Pékin mène une politique de plus en plus agressive dans la région de l'Asie-Pacifique. Les pays limitrophes ou lointains s'organisent alors face aux dessins d'hégémonie chinois. Année de Production : 2022
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00:00Le débat du XIXe siècle
00:08Au XIXe siècle, une Chine décadente subissait des décennies d'humiliations infligées par des puissances étrangères.
00:17Sous la pression des canons, ces pays lui ont arraché des pans de territoire.
00:23Cette histoire, les Chinois ne l'ont jamais oubliée.
00:31Si les Occidentaux viennent vous envahir, et que vous n'êtes pas assez fort pour vous défendre, c'est une humiliation.
00:37Si vous oubliez les crimes commis par ces Occidentaux, c'est une humiliation plus grande encore.
00:47L'histoire d'autres pays nous a appris que cette notion de victimisation est quelque chose d'exceptionnellement dangereux.
00:54Au nom d'une certaine vision du passé, la Chine a lancé une offensive tous azimuts pour étendre sa puissance sur les mers,
01:01notamment autour de Taïwan et en mer de Chine du Sud.
01:11On ne peut pas dire que la Chine accorde de l'attention à ses frontières seulement maintenant.
01:16C'est juste qu'on est arrivé à un moment où on doit régler les choses.
01:20Ils pensent que la mer de Chine du Sud est à eux. Nous savons définitivement qu'ils pensent que Taïwan fait partie de leur territoire.
01:26Il y a aussi des disputes avec l'Inde et d'autres endroits encore. Et la Mongolie alors ?
01:31Ces enjeux de territoires et de puissance placent la Chine de Xi Jinping sur une trajectoire de collision avec les Etats-Unis.
01:38Le Pacifique est un lac intérieur des Américains. C'est de l'extrême droite.
01:44En voulant imposer sa renaissance au détriment de ses voisins, la Chine a enclenché une spirale d'incompréhension, de méfiance et de haine.
01:52Cette escalade ouvre une ère d'incertitude et d'instabilité pour le monde entier.
01:57La Chine est le seul pays de l'Union Européenne qui n'a pas d'économie.
02:02La Chine est le seul pays de l'Union Européenne qui n'a pas d'économie.
02:08Cette escalade ouvre une ère d'incertitude et d'instabilité pour le monde entier.
02:13Et menace aujourd'hui de transformer le Pacifique en poudrière.
02:37Le chef d'orchestre de cette quête de puissance est un homme qui veut restaurer la Chine dans sa grandeur impériale.
03:08Dès son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping assume cette ambition haut et fort.
03:14La puissance globale de la Chine est un moteur primordial, non seulement pour l'État chinois, mais aussi pour la population.
03:20C'est un rêve nationaliste.
03:23On doit s'engager pour le bien des personnes et pour l'économie.
03:28On doit s'engager pour le bien des personnes et pour l'économie.
03:33On doit s'engager pour le bien des personnes et pour l'économie.
03:38pas seulement pour l'État chinois, mais aussi pour la population.
03:42C'est un rêve nationaliste.
03:45Et la capacité du Parti à réaliser ce rêve est très importante pour la légitimité et la pérennité du pouvoir.
03:57Les dirigeants du Parti communiste chinois et Xi Jinping lui-même
04:01pensent que le monde occidental est au stade terminal de son déclin.
04:05Cela constitue une opportunité historique pour l'émergence de la Chine en tant que nation,
04:09mais aussi en tant que puissance dominante.
04:14L'idée de grande renaissance chinoise va devenir la boussole du pouvoir et de tout un pays.
04:19Pour le nouveau secrétaire général du Parti, c'est en se tournant vers les mers
04:24que la Chine doit devenir la première puissance mondiale du 21e siècle.
04:29En 2012, dès son arrivée au pouvoir,
04:33Xi Jinping réunit très vite toutes les agences chinoises en charge des mers,
04:38surnommées les dragons des mers, pour former une véritable force stratégique maritime.
04:46Vous ne pouvez pas être une grande puissance du 21e siècle
04:50sans devenir une puissance continentale et maritime à la fois.
04:55Mais pour devenir une puissance maritime, la Chine part avec un handicap géographique.
05:04Toute la côte chinoise est bordée par des mers peu profondes.
05:08L'accès au Pacifique est sous le contrôle d'une chaîne d'îles qui part du Japon au nord,
05:12passe par son île d'Okinawa, puis Taïwan et les Philippines au sud.
05:18Ces îles sont toutes alliées des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale.
05:22Un enfermement que Pékin n'accepte plus.
05:28Pour le Parti communiste chinois, la première chaîne d'îles est comme une menotte.
05:34Et comme il s'agit de leur porte d'entrée, ils ont besoin de la contrôler et d'en avoir la clé.
05:41Pour casser cet enfermement,
05:43Pékin a mis en place une stratégie d'annexion territoriale qui ne dit pas son nom,
05:47au mépris du droit international et de ses voisins.
05:52La mer de Chine du Sud est au cœur de cette stratégie.
05:56Cet espace maritime semi-fermé est partagé avec six riverains,
06:00qui se disputent principalement deux groupes d'îles.
06:03Contrôler ces îlots permet de surveiller les principales routes commerciales mondiales
06:07et, en cas de conflit, d'empêcher le blocage des rares détroits
06:11qui permettent le passage vers l'océan Indien.
06:14Une question essentielle pour le Parti communiste.
06:19Le Parti communiste ne peut pas s'occuper de l'île d'Okinawa,
06:22mais de l'île de Taïwan,
06:24et de l'île d'Okinawa,
06:26mais de l'île d'Okinawa,
06:28mais de l'île d'Okinawa,
06:30c'est une question essentielle pour le Parti communiste.
06:35Sans développement économique, le Parti communiste ne peut pas se maintenir au bouloir.
06:39Or, dans l'avenir, la Chine va terriblement manquer de ressources pour sa croissance.
06:43Elle n'a pas assez de réserves de pétrole,
06:45elle a détruit presque toutes ses forêts,
06:47et la ressource en eau se fera arroser.
06:51Xi Jinping hérite d'un projet lancé par ses prédécesseurs.
06:55En 2009, dans une carte adressée à l'ONU,
06:58la Chine a annoncé au monde entier qu'elle détenait 80% de la mer de Chine du Sud,
07:03au nom d'une prétendue antériorité de sa présence.
07:09Par une ligne en neuf traits,
07:11elle s'approprie les zones économiques exclusives,
07:14ou ZEE, des pays riverains définis par l'ONU.
07:18Le tracé englobe aussi les eaux internationales situées en son cœur.
07:23Pourtant signataire de la Convention onusienne sur les mers,
07:26la Chine a choisi de n'y voir aucune contradiction.
07:31On ne peut pas dire que c'est légal ou illégal,
07:34ces îles appartiennent à la Chine, un point c'est tout.
07:38Quand nous les avons reprises après la seconde guerre mondiale,
07:41nous y avons juste organisé des levées de drapeaux, sans installer de garnisons.
07:46A l'époque, nous n'avions pas la capacité de maintenir une présence militaire.
07:51Pour les pays riverains, ce tracé en neuf traits est une hérésie.
07:56Ils seraient spoliés de la quasi-totalité de zones maritimes
07:59qu'ils sont seuls à pouvoir exploiter selon le droit international.
08:04La Chine revendique pratiquement tout ce qui est compris
08:07dans notre zone économique exclusive.
08:10Nous perdons beaucoup.
08:15Reste encore à concrétiser le tracé en neuf traits,
08:18reste encore à concrétiser le tracé dans les mers.
08:22C'est ce que la Chine va faire dans les années qui suivent,
08:25en progressant par étapes calibrées pour ne pas déclencher de guerre.
08:30En 2012, quelques mois avant l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping,
08:34cela commence par l'atoll des Scarborough,
08:37situé dans la zone économique exclusive des Philippines.
08:42L'incident débute le jour où l'armée philippine
08:45a arrêté des braconniers chinois dans cet atoll protégé.
08:49Bloqués par plusieurs bateaux de garde-côtes chinois
08:52qui viennent empêcher les arrestations,
08:54les Philippines décident de se retirer au bout d'un mois.
08:59Les Chinois, quant à eux, ne quitteront plus jamais l'atoll.
09:02Les journalistes s'empressant d'y marquer la souveraineté de Pékin.
09:16Une conquête par l'intimidation et sans violence.
09:21Le succès de la Chine a été en partie basé
09:24sur la propension des autres pays à s'aider,
09:27soit parce que la Chine déployait une force supérieure,
09:31soit qu'elle signalait sa volonté de prendre de grands risques.
09:39Ce fut le premier exemple majeur
09:42de ce qu'on appelle la stratégie chinoise de zone grise,
09:45c'est-à-dire sa capacité à utiliser la force
09:48en deçà d'un niveau qui provoquerait une réponse militaire.
09:51Si vous ne pouvez pas envoyer la 7e flotte,
09:54qu'est-ce que vous faites ?
09:56La réponse est, on ne savait pas.
10:00Avec les Scarborough, la Chine comprend
10:03qu'elle peut neutraliser un adversaire plus fort.
10:06Washington n'a pas bougé pour son allié.
10:09Engager la 7e flotte pour défendre un rocher
10:12paraissait disproportionné.
10:14Face aux faits accomplis,
10:16aucune protestation officielle n'a même été émise.
10:22Ils n'ont pas eu besoin de tirer des balles ou des missiles.
10:27La Chine a pu mettre la main sur les Scarborough
10:30à cause de la négligence et de l'inattention des Américains
10:34qui n'ont pas défendu les Philippines.
10:39Cela a constitué un point de bascule
10:41et a envoyé le signal à toute l'Asie
10:44que la parole américaine n'était pas fiable.
10:48La Chine crée l'asymétrie des enjeux.
10:51Est-ce qu'on a vraiment envie de déclencher une guerre
10:54avec la Chine pour un îlot des Spratleys ?
10:57Objectivement, non.
11:04La botte secrète de cette stratégie des zones grises,
11:07ce n'est pas l'armée chinoise, mais des civils,
11:10de simples pêcheurs de l'île de Hainan ou des gardes-côtes.
11:14Personne ne peut les stopper,
11:16car les Chinois comptent sur le respect du droit international
11:19par les autres pays,
11:21les règles de l'engagement militaire
11:23empêchant les navires de guerre
11:25d'ouvrir le feu sur des embarcations civiles.
11:31Si les États-Unis décidaient d'ouvrir le feu
11:34et de tuer ces équipages civils,
11:37les Américains seraient considérés
11:39comme responsables de l'escalade de la situation.
11:47Donc, le risque d'escalade est moins élevé
11:50que si ces bateaux et ces équipages étaient des militaires.
11:56Cela donne aux Chinois plus de flexibilité
11:59dans l'usage de la force pour contraindre ses voisins.
12:05L'île de Hainan est la base arrière de ces pêcheurs
12:09qui descendent dans les zones contestées.
12:12Ici, le patriotisme est une seconde peau.
12:15Tous les habitants sont persuadés
12:17qu'ils défendent ce qu'ils appellent
12:19les territoires bleus du pays.
12:26C'est le pays qui nous envoie là-bas.
12:29Toute cette mer a toujours été à la Chine.
12:32Y compris les Spratleys.
12:34À l'avenir, nous allons repousser tous les autres
12:37chez eux pour récupérer plus d'îlots.
12:40Ils n'osent plus nous arrêter
12:42car notre pays est devenu puissant.
12:48Pendant longtemps, personne dans la région
12:51n'a su que parmi ces pêcheurs
12:53étaient en fait dissimulés des miliciens.
12:56Dans les vidéos promotionnelles,
12:58la mission de cette force paramilitaire
13:00aux ordres du parti est révélée sans ambiguïté.
13:20Ces miliciens sont le fer de lance
13:22d'une véritable guerre du peuple cachée
13:25à laquelle Xi Jinping donne une nouvelle dimension
13:28dès son arrivée au pouvoir.
13:33En avril 2013, le secrétaire du parti
13:35se déplace en personne à Hainan
13:37pour féliciter les pêcheurs impliqués
13:39dans l'incident des Scarborough
13:41mais aussi les miliciens
13:43devenus des héros dans tout le pays.
13:59La République populaire entretient
14:01une milice de pêcheurs depuis qu'elle existe.
14:04C'était simplement la milice classique
14:06dans les villages de pêche.
14:08Ce qui a beaucoup changé depuis 10 ans
14:10et ça nous le savons maintenant,
14:12c'est qu'une partie de cette vieille milice
14:14a été professionnalisée.
14:16Pékin s'est mis à la financer
14:18pour acheter des bateaux plus grands
14:20avec des coques en fer.
14:22Les milices ont aussi commencé
14:24à recevoir des unités de pêche
14:26et un entraînement aux armes.
14:32Ces milices professionnalisées
14:34ont ensuite peaufiné un art
14:36de l'intimidation,
14:38soigneusement chorégraphié
14:40pour ne pas faire parler les armes.
14:42Sur les mers,
14:44leur intervention est coordonnée
14:46en plusieurs couches.
14:48Une escadrille de pêcheurs miliciens
14:50est envoyée en première ligne
14:52pour bloquer un bateau étranger
14:54qui ne peut se défendre seul.
14:56En cas de complication,
14:58les gardes-côtes chinois
15:00sont prêts à intervenir
15:02et à faire appel à la marine chinoise
15:04qui reste en alerte dans la zone.
15:08Cette répartition des tâches
15:10est utilisée en 2014
15:12pour protéger une plateforme
15:14pétrolière chinoise,
15:16forant de force dans des eaux contestées
15:18proches du Vietnam.
15:20300 collisions volontaires
15:22auraient alors eu lieu
15:24en deux mois.
15:26Et un navire vietnamien coulait.
15:44Pékin tenait les navires militaires
15:46un peu en retrait.
15:48C'était une menace implicite.
15:50Il y a quelques années plus tard,
15:52quand ils l'ont utilisée contre les Vietnamiens
15:54autour d'une plateforme pétrolière.
15:58Mais aujourd'hui,
16:00le secret des milices est éventé.
16:02En 2021,
16:04quand 200 chalutiers chinois
16:06sont surpris à marrer les uns aux autres
16:08autour d'un îlot de la ZEE philippine,
16:10ils déclenchent la colère de Manille.
16:14Et les démentis de Pékin
16:16ne calment pas son voisin.
16:20La communauté internationale
16:22s'inquiète d'être menacée
16:24par ces équipages.
16:26Ce problème n'existe pas.
16:28Il a été créé par les médias
16:30qui ont parlé de soi-disant
16:32200 bateaux de pêcheurs
16:34qui appartiendraient majoritairement
16:36à la milice.
16:38Mais ce n'est pas vrai.
16:40Si la Chine doit compter
16:42sur les milices maritimes
16:44pour défendre ses récifs,
16:46à mon avis,
16:48ce n'est pas la Chine.
16:50Désormais,
16:52les forces maritimes chinoises
16:54imposent la loi de Pékin
16:56dans la mer de Chine méridionale.
16:58Les navires des pays riverains
17:00ne peuvent plus circuler librement
17:02dans leur propre zone économique exclusive.
17:18Au fil des années,
17:20une véritable frontière invisible
17:22est sortie des flots.
17:24Sept îlots ont été agrandis
17:26artificiellement et se sont couverts
17:28de pistes d'atterrissage
17:30et de radars militaires.
17:32Autant d'installations
17:34qui étendent désormais
17:36le rayon d'action des chasseurs
17:38et des bateaux chinois
17:40à tout le sud de la mer de Chine
17:42méridionale.
17:44Ces îles permettent à la Chine
17:46d'accueillir des bateaux chinois
17:48et des bateaux américains.
17:50Il y a des douzaines de bateaux
17:52de garde-côte et de la marine,
17:54ainsi que des centaines de bateaux
17:56de la milice maritime dans les Spratlays
17:58tous les jours,
18:00sept jours sur sept.
18:02Cette omniprésence accroît
18:04les risques d'erreurs stratégiques,
18:06pouvant dégénérer
18:08de manière incontrôlable.
18:10Le gouvernement américain
18:12a annoncé il y a quelques années
18:14que la Chine utilisera les bateaux chinois
18:16comme des éléments militaires.
18:18S'ils utilisent des moyens létaux,
18:20alors les Américains répliqueront
18:22avec la force adéquate.
18:24Il y a définitivement
18:26un risque d'escalade.
18:32Face à cette stratégie,
18:34l'association des dix pays d'Asie du Sud-Est,
18:36l'ASEAN, est aussi paralysée,
18:38la Chine attisant leur désunion.
18:44L'ASEAN est compromise
18:46en tant que collectif
18:48car la Chine patronne
18:50certaines nations membres.
18:52C'est pourquoi
18:54nous ne parvenons pas
18:56à nous mettre d'accord
18:58sur un communiqué commun
19:00qui irait
19:02contre les intérêts
19:04de la Chine.
19:06La Chine est sérieuse
19:08en ce qui concerne
19:10la Chine.
19:12La Chine et ses riverains
19:14doivent comprendre que nous sommes voisins pour toujours.
19:16Pourtant, ils ont toujours besoin
19:18des Américains, alors qu'on voit bien
19:20comment ces derniers se comportent partout ailleurs.
19:26Sur les côtes baignées
19:28par la mer de Chine méridionale,
19:30les pêcheurs sont les premières victimes.
19:32Aux Philippines,
19:34sur l'île de Mindoro,
19:36ils s'inquiètent de croiser
19:38de plus en plus de bateaux chinois,
19:40mais ils n'ont disputé.
19:48Les chaletiers chinois sont
19:50de plus en plus nombreux.
19:52J'ai le sentiment
19:54qu'ils revendiquent notre zone de pêche
19:56car ils sont devenus majoritaires,
20:00alors que les Philippines
20:02sont de moins en moins nombreux.
20:04Avant qu'ils soient là,
20:06nous avions
20:08de bonnes prises de poissons.
20:12Mais maintenant, ça diminue.
20:18Avec ces pêcheurs chinois devenus omniprésents,
20:20les prises de poissons
20:22se sont effondrées.
20:26Cela va mettre au chômage
20:28des dizaines de milliers de pêcheurs
20:30et de travailleurs de l'industrie de la pêche
20:32dans les villages le long des côtes philippines
20:34et cela mettra en péril
20:36la sécurité alimentaire de millions de personnes.
20:42Aux Philippines,
20:44beaucoup de pêcheurs ont désormais peur
20:46des milices chinoises.
20:48Leurs fragiles bateaux ne font pas le poids
20:50face aux gros chaletiers en fer de la Chine.
20:52Junel a été coulé par l'un d'entre eux.
20:58Il était aux environs de minuit
21:00quand un bateau est entré en collision avec nous.
21:06C'était un chaletier chinois.
21:12Je ne sais pas si c'était un accident
21:14ou intentionnel
21:18car ils auraient dû venir à notre secours
21:20quand on coulait.
21:24Mais ils se sont enfuis
21:26et quand on a essayé de ramer
21:28pour vérifier le nom et l'immatriculation
21:30du navire,
21:32ils ont éteint leurs lumières.
21:42Depuis, j'ai peur de retourner à la mer.
21:50En 2016,
21:52le tribunal arbitral de la Haie
21:54rejette la légitimité
21:56des droits historiques de Pékin
21:58face aux Philippines.
22:00La décision est contestée par la Chine.
22:02Pour tenter de désamorcer la situation,
22:04Pékin se lance alors
22:06dans une guerre juridique.
22:08Madame Jiang fait partie
22:10d'un groupe d'experts chargés de la riposte.
22:12C'est une question de territoire.
22:14Elle n'est donc pas du ressort
22:16du tribunal d'arbitrage
22:18puisqu'elle dépasse ses compétences.
22:20Mais le tribunal a tout de même instruit le dossier.
22:22Le dossier oppose fermement.
22:24Pour nous, il n'a pas ce droit.
22:28Le but de la Chine
22:30est d'engager une soi-disant guerre juridique
22:32pour défendre une vision en sa faveur
22:34sur le plan légal.
22:36Son objectif
22:38est de changer lentement
22:40l'ordre international.
22:48Pour contester cette appropriation
22:50les marines occidentales
22:52multiplient les passages de leur flotte.
22:54Juridiquement,
22:56il s'agit d'exercer le droit maritime
22:58que Pékin cherche à remettre en cause.
23:02Cela peut consister à passer
23:04dans une zone disputée
23:06en naviguant en cercle ou en zigzag.
23:08L'idée est de montrer
23:10que vous êtes là
23:12et que vous ne respectez pas
23:14la revendication.
23:16Si vous n'exercez pas votre droit
23:18et ne contestez pas
23:20les revendications maritimes d'un pays,
23:22au fil du temps,
23:24elles deviennent un fait juridique.
23:28Les Chinois sont très bons
23:30dans la stratégie de l'ambiguïté.
23:32Notre volonté,
23:34c'est de les faire sortir de l'ambiguïté
23:36pour qu'ils assument
23:38cette part
23:40de conquête de souveraineté
23:42qu'ils ne veulent pas assumer
23:44en public, aujourd'hui.
23:48L'obstination chinoise
23:50renvoie la communauté internationale
23:52à son impuissance.
23:54Sur ces îles interdites aux étrangers,
23:56le tourisme patriotique
23:58prospère.
24:00En accélérant
24:02le développement des infrastructures,
24:04Pékin veut rendre les choses irréversibles.
24:08Les États-Unis
24:10et le Japon demandent l'exécution
24:12de la décision. Comment faire ?
24:14Cela voudrait dire que la Chine
24:16abandonne sa ligne en neuf traits ?
24:18Que les pêcheurs chinois arrêtent
24:20de pêcher en mer du Sud ?
24:22Est-ce que c'est réalisable ?
24:24Ces pays sont trop naïfs
24:26en exigeant cela.
24:30Pour la communauté internationale,
24:32cette politique du fait accompli
24:34est perçue comme un signal d'alarme.
24:36Sommes-nous en train
24:38de créer des précédents
24:40concernant l'attitude de la Chine
24:42dans le monde ?
24:44Est-ce que la Chine est en train
24:46de faire face
24:48à l'avenir de l'océan Indien,
24:50du Pacifique
24:52et même de l'Antarctique ?
24:54Si tous les pays
24:56commencent à violer les lois
24:58et les traités internationaux,
25:00le monde va devenir un chaos.
25:02Nous avons besoin d'ordre,
25:04de stabilité
25:06et de prévisibilité.
25:08Le monde ne peut pas fonctionner
25:10sur la loi du plus fort.
25:12La Chine, arc-boutée
25:14sur une certaine vision de son territoire,
25:16entraîne aujourd'hui
25:18la communauté internationale
25:20dans une spirale.
25:22Et c'est à Taïwan
25:24que cette spirale menace
25:26de devenir incontrôlable.
25:36Pour Xi Jinping,
25:38Taïwan est la pièce maîtresse
25:40de la Chine.
25:42Cette fois, il ne s'agit plus
25:44d'occuper un îlot désertique.
25:46Taïwan abrite
25:4823 millions d'habitants sinophones,
25:50héritiers d'une histoire
25:52léguée par la guerre froide.
25:54C'est sur cette île
25:56qu'avaient fui les troupes nationalistes
25:58mises en déroute par Mao en 1949.
26:00Faute de moyens militaires,
26:02Pékin avait dû renoncer à l'envahir,
26:04dissuadé par le déploiement massif
26:06de la 7e flotte américaine.
26:10Ce sont les Américains
26:12qui ont saboté notre plan
26:14avec leur flotte qu'ils ont massée dans le Détroit.
26:16Sans eux, nous aurions déjà libéré Taïwan
26:18en 1950.
26:22Washington reconnaît finalement
26:24la République populaire en 1979.
26:28Mais depuis, les Américains
26:30ont continué à protéger Taïwan
26:32en laissant planer la menace d'une possible
26:34intervention de leur armée
26:36en cas d'opération militaire de Pékin.
26:38Pour Xi Jinping,
26:40ce parapluie américain est devenu
26:42le symbole d'une humiliation à effacer.
26:44Une promesse
26:46qui laisse peu de place aux compromis.
26:52Les Américains
26:54utilisent Taïwan comme un pion
26:56pour opprimer la Chine
26:58et empêcher sa grande renaissance.
27:04L'ère de Xi Jinping
27:06a marqué le dépassement des États-Unis,
27:08la résolution du problème de Taïwan
27:10et l'unification
27:12totale de la Chine.
27:18Il espère dépasser
27:20les exploits de tous les leaders
27:22de l'histoire chinoise.
27:24S'il manque cette pièce du puzzle
27:26qu'est l'unification de Taïwan,
27:28comment pourrait-il
27:30atteindre son objectif
27:32de renouveau national ?
27:36Plus il considère
27:38la question de Taïwan
27:40ou des questions comme Hong Kong
27:42ou le Xinjiang
27:44comme une source de légitimité
27:46pour gouverner,
27:48moins ils peuvent faire marche arrière.
27:50Aujourd'hui,
27:52la perspective d'une solution politique
27:54entre Taipei et Pékin
27:56s'éloigne irrémédiablement.
27:58L'île est devenue
28:00une démocratie exemplaire
28:02et ses habitants ont compris
28:04qu'en février 2020,
28:06les électeurs choisissent pour un second mandat
28:08une présidente farouchement opposée
28:10à toute concession.
28:28Mais Pékin fait la sourde oreille
28:30et refuse le choix des Taïwanais.
28:32L'intégrité communiste
28:34ne reste plus que l'intimidation.
28:50En pleine pandémie,
28:52le parti profite du chaos mondial
28:54pour intensifier les incursions aériennes
28:56autour de Taïwan.
29:02Pour l'instant,
29:04la situation actuelle est probablement
29:06la pire entre les deux rives du détroit de Taïwan.
29:08Il n'y a aucune interaction officielle
29:10et l'atmosphère de haine mutuelle
29:12entre les peuples
29:14est au point culminant.
29:16Les avions et les navires
29:18de l'armée chinoise
29:20entrent chaque jour dans notre espace aérien
29:22pour nous opprimer.
29:24Ces signes sont très très mauvais.
29:28Je pense qu'ils veulent tout faire
29:30pour protéger les forces.
29:32Mais quand on observe les actions de Pékin
29:34ces deux dernières années,
29:36on voit que le nœud se resserre
29:38autour du cou de Taïwan.
29:4270 ans après l'échec de Mao,
29:44le rapport de force
29:46a radicalement changé
29:48entre Pékin et Taipei.
29:50Xi Jinping a modernisé
29:52de façon spectaculaire
29:54la marine chinoise.
29:56En avril 2021,
29:58l'armée chinoise a déployé
30:00un sous-marin lanceur de missiles
30:02chargé de la riposte nucléaire.
30:04En France,
30:06quand on arme un bateau,
30:08on est très content de dire
30:10voilà, mais là, trois bateaux en même temps.
30:12Donc oui, c'est une progression
30:14extrêmement impressionnante.
30:16Au départ, c'était des patrouilleurs,
30:18puis des corvettes, des frégates,
30:20maintenant des destroyers, des porte-avions.
30:22Les Chinois ont réalisé
30:24quelque chose d'extraordinaire
30:26ils ont réussi à transformer
30:28leur marine côtière
30:30en marine la plus importante au monde
30:32et elle continue à grandir.
30:34En gros, ils produisent
30:36quatre bateaux
30:38quand les États-Unis
30:40en fabriquent un seul.
30:42Si la Chine devient
30:44de plus en plus forte
30:46jusqu'à la démesure,
30:48alors nous n'aurons plus
30:50le choix entre l'indépendance,
30:52la réunification
30:54ou la guerre.
31:02Cette puissance maritime,
31:04Pékin aime la mettre en scène
31:06dans des films promotionnels
31:08à la manière d'Hollywood.
31:10Avec 360 bateaux,
31:12la Chine compte désormais
31:14plus de navires de guerre
31:16que la marine américaine.
31:18Occupés depuis 30 ans
31:20à des guerres terrestres,
31:22la Chine est en mesure
31:24d'éliminer les États-Unis.
31:28Autour de Taïwan,
31:30les forces chinoises
31:32pourraient infliger
31:34des pertes énormes
31:36à l'armée américaine
31:38en cas de conflit.
31:40La contradiction croissante
31:42entre l'émergence militaire
31:44de la Chine
31:46et l'affaiblissement américain
31:48contribue à créer
31:50de plus en plus de pertes.
31:52L'armée américaine n'a pas mené
31:54de combats navals
31:56depuis la Seconde Guerre mondiale.
31:58Nous avons de grandes capacités
32:00de renseignement,
32:02de surveillance,
32:04de reconnaissance.
32:06Nous sommes forts
32:08en opérations conjointes.
32:10Mais si nous essayons
32:12de défendre cette petite île-nation,
32:14je ne suis pas sûr
32:16que nous ayons
32:18la capacité de défendre
32:20cette petite île-nation.
32:22Les forces armées taïwanaises
32:24qui vivent avec la menace de guerre
32:26depuis 70 ans
32:28ont transformé l'île
32:30en forteresse piégée.
32:32Chaque année,
32:34l'armée s'exerce
32:36à anticiper le pire scénario,
32:38celui d'un débarquement chinois
32:40sur leur île.
32:42Lorsque la Chine lancera
32:44une attaque contre Taïwan,
32:46la Chine sera considérée
32:48comme une réussite militaire.
32:54Une victoire militaire sur Taïwan
32:56ou une action coercitive
32:58pour soumettre Taïwan
33:00par des moyens non militaires
33:02ne garantit pas l'intérêt
33:04et la sécurité chinoise
33:06sur le long terme.
33:08Imaginez l'état d'insurrection.
33:10Une force de sécurité chinoise
33:12tentant de soumettre
33:14une population défiante
33:16de 23 millions de personnes.
33:20À côté, la répression de Hong Kong
33:22ressemblerait à une promenade.
33:26Pour la présidente,
33:28ces exercices sont l'occasion
33:30de rappeler la détermination
33:32des Taïwanais à ne pas céder.
33:44Face à la menace grandissante,
33:46les autorités taïwanaises
33:48veulent désormais convaincre
33:50le reste du monde
33:52que le sort de l'île
33:54est un enjeu global.
34:15Si la communauté internationale
34:17ne s'y oppose pas,
34:19la Chine pourrait répéter
34:21ce que l'Allemagne a fait
34:23durant la Seconde Guerre mondiale.
34:29S'ils conquièrent Taïwan,
34:31ils pourraient aussi conquérir
34:33d'autres parties de l'Asie,
34:35de l'Inde ou de la Russie.
34:37C'est une situation très grave.
34:44Le sentiment d'un compte à rebours funeste
34:46s'est installé dans la région
34:48et a aussi traversé le Pacifique.
35:05Pour les Américains,
35:07Taïwan est la mèche qui pourrait
35:09mettre le feu à la poudrière.
35:11Élu en novembre 2020,
35:13Joe Biden reprend la politique
35:15de confrontation de son prédécesseur
35:17face à la Chine.
35:44J'avais supposé que Biden
35:46ne suivrait pas la stratégie
35:48de Trump dans le Pacifique.
35:50Non seulement Biden en a hérité,
35:52mais en plus il la développe.
35:54Il la déploie même plus rapidement.
35:59À Washington,
36:01le défi posé par le projet
36:03de renaissance de Xi Jinping
36:05est devenu existentiel.
36:07Pour les Américains,
36:09c'est leur puissance en Asie
36:11et dans le monde
36:13qui se joue à travers le sort de Taïwan.
36:15Taïwan est un verrou
36:17sur la première chaîne d'île.
36:19C'est la clé du réseau d'alliances
36:21mis en place en Asie
36:23par les Américains
36:25après la Seconde Guerre mondiale.
36:27Si Pékin en prenait le contrôle,
36:29la Chine pourrait garder
36:31à distance les Américains
36:33de toute l'Asie
36:35grâce à un barrage
36:37de missiles, d'avions
36:39et de sous-marins
36:41qui deviendrait indétectable
36:43dans les profondeurs
36:45à l'est de l'île.
36:47Le symbole d'une nouvelle ère.
36:49Si Taïwan est conquise par la Chine,
36:51cela ouvre une grande brèche
36:53dans la première chaîne d'île.
36:55Cela permettrait
36:57à l'armée populaire de libération
36:59de fortifier l'île
37:01de la même manière
37:03mais sur une échelle
37:05bien plus importante.
37:07De là, ils opéreraient
37:09bien plus loin dans le Pacifique
37:11et aussi vers le Japon.
37:13Cela serait la fin
37:15de l'Amérique en Asie-Pacifique.
37:17Elle cesserait d'être
37:19un acteur important
37:21car cela détruirait sa crédibilité.
37:23Et une fois que les États-Unis
37:25seraient poussés hors du Pacifique
37:27occidental,
37:29alors les Chinois seraient capables
37:31d'aller vers l'ouest des États-Unis
37:33à un moment ou à un autre.
37:35Le monde occidental peut-il
37:37se tenir en retrait
37:39et laisser faire ?
37:41Je pense que les États-Unis
37:43ne laisseront probablement pas
37:45ce scénario se réaliser.
37:47Les Américains
37:49sont d'autant plus déterminés
37:51que républicains comme démocrates
37:53sont désormais d'accord
37:55sur un durcissement face à la Chine,
37:57même s'ils se laissent encore surprendre
37:59le ton de Pékin.
38:03En ce printemps 2021,
38:05c'est la première fois
38:07que le nouveau chef de la diplomatie américaine
38:09rencontre les émissaires de Xi Jinping.
38:11La mise au point
38:13vire à l'humiliation publique.
38:15Devant les caméras du monde entier,
38:17les deux envoyés du gouvernement chinois
38:19répliquent brutalement.
38:21Aujourd'hui, la Chine n'accepte plus les leçons.
38:23C'est elle qui les donne.
38:45Aujourd'hui, des diplomates
38:47ne font plus de diplomatie en réalité.
38:49Ils tiennent une posture de rivalité
38:51envers l'Occident
38:53qui ressemble plutôt à de l'aversion.
38:59L'agressivité des diplomates
39:01est en fait destinée au public chinois.
39:03Leur coup de sang
39:05fait un tabac
39:07auprès d'une population coupée du monde
39:09depuis la pandémie.
39:11Sur Internet,
39:13certains jeunes affichent aujourd'hui
39:15leur rejet des symboles occidentaux.
39:35Les Chinois ne comprennent pas
39:37pourquoi les Occidentaux
39:39critiquent leur pays
39:41qui a un succès énorme.
39:43Pourquoi la critiquez-vous autant
39:45et voulez-vous renverser son modèle ?
39:47Pour eux, le modèle chinois est l'avenir.
39:51Cette incompréhension
39:53se transforme en haine
39:55et en refus du dialogue.
39:59C'est arrivé au point
40:01où 1,4 milliard de personnes
40:03sont nourries de l'idée
40:05que le reste du monde est contre eux,
40:07espoliées,
40:09notamment de leur territoire.
40:15Ce nationalisme,
40:17encouragé par le Parti communiste,
40:19est devenu un aiguillon.
40:21Il pousse le pouvoir
40:23dans une course en avant
40:25sur les questions de territoire.
40:27En juillet 2021,
40:29Xi Jinping lance une mise en garde
40:31martiale aux Occidentaux,
40:33s'en nommait Taïwan.
40:37Le premier secrétaire du Parti
40:39veut dissuader
40:41le reste du monde
40:43de s'opposer à son dessein.
40:45Le premier secrétaire du Parti
40:47veut dissuader
40:49le reste du monde
40:51de s'opposer à son dessein.
40:53Il veut donner l'impression
40:55qu'il est prêt à sacrifier
40:57la paix mondiale
40:59pour le réaliser.
41:15...
41:33De l'autre côté du Pacifique,
41:35le sentiment d'insécurité
41:37a aussi gagné l'allié historique
41:39des Américains.
41:41À 4000 km de la Chine,
41:43l'Australie serait en première ligne
41:45aux côtés des Américains
41:47en cas de conflit autour de Taïwan.
41:49En juillet 2020,
41:51le premier ministre australien
41:53annonce une hausse
41:55de son budget militaire
41:57de 40% sur 10 ans.
41:59Pour le justifier,
42:01il convoque l'histoire.
42:13...
42:37Il dit non.
42:39Le premier ministre n'a pas nommé la Chine
42:41et n'a pas spécifiquement comparé la Chine
42:43au pouvoir totalitaire des années 30.
42:45Mais on peut observer
42:47des analogies évidentes.
42:49...
42:53L'Australie imagine
42:55aujourd'hui un avenir bien plus sombre.
42:57Nous devons moderniser
42:59notre armée, rendre
43:01notre économie plus résiliente,
43:03diversifier nos relations économiques
43:05et devenir plus autonomes.
43:07...
43:09Ce sentiment d'une ère nouvelle,
43:11les Australiens en ont eu un avant-goût
43:13le 3 juin 2019.
43:15...
43:17Ce jour-là,
43:19un groupe d'assaut amphibie chinois
43:21avec 700 soldats
43:23fait une entrée fracassante
43:25dans le port de Sydney.
43:27...
43:29Quasiment personne n'avait été informé
43:31de leur venue.
43:33Les images de ces trois navires de guerre
43:35entrant dans le port de Sydney
43:37ont provoqué un grand choc.
43:39Vues de Chine,
43:41elles envoyaient un message
43:43très clair.
43:45La puissance chinoise
43:47est partout.
43:49...
43:51Sur les côtes australiennes,
43:53la puissance chinoise s'est rapprochée
43:55au fil des années.
43:57Canberra s'inquiète
43:59de la multiplication des projets portuaires
44:01ou aéroportuaires chinois
44:03dans les îles du Pacifique qui l'entourent.
44:05Papouasie-Nouvelle-Guinée,
44:07Île-Solomon, Vanuatu,
44:09Tonga, Kiribati,
44:11jusqu'à Port Darwin
44:13sur son propre territoire.
44:15Les nouvelles routes de la soie chinoise
44:17qui se déploient dans les mers
44:19changent la donne stratégique
44:21en coupant potentiellement l'Australie
44:23de son allié américain.
44:25...
44:27Sur le plan stratégique,
44:29n'oublions pas que les nouvelles routes
44:31et leur déclinaison maritime
44:33ne concernent pas seulement
44:35le commerce ou les investissements
44:37dans les infrastructures.
44:39Elles ont aussi des implications militaires.
44:41...
44:43En quelques années,
44:45pour l'Australie,
44:47la Chine bascule du statut
44:49de principal partenaire économique
44:51à celui d'ennemi potentiel.
44:53En 2018,
44:55le pays se barricade
44:57quand une étude officielle révèle
44:59que 50 % des dons étrangers
45:01à ses partis politiques
45:03proviennent de Chine populaire.
45:05C'est le fonctionnement démocratique
45:07même du pays qui est menacé.
45:09Une loi est promulguée
45:11pour criminaliser
45:13les opérations clandestines étrangères.
45:15Le parti communiste chinois
45:17veut saper la résistance
45:19à l'intérieur même des démocraties.
45:21C'est la raison pour laquelle
45:23ils ont consacré tant de ressources
45:25à leurs opérations d'influence
45:27dans le but de casser
45:29notre alliance avec les Américains.
45:31...
45:33Pour punir l'Australie,
45:35Pékin utilise l'arme économique.
45:37En octobre 2020,
45:39la Chine stoppe brutalement
45:41les importations de charbon australien
45:43et bloque les équipages
45:45des cargos pendant des mois
45:47au large de ses ports.
45:49...
45:51...
45:53...
45:55...
45:57Si le rêve chinois
45:59crée une vague de prospérité,
46:01de sécurité et de stabilité
46:03pour toute la région,
46:05alors il serait plus que bienvenu.
46:07Mais si le rêve chinois
46:09devient le cauchemar
46:11des autres pays,
46:13alors cela devient un sérieux problème.
46:15Il sera contré
46:17par les réactions des voisins
46:19et des pays au-delà de la région.
46:21...
46:23...
46:25...
46:27La montée des tensions
46:29précipite de nouvelles alliances
46:31entre les démocraties maritimes
46:33et réveille le concept d'Indo-Pacifique.
46:35New Delhi
46:37devient un partenaire central
46:39et ronde ainsi prudemment
46:41avec son non-alignement historique.
46:43L'Inde
46:45se sent aussi encerclée par la Chine
46:47sur les mers.
46:49Depuis 2014, Pékin a pris position
46:51dans de nombreux ports de la région
46:53grâce à ses nouvelles routes de la soie maritime.
46:55...
46:57...
46:59À long terme,
47:01l'Inde sera l'une des grandes puissances
47:03de ce siècle.
47:05De manière évidente,
47:07elle représente une civilisation rivale
47:09de la Chine.
47:11Toute stratégie visant à poser des limites
47:13au pouvoir chinois doit inclure l'Inde
47:15car l'Inde peut compliquer
47:17les choix qui s'offrent à la Chine.
47:19...
47:21Ces alliances
47:23se traduisent par une effervescence militaire.
47:25Pour afficher
47:27leur capacité à opérer ensemble,
47:29les marines multiplient
47:31les exercices croisés dans le Pacifique.
47:33En mai 2021,
47:35l'armée française
47:37s'exerce pour la première fois
47:39avec les Japonais et les Américains
47:41au large du Japon.
47:43...
47:45Quand la communauté internationale
47:47envoie à la Chine
47:49le signal de son opposition
47:51et il lui signifie qu'il est déraisonnable
47:53d'agir comme elle le fait,
47:55cela aura toujours une certaine force de dissuasion.
47:57...
47:59...
48:01Vu de Pékin,
48:03cette effervescence ressemble
48:05à un front uni contre la Chine.
48:07Les nationalistes
48:09sont confortés
48:11dans leur sentiment de forteresse assiégée.
48:13...
48:15Le peuple chinois
48:17est très fâché.
48:19Ce qu'ils font nous rappelle
48:21l'histoire humiliante des invasions occidentales
48:23du 19e siècle.
48:25...
48:27Comment devons-nous réagir ?
48:29Eh bien, nous devons accélérer
48:31notre développement militaire.
48:33Une mauvaise chose
48:35devient une bonne chose.
48:37...
48:39C'est pourquoi je les invite
48:41à revenir souvent
48:43à ces démonstrations militaires
48:45pour éduquer le peuple chinois
48:47à la défense nationale.
48:49...
48:51...
48:53...
48:55Face à cette Chine qui radicalise son discours,
48:57Américains,
48:59Australiens et Anglais
49:01décident d'intensifier le bras de fer avec Pékin
49:03en portant la contre-offensive
49:05sous les mers,
49:07le point faible de la Chine.
49:09En septembre 2021,
49:11les trois pays créent
49:13une alliance militaire baptisée
49:15AUKUS.
49:17Canberra annonce acheter
49:19huit sous-marins américains
49:21à propulsion nucléaire.
49:23C'est la première fois depuis la guerre froide
49:25que les États-Unis décident
49:27de partager cette technologie sensible.
49:29Une décision controversée
49:31que le président américain
49:33justifie par un sentiment d'urgence.
49:35...
49:37...
49:39...
49:41...
49:43...
49:45...
49:47...
49:49...
49:51...
49:53...
49:55La trajectoire voulue par Pékin
49:57serait-elle en train de renforcer
49:59l'encerclement auquel la Chine
50:01voulait justement échapper ?
50:03De nombreux Chinois ne se reconnaissent plus
50:05dans la vision de Xi Jinping
50:07et craignent l'isolement du pays.
50:09Au sein du Parti communiste,
50:11il y a beaucoup de mécontentements
50:13sur le fait que Xi Jinping
50:15soit vraiment allé trop loin.
50:17Il y a un tel retour de bâton
50:19sur la Chine
50:21qu'ils s'inquiètent que cela puisse
50:23affaiblir la légitimité du Parti
50:25en Chine même,
50:27de la même manière que le Parti
50:29a perdu légitimité et soutien
50:31sur le plan international.
50:33...
50:35De nombreux Chinois pensent
50:37que la Chine ne devrait pas
50:39se replier sur elle-même,
50:41qu'elle ne devrait pas entrer
50:43en conflit avec le reste du monde,
50:45que ses choix l'amèneront
50:47à une situation sans issue.
50:49L'histoire chinoise
50:51est tellement claire,
50:53sous Mao,
50:55l'autarcie n'a mené à rien.
50:57Les tensions sont élevées.
50:59Il y a un risque
51:01d'erreur de jugement
51:03qui peuvent être suivis
51:05d'une escalade incontrôlée.
51:07Dans l'histoire, les guerres
51:09n'ont pas éclaté parce que les gens
51:11le voulaient, mais à la suite
51:13de méprises.
51:15En liant la renaissance nationale
51:17chinoise à l'extension
51:19de son territoire,
51:21Xi Jinping aura peut-être
51:23semé les graines
51:25de son propre échec.
51:27Le choix de la force
51:29révèle peut-être sa faiblesse.
51:31La guerre avec les Etats-Unis
51:33sera-t-elle suffisante
51:35pour dissuader Pékin d'un conflit ouvert ?
51:39En jouant sur l'incertitude,
51:41la Chine enferme
51:43aujourd'hui le reste du monde
51:45dans un bras de fer passéiste,
51:47loin des véritables défis
51:49du XXIe siècle.