Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 07/10/2024

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, 07/10/2024, Pascal Praud revient sur les attaques terroristes du Hamas contre Israël il y a un an jour pour jour.

Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur les grandes thématiques développées dans l'émission du jour.




Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Europe 1, 11h-13h, Pascal Praud et vous.
00:07Là j'ai l'impression qu'il y a un vrai problème de grésillement cher ami, donc c'est peut-être
00:13votre console qui marche mal. Il y a un an, le 7 octobre 2023, les attaques terroristes du Hamas
00:19contre Israël, des images d'horreur, le festival de musique Nova où au moins 370 personnes ont été
00:24tuées, des commandos tournent à l'aveugle dans les kibbutz, des bases militaires, 1205 personnes,
00:30250 otages, nous allons prendre des nouvelles. Pascal Praud, je vous invite à prendre la
00:36place de Didier Barbolivien, est-ce que vous pensez que c'est réalisable ? Eh bien écoutez,
00:40on va changer et Géraldine va vous parler en attendant. Allez-y Géraldine. Elle va meubler le
00:46silence en diamant. Mais chante un peu John, on est à la radio. Vous pouvez nous appeler au
00:5401 80 20 39 21, est-ce qu'il y a quelqu'un en ligne Olivier ? Pas tout de suite. On laisse Pascal
01:01s'installer. Je ne sais pas si ce micro marche mieux, on a des petits soucis ce matin de studio
01:10mais c'est le direct et ça peut arriver, pourquoi pas d'ailleurs. On sera tout à l'heure avec
01:14Olivier Benkemoun qui est en Israël sur le lieu du festival Novage. Je voudrais qu'on écoute peut-être
01:18Arthur, il était ce matin sur Europe 1 et sur ses news et il nous raconte le calvaire qu'il vit.
01:23Pascal vous savez, moi après le 7 octobre, mon téléphone a cessé de sonner. J'ai perdu des amis
01:28chers. Pourquoi vous avez perdu des amis chers ? Parce que les gens ont du mal à avoir de l'empathie
01:35sur ce sujet et je ne me l'explique pas. Je suis descendu dans la rue avec mes amis pour les femmes
01:41afghanes, pour les LGBT, pour toutes les causes, l'arménie. Quand on a eu besoin d'eux, juste pour
01:52nous exprimer un peu d'humanité, ils ont répondu aux abonnés absents et ça, ça m'a perturbé. Alors
02:00je ne les ai pas rappelés. Dans ce moment de deuil aujourd'hui et de recueillement, un an est passé
02:05et je sais désormais qui appeler quand j'ai des larmes. Et puis Arthur qui était une nouvelle
02:11fois ce matin avec nous durant de longues minutes, il a parlé de l'absence de recueillement dans
02:17les écoles. C'est une incompréhension pour moi. Je ne comprends pas. Comme on a mis des longs mois
02:22avant de rendre hommage aux Français assassinés le 7 octobre. Souvenez-vous, aux Invalides. Je
02:28ne comprends pas. Tout passe par l'éducation. L'antisémitisme est puni par la loi, il est
02:33temps d'expliquer aux enfants. Dans les écoles et dans les universités, on n'a pas attendu le 7
02:37octobre pour éviter ou faire l'impasse sur les sujets comme la Shoah ou d'autres sujets. Aujourd'hui,
02:42c'est très compliqué pour certains étudiants juifs dans les écoles ou dans les facs de pouvoir
02:47assister à leurs cours. Mais ça ne date pas du 7 octobre. C'est juste que depuis le 7 octobre,
02:51c'est exacerbé. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on aurait aimé, peut-être pas jusqu'à une mine
02:56de silence, mais au moins que les enseignants expliquent ce qui s'est passé. Alors ce qui est
03:01intéressant, c'est qu'il y a eu un couac ou pas, d'ailleurs, parce qu'il faut interpréter ce qui
03:05s'est passé avec Anne Géneté, elle est ministre de l'Éducation nationale et elle est venue vendredi
03:09sur Radio Luxembourg où elle annonçait un temps de recueillement. Écoutez. On parlera du 7 octobre
03:15et de l'attentat. On en parlera. C'est une consigne que donne la ministre. On ne peut pas laisser ça
03:20tomber dans les oubliettes de l'histoire. Ça n'est pas possible. Et je vous permettais de réserver
03:23l'annonce aux enseignants, mais il y aura a priori, effectivement, un temps de recueillement. Alors,
03:29il y a deux manières d'interpréter les paroles d'Anne Géneté. La première, c'est de dire qu'elle
03:33s'est trompée. Moi, j'ai du mal à imaginer que lors d'une première intervention d'une ministre de
03:39l'Éducation nationale, elle se soit trompée. Je pense qu'elle avait prévu cela et qu'au-dessus
03:45d'elle, donc c'est forcément l'Élysée, on a dit non. Ou alors, si vraiment elle vient dans une radio
03:51pour annoncer une minute de recueillement sur un sujet aussi grave et qu'elle n'est pas au courant
03:56elle-même, ça veut dire qu'elle est incompétente à un niveau quand même qui peut être étonnant et
04:00non seulement elle, mais tout son entourage. Donc, je vous laisse ces deux possibilités
04:06d'interprétation de ce qui s'était dit vendredi. Emmanuel Macron, sur France Inter, samedi, il a
04:12annoncé, dans un timing qui peut paraître étonnant, de cesser de livrer les armes à Israël.
04:16Aujourd'hui, la priorité, c'est qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les
04:20armes pour mener les combats sur Gaza. La France n'en livre pas. Jonathan Harfi, président du
04:26CRIF, était l'invité d'Europa hier soir. Évidemment, il y a un consensus pour trouver que ces propos sont
04:32malvenus. Sur le fond, on peut en discuter, que ça arrive à 48 heures avant la commémoration du 7
04:38octobre, évidemment ça étonne et c'est vrai qu'Emmanuel Macron étonne bien souvent ces dernières
04:44années, ces derniers mois, par ses déclarations et ses positions. Écoutons M. Harfi, président du CRIF.
04:50Ces mots-là ne traduisaient pas la compréhension de ce qu'est la menace existentielle qui pèse sur
04:56Israël et à travers Israël, en fait, sur le monde juif. C'est aussi pour ça que nous réagissons et
05:00que nous avons considéré que c'était des propos qui étaient malvenus et par ailleurs que la date,
05:04évidemment, ajoutait du malaise parce que cette date-là, symbolique à deux jours de l'anniversaire
05:10du 7 octobre, donnait le sentiment qu'au fond, Israël devait mener ce combat mais ne pouvait
05:16pas le mener jusqu'au bout et il n'y a pas, face au terrorisme, je répète, il n'y a pas de conciliation
05:20possible malheureusement. Et puis forcément, dans cette période troublée, on parlera de Jean-Luc
05:25Mélenchon puisque depuis un an, on a le sentiment qu'il est à l'origine et pas seulement le sentiment
05:30à l'origine de l'antisémitisme qui est ravivé en France. Il appelait la jeunesse étudiante à mettre
05:36des drapeaux palestiniens partout. Moi, je recommande qu'à partir du 8, on mette des drapeaux
05:41palestiniens partout où on peut. François Hollande s'est exprimé aussi ce matin et ce sera le
05:48dernier intervenant que je vous propose avec ce tour d'actualité des prises de position ces
05:53dernières heures. Je pense que les seuls drapeaux qu'on doit porter dans des lieux publics, ce sont
05:58les drapeaux français. Le reste, c'est une propagande qui n'a pas sa place dans des lieux
06:03publics. Il peut avoir sa place dans la rue, il a le droit à la manifestation, le droit d'exprimer
06:08un soutien à telle ou telle cause et la cause palestinienne, c'est une cause qui est très
06:12ancienne. Vous désapprouvez. Mais je désapprouve qu'on fasse usage d'autres drapeaux que le drapeau
06:18français dans des lieux publics. Alors, je crois que Sarah est avec nous et je la remercie. Bonjour
06:23Sarah. Bonjour Pascal. Vous nous appelez d'où Sarah ? De Paris. Vous avez quel âge ? J'ai 24 ans. Et
06:32vous êtes étudiante peut-être ? Non, je travaille, je suis dans le monde du travail déjà. Comment vous
06:37vivez ? Est-ce que c'est indiscret de vous demander si vous êtes de confession juive ou pas ? Oui, je
06:41suis de confession juive. C'est pas facile de le dire en France, mais oui, je suis de confession
06:47juive. Quand vous dites que ce n'est pas facile de le dire en France, vous avez le sentiment que
06:52depuis un an, c'est plus difficile à dire ou ça existait avant ? Ça existait avant, mais maintenant,
06:58c'est complètement décomplexé. C'est normal maintenant qu'un juif se cache. On est meurtri,
07:06et là encore plus, parce qu'on ne se sent pas soutenu par notre pays, par le président de la
07:12République, avec les annonces qu'il a faites. Ce n'était pas le moment. Il n'a pas trouvé son
07:16moment pour évoquer tout ça. Vous savez, l'année dernière, je vous avais eu au téléphone parce
07:23que j'étais victime d'un acte antisémite dans le métro et j'avais témoigné de tout ça. C'était
07:29juste avant la riposte israélienne d'ailleurs. J'ai été victime d'un acte antisémite dans le
07:35métro. On m'avait décrété juive dans le métro. Depuis un an, je pense que je parle pour tous les
07:43juifs de France. Notre vie a changé, notre façon de vivre a changé. Moi, j'ai été en Israël cet
07:49été parce que je me sentais plus proche de ce pays-là que du pays actuellement où je vis,
07:57alors que j'aime la France et j'ai toujours aimé vivre en France. Mais aujourd'hui,
08:01ça devient compliqué pour une jeune fille de 24 ans de sortir dans la rue, d'enlever la
08:08Mégane David, d'enlever des signes ostentatoires qui sont légers finalement sur moi, des babes
08:14où j'ai des Mégane David. Donc c'est vrai que je ne suis pas moi-même en France. Et quand j'ai
08:22été en Israël cet été et que j'ai eu l'occasion de visiter Nova, j'ai été sur ces lieux-là,
08:26j'ai vu l'horreur du 7 octobre, je me suis dit comment on peut dénigrer ces actes-là,
08:34comment on peut accuser Israël de se défendre, parce que ça m'a touché le plus profond de mon
08:43âme. Et aujourd'hui, d'être le 7 octobre et de voir qu'il n'y a aucun hommage en France,
08:48je me dis que je n'ai plus ma place en France, je dois partir de la France, malheureusement.
08:55Ça me fait mal au cœur de dire ce que je dis, mais je pense que je ne suis pas la seule. J'ai
09:0224 ans et je n'ai pas envie de construire le reste de ma vie ici, alors que je ne suis pas acceptée
09:06pour le reste de mon identité, même si je ne suis pas qu'une juive. Je suis avant tout française,
09:11mais je n'y arrive plus en fait, ça devient trop dur. Ça devient trop dur de se construire,
09:17ça devient trop dur de sortir dans la rue, de demander si on ne va pas venir nous demander
09:22si on est juif, de se dire qu'il faut qu'on change de nom sur Uber Eats, quand je suis dans
09:26un immeuble alors que je suis dans une ville quand même qui est assez protégée par la sécurité,
09:33par la police, qu'on nous demande d'enlever nos mésusottes parce que ça craint et qu'il faut
09:37les enlever, que le conseil syndical soutient cette idée, qu'on a dû faire des lettres et des rapports
09:43parce qu'on ne veut pas enlever nos mésusottes. Oui, je ne me sens plus à ma place, je me dis
09:47en fait si je ne pars pas, on va finir par venir m'attraper en fait. Mais ça Sarah, ce projet là,
09:53il est pour le moment en parole ou il est concrétisé par un départ que vous imaginez
10:01dans les prochains mois ? Pas dans les prochains mois, mais dans les prochaines années parce que
10:07c'est dur de quitter quand même la France. Oui, parce que j'imagine que vous avez vos parents
10:10qui sont à Paris peut-être ? Mes parents veulent partir aussi, mais tout le monde veut partir,
10:15honnêtement. Quand vous dites tout le monde, vous avez des frères et sœurs Sarah ? Oui, j'ai ma sœur,
10:20mais j'ai aussi des amis de confession juive, on en parle et on s'est tous retrouvés en Israël au mois
10:25d'août parce que justement, même s'il y avait la guerre en Israël, même si c'était dangereux,
10:30entre guillemets, en fait on s'est retrouvés entre nous et on en parlait, on se disait qu'est-ce qu'on
10:34est bien ici parce qu'il n'y a personne qui va venir nous voir, nous dire ah t'es juif, t'as pas
10:40le droit d'être là. Même s'il y a ce qu'il y a en Israël, il y a la guerre en Israël, déjà on la sent pas
10:45comme on peut le prétendre quand on voit sur les médias, parce que les Israéliens n'ont aucune
10:50haine, ils n'ont que de la résilience en eux, que du courage et c'est les Israéliens qui nous disent
10:55mais venez en Israël, on a peur pour vous. C'est ça qui est déroutant, les Israéliens ont peur pour
11:00les juifs français. Sarah, vous êtes née à Paris ? Oui, je suis née à Paris. Est-ce que vous pouvez nous
11:05raconter très brillamment bien sûr l'histoire de votre famille ? Est-ce que vos parents, vos grands
11:09parents étaient déjà sur le sol de France ou est-ce que vous êtes le fruit d'une immigration ou de l'Est ?
11:15Une immigration séfarade, du côté de ma mère ils sont revenus de Tunisie et du côté de mon père du
11:25Maroc. Donc ça c'est au milieu des années 60 sans doute ? Voilà. Donc vos parents étaient enfants et ce sont
11:32vos grands-parents, vos parents étaient enfants, donc vos parents évidemment ils sont complètement
11:36assimilés j'imagine ? Vous également, vous avez grandi sur le sol de France et c'est vos grands-parents...
11:40Mon père a fait son service militaire pour devenir français justement parce qu'à l'époque c'était pas encore reconnu
11:45vu qu'il était franco-marocain et il a fait son service militaire. Bon c'est une histoire classique de juifs
11:51tunisiens qui sont arrivés dans les années 60 ou de juifs marocains et qui aujourd'hui imaginent
11:56repartir sur le sol d'Israël. Mais vos parents ils ont quel âge Sarah ? Ils ont une soixantaine d'années ?
12:0260 ans, oui. Et vos grands-parents sont toujours de ce monde ?
12:06Bah mes grands-mères sont de ce monde mais mes deux grands-pères sont partis malheureusement mais voilà.
12:14Non mais on a effectivement en vous écoutant une histoire française. On a une histoire française, je vois que Didier Barbelivien
12:24écoute et également notre ami John Mamman qui est là, c'est une histoire française qu'on n'imaginait pas, c'est-à-dire
12:32que ce sont des gens qui sont venus et qui imaginent repartir. Et ça on ne l'imaginait pas il y a quelques années.
12:37Je ne sais pas si Didier ou John peuvent...
12:39Ouais enfin non, moi j'ai 70 ans quand j'avais l'âge d'être au lycée, enfin quand j'avais 14-15 ans j'étais dans un lycée parisien.
12:49Non, j'ai jamais jamais connu ces problèmes-là, mais jamais. Ni l'antisémitisme, ni l'idée, on avait des copains de tous horizons,
13:00de toutes familles, de toutes origines et même de familles politiques.
13:04L'antisémitisme n'était pas pareil en fait. Quand on parlait, moi je suis juif d'origine marocaine, mes parents se sont funés à Paris,
13:12mes parents viennent du Maroc, et c'est vrai que quand on s'est installés en France, on vivait en banlieue quand on est arrivés,
13:21et sur le même palier j'avais mon voisin à côté qui était musulman, qui était mon pote avec qui j'ai toujours des nouvelles, etc.
13:30Et sa façon de me dire que j'étais juif à lui à l'époque c'est de me dire, on avait le même appartement, on était le même nombre dans chaque appartement,
13:36peut-être les mêmes moyens de manière générale, et il me disait, t'es juif, t'es riche. Et c'était ça, c'était ça, c'était une réflexion,
13:44c'était vraiment naïf, c'était limite doux, c'était drôle puisqu'on était les mêmes, c'était des phrases d'enfants.
13:54Aujourd'hui, ces phrases-là n'existent plus, et c'est dommage parce que je préférais qu'on caricature les gens sur des bêtises comme le faisaient les humoristes à l'époque,
14:04qu'on interdit parfois de dire certaines choses aujourd'hui, et bien finalement, moi je préférais qu'on dise des choses, qu'on rigole de l'autre,
14:09et qu'on s'amuse à critiquer d'où on vient, ça peut être drôle, mais pas que ça devienne un vrai antisémitisme aujourd'hui,
14:16parce que je suis né comme ça, on ne va pas m'aimer. C'est là où on en revient toujours à la musique, parce qu'il n'y a que ça qui m'intéresse,
14:26il n'y a que comme ça que j'arrive à m'exprimer finalement, c'est une déception de l'ensemble de l'humanité dont je fais partie, malheureusement aujourd'hui,
14:35et on aimerait que les gens changent, les gens nous entendent et écoutent, qu'aujourd'hui on ne peut pas se juger pour qui on est et d'où on vient,
14:42il faut juger d'abord un humain. Il y a les humains bons et les humains cons, et après si derrière ça ils sont juifs, musulmans ou d'une autre religion...
14:52Non mais vous avez évidemment raison, il y a des hommes de bonne volonté et des autres, mais là où surtout ce qui est très intéressant de ce que vous dites,
14:58c'est que lorsque l'humour disparaît, lorsque la capacité de se moquer disparaît, lorsque l'aspect folklorique qui est lié sans doute à toute population,
15:09on peut se moquer des français, on peut se moquer ou même des religions...
15:12Des accents !
15:13Voilà, quand tout ça disparaît, il faut s'inquiéter, et effectivement il vaut mieux être dans une société où un enfant dit à un autre « t'es juif, t'es riche »,
15:24parce qu'au fond il n'y a pas de danger à ce moment-là, parce que c'est du second degré, c'est du second degré, et le jour où le second degré disparaît, il faut évidemment s'en inquiéter.
15:35Ça c'est un problème d'éducation aussi.
15:37Oui, c'est un problème d'éducation, il est multiple, c'est un problème aussi des pouvoirs publics qui ne se battent peut-être pas assez.
15:47Ce matin on l'a dit, je ne sais pas si ça vous choque les uns les autres, mais ce matin il n'y a pas à l'école, on n'a pas parlé du 7 octobre.
15:55Donc il y a toute une éducation, peut-être une sensibilisation à faire.
16:01Vous entendez la musique qui nous dit qu'il va être 11h30, vous pouvez bien sûr, c'est une journée particulière, nous appeler, on rappelle le numéro d'ailleurs.
16:1101 80 20 39 21.
16:13Et puis si vous arrivez à l'instant sur Europe 1 et que vous avez entendu les voix de John Mamann et de Didier Barbelivien, c'est parce que John a composé une musique pour le 7 octobre.
16:26Elle a été inspirée par les paroles, si j'ai bien compris, que vous avez reçues de Didier Barbelivien.
16:31Alors très courtement, j'ai reçu par un ami en commun le texte de Didier.
16:36Cette amie était avec Didier et lui dit, écoute, quand j'ai lu ton texte, j'ai pensé à John pour la mélodie.
16:40Et Didier et moi, on a fait tellement de chansons il y a des années.
16:42Donc je lis le texte, je pleure, comme je le disais tout à l'heure, dans votre émotion, j'ai mon petit garçon qui est à côté de moi, qui a 9 ans, qui lit avec moi.
16:49Je commence à composer la chanson, qui intervient dans la mélodie et qui me dit, papa, c'est beau et c'est triste.
16:54Et qui comprend réellement ce que je lui interdis de voir au quotidien parce que j'essaie de cacher un maximum pour lui laisser sa pureté.
17:01Et je fais cette chanson et voilà.
17:04On va l'écouter dans une seconde, il est 11h29.
17:06Et Pascal, on peut aussi remercier Sarah qui a témoigné sur Europe 1.
17:10A tout de suite.
17:1211h13.
17:13Pascal Praud sur Europe 1.
17:16Je comprends qu'on puisse faire la guerre.
17:20Il y a mille façons de la faire.
17:23De porter l'habit militaire pour aller défendre sa terre.
17:28Je comprends qu'on puisse faire la guerre.
17:35Il y a mille façons de la faire.
17:41De porter l'habit militaire.
17:45Pour aller défendre sa terre.
17:50Comment expliquer à ma mère.
17:54Comment raconter à mon père.
17:57Que je suis mort de la première.
18:00D'avoir dansé dans le désert.
18:04Pour l'autre côté de la mer.
18:07Il y a le feu, il y a l'enfer.
18:10Et pour m'en remplacer les pierres.
18:12Et pour m'en remplacer les pierres.
18:15C'est tout retomber en poussière.
18:17C'est tout retomber en poussière.
18:19Je comprends qu'on puisse faire la guerre.
18:21Une chanson écrite par Didier Barbeau-Livien, composée par John Mamamne.
18:27Didier, vous avez eu le désir d'écrire, après le 7 octobre, cette chanson.
18:34Vous disiez tout à l'heure, je vous ai posé la même question lors d'une émission sur l'antenne de CNews.
18:39Vous disiez, je suis à demi-juif.
18:42Et vous avez vécu longtemps sans le savoir.
18:45Oui, un peu plus de 60 ans.
18:48Je suis d'éducation catholique.
18:51Je reste catholique.
18:53Il se trouve que je suis biologiquement demi-juif.
18:56Mais comment on apprend à 60 ans ?
18:59On apprend par des secrets de famille.
19:02On peut apprendre des trucs dans les familles.
19:05En France, en province, pour les gens de ma génération.
19:07Je ne suis pas le seul dans ce cas-là.
19:10Mon ami Carla Bruni a appris sa véritable identité, elle avait 26 ans.
19:14C'était plus tôt, moi c'était plus tard.
19:17Parce que c'est quelque chose qui a été dissimulé.
19:20Ça a changé quelque chose dans votre vie ?
19:23Rien du tout.
19:25J'étais juste, toute ma vie,
19:28je peux le dire aujourd'hui de manière détendue,
19:33et de manière, comment dire, vraie.
19:38J'ai toujours été attiré, c'est drôle, quand j'étais gosse,
19:41par les juifs.
19:43Mon associé professionnel Charles Tallard était juif.
19:46J'ai toujours été, j'ai eu des copains juifs.
19:49C'est comme ça.
19:51J'adorais aller chez eux, j'adorais voir l'ambiance.
19:55Je ne comprenais rien, je n'allais jamais au repas du vendredi soir.
19:59Ça m'insupporterait peut-être autant que les traditions catholiques.
20:05À la fois je suis croyant, mais je garde une grande distance
20:09vis-à-vis de la théâtralité des religions.
20:13Mais j'aimais bien cette ambiance, je l'ai trouvée heureuse, sympa.
20:18Par exemple, quand j'écrivais des chansons avec et pour Enrico Macias,
20:22je prends Enrico au hasard,
20:24je trouvais que c'était sympa.
20:27Je vois John qui se marre.
20:30Mais ils ont une façon d'être, de vivre,
20:33qui est tellement conviviale, tellement généreuse, tellement partageuse.
20:38Il y a une identité très forte sur la famille, disons-le, et sur la communauté.
20:43Vous êtes arrivé à François Truffaut de la même manière,
20:46qui dit quasiment les mêmes mots que vous.
20:49C'est-à-dire que François Truffaut a appris dans la dernière partie de sa vie,
20:53il est mort très jeune, à 52 ans, qu'il était juif.
20:58Et il dit un peu ce que vous dites, il dit
21:01« Curieusement, intuitivement, j'ai pu imaginer... »
21:05Et il a appris que son père, biologique, était juif.
21:10Il était allé d'ailleurs le voir, et puis il n'avait pas voulu entrer en contact avec lui.
21:15Avec le recul, ce qui m'a fait drôle, c'est cette attirance que j'avais
21:18quand j'étais au lycée Chaptal, mes potes, ils étaient juifs, Gérard Stern, Michel Sivy...
21:25Et quand vous l'avez appris, ce père était mort ?
21:27Bien sûr, depuis un moment même.
21:30Et vous avez sa photo ?
21:31Rien, j'ai rien du tout.
21:32Vous savez son identité ?
21:33Oui, mais il était...
21:36Je crois qu'il était plus... Enfin, je ne crois pas, je suis sûr...
21:40La sœur de ma mère l'a raconté à ma femme, il était plus âgé que ma mère.
21:46Visiblement, c'était une vraie love story, mais il était marié, deux enfants, dans les années 50...
21:53Vous savez comment il s'appelait ?
21:54Oui, c'est des trucs qui ne se font pas.
21:56Et Barbolivien, c'est qui ?
21:58C'était le monsieur qui... Mon père, enfin je dis le monsieur, mon vrai père.
22:03Celui qui m'a élevé, celui qui m'a donné son nom.
22:06Évidemment, votre mère ne vous en a jamais parlé, parce que lorsque vous l'avez appris, elle était décédée ?
22:10Elle était décédée.
22:11Et puis, pour tout vous dire, puisque c'est un peu Mireille Dumas ce matin,
22:15mais allons-y, on ne peut pas dire que ma mère ait eu beaucoup d'amour pour moi toute sa vie.
22:21Et quand je dis ça, j'y vais light, comme elle est disparue.
22:26Je déteste accuser les gens qui ne sont plus là, mais j'ai eu une enfance assez compliquée de ce fait.
22:33Alors Truffaut raconte exactement la même chose, si vous me permettez.
22:36Oui, je ne savais pas.
22:37Truffaut raconte mot pour mot, c'est-à-dire que ce n'est pas tant que sa mère le détestait,
22:42c'est qu'elle ne s'intéressait pas à lui.
22:44Voilà.
22:45Il y a des échelons.
22:46Moi, entre les deux, j'avais Folcoche à la maison un peu, pour ceux qui ont lu Hervé Bazin.
22:50Hervé Bazin, mais je vous assure, le premier film de Truffaut, c'est les 400 coups.
22:55C'est 400 coups, oui.
22:56C'est quasiment cette histoire que vous me racontez ce matin,
23:00d'une mère qui ne s'occupe pas, qui parfois frappe son enfant,
23:03et Truffaut passe son temps à dire, j'ai grandi en lisant parce que j'avais le droit de faire.
23:08Moi, pareil.
23:09Je ne devais pas bouger, je devais tout montrer que je n'étais pas là.
23:12Ceci expliquant peut-être cela, il fallait être invisible, raser les murs,
23:16et s'évader, entre autres, par la lecture, parce que ça a été merveilleux.
23:23Heureusement, il y avait les livres.
23:25Bon, ce n'était pas prévu qu'on parle de ça.
23:27Non, bien évidemment.
23:28C'est même la première fois que j'en parle.
23:29Mais qui t'a donné de l'amour, finalement ?
23:31Il y a un truc qui m'intéresse.
23:33C'est la première fois et peut-être la dernière.
23:35Ma grand-mère a été une femme extraordinaire.
23:38Oui, il y a toujours une personne.
23:41La mère de ma maman.
23:44Une femme extraordinaire.
23:46Et c'est ça le mystère de la vie.
23:47Peut-être est-ce pour cela que vous êtes allé au devant de la scène ?
23:50Mais pas peut-être.
23:53À 98%.
23:55Parce que j'ai souvent dit dans des interviews,
23:59en ce qui me concerne, et moi, mais d'autres personnes aussi,
24:02les artistes, on devient artiste pour être aimé un peu plus que la moyenne.
24:10Merci Didier.
24:11Vraiment, merci beaucoup.
24:13Je sais que Jérémy H. Dodd nous attend.
24:18Et je le dis, ce n'était pas prévu cet échange-là.
24:22Mais c'est aussi le charme de notre émission
24:25et de savoir écouter les uns et les autres.
24:28C'est quelquefois, pardon je vous coupe,
24:31qui connaît la maison depuis longtemps,
24:33c'est souvent le charme d'Europe 1.
24:35C'est-à-dire en 60 ans, j'en ai vu se dire et faire des choses ici.
24:40Et moi je vous connais depuis quelque temps, je ne les connaissais pas.
24:43D'abord, je pense qu'il faut comprendre Didier Barbelivia.
24:46Il y a le petit Didier Barbelivia illustré.
24:49C'est quelqu'un qui parle très rarement de lui.
24:54Il y a quelque chose de l'ordre du coffre-fort chez Didier.
24:57Alors, il communique d'une autre manière.
24:59Parce que toute communication existe.
25:00Il y a ce qu'on ne parle pas, qu'on ne communique pas.
25:02On communique quand on part à 6h du matin promener son chien Lulu dans les bois.
25:07On communique même avec les autres en donnant cette information.
25:10On parle aux oiseaux et aux arbres.
25:12Comment c'est la chanson de Le Normand ?
25:14Et puis il parle aux oiseaux, au soleil et aux forêts.
25:19Il est 11h43.
25:21Jérémy, pardonnez-moi, je vous ai fait attendre.
25:25Bonjour Pascal.
25:26Excusez-moi, je vous ai fait attendre, ce n'est pas bien.
25:28Il n'y a pas de problème.
25:29Vous êtes dans une seconde.
25:31A tout de suite.
25:32Pascal Praud est avec vous sur Europe 1 de 11h à 13h.
25:35Vous pouvez réagir au 01 80 20 39 21.
25:43Nous sommes à Hachedod avec Jérémy que je remercie grandement d'avoir patienté.
25:49Bonjour Jérémy, j'ai envie de vous demander comment allez-vous ?
25:52C'est un peu compliqué aujourd'hui.
25:55C'est un peu compliqué.
25:58Je n'ai pas trop les mots pour dire à quel point l'ambiance est tendue en Israël aujourd'hui.
26:04Avant de commencer, je voulais aussi rappeler qu'il y a encore des otages.
26:07C'est très important.
26:09C'est à eux qu'on pense aussi beaucoup aujourd'hui.
26:11Il y a ces gens qui sont captifs depuis un an tenus en otage par des barbares.
26:15C'est un peu comme ça, c'est assez mitigé aujourd'hui.
26:18J'imagine en plus effectivement que toutes les pensées vont vers les otages.
26:24C'est une journée en Israël où on travaille aujourd'hui ?
26:28Oui, on travaille aujourd'hui.
26:30Par contre, c'est un peu au ralenti dans le sens où moi, par exemple, avec ma femme ce matin,
26:34on a décidé de ne pas envoyer les enfants à l'école
26:36parce qu'il y a eu d'énormes menaces en risque aujourd'hui sur le pays.
26:41Il y a d'ailleurs eu une attaque de roquettes sur la ville de Rologne
26:44il n'y a pas plus tard qu'une heure, une heure et demie, on a appris ça.
26:47Aujourd'hui, il y a la résilience israélienne qui prend le dessus,
26:53mais quand même un petit peu au ralenti, effectivement.
26:55On vous a eu régulièrement depuis le 7 octobre l'année passée.
27:00C'est une année évidemment qui a été douloureuse.
27:04Il y a beaucoup de gens qui nous appellent, qui sont en France,
27:06qui disent parfois qu'ils se sentiraient mieux en Israël.
27:10Est-ce que vous les comprenez d'abord ces Français juifs
27:15qui ont envie de venir sur la terre d'Israël ?
27:17Est-ce que vous les encouragez à venir ?
27:19Je les comprends totalement et je les encourage encore plus
27:23parce que c'est vrai que l'année a été très compliquée ici,
27:27mais elle a été encore plus compliquée quand on voit l'horreur
27:31qui s'est développée à l'extérieur et cet antisémitisme
27:35qui est devenu une tendance cachée sous les traits soi-disant antisionistes
27:41avec des grandes théories du complot, des grandes théories de colonisateurs
27:47en tête de cortège de l'augu, Rima Hassan et compagnie,
27:54et Mélenchon pour ne citer que les trois compères.
27:57Donc oui, je comprends les juifs français qui aujourd'hui en en marrent.
28:00Il ne faut pas oublier quand même qu'il y a eu des horreurs
28:02qui se sont passées cette année-là, y compris une petite fille
28:04qui s'est faite violer parce qu'elle est juive.
28:06Donc oui, les juifs aujourd'hui en France enlèvent leurs mésodotes.
28:10Ils changent leur nom sur les services de livraison.
28:13Donc oui, c'est très compliqué de vivre comme ça et ce n'est surtout pas normal.
28:17Il ne faut pas oublier qui a été attaqué le 7 octobre
28:20et qui continue d'être attaqué depuis.
28:22Il ne faut pas oublier qu'il y a des milliers de personnes
28:24qui ont été déplacées dans le nord du pays parce qu'ils sont attaqués depuis.
28:28Demain, ça fera un an que le Liban attaque impunément l'Israël
28:34et pas plus tard que l'Iran encore.
28:36Il y a quelques jours, on a pris 200 missiles balistiques.
28:40Grâces à Dieu, il n'y a eu...
28:42Il ne faut pas oublier que c'est quand même l'ironie du sort.
28:44Il y a eu un seul mort dans cette attaque.
28:46C'était un Palestinien qui est rentré illégalement.
28:48Donc voilà.
28:49Mais bon oui, c'est vrai que c'est assez compliqué
28:51et que oui, je comprends les juifs qui décident de vouloir venir ici.
28:54Bien sûr que je les comprends.
28:55Jérémy s'appelle d'Israël.
28:57Il habite à Ajdod.
28:59Et je crois que vous aviez déménagé d'ailleurs
29:02parce que vous étiez très proche d'une zone sinon de combat.
29:05En tout cas, où des roquettes pouvaient arriver jusqu'à chez vous.
29:08Alors déjà, les roquettes peuvent arriver n'importe où ici
29:11parce qu'on est vraiment à côté.
29:12Oui, j'étais à Ashkelon l'année dernière au moment du 7 octobre.
29:15C'est à un quart d'heure en voiture d'Ajdod.
29:19On s'est déplacé avec ma femme et mes enfants sur Ajdod.
29:22Mais un quart d'heure en voiture,
29:23ça allait être peut-être 20 secondes de plus
29:25pour pouvoir se mettre à l'abri en cas d'attaque.
29:27Donc effectivement, nous le 7 octobre,
29:29on a passé la journée barricadée dans notre appartement
29:34à espérer que ça passe.
29:36Et on a décidé de déménager au mois d'avril, effectivement.
29:39C'est-à-dire que vous habitiez à Ashkelon,
29:41qui était vraiment très proche.
29:45Très proche, très proche.
29:47En tout cas, plus proche, plus dangereux que là où vous êtes aujourd'hui.
29:51Mais quand vous déménagez, vous aviez acheté une maison.
29:55Peut-être que vous étiez en location.
29:56J'imagine que ce n'est pas forcément facile de déménager.
29:58Non, on était en location.
29:59Alors ici, en fait, ce n'est pas très compliqué de déménager.
30:03Un peu comme partout, le bail s'est terminé.
30:05Quand notre bail s'est terminé,
30:06on a pris la décision de venir sur Ashdod.
30:09Parce que ma femme, elle a de la famille aussi sur Ashdod.
30:11Donc du coup, c'était peut-être plus facile de venir ici, effectivement.
30:15Alors on rappelle votre histoire personnelle.
30:17Je vous l'ai souvent fait raconter,
30:19mais les auditeurs ne la connaissent pas tous.
30:20Vous êtes en Israël depuis combien de temps ?
30:22Ça va faire 7 ans au mois de février que je suis en Israël.
30:25Voilà, vous aviez fait ce qu'on appelle votre alia.
30:27Exactement.
30:28Je crois que votre famille aussi vous a rejoint ?
30:31Alors oui, j'ai ma maman qui est là.
30:33Mes deux frères qui sont ici.
30:34J'ai quasiment toute ma famille qui est en Israël.
30:36Et j'ai encore de la famille qui est dans le sud de la France.
30:38Et il n'y a pas un jour où je ne leur dis pas de venir ici.
30:42Parce que c'est vrai que ça peut être réponse de dire à des gens
30:45de venir dans un pays qui est en guerre.
30:47Mais en soi, ici, on est protégé.
30:51Et on ne risque pas de se faire...
30:53L'antisémitisme, il n'existe pas ici.
30:56Donc du coup, c'est beaucoup plus rassurant.
30:58Et votre épouse, vous l'aviez rencontrée une fois que vous êtes allé en Israël ?
31:03Exactement. Ma femme, elle est de Paris, de région parisienne.
31:06Elle vient du 9-3 avec sa famille.
31:08Elle, ça fait dix ans qu'elle est en Israël.
31:11On s'est rencontré à Tel Aviv un peu après que j'arrive.
31:14Et vous avez un enfant ?
31:16On a deux enfants.
31:18Un petit garçon qui a eu trois ans hier.
31:21Il s'appelle Miles, comme Miles Davis.
31:25Le fan de jazz de papa.
31:27Alors du coup, on a choisi Miles.
31:29Et la petite, elle s'appelle Emma.
31:31Elle va avoir un nom le 13 octobre.
31:33Emma, exactement.
31:34Qui sont deux jolis prénoms.
31:36Et j'ai un grand garçon qui habite aussi à côté de Jérusalem.
31:40D'une première union.
31:41Alors là, c'est encore plus compliqué parce que lui, il est vraiment...
31:44Il est en bordure vers la Cisjordanie, vers Jérusalem.
31:51Il y a beaucoup de villes arabes et c'est très très chaud là-bas aussi.
31:54Donc du coup, c'est un peu inquiétant pour lui.
31:56Mais bon, c'est comme ça.
31:58Je vais vous poser forcément des questions politiques.
32:01Est-ce que vous pensez que Benjamin Netanyahou doit aller au bout de ce processus ?
32:06Ou est-ce que vous faites partie de ceux qui demandent de cesser le feu ?
32:10Alors, moi, je veux juste rappeler que le 6 octobre, il n'y avait pas de feu.
32:16Le feu, il a eu lieu parce qu'on a été attaqué le 7 octobre.
32:19Et si le Hamas dépose les armes et rend les otages, c'est évident qu'Israël va arrêter.
32:25Donc effectivement que Benjamin Netanyahou et le gouvernement israélien et l'armée israélienne doivent aller jusqu'au bout.
32:32Parce qu'il faut se poser une question simple, Pascal.
32:34Si demain, le Hamas et le Hezbollah déposent les armes, qu'est-ce qu'il se passe ?
32:39C'est statu quo.
32:41Par contre, si Israël dépose les armes, on est toute mort.
32:44Il faut être lucide là-dessus.
32:46Donc oui, oui, bien sûr qu'il faut aller jusqu'au bout.
32:48C'est le seul moyen que notre pays puisse en vivre.
32:50Le bout, c'est quoi le processus ?
32:51C'est que le Hamas dépose les arbres, comme vous dit ?
32:55Alors, moi, mon avis tranché sur la question, le bout, c'est d'exterminer toute personne qui est affiliée au Hamas.
33:03Parce qu'il ne faut pas oublier que toutes ces gens-là veulent la mort de n'importe quelle personne qui se trouve en Israël.
33:09Juifs ou musulmans ou chrétiens, à partir du moment où vous êtes en Israël, il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas que des juifs qui habitent ici.
33:14C'est une terre simple pour les trois religions monothéistes.
33:16Il y a des arabes israéliens, il y a des chrétiens israéliens et des juifs en Israël.
33:21Et chacun est la cible de ces gens-là.
33:23Voilà, chacun est la cible de ces gens-là.
33:26Donc pour moi, aller jusqu'au bout, ça veut dire permettre aux civils israéliens d'être en sécurité sur leur terre.
33:32Et ben merci !
33:34Alors par contre, si vous permettez, je voudrais juste vous dire quelque chose.
33:39Je vous en prie, Jérémy.
33:41Je voudrais encore une fois, je sais que je l'ai déjà fait à chaque fois qu'on se fait parler,
33:44je voudrais encore une fois vous remercier du travail que vous faites,
33:46parce que vous permettez à une petite minorité d'élever sa voix.
33:51Et c'est vrai qu'en ce moment, quand on voit par exemple que même un hommage national dans les écoles, c'est compliqué pour faire du clientélisme,
33:58et parce qu'on sait que certaines courantes pensées se sont introduites dans la République,
34:05heureusement qu'il y a des gens comme vous aujourd'hui qui font le penchement, qui font pencher la balance.
34:08Merci beaucoup !
34:09Et ben c'est gentil, merci beaucoup, mais surtout courage à vous !
34:12Courage à vous et merci Jérémy.
34:15Il est 11h57, notre ami Olivier Guénec, qui ne me paraît pas en grande forme aujourd'hui.
34:21Il a eu un dur week-end, je pense.
34:23J'ai l'impression qu'il a eu un week-end, il est chaque fois...
34:26Pourquoi vous dites ça ? Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
34:28Il est un peu comme les enfants, c'est-à-dire qu'il n'a pas assez dormi.
34:31Et quand il est fatigué, c'est...
34:32Et il est irritable.
34:33C'est ça !
34:34Et ça, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
34:39D'accord, je vais méditer là-dessus.
34:41Je vais me remettre en question.
34:43Frédéric nous écrit « J'entends Sarah sur votre antenne qui se sent haïe, persécutée en France chez elle.
34:50Je me permets de lui dire en toute amitié qu'une minorité, elle, est juive en France
34:54et que la majorité dont je fais partie les considère comme leurs frères et soeurs. »
34:59Et on termine avec Dominique qui nous écrit « Je soutiens Israël.
35:02Je pense à tous ces gens qui souffrent, qui ont perdu un être cher.
35:05Ils ont le courage de survivre malgré leurs douleurs. »
35:08Sympa les péniches ?
35:10Pardon ?
35:11C'est sympa les péniches ?
35:12C'est vendredi soir ?
35:14Qui a parlé de mon week-end ?
35:16Non, je vous demande si c'est sympa les péniches.
35:18Ah oui, c'est sympa les péniches.
35:19Oui, moi j'adore.
35:20Je suis très marin le week-end.
35:22Vous êtes très marin.
35:23Vous êtes plus marin que vous n'êtes marrant.
35:25Vous êtes un...
35:26Qui vous a dit que j'étais sur une péniche ?
35:28Mais je sais tout.
35:30C'est ce qu'ils ont chanté.
35:32Je sais tout.
35:34Non mais qui vous a dit ?
35:36Je n'ai pas besoin d'avoir des espions.
35:39Je suis une sorte de vidoc, un peu moderne.
35:42L'homme de la sécurité ou de la police.
35:45Je vais faire un karaoké sur une péniche, monsieur.
35:48Je sais même ce que vous avez chanté.
35:49Vous n'avez rien parlé de moi.
35:50On est en train de l'écouter.
35:52Ça n'a pas eu le mal de mer ?
35:54Le mal de mer sur une péniche ?
35:56Ça va Géraldine ?
35:58Peut-être pas exagéré.
35:59Moi ça m'arrive.
36:00Parfois ça brille un peu trop.
36:01Qu'est-ce que vous avez fait vous ce week-end Géraldine ?
36:03J'ai écouté quelques sports samedi matin.
36:05Qu'est-ce que vous avez fait comme sport ?
36:07Je fais de la danse tous les samedis matin.
36:09Et puis après petite balade dans Paris.
36:10Quel type de danse ?
36:12De la danse rythmique pour le cardio.
36:14Exactement.
36:15Je vous ai vu dans le 7ème arrondissement avec votre fiancée.
36:17C'est vrai ?
36:18Vous étiez en train de déjeuner dans un restaurant un peu chic.
36:21C'est vrai ?
36:22Avec Géraldine.
36:23C'est parce que je lui ai dit que je me suis baladée dans le 7ème.
36:24J'ai vu son fiancé.
36:25Mais non.
36:26Ah non ?
36:27Vrai.
36:28Exactement.
36:29Très sympa alors.
36:30Il était en carrosse.
36:31Il est 12h.
36:32Sans cendrillon.
36:33Il vient la chercher en carrosse.
36:37Bon, la pause.
36:38Je vous jure, je l'ai vue.
36:40Très très sympa.
36:41Ah d'ailleurs.
36:42C'est lui qui… non d'accord.
36:44C'est lui qui régale.
36:45Il est à 12h.
36:46Quoi ?
36:47Le déjeuner.
36:48C'est ce que je veux dire.
36:49Non, en plus c'est moi qui ai payé samedi midi.
36:51Ah bon ?
36:52Ah bah oui.
36:53J'invite mon chéri de temps en temps.
36:54Ah bah il est 12h.
36:55Vous feriez bien d'en prendre de la graine vous.
36:57Qui vous faites payer par toutes les filles de Paris.
37:00Vous arrêtez de me faire payer.
37:01Ça va pas ou quoi ?
37:02A tout de suite avec Pascal Praud sur Europe 1.
37:13Et vous le connaissez parce qu'il vient régulièrement nous voir.
37:17Le docteur Cohen est avec nous.
37:20Bonjour Jean-Michel Cohen.
37:22Bonjour Pascal.
37:23Bonjour l'équipe aussi.
37:24Bonjour.
37:25Et aujourd'hui vous n'allez pas nous parler médecine ou Covid mais votre témoignage
37:32nous intéressait parce que c'est le témoignage d'un français juif.
37:37Et c'est ça qu'on voulait entendre.
37:39Comment vous vivez ? On entend beaucoup de nos compatriotes français juifs qui ont pris
37:44la parole.
37:45Comment vous avez vécu cette année ? Est-ce que beaucoup de choses ont changé pour vous ?
37:50Est-ce qu'on entend ça parfois ? Des choses que vous n'imaginiez pas, des paroles que
37:55vous n'imaginiez pas, vous les avez entendues sur le sol de France.
37:58Alors oui les choses ont changé et puis il y a eu différentes étapes.
38:01La première étape ça a été la sidération.
38:03Je crois vous l'avoir dit ici dans les premiers jours.
38:06Ça veut dire comment ce pays qui était notre refuge, qui était en fait le symbole
38:10de notre protection à l'égard de tout ce que nous avions subi dans les deux derniers
38:15millénaires.
38:16Comment ce pays se retrouvait fragilisé.
38:18Puis après la sidération, il y a eu un contentement de l'empathie qui n'a pas duré très longtemps.
38:24Et ensuite il y a eu une forme de mélancolie.
38:26Je me souviens avoir utilisé ce mot chez vous aussi.
38:29Mélancolie d'une forme de tristesse comme si on était obligé de se résigner à une
38:33situation qui se répétait en permanence.
38:35Et puis ensuite a fait place la colère.
38:37La colère vis-à-vis des réactions.
38:40Ça veut dire ce qu'on a entendu, ces phrases que j'ai entendues de personnes que je connaissais
38:45que je ne veux plus appeler mes amis.
38:47À qui je parlais du pogrom et à qui j'expliquais la tristesse et l'horreur que nous vivions
38:52et qui me répondait, oui mais Gaza.
38:55Et comme si les deux phénomènes étaient comparables.
38:58Je rappelle quand même, le pogrom est une entité particulière où des assassins viennent
39:04brûler et exterminer des gens.
39:06Et la guerre est la conséquence de ce pogrom.
39:09On oublie de dire que demain matin, le Hamas dépose les armes, le Hezbollah pareil, reconnaissent
39:15l'État d'Israël et que tout le monde vit en paix.
39:17Donc ça, ça m'a coupé d'un certain nombre d'amis.
39:20J'ai entendu notre ami Arthur en parler.
39:22Pareil, il y a des gens à qui je n'adresse plus la parole qui ne m'ont pas adressé
39:26eux en premier la parole.
39:28Et aujourd'hui, un sentiment de résurgence, c'est-à-dire je dirais que le fait que l'État
39:33d'Israël ait réagi et ait dit nous allons changer la face du Moyen-Orient.
39:37Nous allons pouvoir tenter de revivre en paix, nous donne de nouveau un espoir.
39:42Ici, à Paris, je parlais tout à l'heure dans les couloirs de la station et je disais
39:47qu'on s'est habitué à de drôles de choses.
39:49Un hindou qui se promène avec un turban ne reçoit aucune agression.
39:53Une femme voilée qui se promène dans Paris ne reçoit quasiment pas d'agression.
39:58Un juif qui se promène avec une kippa est obligé de regarder dans son dos s'il y a
40:02personne qui va l'agresser.
40:04Tout le monde voit ce phénomène.
40:06Alors on le dit, même dans les espaces gouvernementaux, les ministres qui disent
40:10il n'est pas normal qu'enfin voyons dans le métro, etc.
40:13Personne ne réagit.
40:14Qu'est devenu ce pays, ce pays des lumières, ce pays auquel les juifs ont tant participé,
40:21qui a donné des médecins, des écrivains, des philosophes, des mathématiciens ?
40:26Qu'est devenu ce pays ? Pourquoi on accepte tout ça ?
40:29Pourquoi on ne qualifie pas d'indigne ?
40:31Pourquoi on n'agit pas contre ces députés qui véhiculent la haine ?
40:34Et je vous pose la question pourquoi ?
40:37Si vous me posez la question pourquoi, la lâcheté mon ami, la lâcheté.
40:40Oui mais pourquoi la lâcheté ?
40:42La lâcheté pour ne pas faire de vagues et parce que pour ne pas froisser une partie
40:46de ces gens radicalisés ou de ces musulmans.
40:49Tous les musulmans ne pensent pas comme ça.
40:51La partie de ces musulmans qui vocifèrent et qui parlent et qui veulent occuper la rue.
40:56Donc c'est une forme de pas de vagues, une forme de mollesse,
41:00auquel on est habitué depuis un certain nombre d'années.
41:03Avec un président qui est avec vous la veille, contre vous le lendemain,
41:08qui est pour vous la veille, qui est contre vous le lendemain, etc.
41:12Et quelques ministres courageux qui se font dézinguer à chaque fois.
41:17C'est la situation des juifs.
41:19Vous avez dit un français juif et je me demande si aujourd'hui
41:22je ne suis pas devenu un juif français.
41:24Voilà.
41:25Et 12h11, on va marquer une pause peut-être avec Jean-Michel Cohen,
41:29que vous connaissez et qui a des paroles fortes, bien sûr.
41:33On pourra regretter que dans les écoles aujourd'hui,
41:36le 7 octobre n'ait pas été évoqué, alors qu'on imaginait qu'il y aurait une communication.
41:43On peut également regretter la prise de parole d'Emmanuel Macron
41:4724h, 48h, avant le 7 octobre, le timing pour le moins n'était pas adapté
41:54pour expliquer que la France ne vendrait plus d'armes à Israël.
41:58Et on apprenait d'ailleurs par François Hollande ce matin
42:00que la France ne vend pas d'armes à Israël.
42:03C'est épiphénoménal.
42:05De toute façon, la France est en train de perdre son rôle un peu partout.
42:08On le voit. Je ne suis pas un expert de géopolitique,
42:10mais on voit bien qu'on a été viré du Bénin, du Mali,
42:13que ça va se faire dans le Sénégal.
42:15On n'est plus copains avec l'Algérie, mais on n'est plus copains avec le Maroc.
42:19On ne sera plus copains bientôt avec Israël.
42:21Il y a une espèce de rétrécissement qui est aussi le fait qu'il faut avoir des paroles fortes.
42:25On a eu des hommes d'État qui avaient des paroles fortes.
42:28Ils ne sont plus là, mais on a eu des gens qui assumaient avec courage des choses.
42:33Et ces gens-là avaient raison. Pourquoi ? Parce que le futur leur donne la vérité.
42:37Parce que la vérité arrivera un jour.
42:39Mais vous avez parlé du fait qu'il n'y a rien dans les écoles.
42:42Mais oui, tout le monde a envie de gommer ce pogrom.
42:45On ne veut pas parler du pogrom.
42:46On ne parle pas du fait que l'origine de tout ça, c'est l'assassinat par des barbares.
42:52Et 12h33, la pause, et on revient dans une seconde.
42:56Et vous aussi, vous pouvez réagir et témoigner avec Pascal Praud sur Europe 1 au 01-80-20-39-21.
43:03C'est le numéro non surtaxé du Standard Europe 1.
43:05A tout de suite.

Recommandations