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  • 15/02/2025
Avec Jérôme, Habitant de Grenoble depuis 53 ans

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Transcription
00:00Grenoble marqué par cet événement qui a stupéfait tout le monde, franchement.
00:06Une grenade jetée en plein bar qui blesse grièvement plusieurs personnes,
00:12fait en tout plus de 10 blessés, dont certains très gravement.
00:16Comment enrayer la violence à Grenoble ?
00:19Comment la violence s'est installée dans la ville ?
00:22Comment vivent les grenoblois ?
00:24Le ministre de l'Intérieur était sur place hier, Bruno Retailleau,
00:27pour annoncer quelques pistes pour restaurer l'ordre sur place.
00:31Mais avant ça, on aimerait donner la parole à des grenoblois.
00:34On est avec Jérôme, bonjour.
00:36Oui, bonjour.
00:38Bienvenue sur Sud Radio, ça fait 53 ans.
00:4153 ans que vous êtes grenoblois, c'est ça ?
00:44C'est ça. Je suis quasiment toujours resté à Grenoble.
00:48Vous êtes quasiment toujours resté à Grenoble.
00:50Comment la ville est devenue la proie, en quelque sorte, d'une guerre des gangs ?
00:56C'est bien ce qu'il faut dire.
00:58D'abord, est-ce que vous, habitant, vous l'avez constaté ?
01:01Première question, toute bête.
01:03Est-ce qu'il vous est déjà arrivé d'entendre des coups de feu ?
01:07Non, il ne m'est jamais arrivé d'entendre des coups de feu.
01:10J'en ai toujours entendu parler,
01:12parce que Grenoble a toujours été un foyer de délinquance.
01:17Et depuis que même moi, adolescent,
01:20on avait déjà des problèmes avec la violence sur Grenoble.
01:24Maintenant, ça prend des proportions.
01:27Disons qu'on va dire que tous les 4-5 ans,
01:29il y a des guerres de territoire
01:31où on se retrouve avec des vagues de règlements de comptes.
01:34Mais ça a quasiment toujours existé.
01:36Maintenant, c'est vrai que des attaques à la grenade,
01:39on n'avait jamais vu ça.
01:41Et ça prend des proportions qui deviennent un petit peu du délire.
01:46C'est le procédé, en plus, qui paraît stupéfiant.
01:49La grenade, c'est une arme de guerre.
01:51Le général Trinquant aurait pu s'en servir.
01:53Quand il était en actif il y a quelques années,
01:57il nous le racontera dans quelques instants.
01:59Mais effectivement, on retrouve ça du côté de Grenoble, dans un bar.
02:02Alors, ce que vous avez dit est important, Jérôme.
02:04Ça fait 53 ans que vous êtes grenoblois.
02:06Pour le coup, la guerre des gangs, il y en a toujours eu à Grenoble.
02:09Pour le coup, d'ailleurs, il y a toujours eu des réseaux mafieux.
02:13Qu'est-ce qui a changé pour vous ?
02:16Pour moi, ce qui a changé, c'est qu'avant,
02:19c'était vraiment des groupes mafieux
02:21où il arrivait, on va dire, à se faire des règlements de compte entre eux.
02:26Et donc, on en entendait parler.
02:28On entendait qu'il y avait quelqu'un qui se faisait tuer par-ci, par-là
02:32quand il se faisait une guerre de territoire.
02:35Maintenant, on a l'impression que c'est un petit peu
02:39toute la délinquance qui est montée d'un niveau.
02:43On a l'impression que maintenant, même des jeunes,
02:46ou même comme on a pu l'entendre parler à Marseille,
02:48où on a souvent, d'ailleurs, que Grenoble a souvent été comparé à Marseille,
02:51voire des fois même en pire suivant certaines années.
02:54Maintenant, le problème, c'est qu'on a des jeunes qui sont de plus en plus violents
02:59et qui vont faire des agressions pour un oui, pour un non.
03:02Et c'est devenu endémique, on va dire.
03:06Et puis, comme le général Tracan, moi, j'ai fait mon service militaire en Afrique
03:10et j'ai aussi utilisé les grenades.
03:12Et c'est vrai que c'est quand même une autre dimension.
03:14C'est une autre dimension, effectivement.
03:16Et ça, c'est assez stupéfiant.
03:17Vous habitez où, vous, à Grenoble ?
03:20Moi, je suis dans une banlieue, on va dire, plutôt calme, qui s'appelle Sessa.
03:25Mais quand j'étais plus jeune, j'habitais à Fontaine,
03:27où déjà, à Fontaine, il y avait déjà beaucoup de délinquances
03:30et beaucoup de règlements de comptes, déjà à Fontaine.
03:32Parce que là, on avait vraiment des gros foyers, déjà,
03:36de délinquances violentes à l'époque.
03:38Voilà, donc ça existait déjà.
03:40Quand vous me parlez de peur ou d'inquiétude, ça se concrétise comment ?
03:43Est-ce qu'il y a des endroits où, par exemple, vous vous promenez moins ?
03:45Est-ce que vous faites plus attention ?
03:47Moi, j'ai toujours vécu.
03:49Donc, il n'y a pas d'endroits où, pour moi,
03:52je n'ai aucun endroit qui m'empêche d'aller.
03:55Enfin, je ne m'interdis pas d'aller dans aucun endroit.
03:58Maintenant, c'est vrai que pour certaines personnes qui n'ont pas l'habitude,
04:01c'est un peu plus délicat.
04:03Et puis, ça dépend aussi de la personne.
04:05Et les femmes, maintenant, c'est vrai qu'il y a des endroits
04:08où elles n'osent pas trop aller.
04:10Il y a des quartiers qui sont, disons, sensibles,
04:12pour ne pas dire hors de contrôle.
04:15On a des points de l'île qui sont devant des écoles.
04:18Enfin, je veux dire, on a l'impression que tout part à volou, en fait.
04:24Et vous l'expliquez comment ?
04:26C'est plus une tension.
04:28Pour moi, c'est plus une tension permanente.
04:30On sent que les gens sont tendus.
04:32On voit sur la route, quand on prend le véhicule,
04:35où il y a une certaine tension, une certaine nervosité.
04:38Moi, je pense que ça vient d'un problème de laxisme, il me semble.
04:42C'est-à-dire de laxisme de qui ?
04:44De tout le monde.
04:46La police qui ne peut pas faire son travail correctement.
04:49Parce qu'après, c'est trop facile de dire les policiers.
04:52La justice qui, à mon sens, n'applique pas les peines.
04:56Il devrait y avoir des peines planchées, très fortes.
05:00Et surtout pour la récidive, histoire de dire,
05:03maintenant, vous allez prendre vraiment en conséquence
05:07de ce que vous avez fait.
05:09Et puis, le problème, c'est qu'on se retrouve devant
05:12des difficultés qui sont extrêmement complexes.
05:14Parce qu'on entend dire, à droite à gauche,
05:16il faut construire des prisons.
05:18On ne peut pas mettre tout le monde en prison, c'est compliqué.
05:20En même temps, construire une prison,
05:22on va dire que c'est presque le plus simple.
05:24Parce qu'après, il faut trouver des surveillants à mettre dedans.
05:27Et c'est un métier qui est très dur,
05:29avec des salaires qui ne sont pas si élevés que ça.
05:31Donc après, même si vous construisez une prison,
05:33il faut trouver des surveillants.
05:35C'est un problème extrêmement complexe.
05:37Donc aller vers des raccourcis, ça me semble compliqué.
05:39Mais il y a une forme de laxisme,
05:41où on le voit, de toute manière,
05:43ils arrivent à être en prison
05:45et à continuer leur trafic depuis la prison
05:47avec des téléphones portables.
05:49En même temps, c'est vrai que l'administration
05:53préfère leur laisser des téléphones portables
05:55pour les mettre sur écoute et pour savoir ce qu'ils font.
05:57C'est un problème extrêmement complexe.
06:00Mais je pense que, comme on a pu le voir dans certains pays,
06:03ou dans certaines villes de mémoire,
06:05à New York,
06:07où ils avaient mis le zéro,
06:09comment dire,
06:11tolérance zéro,
06:13ou au Salvador,
06:15où là, ils sont quand même très durs,
06:17ils ont réussi à enrayer tout le...
06:19Vous prenez des exemples extrêmes, mais c'est vrai.
06:21Vous avez d'une part un pays en Amérique centrale,
06:23avec un président
06:25qui a des méthodes extrêmement,
06:27extrêmement musclées, pour ne pas dire,
06:29plus qu'autoritaires.
06:31Et de l'autre côté, vous prenez l'exemple de New York,
06:33où le procureur Rudolf Giuliani
06:35avait déclenché une politique de tolérance zéro.
06:37J'ai une dernière question,
06:39parce qu'elle est importante pour vous, Jérôme.
06:41On l'a dit, vous êtes Grenoblois depuis 53 ans.
06:43Aujourd'hui, il se trouve que pour des raisons de garde alternée,
06:45vous êtes obligé de partager votre ville
06:47entre Grenoble, toujours,
06:49et la ville de Fontainebleau,
06:51en Seine-et-Marne, beaucoup plus petite,
06:53beaucoup plus calme aussi.
06:55Ça vous fait quoi, ce changement d'ambiance ?
06:57Pour moi, c'est un autre monde.
06:59Et puis après, là où je trouve ça
07:01particulier,
07:03si vous voulez,
07:05avec l'agglomération grenobloise de mémoire,
07:07on doit être à 400 000 ou 500 000 habitants
07:09entre Grenoble et agglomération.
07:11Et puis à Fontainebleau,
07:13on doit avoir 10 000 ou 15 000 habitants.
07:15Et je vois
07:17des policiers partout.
07:19C'est comme s'il y avait la volonté
07:21que Fontainebleau, on va dire,
07:23c'est assez huppé. Moi, je n'ai pas eu de choix
07:25parce que mon ex-compagne est partie
07:27avec la petite s'installer là-bas.
07:29Elle est venue l'installer là où il y avait la petite
07:31pour pouvoir avoir la gare partagée.
07:33Il n'y a pas de tension.
07:35Il n'y a quasiment pas de délinquance.
07:37En tout cas, on n'en voit pas.
07:39J'ai le sentiment de voir des policiers partout.
07:41Peut-être que c'est parce que la ville
07:43est plus petite.
07:45En tout cas, le maire de Fontainebleau appréciera
07:47votre remarque, effectivement.
07:49Et puis, c'est surtout qu'on a l'impression
07:51que tout est mis en œuvre pour que
07:53Fontainebleau reste une ville calme.
07:55Et qu'à contrario,
07:57à Grenoble, c'est beaucoup plus difficile à gérer.
07:59C'est beaucoup plus de personnes, beaucoup plus de délinquance.
08:01Beaucoup plus de cités
08:03aussi avec des quartiers défavorisés.
08:05Et c'est pareil.
08:07On a la répression, bien entendu.
08:09Parler de la répression, c'est indispensable.
08:11Maintenant, mettre en place
08:13des choses pour que
08:15les personnes dans les quartiers
08:17puissent s'en sortir
08:19et puissent avoir des perspectives
08:21et des projets de vie, c'est important aussi.
08:23En en reparlant, en tout cas.
08:25Bien sûr. Et on peut repartir
08:27sur le problème de l'immigration
08:29des pays africains
08:31où on empêche
08:33ces pays de se développer.
08:35Et du coup, ils ont comme seule alternative
08:37de venir vers les pays européens.
08:39Si on aidait ces gens à se développer
08:41et à s'en sortir, c'est comme pour les quartiers.
08:43En fait, si on les aidait
08:45à mettre en place des choses pour leur offrir
08:47des perspectives de vie, peut-être que
08:49ce serait un peu différent.
08:51En tout cas, bon courage à tous les grenoblois,
08:53à vous, Jérôme. Là, vous étiez sur la semaine calme.
08:55J'imagine que la semaine prochaine, si j'ai bien compris,
08:57vous retournez à Grenoble. Bon courage à vous.
08:59On reparlera, on vous redonnera la parole
09:01d'ailleurs, pourquoi pas au 0826 300 300.

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