"Les Valseuses" (1974) : pourquoi ce film choc est-il désormais accessible aux moins de 12 ans ?

Sud Radio

25/01/2025

Avec Jean Doridot, docteur en psychologie, fondateur de l’application Zenfie et auteur du livre Le bonheur est une science exacte (Larousse)

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00:00Sud Radio, ça va mieux en le disant, Jean Dorido.

00:05Bonjour Jean.

00:06Bonjour Jean-Marie, bonjour à tous.

00:07Docteur en psychologie, fondateur d'HypnoseParis.com, Jean, vous revenez sur cette disparition

00:13qui a marqué le monde du cinéma cette semaine, le réalisateur Bertrand Blier, décédé

00:16à l'âge de 85 ans, auteur de nombreux films à succès et parfois des films sulfureux.

00:22J'en veux pour preuve ou pour exemple Les Valseuses en 1974, film qui était sorti

00:27interdit à l'époque au moins de 18 ans, aujourd'hui il est accessible à la télévision

00:31seulement des conseillers au moins de 12 ans.

00:34Alors Jean, vous allez nous expliquer avec deux ou trois définitions de psychologie

00:38si c'est une bonne idée ou pas de le rendre, ce film, accessible au moins de 12 ans et

00:42pourquoi ça a changé ? Alors pourquoi ça a changé ? Voilà une très

00:45bonne question.

00:46Est-ce que c'est une bonne idée ? Excellente question aussi mon cher Jean-Marie.

00:48Il serait intéressant d'ailleurs d'entendre le point de vue des personnes chargées de

00:53ces classifications sur lesquelles se basent de nombreux parents qui veulent bien faire

00:58et qui veulent protéger précisément leurs enfants des images violentes ou traumatisantes.

01:02Néanmoins c'est un fait, ce changement d'agrément que vous évoquez Jean-Marie permet de se souvenir

01:08à quel point les règles et les normes sociales changent avec le temps, interdit au moins

01:13de 18 ans en 1974, simplement déconseillé au moins de 12 ans aujourd'hui, 52 ans après

01:20Ce film de feu, Bertrand Blier bien sûr, les valseuses, il est symptomatique en réalité

01:26du caractère changeant des règles sociales, des normes sociales et de ce que les psychologues

01:31appellent la désirabilité sociale.

01:34Mais alors même qu'on a souvent tendance à se dire qu'on ne peut plus rien dire ni

01:37montrer aujourd'hui alors qu'on le pouvait il y a 50 ans, dit-on, Jean, c'est quoi la

01:42différence entre une norme sociale et la désirabilité sociale ?

01:47Bravo, il faut prendre son élan pour le dire sans bafouiller c'est vrai.

01:50Typiquement, une norme sociale, ça va être de respecter les règles, c'est une norme

01:56sociale en soi de respecter les règles, s'arrêter au feu rouge, traverser dans les clous.

02:01En revanche, la désirabilité sociale, Jean-Marie, c'est ce qui caractérise ce qu'une personne

02:06va vous dire qu'elle fait, même si en réalité elle ne le fait pas, elle vous le dit qu'elle

02:11le fait simplement parce qu'elle veut avoir une bonne image à vos yeux, c'est le truc

02:17classique, une personne qui traverse toujours dans les clous, elle va vous dire qu'en fait

02:21il lui arrive de ne pas traverser dans les clous, pourquoi elle vous dit ça, pourquoi

02:24est-ce qu'elle vous ment, cette personne, et bien simplement pour paraître cool, parce

02:28que tout le monde veut être cool, parce que c'est bien d'être cool ou un peu rebelle

02:33effectivement, et ça c'est un vrai problème.

02:35Et ça c'est un vrai problème, donc on continue, c'est quoi le problème, Jean, et le rapport

02:40avec ce film dont on parlait plus tôt, Les Valseuses ?

02:43Et bien le rapport avec Les Valseuses, Jean-Marie, c'est que Jean-Claude et Pierrot, les héros

02:47du film, qui sont joués par Gérard Depardieu et Patrick Devers, et bien ils sont cools

02:51précisément, le film les présente comme des types cools, typiquement le critique de

02:56cinéma du monde, M. Jean de Baroncelli les présente en 1974 à la sortie du film comme

03:02je cite « deux loulous de HLM, deux sales gosses, moins méchants sans doute qu'ils

03:09n'en ont l'air ». Et c'est un doux euphémisme que de dire que ce sont des sales gosses pour

03:14des personnages de cinéma qui en réalité volent dans les supermarchés, volent une

03:17voiture, agressent sexuellement une jeune maman terrorisée dans un train avec son bébé,

03:24Brigitte Fosset, la comédienne, et dont l'un finit par violer l'autre, puisque pardon

03:29pour le spoil, pardon de début le gâché comme disent les Québécois, si vous n'avez

03:33pas vu le film, à la 40ème minute du film, Jean-Claude Gérard Depardieu viole son copain

03:38Pierrot Patrick Devers. Sauf que dans le journal Le Monde, le journaliste est sous

03:42le charme de ses blousons noirs. Ah oui, c'est tout ça sympa, vous pouvez même écouter

03:45la séquence du viol. Auré Chast, évidemment, s'abstenir. Tu sais que t'en deviendrais

03:51presque désirable. Enlève ta main, vieux pédé. Je suis humilié. Mais non t'es pas

03:56humilié, entre copains c'est normal. Entre copains c'est normal, on appellerait ça

04:01aujourd'hui, en tout cas d'autres appelleraient ça la culture du viol. Écoutez c'est un

04:05fait que ce film présente ces comportements plus que transgressifs. Rappelons que le

04:12viol c'est un crime. Exactement, c'est même pas un délit. Et c'est tout le problème

04:17que pose ce genre d'oeuvre cinématographique, pardon, qui rappelle en même temps à quel

04:21point il est essentiel de rappeler la juste distance vis-à-vis d'une oeuvre quelle

04:27qu'elle soit. Ressituer également l'oeuvre, vous l'avez dit Jean-Marie, dans son contexte

04:31de ce que font généralement très bien les ciné-clubs qui introduisent le film et qui

04:35souvent à la suite du film proposent des débats précisément pour discuter de tout

04:39ça. Et puis bien sûr reposer toujours la question du public auquel une oeuvre est destinée.

04:44Outre les scènes traumatisantes, le vocabulaire n'est pas du tout adapté. Si des enfants

04:48écoutent qu'ils se pouchent les oreilles afin qu'on puisse malgré tout terminer sur

04:53un dialogue devenu absolument culte. Exactement.

04:56On n'est pas bien ? Si. Paisible. A la fraîche. Décontracté du gland. Et on bandera quand

05:08on aura envie de bander. Effectivement, c'était une autre époque et en même temps vous avez

05:14deux ou trois exceptions qui sont expressions employées ici qui sont devenues cultes et

05:17rentrées même dans le langage courant comme quoi ce film a marqué. Ah ben il a marqué

05:20ça c'est sûr. Bon ben c'est peut-être pas les films qui changent mais le public tout

05:23simplement. Merci beaucoup Jean Dorido. Je rappelle votre livre « Le bonheur est une

05:26science exacte » c'est publié chez Larousse.

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