00:00Jean-Claude Dacier et Antonin André sont avec moi dans cette première heure pour commenter l'actualité et d'abord, effectivement, cette réponse de Netanyahou à Macron.
00:10On commence par Benjamin Netanyahou, il était l'invité exclusif hier de Laurence Ferrari sur CNews Europe.
00:16On est au début de la fin, on n'est pas encore vraiment à la fin.
00:20Et je veux que les Français m'écoutent et m'entendent.
00:24Nous ne combattons pas seulement pour nous, mais nous combattons pour vous aussi.
00:30Ce n'est pas seulement du terrorisme, c'est pire que cela.
00:36Ces gens-là vous tueraient tous s'ils le pouvaient.
00:40Nous combattons ces terroristes, ce sont des islamistes radicaux.
00:45Ils assassinent des chrétiens, des arabes, des juifs, ils assassinent tout le monde.
00:52C'est une guerre de civilisation contre la barbarie et nous sommes en tête de cette guerre et la France doit soutenir l'Israël.
00:58Emmanuel Macron présentait, lui, une conférence internationale de soutien à la population et à la souveraineté du Liban.
01:04Aujourd'hui à Paris, voilà ce qu'il répond au Premier ministre israélien.
01:07On parle beaucoup ces derniers jours de guerre de civilisation ou de civilisation qu'il faut défendre.
01:12Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en se demandant soi-même la barbarie.
01:18Je suis sûr d'une chose, c'est que la possibilité d'une civilisation se joue au Liban.
01:23C'est-à-dire la possibilité pour des femmes et des hommes dont les origines sont différentes, dont les religions sont différentes,
01:31de partager un même territoire et de vivre pour un même projet.
01:36C'est aussi pour cela que le Liban est important pour lui-même et est toujours plus grand que lui-même.
01:44Jean-Claude Dacier, cette réponse d'Emmanuel Macron, elle est parce qu'on est dans un lieu où on est censé soutenir le Liban
01:53et on connaît la situation au Liban ou est-ce que c'est la profonde volonté d'Emmanuel Macron de répondre directement à Benjamin Netanyahou ?
02:03Écoutez, si on est optimiste, les temps se prêtent mal à cette nature d'optimisme,
02:13mais on se dit qu'il se parle encore au téléphone.
02:16Mais honnêtement, on a rarement entendu un tel niveau, je dirais, de propos plus que désagréables
02:23entre deux patrons, chefs d'État si on veut.
02:27Ce sont des chefs d'État, oui.
02:29Ce sont des chefs d'État l'un et l'autre.
02:31Macron, en général, si vous voulez, ce genre de propos, ça se tient discrètement.
02:39La France a toujours, je ne suis pas sûr d'ailleurs que Macron ait le soutien d'une majorité de Français sur la position qu'il a prise.
02:47Je vois bien la montée de l'antisémitisme, il faut être aveugle pour ne pas s'en rendre compte.
02:51Néanmoins, il y a une très longue histoire entre la France et Israël.
02:55Je sais bien que la critique de Netanyahou, on peut faire et on le voit bien esclave de deux ou trois ministres
03:03qui sont extrémistes et qui sont pour le grand Israël et qui ne rendront jamais les territoires, entre guillemets, occupés.
03:10Mais néanmoins, je pense que le Président de la République Française, me semble-t-il, a tort de se comporter ainsi.
03:18Parce qu'il y a au fond du sentiment français quand même...
03:21On va voir, mon cher Canrade.
03:24Mais je pense que...
03:25Antoine André secoue la tête.
03:27Tu fais un avis nuancé.
03:29Non, mais j'essaie d'avoir un avis nuancé.
03:32Mais, si vous voulez, il n'y avait aucun élément positif qui permettait un brin d'espoir,
03:38une esquisse d'esquisse d'espoir dans le discours de Netanyahou.
03:42C'est la guerre totale.
03:44On a déjà cogné sur Gaza, qui est dans un état absolument lamentable,
03:48et sur Beyrouth, et puis sur le Sud-Liban.
03:52On se demande ce qui va arriver.
03:55Appuyez là-dessus.
03:56Macron considère que l'attitude du gouvernement de M. Netanyahou et de ses alliés extrémistes n'est pas acceptable.
04:03Je ne suis pas sûr que la France le suive complètement.
04:06Parce qu'on a aussi souffert du terrorisme en France quand même.
04:09N'oubliez pas.
04:10Moi, je pense que ces deux dirigeants tiennent ses propos publiquement parce qu'ils font de la politique.
04:15Les deux font de la politique.
04:16Benjamin Netanyahou, quand il s'adresse à CNews et à Laurence Ferrari, adresse un message au français.
04:20Évidemment, il active un levier qui va immédiatement résonner chez nous sur les attentats atroces du Bataclan.
04:27Il fait un parallèle qui, à mon avis, est un parallèle un peu globalisant, généralisateur.
04:35La France n'est pas tout à fait dans la même situation que l'État d'Israël.
04:38La situation géopolitique de la France n'est pas la même.
04:40L'histoire n'est pas la même.
04:41Il parle des groupes usculs terroristes.
04:43Il dit ces gens vous tuerez tous.
04:45Et ça s'est produit au Bataclan.
04:48Par ailleurs, je pense que Emmanuel Macron, dans sa prise d'opposition, il ne faut pas perdre de vue qu'il y a des pays arabes dans le monde.
04:56Il y a des pays non-alliés qui n'ont pas forcément exactement le même prisme qu'Israël, ni le même prisme que les Américains.
05:03Il faut faire attention aussi à ces pays-là et à ne pas les exclure totalement,
05:08ou ne pas leur faire ressentir l'idée qu'il y aurait un amalgame entre ce qui se passe à Gaza et le sort de ces pays-là.
05:16La diplomatie, c'est parfois aussi des messages politiques à double niveau.
05:20Quand Emmanuel Macron dit la barbarie, il reprend le mot de barbarie.
05:24En fait, on ne peut pas combattre les terroristes avec les mêmes outils que les terroristes.
05:28Ce discours peut s'entendre.
05:30C'est-à-dire que les démocraties s'enorgueillissent aussi en réfutant l'idée, par exemple, de la peine de mort.
05:36Ce n'est pas les mêmes outils que les terroristes.
05:39L'armée israélienne ne réplique pas de la même façon que les terroristes du Hamas.
05:44On ne peut pas faire un parallèle entre ce que le groupe Hamas et la riposte de l'armée israélienne.
05:52Ce que dit Emmanuel Macron, c'est que tout n'est pas permis,
05:55et notamment des moyens trop expéditifs et qui font fi des populations civiles,
06:00quand on répond à des terroristes.
06:01Parce que c'est ce qui nous différencie d'eux.
06:03C'est-à-dire que nous, on fait la différence entre les civils et les extrémistes.
06:07Donner le sentiment qu'il y a un amalgame entre les deux, c'est dangereux.
06:11Le message d'Emmanuel Macron est dosé à l'aune de ses oreilles et de ses pays arabes.
06:16Je comprends qu'il soit prudent, mais qu'il utilise, qu'il reprenne le mot de barbarie pour l'utiliser dans un autre échant.
06:23C'est un message politique à dessein envoyé aux nations arabes.
06:29Qu'est-ce que vous leur laissez comme espace ?
06:31Ce qui me frappe dans la position actuelle du gouvernement israélien, c'est qu'on ne voit pas l'objectif.
06:39La vision qui consiste à dire qu'on va éliminer le Hamas,
06:43après une attitude de la part de M. Netanyahou qui n'a pas toujours été celle-là, mais oublions.
06:48On va éliminer le Hezbollah et puis ensuite on s'en prendra à l'Iran.
06:52Si personne ne l'arrête, on est sur une guerre totale qui va durer des années.
06:57Donc on ne connaît pas vraiment l'issue.
06:59C'est pour ça qu'il n'est pas forcément déplacé qu'Emmanuel Macron ait une voix qui dise
07:04en fait, tous les moyens ne sont pas permis, tous les pays ne sont pas...
07:07Fallait-il le dire avec ces mots-là, je ne sais pas ?
07:10Oui, pour que les nations arabes en question, qui sont aussi très silencieuses
07:16et prises dans cet état et dans ce conflit, entendent ce message-là.
07:20C'est important, je pense, qu'elles l'entendent.
07:22Ce n'est pas en semant soi-même la barbarie qu'on dit Emmanuel Macron.
07:26Qu'est-ce que veut M. Netanyahou ?
07:28Israël ne sème pas la barbarie.
07:30Pardon, Pierre de Villeneuve, le Liban, je ne sais pas si vous connaissez ce pays,
07:33c'est un pays martyr.
07:34C'est un pays qui vit avec deux heures d'électricité par jour au maximum,
07:39dont le port a explosé et Emmanuel Macron avait promis de s'y rendre à nouveau
07:42et de ne pas laisser les Libanais, il n'en a rien fait.
07:45Et donc ce pays aujourd'hui subit la colère d'Israël parce qu'il y a effectivement
07:50sur son sol un mouvement comme le Hezbollah qui a des actions terroristes contre Israël
07:54et c'est toute la population libanaise qui se prend cette riposte sur la tronche.
07:58Et qui en attendant dirige le pays, et qui en attendant dirige le Liban.
08:01Et c'est une tragédie, on le pense tous.
08:04Mais les pays, ce ne sont pas seulement des dirigeants et des gens qui instrumentalisent,
08:08ce sont des civils.
08:09Bien sûr.
08:10Et si vous ne vous adressez pas un moment à ces populations civiles,
08:12ce n'est pas eux qui subissent le plus de dommages en ce moment, pardonnez-moi.
08:17Vous vous souvenez du 7 octobre ?
08:18Oui, mais le 7 octobre c'est autre chose, c'est un acte barbare, génocidaire,
08:22mais ça peut se reproduire.
08:26Mais est-ce que la façon de le combattre et de le prévenir,
08:29c'est de semer et d'amplifier la colère ou la haine de populations
08:34qui sont aussi des victimes collatérales ?
08:36On neutralise des objectifs terroristes.
08:38Ce qui moi m'apparaît quand même très ennuyeux pour M. Netanyahou,
08:44c'est qu'on ne voit pas où il veut en venir.
08:46Exactement.
08:47On est tous d'accord pour éliminer les terroristes.
08:52Mais bien sûr, ça ne fait pas long, moi, d'un doute.
08:54Il y a des Libanais qui sont très contents qu'Israël élimine le réseau.
08:59Mais sous-entendre de la part de Netanyahou que Emmanuel Macron ou que la France
09:03n'étaient pas sur cette ligne, c'est d'une manolette intellectuelle redoutable.
09:07Et c'est donc de la politique, Netanyahou fait de la politique, ne soyons pas neiges.
09:11Est-ce que oui ou non le gouvernement israélien, après avoir fait les actions militaires
09:16qu'il estime devoir faire au nom de la civilisation occidentale si on veut,
09:20qu'est-ce qu'il veut exactement ?
09:22Il faut négocier avec les palestiniens.
09:23Est-ce qu'il est d'accord ?
09:24Il faut ouvrir la négociation.
09:25Est-ce qu'il est d'accord pour négocier sous couverture internationale
09:29avec les palestiniens si on en trouve, etc.
09:32et créer une structure administrative qui demain peut-être deviendra en état
09:36en Cisjordanie, à Gaza, je ne sais pas.
09:39Mais pour le moment, ce n'est pas du tout l'objet de la politique de M. Netanyahou
09:43qui est tenue.
09:44Parce que la guerre n'est pas finie.
09:45Mais il est aussi tenu par deux extrémistes qui ne veulent pas du Grand Israël,
09:48qui ne veulent pas du Grand Israël,
09:49qui veulent du Grand Israël et qui ne veulent pas rendre la Cisjordanie,
09:52ni rien n'est plus comparable.
09:54C'est là où c'est compliqué.
09:56Mais l'Iran, attendez.
09:58L'Iran sans les Etats-Unis, vous n'attaquez pas l'Iran.
10:00Le développement des colonies en Cisjordanie, pardon,
10:02c'est un fait historique qui dure depuis 30 ans
10:04et sur lequel la communauté internationale laisse faire
10:07et a fermé les yeux pendant des années.
10:08Donc si vous voulez, c'est facile de dire après les terroristes prospèrent.
10:11Les terroristes ne prospèrent pas sur rien.
10:12Ils prospèrent aussi sur une situation de misère,
10:15ils prospèrent aussi sur une situation de misère et de détresse.
10:17Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
10:19Le partage du pouvoir entre le Hamas à Gaza
10:22et le djihad islamiste en Cisjordanie
10:24pendant que l'OLP est en retrait,
10:26c'est un problème.
10:27Il y a un problème politique de représentation de ces populations.
10:29Tout le monde le dit.
10:30Les Israéliens disent aussi qu'il faut une nouvelle organisation politique.
10:35Il manque quelque chose dans la position israélienne
10:38et chacun le sait et le reconnaît.
10:40A moins qu'on veuille une guerre qui va durer des mois et des mois.
10:43D'identifiant l'interlocuteur.
10:45Pour faire les choses les unes après les autres.
10:47En attendant, Israël joue sa survie dans cette guerre.
10:50Si le régime des talibans tombe en Iran, je serais ravi.
10:52Le premier ravi sans doute.
10:53Je le dirai tout de suite.
10:54Mais comment on fait ?
10:55Ce n'est pas facile.
10:56Qu'est-ce qui s'est passé ?
10:57Les Américains sont retirés
10:58et ils ont laissé les talibans revenir.
10:59Donc si vous voulez faire la leçon sans arrêt
11:01en expliquant que le carpet-bombing,
11:04ça suffit à éradiquer un problème politique,
11:05c'est dans l'humilité.
11:06Moi, je ne fais pas la leçon.
11:07J'entends juste des propos et on les a commentés.
11:10Les propos sont très désagréables entre les uns et les autres.
11:13Et la situation qu'on a vis-à-vis d'Israël,
11:16me semble-t-il, est relativement nouvelle.