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  • il y a 7 mois
"On n'est pas juste la nana en blouse rose avec un bébé dans les bras."

Comme de nombreuses sages-femmes, Naïs et Marine manifestaient ce 5 mai pour être reconnues. Salaires dérisoires, manque de moyens… Leur quotidien, c'est ça.
Transcription
00:00Les sages-femmes en colère !
00:02Les sages-femmes en colère !
00:04On veut être reconnus, on est sage-femme,
00:06on est ni médecin, ni infirmière, on n'a pas le cul
00:08entre deux chaises, on est sage-femme.
00:10Vous demandez à quelqu'un dans la rue une sage-femme, c'est quoi ?
00:12On va vous répondre, c'est celle qui fait naître les bébés.
00:14Mais on n'est pas juste ça, on n'est pas la nana
00:16en blouse rose avec un bébé dans les bras.
00:18Depuis 2009, on peut faire le suivi
00:20gynécologique de A à Z
00:22d'une jeune femme qui a ses premières règles
00:24jusqu'à une femme à la ménopause.
00:26On fait
00:28le suivi des frottis,
00:30le dépistage, les IST
00:32qu'on peut traiter, les infections urinaires,
00:34tout ce qui est contraception.
00:36On a un rôle qui est prépondérant, on est au cœur
00:38de la santé des femmes.
00:40Les sages-femmes en colère !
00:42Les sages-femmes en colère !
00:44Les sages-femmes en colère !
00:46Venez dans les hôpitaux,
00:48c'est horrible, on ne peut pas prendre en charge
00:50les couples, les nouveaux-nés
00:52dignement. C'est pas possible,
00:54on court dans tous les sens, on ne fait pas pipi,
00:56on ne mange pas, on fait des gardes
00:58pour la plupart de 12h.
01:00Donc moi, par exemple, je fais
01:02quasiment uniquement des nuits, on commence à 20h
01:04le soir, on arrive à 8h le matin.
01:06Des nuits, on sait
01:08au niveau des études qu'on est plus à risque
01:10de développer des cancers, par exemple
01:12du sein.
01:14On récupère très mal entre les gardes.
01:16Moi, quand je rentre de garde, c'est à peine
01:18si j'ai la force de prendre ma douche et je file au lit.
01:20On est souvent en colère
01:22à la fin de chaque garde.
01:24C'est toujours la liste de
01:26toutes les choses qui ne vont pas, de tous les parents
01:28qu'on n'a pas pu accompagner
01:30de manière optimale.
01:32Moi, ça me pèse énormément.
01:34J'ai l'impression de mettre en danger les femmes,
01:36les enfants, les couples.
01:38Je n'ai pas envie de travailler dans ces conditions-là.
01:40Aujourd'hui, on approche doucement
01:42et on est déjà,
01:44dans beaucoup de cas de figure, dans la dangerosité
01:46vis-à-vis des patients. C'est-à-dire qu'on va être
01:48pris sur des urgences,
01:50on ne pourra pas gérer un accouchement, ça veut dire qu'on rencontre
01:52des situations où, à minima,
01:54plusieurs patientes vont pouvoir accoucher
01:56et malheureusement, on ne pourra pas être là.
01:58Aujourd'hui, on assiste à un phénomène qui est assez récurrent,
02:00c'est-à-dire qu'on a des sages-femmes qui sont diplômées
02:02et qui ne veulent plus travailler après
02:04ou qui font un burn-out dans les trois premières années
02:06où elles travaillent. Quand on termine nos études,
02:08au lieu d'être prêtes pour arriver
02:10sur le marché du travail, on est
02:12d'excellentes techniciennes, on sait faire,
02:14mais le problème, c'est que psychologiquement, on est déjà
02:16complètement au bout du rouleau.
02:18Sur un halo,
02:20sur la partie droite du bâtiment, au septième étage...
02:22Quand on fait un métier difficile avec des responsabilités,
02:24il faut qu'on ait une contrepartie
02:26pour pouvoir aussi prendre
02:28soin de nous à côté,
02:30et là, ce n'est pas le cas.
02:32On est un statut médical au même titre que les médecins
02:34ou que les dentistes,
02:36les chirurgiens-dentistes, mais on n'a pas
02:38le salaire qui suit, on fait quand même un BAC plus 5
02:40avec une année de médecine et on
02:42commence à 1600, 1700 euros
02:44net par mois. Ce n'est pas à la hauteur
02:46de nos responsabilités, on a quand même la vie de la mère et de
02:48l'enfant entre les mains,
02:50on mérite mieux, on mérite d'être reconnus
02:52et là, à l'heure actuelle, on est
02:54méprisés, on est invisibilisés par le gouvernement,
02:56on n'est pas entendus, et ça, on n'en peut plus.
02:58Ouais, c'est l'hémorragie.
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