un état d'esprit qui a changé.

03:27Les gens qui étaient plutôt traditionnels, sans être traditionnalistes,

03:32trouvaient que ce pape n'avait pas de manière.

03:34Il était un homme du peuple qui n'avait vraiment rien compris à la beauté du Vatican.

03:40Le pape aurait pu mettre tous ses ennemis dans un avion à 747.

03:45Ils n'auraient pas tenu.

03:47Il était révolté. Il savait que ça existait.

03:57Enfin, ça restait un problème récurrent, tolérance zéro, certes.

04:02Mais comment le résoudre ? Ça faisait partie des épines en pied qu'il n'avait pas résolues.

04:08Desidero exprimer aux vittimes la mia tristezza, le mio dolore,

04:17pour les traumas qu'ils ont subit et aussi la mia vergogne.

04:24Alors, la position sur l'avortement, évidemment, c'était très douloureux.

04:30Dans une famille pauvre, où il y avait 7 enfants,

04:33et que si une femme se faisait avorter,

04:36ils ne pouvaient évidemment pas dire que c'était formidable,

04:38mais ils comprenaient très bien.

04:40C'est-à-dire, ils compatissaient.

04:41C'était un pape, me semble-t-il, tolérant.

04:44Quand il avait dit dans l'avion que nous étions...

04:47C'était le premier voyage, donc nous ne savions pas du tout comment il réagissait,

04:50comment il était, mais qui suis-je pour juger les autres ?

04:53On est resté, il y a eu une sorte de silence incroyable.

04:57Mais c'est vraiment le pape qui a dit ça.

05:00Si une personne est gay, et cherche le Seigneur,

05:04et a bonne volonté, mais qui suis-je pour juger-la ?

05:09Dans des tas de domaines, ce pape n'avait pas de frein.

05:12Il disait les choses comme elles étaient.

05:14Cette phrase, qui suis-je pour juger les autres,

05:17est, je pense, une phrase formidable.

05:19et qui entrera dans le vocabulaire,

05:23ou qui est déjà entrée dans le vocabulaire,

05:25me semble-t-il, depuis qu'il n'est plus là.

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