- 15/04/2025
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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
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00:00– Et merci à vous, Jean-Noël Barraud, bonjour, merci d'être avec nous au lendemain de ce regain de tension,
00:07évidemment particulièrement spectaculaire avec l'Algérie qui a annoncé l'expulsion de 12 agents français.
00:12Vous avez demandé hier, ça a été votre première réaction aux Algériens d'y renoncer, est-ce que vous avez eu un retour ou pas ?
00:17– D'abord, quelle est la situation ? D'une part, il y a le dialogue qu'on a voulu réinitier avec l'Algérie,
00:22on a mis tous les sujets sur la table, y compris les plus irritants.
00:26Et puis de l'autre, il y a une procédure judiciaire indépendante, une enquête qui vise trois ressortissants algériens
00:33qui sont soupçonnés de faits graves sur le territoire national.
00:36– L'enlèvement d'un opposant.
00:37– Ces deux choses-là n'ont rien à voir.
00:40– C'est pas ce que dit l'Algérie.
00:41– Ce sont des choses tout à fait différentes puisque la justice est indépendante
00:45et les procédures judiciaires n'ont rien à voir avec la relation entre deux gouvernements,
00:49mais effectivement, les autorités algériennes ont décidé de réagir à cette procédure judiciaire indépendante
00:55en expulsant 12 fonctionnaires français.
00:58C'est une décision qui est très regrettable.
01:00– Qui sont ces fonctionnaires ?
01:01– Qui ne sera pas sans conséquences.
01:02– C'est-à-dire ?
01:03– Et qui compromet évidemment le dialogue que nous avions réamorcé.
01:06– Alors sur les conséquences, dites-nous exactement quelles mesures de rétorsion ?
01:09– Eh bien…
01:09– Est-ce que vous nous dites que la France, oui, va prendre des mesures de rétorsion
01:11puisque l'Algérie confirme cette décision ?
01:13– Si l'Algérie persiste à vouloir expulser ces 12 fonctionnaires français
01:17qui avaient 48 heures pour quitter le territoire algérien,
01:20alors oui, nous n'aurons d'autre choix que de prendre des mesures similaires.
01:23– Lesquelles ?
01:24– Eh bien, je vous l'ai dit, nous sommes prêts à agir.
01:27– Est-ce que vous pourriez fermer le consulat de Strasbourg ?
01:29– Nous sommes prêts à agir, nous sommes prêts à prendre des mesures similaires.
01:32Il reste quelques heures aux autorités algériennes
01:34pour revenir sur leur décision, dont je le dis, qui est très regrettable.
01:39– Mais vous savez bien qu'ils ne reviendront pas sur leur décision.
01:41Il y a eu un communiqué hier soir qui a été publié par l'Algérie
01:43qui cible plus précisément, pas vous Jean-Noël Barraud,
01:46mais votre collègue du gouvernement Bruno Rotaillot,
01:48qui, dit algérien, porte la responsabilité entière de la tournure
01:52que prennent les relations entre les deux pays
01:54au moment où elle venait d'entamer une phase de décrispation.
01:57Est-ce que Bruno Rotaillot joue contre son camp sur le plan diplomatique ?
02:00– Non, Bruno Rotaillot n'a rien à voir avec cette affaire judiciaire.
02:04La justice est indépendante, c'est une procédure judiciaire
02:07qui a été engagée depuis des mois
02:08et qui n'a rien à voir avec le dialogue que nous avons réinitié
02:13il y a quelques semaines avec le gouvernement algérien.
02:15– Donc c'est un prétexte que prend l'Algérie,
02:17comment on fait pour discuter avec un pays
02:18qui prend ce genre de prétexte pour décider cette expulsion ?
02:22– C'est en tout cas une décision très regrettable
02:24qui va venir compromettre les efforts
02:27que nous avions consentis de part et d'autre
02:30pour essayer de régler les problèmes des Français d'un côté
02:32et les problèmes des Algériens.
02:33– Vous avez des contacts directs prévus avec votre homologue algérien
02:37dans les heures qui viennent ou pas ?
02:38– Le contact n'est pas rompu, je souhaite en tout cas
02:40que les autorités algériennes reviennent sur leur décision.
02:42– Le contact n'est pas rompu, ça veut dire quoi ?
02:44Ça veut dire que vous pensez qu'on peut revenir
02:45sur cet état d'esprit d'avant cette annonce ?
02:48– Ça veut dire que ma responsabilité de ministre des Affaires étrangères
02:51c'est de maintenir le contact
02:53mais si les autorités algériennes persistent,
02:57si elles font le choix de l'escalade,
02:58nous répondrons avec la plus grande fermeté.
03:00– Alors on a dit hier dans vos services
03:03que le ministère des Affaires étrangères
03:05souhaitait malgré tout revenir à l'apaisement en coulisses
03:07si l'on ose dire et on se demande un petit peu pourquoi
03:09alors que visiblement cette volonté n'est pas du tout partagée.
03:11– Non, je crois que notre position n'a pas changé,
03:14nous avons toujours dit que nous voulions revenir
03:16à des relations normales,
03:17que nous voulions sortir des tensions
03:19parce qu'elles ne sont ni dans l'intérêt de la France
03:21ni dans l'intérêt des Français
03:22mais c'est évidemment à l'Algérie aujourd'hui
03:25de prendre ces dispositions
03:27et je le redis, si l'Algérie fait le choix de l'escalade,
03:30si les autorités algériennes font le choix de l'escalade,
03:32nous répondrons avec la plus grande fermeté.
03:34– On a quand même ce sentiment un petit peu diffus,
03:36en tout cas il y a de nombreuses attaques
03:37qui viennent de l'opposition mais pas seulement
03:39que la France se couche face à l'Algérie
03:41et face à la dureté du discours algérien,
03:43il y a Laurent Wauquiez qui le dit,
03:44qui est un de vos opposants,
03:45mais qui dit que la France est humiliée en la matière,
03:47le RN dit la même chose,
03:48et puis ce matin dans le Figaro,
03:50il y a une tribune d'un ancien ambassadeur de France en Algérie
03:52qui connaît donc bien le sujet,
03:54qui dit que…
03:54– Ça c'est vous qui le dites ?
03:55– Enfin un ancien ambassadeur de France en Algérie,
03:57à priori, il sait à peu près de quoi il parle.
03:59– C'est vous qui le dites ?
04:00– Ah bon, parce qu'il ne sait pas de quoi il parle ?
04:01– C'est vous qui le dites,
04:01je vous laisse mettre de vos propos.
04:03– D'accord, d'accord.
04:04– Je vous répondrai, allez-y.
04:04– Ses propos à lui, il dit,
04:06on pensait avoir touché le fond,
04:07on pensait à la crise terminée,
04:08quelle erreur, quelle naïveté de notre part,
04:11sur quoi le rideau devrait-il se lever,
04:13selon le ministre français,
04:14donc vous, il vous cible directement.
04:15Vous répondez quoi ?
04:16– Je ne commande pas les propos
04:17de ceux qui constamment jettent de l'huile sur le feu.
04:20Le principe numéro un de la diplomatie,
04:22c'est qu'il faut toujours laisser sa chance au dialogue.
04:25Ceux qui vous disent le contraire
04:26sont des irresponsables.
04:28La diplomatie française,
04:29il faut bien que tout le monde en ait conscience,
04:32est l'une des plus dures du monde.
04:34Regardez, hier, c'est moi-même qui ai obtenu
04:36que l'Union européenne
04:37prenne pour la première fois dans son histoire
04:38des sanctions contre des juges iraniens
04:41qui sont responsables de la politique d'otage d'État
04:44dont sont victimes de nos compatriotes.
04:46Mais il faut utiliser la fermeté à bon escient.
04:49Et il faut toujours, au préalable,
04:50donner sa chance au dialogue
04:51parce que c'est ainsi qu'on résout les tensions.
04:54– Alors, sur le cas très spécifique
04:56de l'écrivain Boilem Sansal,
04:58vendredi, le président Macron se disait confiant
05:01sur une issue positive.
05:04Est-ce qu'aujourd'hui,
05:05quatre jours plus tard,
05:06avec ce qui s'est passé,
05:06l'état d'esprit reste le même ?
05:07Est-ce que vous êtes toujours confiant ou pas ?
05:09– Boilem Sansal n'a pas à faire les frais
05:11de problèmes entre le gouvernement français
05:13et le gouvernement algérien.
05:15Et j'ose croire, étant donné son état de santé
05:19et sa situation,
05:21à un geste d'humanité
05:23de la part des autorités algériennes.
05:24En tout cas, c'est en ce sens que j'ai plaidé
05:26lorsque je me suis rendu à Alger.
05:28C'est en ce sens que je continuerai de plaider.
05:30– Mais vous êtes confiant ou pas ?
05:30– C'est le terme employé par le président.
05:33– Je suis préoccupé par son état de santé
05:35et par sa situation,
05:37les conditions de sa détention.
05:38– Est-ce que vous êtes préoccupé aussi
05:39par le sujet des OQTF ?
05:41Parce qu'on sait que les tensions avec l'Algérie
05:43viennent beaucoup de cette question.
05:47Et est-ce que le dossier a évolué ?
05:50Le renvoi des OQTF jugés dangereux par la France
05:52et par le ministère de l'Intérieur,
05:53l'Algérie n'en veut pas.
05:54Est-ce que ça avance
05:55ou est-ce que ça reste bloqué ?
05:56Nous n'avons jamais expulsé
05:57autant d'Algériens en situation irrégulière
05:59que l'année dernière.
06:00C'est pourquoi,
06:01lorsque je me suis rendu à Alger
06:02il y a deux semaines,
06:04nous voulions réamorcer le dialogue
06:05pour aller encore plus loin,
06:07pour obtenir encore plus de résultats
06:09sur les expulsions,
06:10les réadmissions d'Algériens
06:11en situation irrégulière.
06:14J'espère vivement
06:15que les autorités algériennes
06:17pourront revenir sur la décision
06:18qu'elles ont prise hier,
06:19sans quoi ce dialogue
06:20sur les questions migratoires
06:21sera évidemment compromis.
06:23– Vous n'avez donc pas eu de garantie
06:24sur ce plan ?
06:25– J'ai eu de la part
06:27des plus hautes autorités algériennes
06:29des expressions
06:31de bonne volonté sur ce sujet,
06:33volonté d'aller encore plus loin
06:34que les bons résultats
06:36que nous avions obtenus l'année dernière.
06:37– D'où cette surprise
06:38lorsque vous avez vu, j'imagine,
06:40cette nouvelle d'hier
06:41des douze expulsions.
06:43Il y a un autre grand sujet
06:44international évidemment
06:44qu'il faut qu'on aborde ce matin,
06:45c'est la situation en Ukraine
06:46parce que la Russie, ce week-end,
06:48a tué des dizaines de civils,
06:49a soumis,
06:50et c'était juste après une visite
06:51de l'émissaire américain.
06:52Est-ce que c'est un camouflet
06:53pour Donald Trump ?
06:54Est-ce que la méthode Trump
06:55est en train d'échouer sous nos yeux ?
06:57– Écoutez, de toute évidence,
06:58ce massacre du dimanche des Rameaux
06:59à Soumy,
07:00où je me suis rendu il y a quelques mois,
07:02démontre, s'il en était besoin,
07:04que la cruauté de Vladimir Poutine
07:05n'a pas de limite.
07:06Et oui, ça fait maintenant
07:08plus d'un mois,
07:09plus d'un mois,
07:10que l'Ukraine a accepté
07:11un cessez-le-feu sans condition.
07:13Et malgré tous les efforts
07:14des Américains,
07:15malgré toutes les promesses
07:17de Vladimir Poutine,
07:18eh bien, la Russie continue
07:20ses crimes de guerre
07:21et ses agressions.
07:22Et donc, si elle ne sait pas
07:23faire preuve de bonne volonté,
07:25je crois qu'il faut la contraindre
07:26à cesser le feu
07:26en appliquant les sanctions
07:27les plus lourdes
07:28pour asphyxier son économie de guerre.
07:30– Comment vous expliquez
07:31que Donald Trump
07:32ne semble pas changer sa politique
07:34alors qu'elle n'obtient aucun résultat,
07:36voire c'est pire qu'avant ?
07:37Que les États-Unis souhaitent
07:38amener la Russie
07:39à mettre fin
07:40à sa guerre d'agression,
07:41c'est une bonne chose.
07:42Nous n'allons pas le dissuader.
07:44Mais ce que nous disons,
07:45c'est que de toute évidence,
07:46le temps du dialogue
07:48arrive peut-être à son terme
07:49et qu'il faut passer
07:50à une autre méthode,
07:52celle de la fermeté
07:53et des sanctions
07:54qui seules sont susceptibles
07:56de forcer Vladimir Poutine
07:57à mettre fin à cette guerre.
07:59– Un mot sur les droits de douane.
08:00Il y a le commissaire européen
08:01qui est à Washington en ce moment.
08:02Ça avance les négociations ou pas ?
08:03– Je le souhaite.
08:04Parce que même si cette pause
08:06qui a été décrétée
08:06par Donald Trump
08:07est une forme, je dirais,
08:11d'apaisement
08:12dans cette guerre commerciale,
08:14nous ne sommes pas sortis
08:15des problèmes
08:18puisque nous avons 10%
08:19de droits de douane
08:20appliqués sur tous nos produits,
08:22que nous avons 25%
08:22sur l'automobile,
08:2325% sur l'aluminium et l'acier.
08:26Notre objectif,
08:27c'est d'obtenir la désescalade,
08:28le désarmement tarifaire,
08:30mais nous devons nous tenir prêts
08:31à toute éventualité,
08:33être prêts à défendre
08:34nos intérêts commerciaux
08:35en utilisant tous les instruments
08:36tous les instruments
08:37à notre disposition.
08:38– Il y a un autre sujet
08:39dans ton Parlement
08:39qui est dans l'actualité internationale,
08:41mais qui va vous occuper aujourd'hui,
08:42parce que juste après
08:43les 4 V,
08:44vous allez prendre l'Eurostar
08:45pour aller à Londres,
08:46il y a une conférence
08:46sur le Soudan,
08:47qui est un sujet
08:48qui est un peu plus sous les radars,
08:49mais sur lequel la France
08:50est très impliquée.
08:50est-ce que vous allez faire des annonces
08:52lors de cette conférence ou pas ?
08:53– On en parle moins,
08:54et pourtant,
08:55et pourtant,
08:55ça fait deux ans maintenant,
08:57aujourd'hui,
08:58que cette guerre a provoqué
09:00au Soudan
09:01la crise humanitaire
09:02la plus grave du monde.
09:04Et c'est pourquoi
09:05je participerai à cette conférence,
09:06pour maintenir
09:07la mobilisation
09:08de la communauté internationale,
09:10pour appeler les belligérants
09:11à cesser le feu,
09:12pour appeler les puissances
09:13tierces extérieures
09:14à cesser d'alimenter ce conflit.
09:16Et je ferai une...
09:18J'apporterai,
09:19comme nous l'avons fait
09:20l'année dernière,
09:20le soutien financier
09:21de la France
09:22à hauteur de 50 millions d'euros,
09:23pour soulager
09:24les souffrances
09:25des millions de personnes
09:27qui fuient la guerre
09:28et les persécutions.
09:28– On a entendu
09:29les engagements de fermeté
09:30de Jean-Noël Barraud
09:31ce matin sur le dossier algérien.
09:33On verra ce qui va se passer,
09:34évidemment,
09:34dans les heures qui viennent.
09:35Merci beaucoup,
09:35M. le ministre.
09:36– Merci à vous.
09:36– Merci à vous.
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