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  • 25/03/2025
À 21 ans, Marine Barnérias a appris qu'elle était atteinte de la sclérose en plaques. Sa maladie, elle lui a donné un nom, Rosy. Et avec elle, elle est partie à l'aventure 9 mois à l'autre bout du monde pour faire la plus belle des rencontres : elle-même…
Transcription
00:00Je me dis, mais attends, mais sclérose en plaques,
00:03mais c'est horrible, sclérose en plaques !
00:04Je me souviens, je me souviens
00:06que je me répétais ce truc en boucle en me disant
00:09mais qu'est-ce que ça veut dire ?
00:11C'est quoi ce truc ?
00:12Je vais me réveiller ! Je vais me réveiller, c'est pas possible !
00:14Ça peut pas m'arriver !
00:15Je m'appelle Marine Barnérias, j'ai 28 ans
00:18et à l'âge de 21 ans, on m'a diagnostiqué
00:21un mot qui claque qui s'appelle la sclérose en plaques.
00:23Je peux perdre l'usage d'un bras, d'une jambe
00:25ou encore perdre la vue.
00:27Cette maladie, moi, elle s'est réveillée sous une forme.
00:31J'ai perdu la vue des deux yeux
00:33lors d'un événement sportif avec mon école.
00:42Je voyais plus sur les extrémités,
00:44ça se rétrécissait, rétrécissait, rétrécissait
00:46jusqu'à un moment où je me suis dit
00:48punaise, mais là, je vois carrément plus rien, quoi.
00:50Et c'est là où je suis allée en urgence chez L'Ophtalmo,
00:54je me réveillais, je me réveillais,
00:56je me retrouve parachutée à l'hôpital,
00:59je suis halitée pendant deux semaines
01:01et là, le diagnostic tombe, on me dit
01:03Marine, vous êtes atteinte d'une sclérose en plaques,
01:05on me donne des brochures qu'on pose sur mes genoux
01:07et là, j'ai fait le truc qu'il ne faut jamais faire,
01:11dès qu'on a n'importe quel type de problème,
01:13souvent, on fait la connerie
01:15d'aller sur les réseaux sociaux et de taper ces fameux mots.
01:18Et quand on m'a annoncé ce diagnostic, ce 3 avril 2015,
01:21et bien là, en fait, il y a le meilleur ami de la peur
01:25qui arrive, qui est la paranoïa.
01:26Et on devient complètement taré.
01:28Je rentre dans une phase de déni énorme.
01:30Je n'ai pas la maladie où il y a le plus de handicaps en France.
01:35C'est pas possible.
01:37Sclérose en plaques, c'est une maladie auto-immune,
01:39c'est mon propre organisme
01:41qui va venir attaquer mon système,
01:44mes nerfs dans le cerveau.
01:46Vous imaginez une baraque avec des câbles électriques.
01:49Dans mon cerveau, c'est la même chose.
01:51En gros, il y a des câbles électriques, il y a des caoutchoucs
01:53et autour de ce caoutchouc-là, ça s'appelle la myéline
01:56et ce sont mes propres anticorps qui vont venir manger
01:59ce caoutchouc.
02:01Et donc ça va couper la connexion.
02:03Du jour au lendemain, on peut perdre l'usage d'un bras,
02:06d'une jambe, on peut perdre les sensations,
02:09on peut perdre la vue.
02:11C'est une maladie qui évolue avec le temps.
02:12On ne sait jamais ce qui peut arriver.
02:14C'est plutôt sympa parce qu'on se dit que tout est possible.
02:16J'ai eu besoin de revenir aux sources, en Bretagne,
02:19là où vit ma grand-mère.
02:23Je ne voulais pas avoir cette étiquette de sclérose en plaques
02:26et que les gens, à un seul moment,
02:28puissent penser que j'étais faible.
02:30Et donc, pour moi, je l'avais mis sous le tapis.
02:32Ce qui n'était absolument pas évident pour mon entourage,
02:35mes potes, mes amis, les gens avec qui je passais mon quotidien
02:39parce que je leur disais, vous ne dites pas que je suis malade.
02:42Et là, j'ai perdu la vue une deuxième fois.
02:44Les deux yeux.
02:46Et là, mon corps m'a dit, ma cocotte,
02:48c'est plus possible maintenant.
02:50T'arrêtes.
02:53Je suis partie sans traitement.
02:54Je savais que mon corps me disait juste
02:56pas maintenant.
02:58Pas maintenant.
03:00J'avais envie de me retrouver,
03:02d'unir ce corps et cet esprit.
03:04Ce sera neuf mois de voyage.
03:06Ce qui est marrant, c'est que dès qu'on fait un choix un peu débile,
03:09dès qu'on fait un choix complètement décalé,
03:11à chaque fois,
03:13il faut toujours qu'on ait une bonne raison de le faire.
03:15Et donc, tout le monde nous demande toujours
03:17mais alors pourquoi, c'est né comment ?
03:19Mais en fait, on s'en fout.
03:21Et c'est ça ce qui s'est passé.
03:23C'est qu'il n'y avait aucune raison à cette décision.
03:25Je sais pas à l'époque si c'était la bonne,
03:27si c'était bien de le faire ou pas.
03:29Je sentais juste que j'avais cette petite voix dans mes tripes
03:31qui me disait, punaise marine,
03:33il faut que tu partes.
03:37Je me dirige vers quelque chose que je ne connaissais absolument pas.
03:39Mais bizarrement,
03:41tout est possible.
03:43C'est dans notre putain de tête, ok ?
03:45Allez là !
03:47Je partais pas en étant en opposition avec la médecine, du tout.
03:49Et donc j'avais besoin de trouver un médecin qui pouvait me comprendre.
03:51Qui pouvait comprendre que j'avais besoin
03:53de cette aventure.
03:55J'ai trouvé le professeur, un professeur,
03:57le professeur Fontaine, qui m'a dit
03:59ok, allez-y.
04:01Je veux ressentir mon corps en traversant un pays
04:03dans son intégralité, loin de l'Europe
04:05et où personne ne me connaît.
04:07Je partirai en Nouvelle-Zélande.
04:09La Nouvelle-Zélande m'a permis de lever la tête
04:11et là, en boucle dans mon cerveau, je me disais
04:13sclérose, sclérose, sclérose
04:15mais c'est pas possible, sclérose.
04:17C'est trop moche, je peux pas cohabiter avec ça.
04:19Et là, en fait, dans sclérose,
04:21il y avait rose. Et là, je me suis dit
04:23punaise, mais oui !
04:25Mais bien sûr, c'est ça !
04:27Ça va être rosy, en fait.
04:29Et là, ça parait bête, ça parait débile
04:31je suis pas trop girly comme nana et en plus,
04:33j'aime pas le rose.
04:35Mais là, je me suis dit, c'est bon, quoi.
04:37J'avais un objectif.
04:39Ressentir.
04:41Ressentir.
04:43Ressentir.
04:45Ressentir.
04:47Marine, aujourd'hui,
04:49elle pète la forme.
04:51Rosy, elle fait partie de ma vie. On est en coloc.
04:53Pour le moment, on s'entend plutôt pas mal.
04:55Tout va bien.
04:57Elle m'a toujours pas piqué. On cohabite.
04:59Demain matin, je sais pas comment ça ira
05:01mais au final, personne ne le sait. C'est marrant.
05:03Mais quand on lutte contre, toujours,
05:05on est contre les choses, contre nos sensations,
05:07contre ce qui nous arrive, contre nos failles,
05:09nos maladies, nos aléas.
05:11Quand on est contre tout,
05:13bizarrement, ça nous colle encore plus à la peau.
05:15Mais quand on accepte
05:17que ça fasse partie de nous,
05:19bizarrement, c'est quand même
05:21beaucoup plus cool.

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