Jean-Pierre est ethnobotaniste. Depuis plus de 50 ans, il sillonne le monde pour étudier les végétaux. Dans les Alpes, il accompagne Clarins dans le choix des plantes qui composent les produits cosmétiques de la marque. Il raconte.
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00:00Ici, vous avez de la joubarne.
00:02C'est une plante qui va pousser naturellement dans les montagnes,
00:05dans les rocailles, etc.
00:06Elle est plantée sur toute l'Europe
00:08pour son activité anti-inflammatoire, antiseptique.
00:11On l'utilise pour aussi se défendre, prévenir la foudre, on ne sait jamais.
00:15C'est pour ça qu'on l'appelle barbe de Jupiter.
00:18Et donc, on en prélevait autrefois une feuille
00:21qu'on faisait tremper dans de l'eau bouillante
00:23et ensuite on l'instillait dans les oreilles pour calmer les maux d'oreille.
00:30Je me suis retrouvé en 92 au Guatemala à travailler auprès d'ONG localement.
00:41Et c'est là que je me suis aperçu qu'en tant que travailleur social,
00:45il y avait des choses à faire au niveau des plantes.
00:47Et puis, c'est comme ça, en fin de compte,
00:49que j'ai découvert l'ethnobotanique telle que je la conçois aujourd'hui.
00:53En tant qu'ethnobotaniste professionnel,
00:55je vais discuter avec les gens, échanger sur leur savoir,
00:58sur leur savoir-faire, sur leur connaissance.
01:01Je discute, je prends des notes et après, je vais aller rencontrer les plantes avec eux.
01:06J'ai travaillé en Afrique de l'Ouest, donc au Burkina Faso.
01:09Et puis, j'ai travaillé à Madagascar.
01:12Et puis, j'ai été après du côté de l'Himalaya, Tibet, Mongolie, Sibérie.
01:16Et finalement, on arrive à se rendre compte que sur la planète,
01:19c'est les mêmes gens qui parlent des mêmes plantes.
01:21C'est à peu près les mêmes relations.
01:23Je ne parle ni tibétain, ni kitché, mais bon, on a des plantes dans la main.
01:27Ça passe tout seul.
01:28Mon métier sert, j'espère, à conserver des savoirs traditionnels.
01:32Le plus important, c'est de laisser une trace, en fait.
01:34Une trace pour les autres générations.
01:53Alors ici, au domaine de la rince, on est dans un laboratoire à ciel ouvert.
01:57On a choisi de travailler avec un tas de petits producteurs locaux
02:01de façon à pouvoir avoir des échanges,
02:04faire en sorte que plein de gens puissent nous assurer
02:07un approvisionnement responsable de plantes de qualité.
02:15Je vous présente la saponaire.
02:16Autrefois, on l'utilisait comme le savon, d'où son nom, saponaire.
02:20On va utiliser simplement les parties aériennes fleuries.
02:23On va en faire des extraits.
02:24Et ensuite, les extraits seront utilisés dans les produits de la rince.
02:30Le plus beau défi, en fait, de l'ethnobotanique,
02:34c'est de rassembler tout ça, d'être le passeur de savoirs,
02:39de connaissances d'une génération à l'autre.
02:41Un des défis de l'ethnobotanique aussi,
02:43c'est de faire en sorte que les jeunes s'intéressent aux plantes,
02:46que ce ne soit pas quelque chose d'inanimé.
02:48Ce sont des êtres vivants, des êtres vivants qui ont aussi des choses à nous dire.
02:51Si moi, je pouvais donner l'envie à des jeunes de faire ce métier-là,
02:55tout simplement d'aller à la rencontre des personnes qui connaissent les plantes
02:59et puis d'échanger, là, j'aurais tout gagné.
03:02Parce que si les jeunes générations connaissaient les plantes,
03:04au moins, on est sûr qu'ils vont les respecter.