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Le grand témoin - Philippe Douroux
Télématin
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24/02/2025
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Dans « le grand témoin », Télématin reçoit Philippe Douroux, auteur, ancien rédacteur en chef à Libération.
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00:00
Télématin, durant la seconde guerre mondiale,
00:01
10 000 Français environ se sont enrôlés volontairement dans les Waffen-SS.
00:06
C'est une information difficile à désirer, à digérer,
00:08
d'autant plus quand on découvre qu'un membre de sa famille y a participé,
00:11
et c'est le cas de votre grand témoin.
00:13
Bonjour Philippe Dourou.
00:14
Bonjour.
00:15
Merci d'être avec nous Philippe.
00:16
Vous avez longtemps travaillé pour le journal Libération.
00:18
Vous publiez aujourd'hui ce livre, une enquête édifiante
00:21
qui s'appelle « Un père ordinaire », un récit que l'on retrouve chez Flammarion.
00:25
Le voici, ce père ordinaire, si je puis dire.
00:28
Alfred Dourou, dit Freddy, comment l'appeliez-vous ?
00:33
Je ne sais pas.
00:34
Vous ne l'appeliez pas ?
00:35
Je ne sais pas, je n'ai aucun souvenir de l'avoir appelé Dourou.
00:38
Je n'ai pas de souvenir de tendresse, je n'ai pas de souvenir de ça s'est effacé, je ne sais pas.
00:44
Vous n'avez pas le souvenir d'un père ?
00:47
J'ai eu un père, je suis génétiquement son fils.
00:51
Après, je n'ai pas grand-chose appris de lui, je n'ai pas appris grand-chose.
00:57
Je n'ai pas appris ce qu'on doit apprendre d'un père.
00:58
Alors, un père qui, dans l'éducation, si je puis dire, qu'il vous a donné,
01:02
vous a toujours dit, il ne faut pas mentir, Philippe, dans la vie.
01:04
Et pourtant, ce père, il a menti, il a trompé son monde.
01:08
Il a menti à ses enfants jusqu'au printemps 1972.
01:11
Qu'est-ce qui s'est passé dans le salon familial ce jour-là ?
01:15
Il nous réunit un dimanche soir, parce que le pasteur nous…
01:19
On est protestants de culture et le pasteur nous a…
01:23
l'a enjoint de parler à ses enfants, devait parler à ses enfants.
01:27
Il nous réunit et pour moi, les choses se brouillent assez vite.
01:30
On s'installe. Les images sont très claires au début.
01:34
Il passe dans le couloir. J'ai à vous parler.
01:37
Et puis, ma mère le suit. Et puis, on s'installe et les choses vont se brouiller,
01:44
parce que moi, je retiens juste, j'ai à vous parler,
01:47
j'ai à vous dire ce que j'ai fait pendant la guerre.
01:49
J'ai combattu aux côtés des Allemands jusqu'à Berlin,
01:53
c'est-à-dire qu'il a combattu dans les derniers jours de Berlin.
01:56
Et là, mon cerveau se ferme.
01:58
Il y a un étrange, un processus très étrange qui se produit.
02:03
C'est que je suis libéré, complètement libéré.
02:06
C'est comme un œuf qui se dénoue.
02:09
Voilà, je comprends. Je comprends la violence.
02:12
Je comprends cette ambiance très lourde qui était à la maison.
02:16
En fait, cet aveu, d'une certaine façon, vous a libéré parce que l'ambiance était lourde,
02:23
parce que vous a donné un éclairage sur l'éducation que vous veniez de vivre pendant 17 ans.
02:29
Ça a été l'occasion pour vous de revisiter aussi ces 17 premières années de votre vie
02:33
et de vous rendre compte que l'entourage familial était aussi composé de personnes
02:38
qui s'étaient battues aux côtés de votre père, aux côtés des Allemands.
02:42
Oui, oui, oui, je découvre. Mais ça, je le découvrirai après avec l'enquête.
02:47
Mais je découvre progressivement, effectivement, que des amis qui viennent dîner,
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avec qui on part en vacances, sont des anciens Waffen-SS.
02:58
Et c'est un entourage normal, si j'ose dire.
03:01
Voilà, c'est comme ça. Ils ont combattu avec la Waffen-SS, dont on ne sait pas grand-chose.
03:06
Vous réagissez comment à ce moment-là ?
03:08
Et vos frères, également, réagissent comment ?
03:10
C'est juste le soulagement dont vous venez de nous parler ?
03:12
Ou c'est également la surprise et la colère, bien sûr ?
03:16
C'est d'abord le soulagement. C'est d'abord un soulagement qui est difficile à saisir,
03:20
difficile à comprendre. La colère, elle vient après. La colère, elle se construit après.
03:25
Elle se construit parce que vous comprenez peut-être l'écart qu'il y a
03:29
entre cette droiture dont on vous parle, ce fait de ne pas mentir,
03:35
et puis ce mensonge qui se construit, qui gonfle, qui enfle, parce que vous lisez.
03:39
Votre mère, elle était complice de ce mensonge ? Elle le savait ?
03:42
Oui. Oui, elle le savait. Oui, elle le savait. Elle l'encourageait.
03:49
Je veux dire, elle n'était pas en retrait par rapport à l'antisémitisme, le racisme et la xénophobie.
03:54
Philippe Dourou, vous parlez d'une boue, vous évoquez une boue, ce jour-là,
03:58
et qui, évidemment, ne vous a jamais lâché d'une certaine façon depuis.
04:02
C'est ce qui vous a amené à cette enquête.
04:04
Est-ce que cette boue, elle a remporté aussi l'amour que vous portiez à votre père ?
04:07
Bien sûr. Il est de l'amour. Je ne l'ai jamais ressenti.
04:12
Vous ne pouvez pas aimer quelqu'un qui vous fait peur. Vous ne pouvez pas l'aimer.
04:16
La peur, elle est quotidienne, elle est permanente, elle est dans les cris, dans les coups.
04:21
Vous ne pouvez pas aimer cette personne.
04:23
Simplement, la libération vient du fait que vous comprenez pourquoi.
04:26
Oui, je comprends.
04:27
Vous comprenez ? C'est comme s'il venait de s'effondrer.
04:32
Mais comment est-ce qu'on avance avec un tel héritage dans la vie, Philippe Dourou ?
04:36
Chacun s'en sort comme il peut.
04:41
Certains vont choisir le silence.
04:44
Moi, j'ai choisi de comprendre à un moment.
04:46
Mais pour comprendre, c'est extrêmement long.
04:48
Et d'abord, c'est incompréhensible.
04:50
Bien sûr.
04:51
Ça reste incompréhensible.
04:52
Voilà, donc j'ai écrit ce livre, mais c'est six ans de travail.
04:56
C'est une enquête.
04:57
Une enquête qui nous emmène aussi dans une part édifiante de l'histoire
05:01
de la Seconde Guerre mondiale du côté des Français
05:04
qui sont allés jusqu'en Biélorussie et qui ont participé à des massacres.
05:08
Vous voulez bien nous expliquer ce que vous avez entre les mains,
05:10
qui ne vous quittent pas ?
05:12
C'est le foulard des babouchkas.
05:14
On dit « baboule » en Biélorussie.
05:17
Et elles portent tout ce foulard autour des cheveux, comme ça.
05:21
Et ce qui a été très frappé en allant là-bas, en cherchant des témoins,
05:26
de ces femmes qui ont vu des horreurs absolues dont on n'imagine pas.
05:33
Quand je dis qu'il y a pillage, il y a pillage.
05:35
Quand je dis qu'il y a massacre, il y a massacre.
05:37
Mais ce sont des mots.
05:38
Bien sûr.
05:39
Eux, elles, ont vu des soldats français, entre autres,
05:44
massacrer des hommes, des femmes et des enfants.
05:47
Et elles le racontent avec un espèce de sourire.
05:50
Un sourire qui me touche toujours beaucoup
05:53
parce que j'ai l'impression qu'elles veulent, par là,
05:57
combattre les soldats qui sont venus écrabouiller, massacrer des enfants.
06:03
Et ce sourire est une sorte de victoire contre l'horreur.
06:07
Un sourire que vous me l'avez confié en préparant cette émission,
06:10
que vous essayez vous aussi d'opposer, je dirais, au chaos du monde
06:14
et à ce passé aussi avec lequel vous devez vivre.
06:18
Votre père est mort en 1997, il avait 77 ans.
06:21
Qu'est-ce que vous avez ressenti à cela ?
06:23
Rien. Rien, j'ai rien ressenti.
06:26
Mon frère m'appelle, je suis au Parc des Princes,
06:29
et je vais le voir, je vais dans la chambre.
06:33
Il est mort, il est froid, et je passe 45 minutes
06:40
en attendant que quelque chose se produise.
06:44
Un ami m'a dit, tu vas voir, c'est un arrachement,
06:47
un bout de falaise qui se détache, j'ai rien ressenti.
06:51
A tel point qu'un infirmier vient, passe la tête et me dit ça va.
06:55
Je lui dis oui, ça va. Ce qui est absurde comme réaction.
06:59
Et en même temps, je ne ressens rien.
07:01
Je n'ai pas d'émotion, je n'ai pas de peine.
07:07
Il est mort en 1997, il avait 77 ans, il était malade d'Alzheimer.
07:13
Sa mémoire a effacé son passé nazi, mais pas vous.
07:17
Car vous avez mené cette enquête et je voudrais conseiller votre livre.
07:20
Un véritable travail d'historien, un éclairage nouveau, édifiant,
07:24
donc je le disais, sur la seconde guerre mondiale.
07:26
Ça s'intitule Un père ordinaire et c'est publié chez Flammarion.
07:29
Merci pour votre confiance, Philippe.
07:31
Merci à vous.
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