"Nous, on est en train de crever."
Voilà les conséquences du coronavirus pour les agriculteurs…
Voilà les conséquences du coronavirus pour les agriculteurs…
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00:00Le problème qu'on a nous les producteurs en vente directe, c'est que les gens optimisent
00:12leur déplacement, ils vont dans les grandes surfaces s'alimenter, ils ne viennent plus
00:16chez le producteur.
00:17Et donc nous on crève, littéralement, nous on est toutes en vente directe, donc on a
00:22perdu les restaurants, les comités d'entreprise, toute notre vente en ligne, parce que Colissimo
00:28La Poste ne fonctionne pas, donc tout ça c'est perdu, les ventes à la ferme qui
00:33chutent parce que les gens à la trouille, c'est quand même 30% de notre volume qui
00:36partait à la ferme.
00:37Et donc je suis allée rencontrer un intermarché à côté, ici, à La Brite, et là le patron
00:44a été génial, c'est-à-dire qu'il accepte de faire un rabais sur sa marge, et il me
00:50les vend au prix de la ferme, mes asperges, et là j'ai été sollicité par un deuxième
00:54intermarché sur Mont-de-Marsan, qui souhaite aussi travailler avec les producteurs locaux,
00:58donc ça c'est génial que les grandes surfaces se mettent à se tourner vers nous, parce
01:02qu'on a vraiment besoin d'eux, nous on est en train de crever.
01:06On s'est fait très peur, on apprend qu'il y a plein d'usines de fabrication de cajots
01:14qui ferment, des fabrications de palettes, parce qu'ils n'ont plus les salariés.
01:19Moi, sans cajots, je ne peux plus expédier, j'ai toute une vente sur Paris notamment,
01:23et sans cajots, c'est un circuit qui va se fermer lui aussi.
01:28Il y a certains produits comme le tourteau de soja aujourd'hui, par exemple, n'a pas
01:31de prix, c'est-à-dire qu'on va vous faire un prix en fonction de votre demande, alors
01:35qu'il y a une cotation normalement qui s'établit quasiment un an et demi à l'avance.
01:38Donc il y a quand même des gens qui profitent un peu de cette situation, il faut être clair.
01:41Ce n'est pas forcément des Français d'ailleurs, puisque c'est plutôt des produits d'importation.
01:46Donc c'est un peu moche, parce qu'aujourd'hui si on se retrouve en pénurie de certaines
01:52matières pour alimenter nos animaux, là aussi, c'est toute la filière qui va en
01:57pâtir, et tout l'aspect technique, et tout l'aspect fonctionnement, et avant tout, c'est
02:02les animaux qui vont en pâtir, et l'éleveur derrière.
02:10On rentre dans une période de l'année, le printemps, où il nous faut plus de main-d'oeuvre
02:14dans les champs, parce qu'on va préparer les semis, et en parallèle, le coronavirus
02:18nous a entraîné le confinement de certaines personnes pour les protéger de vulnérabilité,
02:24d'autres personnes qui sont obligées de rester chez eux pour garder leurs enfants.
02:27Bref, on tourne à 50% des personnes qui devraient travailler, ce qui veut dire que ceux qui
02:32restent doivent travailler deux fois plus, tout simplement.
02:34Effectivement, le problème de la main-d'oeuvre, qui est aussi un problème que rencontrent
02:38autour de nous beaucoup de producteurs d'asperges, ils ne peuvent pas récolter parce qu'ils
02:43n'ont pas la main-d'oeuvre.
02:44Nous, ce n'est pas le cas.
02:45On a une chance extraordinaire, c'est qu'on a une équipe de saisonniers en camions,
02:51des saisonniers en habitat mobile, comme on dit.
02:54Ce sont des gens géniaux.
02:57Sans eux, je ne pourrais pas fonctionner.
03:00Ils sont là, le confinement, ils sont loyaux envers nous, ils bossent, ils nous aident
03:15à sortir la récolte tous les jours.
03:22Le truc, c'est que si on tombe en panne, si mon fourgon de livraison, j'ai un pépin,
03:28j'ai aucun garagiste pour le réparer.
03:30On n'a plus qu'à croiser les doigts qu'il ne nous arrive rien sur le plan mécanique
03:35que j'entends.
03:36Ce qui me fait le plus peur aujourd'hui, c'est de voir tout ce qui s'arrête autour
03:39de nous et nous être contraints de ne pas s'arrêter puisque de toute façon, on n'a
03:44pas le choix.
03:45On travaille avec du vivant, on travaille avec de la nature.
03:46Par contre, là, il faut aller dans les champs.
03:48Moi, j'ai une crainte, c'est de tomber en panne avec mon tracteur parce que je suis
03:51à peu près sûr que je ne pourrais pas être dépanné.
03:53Hier, j'ai voulu commander des pièces.
03:56On m'a dit qu'on ne pouvait pas ouvrir un compte à cause du coronavirus.
04:01Je ne vois pas le rapport entre l'ouverture d'un compte et le coronavirus.
04:05La personne qui est même en télétravail derrière peut ouvrir un compte dans la mesure
04:09où je lui donne un cabis, un riz, il n'y a pas de souci.
04:12Aujourd'hui, on a l'impression que tout le monde se réfugie derrière cette situation
04:15et tout le monde se met en blocage.
04:16Par contre, il y a des gens derrière, il y a des agriculteurs, il y a des hommes, des
04:19femmes, il y a d'autres entrepreneurs qui ont besoin des services.
04:22Demain, si vous tombez en panne de voiture et que vous êtes médecin, que vous avez
04:25besoin de vous déplacer, il faudra bien que votre voiture soit dépannée.