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Alors que Donald Trump a exigé de la Russie qu'elle bouge sur le dossier des négociations de paix en Ukraine, retour sur les relations ambigües qu'il entretient avec le pays de Vladimir Poutine. D'un premier voyage à Moscou dans les années 80 où il aurait pu être approché par le KGB, jusqu'à l'incroyable scène d'humiliation de Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale en février dernier, notre enquête lève le voile sur près de 40 ans de liens qui unissent Donald Trump à la Russie. Des liens secrets qui expliquent pourquoi Trump s'aligne de plus en plus sur les positions de Vladimir Poutine. Quentin Baulier, Nicolas Biaggioni et Elodie Noiret.

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Éducation
Transcription
00:00Musique
00:00Je m'appelle Christopher Steele.
00:13J'ai fait mes études à l'université de Cambridge
00:16avant de rejoindre le ministère des Affaires étrangères.
00:21Il fut espion de sa majesté,
00:24le monsieur Russie du MISX,
00:26les services secrets britanniques.
00:28J'ai travaillé comme professionnel du renseignement
00:32et comme diplomate au sein du gouvernement pendant 22 ans.
00:37Je suis parti en Russie pour la première fois en 1990,
00:41où j'ai passé 3 ans à l'ambassade.
00:45J'ai passé la majeure partie des 40 dernières années
00:48à travailler en Russie, ou sur la Russie.
00:54Il dirige aujourd'hui une société d'intelligence économique.
00:59En 2015, Christopher Steele est approché par des clients américains
01:03qui lui demandent d'enquêter sur le passé russe de Donald Trump,
01:07qui vient d'annoncer sa candidature à la présidentielle américaine.
01:09A l'origine, le projet a été lancé par les républicains opposés à Trump,
01:17puis transférés à l'équipe de campagne de Clinton.
01:20Mais notre rôle était d'observer le point de vue russe,
01:23ce que les Russes faisaient, ce qu'ils cherchaient à accomplir,
01:26et leur évaluation de l'élection.
01:30Christopher Steele active ses contacts en Russie pour chercher des informations
01:34sur d'éventuels liens entre Trump et le Kremlin.
01:37Ils rédigent des notes, semaine après semaine,
01:40et fait ce constat accablant.
01:41Le régime russe a cultivé, soutenu et assisté Trump depuis au moins 5 ans.
01:49Le FSB a suffisamment compromis Trump par ses activités à Moscou
01:53pour pouvoir le faire chanter.
01:56Le conseiller de Trump, Carter Page,
01:58a participé à des réunions secrètes à Moscou.
02:02Un intime du Kremlin insiste sur l'importance de l'avocat de Trump
02:05dans les relations secrètes avec la Russie.
02:11Christopher Steele écrit même que les services russes
02:14disposent d'une vidéo à caractère sexuel
02:16tournée dans une chambre d'hôtel à l'insu de Donald Trump
02:20en compagnie de prostituées en 2013.
02:23Des informations brutes qui auraient dû rester secrètes,
02:27mais qui vont être publiées comme telles
02:29par le site d'information BuzzFeed
02:30à 10 jours de l'investiture de Donald Trump en janvier 2017.
02:35C'est potentiellement explosif.
02:38BuzzFeed a pris la décision controversée la nuit dernière
02:41de publier le dossier complet d'un ancien membre des services britanniques.
02:45Le dossier Steele a été très critiqué,
03:11et pas seulement par Donald Trump.
03:14Huit ans après sa divulgation,
03:16son auteur reste pourtant persuadé de la solidité de ces informations.
03:20Le format est inhabituel, même pour nous,
03:24car il s'agit de renseignements bruts,
03:26et il n'a même pas été conçu pour être publié tel quel.
03:31Il ne contient pas d'analyse détaillée,
03:33même si, bien sûr, nous en avons vérifié une bonne partie
03:36avant de le donner aux clients.
03:38Il y a beaucoup de dates, de déplacements de personnes,
03:40tout ça a été plutôt bien vérifié.
03:42Donald Trump a poursuivi Christopher Steele en 2023,
03:48devant les tribunaux britanniques.
03:50Il a été débouté.
03:52Mais l'attitude du président américain vis-à-vis de Poutine
03:55ne cesse aujourd'hui encore d'interroger.
03:57Il est très curieux et illogique pour un être humain intelligent
04:03qui analyse Poutine et son bilan
04:05de penser pouvoir lui faire confiance.
04:08Le fait que Trump soit prêt à affirmer qu'il apprécie
04:11et fait confiance à Poutine
04:12est donc très étrange et très suspect.
04:15Je dirais que l'attitude de Trump envers Poutine est singulière.
04:21Alors comment t'expliquer la relation entre Trump et Poutine ?
04:25Trump pense que lui et Poutine sont amis.
04:28Je pense qu'il est plus probable que Trump remplisse la fonction
04:31que Lénine appelait autrefois celle d'idiot-utile.
04:36Que savent les services russes des activités du milliardaire ?
04:40Trump ne veut pas être blessé par Poutine.
04:43Il est prudent.
04:45Il ne veut pas avoir d'ennuis.
04:47A-t-il été recruté ou approché par le KGB ?
04:51Il a commencé à devenir un contact dans les années 80.
04:54Mais ça n'a porté ses fruits que lorsqu'il est devenu président.
04:58Retour sur 40 ans d'une relation complexe
05:02entre le businessman de New York et les hommes du Kremlin.
05:05Fin des années 1970,
05:19Donald Trump est un héritier,
05:21entrepreneur ambitieux dans l'immobilier à New York.
05:24Merci, George et tout le monde.
05:26C'est son mariage avec une femme venue de l'Est
05:29qui va pour la première fois susciter l'intérêt
05:32des services secrets soviétiques.
05:34La relation de Donald Trump avec la Russie remonte à très loin en fait.
05:40Jusqu'à 1977.
05:43Année où il a rencontré et épousé Ivana,
05:47une Tchécoslovaque venue de l'autre côté du rideau de fer.
05:49D'après les archives de la police secrète tchécoslovaque à Prague,
05:54que j'ai consultées,
05:57les Tchèques l'espionnaient depuis la fin des années 70.
06:01Ils parlaient à son beau-père,
06:02ils notaient plein de choses,
06:04comme lorsque, enfant,
06:05Donald Trump Jr. s'est cassé la jambe.
06:07Et ils transmettaient ces informations,
06:11parfois des rumeurs,
06:12parfois des données plus sérieuses,
06:14à Moscou et au KGB.
06:17À New York, les affaires de Donald Trump se développent
06:19et en parallèle,
06:22ses liens avec des intérêts russes.
06:24J'ai commencé à me pencher sur ses liens avec la mafia russe.
06:29L'une de mes grandes découvertes, je crois,
06:31est qu'en 1980,
06:33Trump avait acheté des téléviseurs.
06:35C'était son premier grand projet réussi.
06:38L'hôtel Grand Hyatt,
06:40situé juste à côté de la gare Grande Centrale à New York.
06:43Et Donald Trump a fini par les acheter
06:45à un certain Sémion Kislin,
06:48qui travaillait au magasin d'électronique Jude Love,
06:51considéré comme une façade du KGB.
06:56Trump a-t-il été ciblé, à l'époque,
06:58par le vendeur de téléviseurs ?
07:01Quelques années plus tard,
07:03ses aventures dans l'immobilier
07:05vont de nouveau le faire croiser,
07:06le chemin des Russes.
07:09Nous sommes en 1986,
07:11flambant neuve, rutilante,
07:13la Trump Tower se dresse sur la 5e avenue.
07:16C'était quelque chose.
07:18Je me souviens que c'était assez tap à l'œil,
07:21plutôt neuf, moderne,
07:24beaucoup de doré, très chic.
07:25Et c'est devenu une attraction touristique.
07:28Parmi les visiteurs impressionnés par le building,
07:37il y a l'ambassadeur de l'Union soviétique aux USA,
07:40Yuri Dubinin.
07:41Il arrive à New York en 1986,
07:44et c'est sa fille qui lui fait découvrir la ville.
07:48Natalia Dubinina est en poste depuis plusieurs années
07:51à la Bibliothèque des Nations Unies,
07:53un lieu qui, à en croire un rapport du Sénat américain,
07:57est un véritable nid d'espion du KGB.
08:04Environ un quart des soviétiques en poste
08:06au secrétariat de l'ONU
08:08sont des agents de renseignement,
08:10et bien davantage sont validés par le KGB.
08:13Les soviétiques sont intéressés par la bibliothèque,
08:16parce que ça leur permet de mettre la main
08:18sur des publications techniques américaines,
08:20et de faire voyager leurs agents du KGB
08:23à travers les Etats-Unis.
08:26Le jour même de l'arrivée de son père à New York,
08:29Natalia Dubinina l'emmène boire un café dans la Trump Tower,
08:32comme elle l'a raconté à la télévision russe en 2017.
08:38Yuri Vladimirovich est mon père.
08:40C'est une personne incroyable, curieuse,
08:42qui s'intéresse à tout.
08:44Et ce que je peux dire,
08:44c'est qu'avant même d'arriver au bâtiment des Nations Unies,
08:47il s'est retrouvé dans la Trump Tower.
08:50Nous avons contacté Natalia Dubinina.
08:55Elle nie fermement être une espionne
08:57et avoir jamais ciblé Donald Trump.
09:00Elle a refusé de témoigner face caméra,
09:03mais nous a confirmé les informations données au journal russe,
09:05MK, qui en a fait le récit suivant.
09:08Le diplomate soviétique fut tellement impressionné par le gratte-ciel
09:12qu'il décida à tout prix de rencontrer personnellement son créateur.
09:16Pour ce faire, il ne lui restait plus qu'à entrer dans le bâtiment
09:19et à prendre l'ascenseur, ce que firent les Dubinines.
09:22C'est un diplomate, un rêveur.
09:25Et lui qui est un patriote dans le meilleur sens du terme,
09:28en voyant cette Trump Tower,
09:30il a immédiatement imaginé la même tour,
09:33en face du Kremlin.
09:34Et pourquoi pas ?
09:36Mon père était destiné à un rôle dont il était vraiment capable
09:39et qu'il appréciait.
09:41Trouver une nouvelle forme d'interaction avec les Etats-Unis
09:44et d'une manière ou d'une autre, établir la confiance.
09:51La suite est racontée par Donald Trump lui-même
09:54dans son célèbre livre,
09:56L'art du deal.
09:59L'idée est apparue lors d'un déjeuner
10:01où je me suis retrouvé à la table de l'ambassadeur soviétique.
10:04De fil en aiguille, on s'est retrouvé à parler
10:06de construire un grand hôtel de luxe en face du Kremlin,
10:09en partenariat avec le gouvernement soviétique.
10:13Quelques mois plus tard,
10:15il reçoit une lettre d'invitation officielle
10:17et s'envole pour Moscou au mois de juillet.
10:21Le voyage est pris en charge par l'agence officielle Intourist
10:24qui organise le séjour des visiteurs étrangers en URSS.
10:29Tout le monde sait que c'est le KGB qui dirigeait Intourist.
10:33Il existe des preuves accablantes
10:35que le premier voyage de Trump à Moscou
10:37a été organisé par le KGB.
10:40Ensuite, j'ai parlé à d'anciens agents
10:41de renseignements soviétiques
10:42qui m'ont dit que c'était la procédure standard,
10:45qu'ils ciblaient toute une série de personnes
10:47et que la première chose qu'ils faisaient
10:49c'était amener la cible à Moscou
10:51où elle pouvait être mise sur écoute,
10:53testée, profilée, suivie, etc.
10:56Trump et sa femme Ivana sont logés à Moscou
11:00à deux pas de la Place Rouge.
11:06L'Hôtel National était l'un des plus beaux hôtels historiques de Moscou.
11:12Il surplombait la Place de la Révolution
11:14puis la Place Rouge.
11:15Il occupait la plus belle chambre qu'il proposait.
11:18Joyce Barnathan est à l'époque correspondante
11:23de Newsweek en Union soviétique.
11:26New-Yorkaise elle-même,
11:27elle sollicite une interview de Donald Trump
11:29et le rencontre à son hôtel.
11:31Il a fait le tour de la pièce.
11:34Il n'aimait pas l'état de la chambre.
11:35Il la critiquait.
11:39Il y avait des couches de peinture marron
11:41un peu écaillées.
11:42Il n'était vraiment pas impressionné
11:44par la qualité de la chambre.
11:45Il essayait de comprendre ce qu'il faisait là.
11:49Il se demandait s'il allait construire quelque chose
11:51comme la Trump Tower en Russie.
11:57Notre impression, c'était que les Russes
12:00voulaient qu'ils viennent à Moscou
12:01pour voir s'ils étaient prêts à construire
12:03quelque chose comme la Trump Tower de New York.
12:07Trump ne construira pas de Trump Tower à Moscou.
12:11Quel sens alors donner à ce voyage ?
12:15Nous avons posé la question à un homme
12:18qui connaît très bien les méthodes du KGB.
12:21Ça, c'est moi.
12:22Et pour cause ?
12:23J'étais jeune colonel, 1972.
12:25Il y a travaillé des dizaines d'années.
12:29Ça, c'est mon père,
12:30ancien officier du KGB lui aussi.
12:32Quand il a appris que je voulais moi aussi
12:34entrer au KGB, il m'a dit
12:36« Ne fais pas ça, mon cher fils,
12:37c'est un sale boulot ».
12:38« Mais tu as fait ça pendant 15 ans, papa ! »
12:42« Justement, mon fils, c'est un sale boulot.
12:43Reste loin de tout ça. »
12:46« Vous savez, les enfants n'écoutent jamais leurs parents.
12:47C'est bien connu. »
12:49Oleg Kalougin, à 90 ans,
12:51vit aujourd'hui non loin de Washington.
12:53Il fut en pleine guerre froide
12:55le plus jeune général du KGB.
12:57Il a longtemps travaillé aux Etats-Unis
13:03sous différentes couvertures.
13:05« J'étais journaliste correspondant,
13:08diplomate, élu au Parlement
13:09et en même temps, j'étais au KGB. »
13:12Son rôle ?
13:12Recruter des sources et des informateurs.
13:15Trump a-t-il pu être approché
13:17ou recruté ou compromis
13:19lors de ce voyage en URSS ?
13:23« Bien sûr, c'est une méthode russe
13:25bien connue,
13:26de mettre le plus possible
13:27de matériel de surveillance dans les chambres
13:29ou n'importe où
13:30où se trouvent des personnes d'intérêt.
13:35On n'a même pas besoin
13:36de les suspecter de quoi que ce soit.
13:38Mais on ne sait jamais.
13:39Quelqu'un pourrait tomber amoureux
13:41d'une prostituée.
13:44Ça peut toujours servir
13:45pour l'approcher,
13:46peut-être le recruter.
13:48Les Russes savent monter des compromates.
13:51Mais vous pensez que
13:52si Trump est invité à Moscou,
13:54ils essayent de le compromettre ?
13:56« Je ne sais pas exactement,
13:58mais je ne peux pas l'exclure. »
14:01« Pouvez-vous me dire
14:01si le KGB avait des informations sur Trump ? »
14:05« Disons que je ne sais pas,
14:06mais je crois qu'ils en ont. »
14:08« Vous ne pouvez pas être plus précis ? »
14:11« Écoutez, il y a des choses
14:12dont je suis au courant,
14:13mais je ne vais pas vous en parler. »
14:19Le KGB a-t-il monté un dossier sur Trump ?
14:22Aucune preuve matérielle
14:23ne permet de l'affirmer
14:24et les avis divergent.
14:28« Oui, il est allé à Moscou.
14:30Oui, il souhaitait faire des affaires à Moscou.
14:33Les soviétiques étaient ravis
14:34de le recevoir
14:35et d'écouter ce qu'il avait à dire.
14:39Mais je ne suis pas un adepte
14:41des théories du complot
14:42et je n'accepte aucune des idées
14:43selon lesquelles,
14:44d'une manière ou d'une autre,
14:45ils le tenaient,
14:46le manipulaient ou le contrôlaient.
14:50Il n'y a juste aucune preuve de cela.
14:54Je pense que c'était un piège.
14:57Je ne pense pas
14:58qu'ils aient jamais eu sérieusement
14:59l'intention de construire
15:00une Trump Tower sur la place rouge.
15:03Mais Donald Trump est extrêmement sensible
15:06à la flatterie.
15:07Qu'est-ce qui se passe
15:08quand on essaie de recruter quelqu'un ?
15:10Que recherche-t-on ?
15:11Quelqu'un d'extrêmement narcissique ?
15:14Quelqu'un qui soit sensible
15:15aux belles femmes
15:15et qu'ils puissent être vulnérables
15:17pour le compromettre.
15:23En tout cas,
15:24quelques mois après son retour de Moscou,
15:27Donald Trump achète
15:28une page de publicité
15:29dans trois journaux américains
15:31pour prendre une position politique
15:33plutôt surprenante.
15:37Une lettre ouverte de Donald Trump
15:38sur pourquoi les États-Unis
15:40devraient cesser de payer
15:41pour défendre des pays
15:42qui ont les moyens
15:43de se défendre eux-mêmes.
15:44Il a en substance
15:47appelé à la fin de l'OTAN.
15:50Il affirme que nous payons trop cher,
15:51que nous nous faisons arnaquer.
15:52C'est tout simplement extraordinaire.
15:55À l'époque,
15:56l'OTAN n'a jamais vraiment
15:58suscité de controverses.
15:59Aux États-Unis,
16:00les démocrates comme les républicains
16:02ont toujours soutenu l'OTAN.
16:04Et voilà que Donald Trump
16:06prend la position
16:06de l'Union soviétique
16:07immédiatement
16:09après son retour de Moscou.
16:10Une prise de position politique
16:15alignée sur les intérêts soviétiques
16:17et en parallèle,
16:19une manne providentielle d'argent russe
16:22qui inonde les casinos de Trump.
16:25Du cash bienvenu
16:26alors que ses investissements démesurés
16:28l'amènent régulièrement
16:29au bord de la faillite.
16:31Nous ne savons pas précisément
16:36combien d'argent de la mafia russe
16:38a coulé dans les comptes bancaires
16:40de Donald Trump.
16:41Ce que nous savons,
16:42c'est qu'il y en avait.
16:44Et l'un des chefs de la mafia,
16:45un certain Vyacheslav Ivankov,
16:48vivait dans la Trump Tower
16:49et y avait acheté un appartement.
16:51Le FBI le recherchait
16:53et ils ont passé trois ans
16:54à sa poursuite
16:55et l'ont finalement localisé
16:56dans la Trump Tower.
16:58Il s'agissait donc
16:59d'une sorte de lien financier
17:00mais aussi personnel.
17:01Trump était comme un contact
17:03pour la mafia russe,
17:04utile pour trouver un logement
17:06ou pour blanchir des fonds.
17:14Parfois, ces choses sont faites
17:15de telle manière
17:16qu'on ne sait pas vraiment
17:17qui est derrière
17:18ni quel est l'objectif réel.
17:21Surtout s'il s'agit
17:22de transferts monétaires,
17:23d'achats de biens ou autres.
17:27Parmi les événements étranges
17:28dans les liens de Trump
17:29avec la Russie,
17:30il y a l'achat d'une maison
17:31en Floride en 2008
17:33par un oligarque russe
17:34pour le double de sa valeur.
17:37De l'argent qui a permis
17:38à Trump de rembourser
17:39des dettes
17:40et d'éviter la faillite.
17:44La mafia,
17:45les oligarques
17:46et jamais loin derrière,
17:48le pouvoir
17:49et les services secrets russes.
17:52Le scénario va se répéter
17:54en 2013.
17:54Nouvelle visite de Trump
17:56à Moscou,
17:58cette fois-ci
17:58à l'occasion
17:59du concours
17:59de Miss Universe.
18:00Quelques mois plus tôt,
18:10Trump était à Las Vegas
18:11pour le concours Miss USA.
18:13Il a rencontré
18:13un oligarque,
18:14Agalarov,
18:15très proche de Poutine,
18:16connu comme
18:17le bâtisseur de Poutine.
18:18Ils ont conclu un accord
18:19pour organiser
18:20le concours de Miss Universe
18:21à Moscou.
18:38Il était clair
18:40que l'objectif principal
18:41de Trump
18:42était de rencontrer Poutine
18:43et d'obtenir le feu vert
18:49pour la construction
18:50d'une tour Trump
18:51à Moscou.
18:53Trump était à Moscou
18:54pour quelques jours seulement
18:55et il avait l'intention
18:56de rencontrer Poutine.
18:59Mais de rencontre,
19:00il n'y aura pas.
19:02Trump aura attendu en vain.
19:06Le milliardaire
19:07aurait pu être vexé
19:08d'être ainsi snobé
19:09par Poutine.
19:10Il continuera pourtant
19:11de lui tresser
19:12des lauriers.
19:15Et la meilleure explication,
19:17c'est que c'est
19:17un businessman.
19:20Trump l'a compris.
19:22Si vous obtenez
19:23le feu vert
19:23du grand patron,
19:24l'affaire est conclue.
19:28C'est comme ça
19:30que Trump a géré
19:30les choses.
19:31Et c'est une des explications
19:35de la relation
19:36Trump-Poutine.
19:37Plus largement,
19:38on pourrait parler
19:39d'admiration
19:39pour l'autocrate.
19:47Poutine dirige la Russie
19:48comme Trump voudrait diriger
19:50l'Amérique.
19:55L'annexion de la Crimée
19:56par la Russie
19:57quelques mois plus tard
19:58va faire une nouvelle fois
19:59capoter le projet
20:00de Trump Tower
20:01en raison des sanctions
20:03frappant les banques russes.
20:04Mais l'admiration
20:06de Trump
20:06pour Poutine
20:07ne faiblit pas.
20:09Et en 2015,
20:10quand il décide
20:11de se présenter
20:12à la présidentielle américaine...
20:13Un homme va tout faire
20:33pour qu'il emporte l'élection.
20:35Vladimir Poutine.
20:39La campagne de son adversaire
20:41Hillary Clinton
20:42est opportunément fragilisée
20:44par la divulgation
20:46de documents internes
20:47au Parti démocrate.
20:52C'est une révélation
20:53potentiellement explosive
20:55de Wikileaks.
20:56Le site a publié
20:5720 000 e-mails
20:57piratés
20:58du Comité démocrate.
21:00Les Russes
21:01avaient aussi piraté
21:02des courriels
21:03du Parti républicain.
21:05Mais bien sûr,
21:06ils ont divulgué
21:07uniquement ceux
21:08du Parti démocrate
21:09parce qu'ils souhaitaient
21:10la victoire
21:10de Donald Trump.
21:11Ils le considéraient
21:13comme le candidat
21:14le plus utile
21:14pour aider la Russie
21:15à l'international
21:16et saper une certaine
21:18forme de démocratie américaine.
21:21Régulièrement,
21:23Trump doit se défendre
21:24d'être instrumentalisé
21:25par Poutine.
21:26Trump a balayé
21:40l'ingérence russe,
21:41prétendant
21:42qu'elle était
21:42sans importance.
21:45Mais pire,
21:49il en a redemandé.
21:50dans ce qui est probablement
21:54la tentative
21:54la plus éhontée
21:55de collusion
21:56avec les Russes.
21:58Il a déclaré
21:58« Hey, la Russie,
22:00si vous m'écoutez,
22:00j'espère que vous trouverez
22:01les courriels
22:02d'Hillary Clinton. »
22:04Il faisait ouvertement
22:15appel à un pays étranger,
22:17un adversaire étranger,
22:19pour l'aider
22:20en recueillant
22:21de nouvelles informations
22:21politiques sordides
22:23sur son adversaire politique.
22:24Les Russes vont écouter
22:31Trump en divulguant
22:33ses nouveaux e-mails
22:34piratés
22:35au meilleur moment
22:36pour lui.
22:39Cet octobre 2016,
22:41la presse américaine
22:42diffuse une archive
22:43accablante.
22:45On y entend
22:45Donald Trump
22:46tenir des propos grossiers,
22:48oubliant qu'il est équipé
22:49d'un micro-cravate.
22:51Il échange hors-champ
22:52avec le présentateur
22:53d'une émission « People ».
22:54On pensait qu'il en était fini
23:10de la candidature
23:11de Donald Trump.
23:12Mais bien sûr,
23:14les Russes sont arrivés
23:15à sa rescousse.
23:16Ils ont une nouvelle fois
23:17publié des dizaines
23:18de milliers de courriels
23:19du Parti démocrate
23:20volés par des espions
23:21militaires à Moscou.
23:23Cette explosion médiatique
23:24a escamoté
23:25la vidéo du scandale
23:27et a de nouveau
23:28focalisé l'attention
23:29sur Hillary Clinton.
23:31C'était un coup de génie,
23:33très efficace,
23:34très sombre,
23:35très brutal.
23:40Un mois plus tard,
23:41Donald Trump
23:42remporte l'élection.
23:43parmi les conseillers
23:47qui vont se succéder
23:48à la Maison-Blanche,
23:49il y a John Bolton.
23:52Aux Etats-Unis,
23:53sa moustache est aussi connue
23:54que ses positions
23:55très dures
23:56vis-à-vis des ennemis
23:57de l'Amérique,
23:58comme l'Iran.
24:00C'est lui qui va se charger
24:01d'organiser la première
24:03rencontre au sommet
24:04entre Trump et Poutine.
24:06Trump voulait que
24:10Poutine vienne
24:11à Washington,
24:12Poutine voulait
24:12que Trump
24:13vienne à Moscou.
24:15On savait
24:15comment ça allait
24:16se terminer,
24:17ce serait une ville
24:18européenne neutre.
24:19Nous avons convenu
24:20d'Helsinki,
24:21car c'est là
24:21que s'était tenu
24:22le dernier sommet
24:23entre Bush
24:23et Gorbatchev.
24:24A l'issue
24:27d'un long entretien
24:28en tête-à-tête,
24:29les deux chefs d'État
24:30tiennent une conférence
24:31de presse commune.
24:34Il avait annoncé
24:36qu'il allait
24:36confronter Poutine
24:37à ses accusations
24:38d'ingérence
24:39dans la campagne
24:40présidentielle de 2016.
24:41Et à la fin,
24:43bien sûr,
24:44Poutine a nié
24:45que la fédération
24:45de Russie
24:46ait joué un rôle
24:47quelconque
24:48dans l'élection.
24:50Et Trump a déclaré
24:52à la stupéfaction générale
24:53qu'il croyait
24:54Vladimir Poutine
24:55plutôt que les services
24:56de renseignements américains.
25:18C'était un moment dingue.
25:21Je n'avais jamais rien vécu
25:22de tel de toute ma carrière.
25:24L'important pour nous
25:26sur le moment
25:26était de ne pas montrer
25:27de réaction
25:28car la presse
25:29était assise
25:29juste derrière nous.
25:32Une tempête médiatique
25:33avait éclaté.
25:34Nous lui avons parlé
25:34pendant une grande partie
25:36du trajet retour
25:37à Washington
25:37à bord d'Air Force One.
25:39Et d'ailleurs,
25:40le lendemain,
25:40il a dit
25:41« Vous savez,
25:41je me suis peut-être
25:42mal exprimé ».
25:43Et il a fait quelque chose
25:44de très inhabituel
25:46à admettre une erreur.
25:47Sauf que personne
25:48dans la presse
25:48ne l'a cru.
25:49John Bolton
25:53quitte la Maison-Blanche
25:54avec fracas
25:55un an plus tard.
25:56Le premier mandat
25:57de Trump
25:57est marqué
25:58par les démissions
25:59de conseillers
25:59et empoisonné
26:01par l'enquête russe
26:02menée à la demande
26:03de la justice américaine
26:05sur les soupçons
26:06de collusion
26:07entre Trump
26:07et le Kremlin.
26:08L'enquête russe
26:12dirigée par Mueller
26:13a révélé
26:14de nombreuses preuves
26:15accablantes
26:16de contact
26:16entre des personnes
26:17proches de Trump
26:18et le Kremlin.
26:22Elle a également révélé
26:23de nombreux éléments
26:24tout aussi accablants
26:25sur les tentatives
26:26de Trump
26:26d'entraver l'enquête
26:27sur ses liens
26:28avec la Russie.
26:29Mais en fin de compte,
26:32Mueller n'a pas pu établir
26:33l'existence
26:34d'une conspiration.
26:35ce qu'on aurait appelé
26:38une collusion.
26:44Malgré deux procès
26:45en impeachment
26:46et des procédures
26:47au civil
26:48et au pénal,
26:49Trump parvient
26:50à reprendre
26:51la Maison-Blanche
26:51en 2024
26:52avec notamment
26:54une promesse,
26:55celle de mettre fin
26:56à la guerre en Ukraine
26:57en 24 heures.
26:59Il le martèlera
26:59toute sa campagne.
27:05Le 12 février 2025,
27:35Donald Trump
27:36et Vladimir Poutine
27:37se parlent au téléphone.
27:38Une première
27:39pour un président américain
27:40depuis l'invasion
27:41de l'Ukraine
27:42par la Russie
27:42trois ans plus tôt.
27:47Maintenant que Trump
27:48est de retour
27:49à la Maison-Blanche
27:49pour un second mandat,
27:51il n'y a plus
27:52aucun adulte
27:52dans la pièce.
27:54Il est comme un roi
27:55et personne ne dit
27:57au roi
27:57qu'il a tort,
27:59qu'il est fou
27:59ou qu'il délire.
28:01Et malheureusement,
28:02Trump vit désormais
28:03dans cette sorte
28:03de réalité fictive
28:05et inversée
28:05où l'Ukraine
28:07a attaqué la Russie
28:08plutôt que la Russie
28:09a attaqué l'Ukraine
28:10où Zelensky
28:11est un dictateur
28:12et Poutine
28:13un démocrate.
28:14Trump qui reprend
28:16les arguments
28:17de Poutine
28:17sur les responsabilités
28:18de la guerre
28:19et que dire
28:20de cette édifiante
28:21scène d'humiliation
28:22le 28 février dernier
28:24dans le bureau
28:25Je suis très inquiet
28:36pour l'Ukraine
28:37Je suis très inquiet
28:50pour l'Ukraine
28:51car je pense
28:52qu'elle est réellement
28:53désavantagée
28:53tant que les principales
28:55négociations
28:56se déroulent
28:56entre Trump
28:57et Poutine
28:57et je pense
29:00que les dommages
29:01causés par Trump
29:02à l'OTAN
29:02sont très graves
29:04mais du point de vue russe
29:05je ne pense pas
29:06qu'on puisse imaginer
29:07meilleur président
29:08que Trump
29:09vu son comportement.
29:10Les services russes
29:15observent Donald Trump
29:16et voient en lui
29:18l'opération
29:18la plus réussie
29:19de l'histoire
29:20de l'espionnage
29:21soviétique et russe
29:22Voilà un président américain
29:25qui accomplit des choses
29:26dont rêvait
29:27l'Union soviétique
29:28mais qu'elle n'a
29:29jamais pu réaliser
29:30Il démantèle l'Amérique
29:32en tant que superpuissance
29:33et la transforme
29:35en une étrange entité
29:36plus petite
29:36en guerre avec l'Europe
29:38avec une grande partie
29:39du monde
29:39qui impose
29:40des tarifs douaniers
29:41etc.
29:45C'est le paradis
29:46du KGB
29:47Poutine lui
29:48peut se contenter
29:49de regarder
29:49tout cela se dérouler
29:50il n'est pas du genre
29:52à sourire
29:52mais là
29:53il peut contempler
29:54la scène
29:55en souriant
29:55Dès son arrivée
30:00à la Maison Blanche
30:01Donald Trump
30:02a démantelé
30:02nombre de ses administrations
30:04dérouté
30:06ses alliés historiques
30:07et a fait
30:09l'Ukraine
30:09Vladimir Poutine
30:13pour sa part
30:14ne vacille pas
30:15et continue
30:16de pousser
30:17ses pions
30:17God bless
30:19God bless
30:19you
30:19and God bless
30:19America
30:20Thank you
30:20everybody
30:21Thank you
30:21Thank you
30:24Thank you
30:33Thank you

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