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  • 18/09/2024
Homicide Crime

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Transcription
00:00...
00:02Musique douce
00:04-"Mérague", un petit village paisible près d'Aix-en-Provence.
00:08Il est 10h30, ce lundi 31 mars 2003,
00:11et Christine Maréchal est inquiète.
00:14Sa collègue et amie Chantal Damato n'est toujours pas arrivée
00:17sur leur lieu de travail.
00:19Je l'ai appelée plusieurs fois sur son portable,
00:22elle ne répondait pas.
00:23Je me suis peut-être dit qu'elle a oublié à la maison.
00:27Mais j'étais inquiète, ce n'était pas son habitude.
00:30S'il y avait eu un souci, elle nous aurait prévenu son travail.
00:34...
00:35Christine Maréchal contacte alors le frère de Chantal Damato.
00:39Tous les deux décident de se rendre au domicile de Chantal
00:43pour vérifier que tout va bien.
00:45Un arrivant a vu que la maison était entourée de gendarmes,
00:49de pompiers, et on nous a interdit d'accès.
00:52La maison était intacte, apparemment,
00:54donc je ne comprenais pas. Je ne voyais pas la maison enflambée.
00:58Après un quart d'heure, un gendarme est venu me voir
01:01pour m'expliquer qu'il y avait deux corps dans la maison.
01:04Je lui ai dit que c'était ma nièce.
01:06...
01:08Les pompiers ont alerté la brigade de recherche d'Aix-en-Provence.
01:12En arrivant sur place, le capitaine Daniel Bianco
01:15constate qu'il ne s'agit pas seulement d'une scène d'incendie.
01:19...
01:20Nous constatons que les pompiers ont découvert deux corps sans vie,
01:24chacun dans une chambre, qui semblent brûlés.
01:26En tout cas, ils sont ligotés.
01:28On s'aperçoit qu'il y a des traces de coups de couteau,
01:32et notamment une trace très importante d'égorgement.
01:36Donc vraiment une scène qui, immédiatement,
01:38permet de comprendre qu'il s'agit d'une scène de crime.
01:41Les deux corps immédiatement identifiés
01:44sont bien ceux de Chantal D'Amato, 54 ans,
01:48et de sa fille Audrey, 24 ans.
01:50On n'y croit pas, on est complètement abasourdis.
01:53Le ciel vous tombe sur la tête, à des cas pareils.
01:56On bascule.
01:57A partir de ce jour-là,
01:59la vie a basculé pour tous les membres de notre famille.
02:02Musique pesante
02:04...
02:09Musique inquiétante
02:11Le périmètre autour du pavillon est immédiatement gelé
02:14pour procéder aux premières constatations.
02:17Ce qui frappe d'abord les enquêteurs,
02:19c'est la barbarie de la scène de crime.
02:21Les corps tels qu'ils sont retrouvés,
02:23on a du mal à imaginer qu'un être humain
02:26puisse être capable de commettre de tels actes.
02:29Musique inquiétante
02:31Sur le lit, dans la première chambre,
02:33le corps de Chantal D'Amato, habillé, est allongé sur le ventre.
02:37En présence du médecin légiste,
02:39nous découvrons donc que le cadavre de Chantal
02:43est entièrement ligoté,
02:45donc au niveau des chevilles, des genoux,
02:49et les mains ligotées dans le dos.
02:51Elle présente un baillon sur la bouche
02:55et également les yeux bandés
02:57par un scotch, un type de ruban adhésif très renforcé.
03:01Les lésions consistent en une plaie très large,
03:04une plaie d'égorgement, qui va de gauche à droite du cou.
03:07Dans la chambre voisine,
03:09sa fille Audrey repose sur le dos.
03:11Ses jambes, légèrement écartées, ne sont pas attachées,
03:15mais elles portent des traces de lien.
03:17Sa fille a, elle, uniquement un ruban adhésif
03:20qui ferme les yeux.
03:22Il n'y a plus de baillon au niveau de la bouche
03:25et les mains sont liées fortement avec un fil électrique.
03:28Elle présente de nombreuses traces de coups de couteau.
03:32Elle a la particularité de revêtir un T-shirt
03:35qui est mis à l'envers,
03:37ce qui peut laisser supposer qu'il a été retiré et remis par la suite.
03:43Arrivé sur les lieux, le médecin légiste
03:45ne peut pas se prononcer sur les causes exactes
03:48de la mort des deux femmes.
03:51Sur les lieux, il n'est pas possible de déterminer
03:54si les lésions occasionnées par l'incendie
03:57ont été du vivant des personnes
03:59ou si on a tenté de mettre cet incendie
04:02pour dissimuler le crime.
04:04Une seule certitude, Chantal et Audrey Damato
04:07ont été victimes d'un véritable acharnement.
04:10On se pose la question de savoir
04:14quel était l'objet de ces agissements.
04:17On se dit pourquoi ce carnage ?
04:21On a du mal à comprendre.
04:23Quel serait le mobile ? On n'a absolument aucune idée.
04:28Mais à l'évidence, il ne s'agit pas d'un cambriolage qui a mal tourné.
04:32Le vol n'est pas le mobile,
04:35puisque rien ne manque.
04:37On se rend compte que rien n'a disparu.
04:40C'est surtout l'absence de toute trace d'effraction
04:43qui intrigue les enquêteurs.
04:45La maison était entièrement fermée de l'intérieur.
04:49Les clés se trouvaient sur la serrure
04:53à l'intérieur de la porte d'entrée.
04:55Donc, tout étant fermé,
04:57on s'est posé la question de savoir
05:00comment les auteurs avaient pu quitter la scène.
05:04Les gendarmes remarquent alors que dans le salon,
05:07le système électrique de volet roulant
05:09permet de sortir en fermant derrière soi.
05:12On comprend que l'auteur n'est pas sorti par la porte
05:16et qu'il y a un bouton électrique
05:19sur lequel on peut actionner un volet roulant.
05:21Ce volet roulant mettait un certain temps pour se refermer,
05:26ce qui laissait largement le temps à quelqu'un de s'enfuir
05:29après avoir actionné le bouton.
05:31Partant de là, on a supposé que le meurtrier,
05:34après avoir commis son acte, était parti par cette baie vitrée
05:38et en refermant derrière lui le volet roulant.
05:43A la recherche du moindre indice,
05:45des techniciens en identification criminelle
05:47sont appelés en renfort.
05:48La baie vitrée du salon est alors passée au crible.
05:52On suppose que l'auteur ait appuyé sur ce bouton,
05:55on recherche des empreintes à cet endroit-là,
05:58et on va rechercher des empreintes sur l'encadrement
06:01de cette porte-fenêtre.
06:02On va retrouver une empreinte digitale
06:04qui va intéresser les enquêteurs.
06:07Cette empreinte représsente un indice capital
06:10pour tenter d'identifier l'auteur de cet effroyable double meurtre.
06:14Elle est aussitôt envoyée à l'IRCGN,
06:17l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale.
06:22Pendant ce temps-là, les investigations se poursuivent
06:25dans les autres pièces du pavillon.
06:27Les techniciens vont procéder à la saisie de nombreux objets.
06:30Dans la chambre de Chantal, on va saisir ses vêtements.
06:34Elle portait une robe de chambre
06:36qu'elle avait habitée sur un meuble tout à côté d'elle.
06:39Également, il y avait une ceinture de cette robe de chambre.
06:44En pénétrant dans le bureau,
06:46les experts découvrent de nouveaux indices importants.
06:50Au milieu de la pièce, se trouve un fauteuil
06:53qu'on trouve sur le sol de morceaux de scotch ou fripés.
06:58On va retrouver à côté de ce siège
07:01un rouleau de scotch évidé,
07:03qui correspond au scotch qui a été utilisé par l'auteur
07:06pour attacher les victimes et les baïonnets.
07:09On retrouve à côté du fauteuil un morceau de fil électrique
07:13qui correspond au fil électrique qui a été utilisé pour attacher Audrey.
07:17Vraiment, ce sont des éléments qui peuvent être intéressants
07:21parce qu'on se rapproche de l'action criminelle.
07:23C'est des objets avec lesquels l'auteur a été en contact.
07:29Ces indices sont, eux aussi, envoyés à l'IRCGN
07:32pour y être soumis à une expertise génétique.
07:37Transportés au service de médecine légale de la Timone, à Marseille,
07:42les corps des deux femmes sont autopsiés dès le lendemain.
07:45Le médecin légiste remarque l'absence de lésions de défense.
07:49Il n'y a pas, sur les deux victimes, de plaies de défense,
07:53mais on l'imagine bien,
07:55c'est deux femmes qui ont été ligotées, attachées et maintesues.
08:02Puis, le légiste poursuit l'examen externe
08:04du corps de Chantal D'Amato.
08:06Sur les poignées, les genoux et les chevilles,
08:09il repère les hématomes laissés par les liens qui entravaient la victime.
08:13Il remarque aussi une large plaie de 13 cm, au niveau de la gorge.
08:18La plaie béante est une plaie d'égorgement
08:21avec un trajet qui se termine en queues de rats,
08:25c'est-à-dire de façon plus fine,
08:28qui a été latérale vers l'autre côté du corps.
08:33Cette plaie a occasionné des lésions des gros vaisseaux du cou,
08:37la carotide et du larynx.
08:40La taille et la précision de la lésion
08:42évoquent l'utilisation d'une arme blanche,
08:45vraisemblablement un couteau doté d'une lame de 12 à 15 cm.
08:49Pour le légiste, cette blessure est bien la cause du décès.
08:54Mais l'autopsie révèle aussi autre chose.
08:56Chez elle, on va trouver un hématome
08:59qui n'était pas visible dans le corps.
09:01C'est un hématome qui n'était pas visible lors de l'examen externe.
09:06On va l'être une fois qu'on a rabaissé le cœur chevelu
09:09pour voir s'il existe des lésions internes du cœur chevelu
09:13puis du crâne.
09:14Cet hématome à la tête indique
09:16que la victime a reçu un coup violent de son vivant.
09:19Il est évident qu'à partir du moment où la plaie importante
09:23touchant les gros vaisseaux du cou existe,
09:26il n'est plus possible d'avoir un apport sanguin suffisant
09:29et donc qu'un hématome se constitue.
09:32La victime pourrait donc avoir été assommée
09:35avant d'être égorgée.
09:36Le légiste se penche ensuite sur le corps d'Audrey D'Amaton,
09:40qui présente de multiples blessures profondes.
09:43Elles indiquent clairement que la jeune femme a été torturée.
09:47Elle présente de nombreuses traces de coups de couteau.
09:53Elle en présente 17 au visage et 4,
09:56donc ils sont deux plaies au niveau de la carotide
09:59et deux au niveau de la cage thoracique.
10:02Ces plaies profondes ont fini par entraîner
10:05le décès de la jeune femme,
10:07vraisemblablement après de longues minutes d'agonie.
10:11On imagine que la scène de torture d'Audrey
10:16a duré entre 20 et 30 minutes.
10:19C'est assez difficile de dire exactement.
10:23Ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a une chronologie.
10:26Quelles sont les blessures qui ont été réalisées
10:29quand elle était en vie ?
10:31Et ensuite, les blessures les plus graves,
10:33les blessures mortelles qui ont été infligées
10:36au moment où l'auteur a décidé d'en finir.
10:40Aucune trace d'agression sexuelle n'est relevée chez les deux victimes.
10:44Autre certitude, la mère et la fille n'étaient plus en vie
10:47au moment où la maison a été incendiée.
10:49Il n'y a pas d'inhalation de fumée au niveau des voies respiratoires.
10:53Elles n'étaient pas vivantes au moment où l'incendie a été allumé.
10:57Un dernier examen permet aux légistes
11:00de préciser la chronologie des deux agressions.
11:02L'analyse des contenus gastriques des deux femmes.
11:06L'analyse des bols alimentaires montre des digestions
11:09d'horaires différents puisque des éléments alimentaires
11:13sont assez identifiables dans le bol alimentaire gastrique
11:18retrouvé chez Audrey Adamato.
11:20Pour sa mère, la digestion s'est plus avancée
11:23elle est de 4 heures.
11:25Il est probable qu'il y ait eu un décalage et un décès
11:28d'abord de la jeune femme, puis de la femme plus âgée.
11:33Ce qui laisse penser que lorsque les violences
11:37ont été occasionnées sur Audrey, Chantal était encore en vie
11:40et il se peut qu'elle ait tout entendu.
11:44À l'issue de ces autopsies,
11:45les enquêteurs envisagent une première hypothèse.
11:48Notre sentiment était de dire qu'Audrey était la principale victime
11:52et non sa mère, qui était une victime collatérale
11:56puisqu'elle a été neutralisée, mais ce n'était pas à elle
12:01que l'auteur voulait s'en prendre.
12:09Les gendarmes entament leur enquête en interrogeant les proches
12:12et les voisins de Chantal et Audrey Adamato,
12:15ce qui leur permet de retracer les dernières heures des deux femmes.
12:19Chantal a passé son week-end avec son compagnon.
12:22Tout s'est très bien passé.
12:24Elle devait voir un terrain avec son compagnon
12:27parce qu'ils avaient décidé de faire une vie en commun.
12:30Son compagnon devait acheter un terrain pour faire construire une maison.
12:37Vers 20h ce dimanche soir, chacun regagne son domicile.
12:42À 21h30, des voisins indiquent avoir vu Chantal
12:45promener son chien dans le lotissement, comme elle le faisait chaque soir.
12:49Chantal rappellera son compagnon vers 21h45,
12:54lui faisant part de sa satisfaction du week-end qu'elle avait passé avec lui.
12:57Chantal passe aussi, cinq minutes plus tard,
13:00un coup de fil à son ancien compagnon
13:04qui fêtait son anniversaire.
13:06Donc, avec certitude, on peut démontrer
13:09que Chantal était encore en vie à 22h.
13:12Quant à sa fille Audrey, elle a passé ce dernier week-end
13:16avec son nouveau petit ami sur la Côte d'Azur
13:18avant de rejoindre sa mère, le dimanche soir.
13:21On arrive à retracer tout le parcours qui a été fait.
13:26Elle était avec sa voiture.
13:27Elle a déposé son copain à Marseille le soir,
13:32vers 21h,
13:34et à l'issue, elle lui a indiqué qu'elle rejoignait sa maison.
13:38Et puis, elle va envoyer des messages à son amoureux,
13:41avec qui elle a passé un week-end radieux et merveilleux,
13:44puisque ce sont vraiment des messages très touchants
13:47et très amoureux qu'elle lui envoie.
13:49On sait que les derniers échanges
13:51vont se situer entre 22h20 et 22h45.
13:55C'est la dernière trace de vie tangible d'Audrey.
13:59Les enquêteurs se concentrent alors sur la vie des deux femmes.
14:03Ils espèrent y trouver des éléments susceptibles
14:06de les conduire aux meurtriers.
14:09Ma sœur était parfaitement bien.
14:11Elle n'avait aucun souci particulier.
14:14Elle a été plutôt radieuse, puisqu'elle avait des projets.
14:18Elle voulait reconstruire sa vie.
14:20Une amie comme elle, je ne la retrouverai plus jamais.
14:24C'était vraiment une sœur pour moi.
14:26C'est une belle personne.
14:27Et elle a eu un destin tragique.
14:30Après le décès brutal de son mari,
14:32victime d'un accident de moto en 1982,
14:35Chantal D'Amato avait décidé d'aller de l'avant.
14:39Elle s'est retrouvée enceinte d'Audrey.
14:41Elle avait son autre petite-fille qui avait 4 ans.
14:43Elle a perdu son mari.
14:45Elle a connu des preuves qui s'étaient endurcies.
14:47Elle choisissait ses amis.
14:48Elle ne faisait pas rentrer n'importe qui chez elle.
14:51Chantal vit seule avec ses deux petites-filles en bas âge.
14:55Mais quelques années plus tard, elle retrouve enfin l'amour.
14:58Chantal était une très belle femme qui était beaucoup courtisée.
15:02Elle a vécu pendant 10 ans avec une personne
15:05qui a élevé Audrey et sa sœur
15:08comme si ça avait été leur fille.
15:11Et avec elle, elle entretient encore des liens très étroits.
15:14Au moment des faits,
15:15Chantal D'Amato est à nouveau en couple depuis un an et demi.
15:19Heureuse et épanouie, rien dans sa vie personnelle
15:22ne permet de comprendre ce crime barbare.
15:27Les enquêteurs cherchent alors du côté de sa fille Audrey.
15:31Audrey était une jolie jeune fille.
15:33Tout enjouée, rieuse,
15:35une homme pésanté, elle aimait la vie, quoi.
15:38À 22 ans, la jeune femme était revenue habiter chez sa mère
15:42après une rupture amoureuse.
15:44C'était une jeune fille adorable,
15:47gentille, très attentionnée pour sa maman.
15:51Si elle ne rentrait pas, elle prévenait toujours sa maman
15:54pour pas qu'elle s'inquiète.
15:56Elle fêtait la fête avec ses amis
15:58comme une jeune fille de son âge, tout simplement.
16:01Dans sa vie professionnelle,
16:02c'est une jeune femme très investie et sérieuse.
16:05Audrey travaille dans un service administratif
16:10d'une société de bus, de transports en commun.
16:13Elle est particulièrement appréciée par ses patrons,
16:17ses collègues de travail et les chauffeurs de bus.
16:20C'est quelqu'un qui a beaucoup de caractère,
16:22qui, dans un milieu essentiellement masculin,
16:25arrive à se faire respecter.
16:29Elle fait beaucoup d'envieux parce que c'est une très belle fille
16:33et donc beaucoup, entre guillemets, essaye de la draguer.
16:38Audrey aurait-elle, sans le vouloir, attisé des jalousies ?
16:42Les gendarmes décident de creuser cette piste.
16:44La chose qui nous paraît étrange,
16:47c'est que l'une de ses amies nous révèle
16:49qu'elle a connu des appels malveillants
16:53à de nombreuses reprises sur son téléphone portable.
16:55Elle a fait l'objet d'appels répétés
16:59dont elle s'est plainte à son entourage
17:02et qui, manifestement, l'avaient un peu inquiétée.
17:04C'est des appels un peu énigmatiques, un peu menaçants.
17:07Elle ne savait pas trop sur quel pied danser.
17:09Audrey avait parlé, effectivement, à sa maman.
17:12On ne savait pas qui c'était qui donnait ces coups de fil anonymes à Audrey.
17:17En analysant la téléphonie de la jeune femme,
17:20les enquêteurs localisent l'auteur des appels en région parisienne.
17:24L'homme est rapidement identifié.
17:26Il s'agit du frère d'un ex-petit ami d'Audrey.
17:29Les auteurs ont été entendus.
17:31Effectivement, c'était des gens qui cherchaient
17:35à jouer entre guillemets avec Audrey.
17:37Mais bon, ça n'a pas dépassé le stade du canular téléphonique.
17:42Cette piste qui pouvait éventuellement être intéressante,
17:45finalement, n'avait aucun lien avec les faits.
17:48Cette piste se referme
17:50et les meurtres de Chantal et Audrey Damato
17:52demeurent pour l'instant totalement mystérieux.
17:56Les gendarmes espèrent que l'exploitation de la scène de crime
18:00pourra faire avancer l'enquête.
18:02De nouvelles investigations sont alors ordonnées,
18:05mais l'incendie a effacé de précieux indices.
18:08Céline Niclou, experte en morpho-analyse des traces de sang,
18:12à l'IRCGN, est donc appelée à se rendre sur place.
18:16Tout simplement parce que les lieux ont été dégradés
18:19et qu'ils ne ressortent pas de façon visible des traces
18:22qui pourraient être étudiées,
18:24alors qu'on a des blessures à l'origine de saignements.
18:27On va nous faire intervenir pour savoir
18:30où se sont situés potentiellement les événements sanglants.
18:35L'experte cherche ainsi à déterminer
18:37où les deux femmes ont été tuées.
18:39Pour ce faire, elle utilise un révélateur chimique bien connu,
18:42le Bluestar.
18:45Ce Bluestar, c'est un produit qu'on répand.
18:49Et si des traces de sang se mettent en évidence,
18:52il y a un effet bleu fluo qui ressort
18:55et qui détermine avec précision
18:57là où se trouvaient les traces de sang.
18:59Pour percevoir cette fluorescence bleue,
19:02toute la maison est placée dans l'obscurité la plus totale.
19:05Étonnamment, le Bluestar ne révèle rien
19:09dans la chambre d'Audrey D'Amato.
19:11Dans celle de sa mère, seules deux tâches de sang
19:14apparaissent au niveau de la tête de mère.
19:16Seules deux tâches de sang apparaissent au niveau de la tête de lit.
19:20Mais c'est en pénétrant dans la pièce servant de bureau
19:23que l'experte fait une découverte effrayante.
19:29On va avoir des traces sur le fauteuil,
19:32sur les accoudoirs du fauteuil,
19:34sur le dossier de ce même fauteuil
19:37et au sol en périphérie de ce fauteuil.
19:39Ces traces se révèlent alors qu'à l'oeil nu, on ne voyait rien.
19:42C'est une zone sur laquelle on n'était pas partis au départ
19:45et dans laquelle on ne pensait pas qu'il y avait quelque chose.
19:49Dans le couloir, entre le bureau et les chambres,
19:52l'horreur se poursuit.
19:53On trouve des traces de sang
19:56à même le sol et sur les parois,
19:59avec des éclaboussures, donc type particulier,
20:02qui permettent de déterminer le sens de déplacement du corps.
20:06On suit les traînées des éclaboussures de sang.
20:08Ça fait une goutte avec la queue de la goutte.
20:11On détermine que ça avance.
20:14Avant même de savoir à qui appartient le sang révélé par le Bluestar,
20:18cette expertise ne laisse aucun doute
20:20sur le calvaire qu'ont vécu Chantal et Audrey D'Amato.
20:25Le Bluestar nous a permis de dire
20:27que l'endroit principal où se sont passés les faits
20:30se trouve être le bureau bibliothèque,
20:33que ça a été une scène assez horrible
20:35et qui a duré certainement dans le temps.
20:39Fort de ces constatations,
20:40le 8 avril 2003, soit huit jours après le drame,
20:44le procureur d'Aix-en-Provence
20:46ouvre une information judiciaire pour homicide volontaire,
20:49avec préméditation, acte de torture et de barbarée.
21:03Un mois après ces investigations,
21:05les prélèvements effectués sur la scène de crime
21:08livrent enfin leurs résultats.
21:10Les gendarmes espéraient beaucoup de l'empreinte digitale
21:13relevée sur la porte-fenêtre du salon.
21:15Malheureusement, ce n'est pas celle du meurtrier.
21:18Elle appartient à Chantal D'Amato.
21:20En revanche, les experts ont trouvé une empreinte ADN masculine
21:24sur plusieurs indices prélevés sur la scène de crime.
21:28Mais elle est inconnue au FNAEG,
21:29le fichier national automatisé des empreintes génétiques.
21:33On va retrouver de l'ADN
21:35sur le lien du fil électrique qui sert à attacher Audrey.
21:40Cet ADN va se retrouver sur un poêle
21:43qui est sur la ceinture de la robe de chambre.
21:45Et on va retrouver, sur le porte-fenêtre
21:49qui a servi à l'auteur pour fuir cette scène de crime,
21:53un ADN qui est sous une empreinte digitale.
21:56La particularité de ces trois traces,
21:58c'est qu'elles sont dans des endroits très sensibles.
22:01Donc ces trois traces-là, pour nous,
22:04sembleraient être celles de l'auteur.
22:07Musique intrigante
22:09Pour tenter d'identifier le propriétaire
22:11de cette empreinte génétique,
22:13des comparaisons sont effectuées avec les ADN des compagnons respectifs,
22:17de Chantal et d'Audrey D'Amato.
22:21Mais les résultats se révèlent négatifs.
22:23La logique voudrait que, si cette empreinte génétique
22:26n'appartient à aucune des personnes familières du domicile,
22:30il appartienne aux criminels.
22:33Mais on ne peut pas exclure que cette empreinte génétique
22:36appartienne à un voisin qui soit passé quelques jours avant
22:40ou à quelqu'un d'autre qui ait pu visiter cet appartement
22:43pour des raisons diverses.
22:45On pense qu'il s'agit du sujet criminel, mais on n'en est pas sûr.
22:48Musique inquiétante
22:50Les gendarmes décident donc d'élargir leurs recherches
22:53afin d'identifier à qui appartient ce fameux ADN.
22:57On va s'intéresser plus particulièrement à l'entourage d'Audrey,
23:00puisque l'auteur s'est particulièrement intéressé à elle,
23:03et donc tous les hommes qui travaillent avec elle,
23:06les chauffeurs de bus, les agents du personnel administratif
23:09qui sont autour d'elle au niveau professionnel vont être testés,
23:12aucun ne correspond, et dans son entourage affectif,
23:15dans tous les gens qu'elle a pu connaître, aucun ne correspond.
23:18L'entourage de sa mère Chantal est également vérifié.
23:22Amis, voisins, collègues,
23:24les prélèvements génétiques vont se succéder pendant des mois,
23:27mais sans résultat.
23:29Nous allons prélever plus de 300 ADN
23:33sur les personnes habitant la cité du lieu de résidence.
23:37Nous sommes même arrivés à effectuer des prélèvements bucaux
23:42sur des bûcherons qui avaient travaillé là pendant une semaine
23:46ou par avant, avant les faits.
23:47Toutes ces analyses, tous ces prélèvements,
23:51aucun ne correspond à celui identifié
23:55à partir des analyses sur les scellés.
23:59...
24:03Pour relancer l'enquête, les gendarmes décident alors
24:06de faire appel à un service de l'IRCGN
24:09qui vient tout juste d'être créé à l'époque,
24:11le département des sciences du comportement.
24:14Ces experts pourraient apporter un éclairage nouveau.
24:18On est appelés parce que les enquêteurs,
24:20directement, se disent qu'il y a un comportement
24:23qui sort de l'ordinaire de la part de l'auteur
24:26et nous demandent de venir pour le décortiquer.
24:29Nous, ce qui nous intéressait,
24:31c'était de cibler le comportement de l'agresseur,
24:34de cibler quel type d'individu c'était
24:36avec ses traits de caractère.
24:38Marie-Laure Brunel-Dupin, qui a créé ce département,
24:42s'appuie sur le profilage,
24:43une technique d'analyse comportementale
24:46venue des Etats-Unis.
24:48C'est une discipline qui a été mise en place
24:50par des agents du FBI dans les années 50
24:52et plus utilisée dans les années 70-80
24:56par des agents pour rechercher des tueurs en série,
24:59en comprenant qu'il y avait des répétitions
25:01sur les scènes de crime qui permettaient
25:04de dresser les profils des suspects
25:07en partant de ces scènes de crime.
25:10L'experte profileuse se rend donc à Merarque
25:13pour examiner minutieusement la scène de crime.
25:16L'idée, c'est que sur cette scène de crime,
25:19l'auteur a laissé une empreinte psychologique
25:21qu'on peut, par l'analyse de cette scène de crime,
25:25retracer des caractéristiques de sa personnalité
25:28et de son comportement dans des situations non criminelles.
25:31C'est vraiment lire cette scène de crime
25:34dans ses différents moments,
25:36avant le passage à l'acte, pendant le passage à l'acte
25:39et après le passage à l'acte,
25:41pour dresser le profil du suspect.
25:43Dans un premier temps,
25:45la comportementaliste s'appuie
25:47sur les blessures infligées aux deux femmes.
25:49Elle confirme que le meurtrier
25:51doit être recherché dans l'environnement d'Audrey
25:54et non de sa mère.
25:55Quand on voit la façon dont il a pu exécuter,
25:58froidement, la mère, parce qu'elle était juste présente,
26:01quand on voit le temps qu'il a passé avec la jeune femme,
26:05ce sadisme dont il fait preuve
26:07puisqu'il souhaite vraiment la faire souffrir,
26:10et ça se voit à travers les plaies et les blessures
26:13qui lui infligent,
26:14il s'acharne tellement sur la jeune femme
26:17qu'il exprime un vrai sentiment haineux vis-à-vis d'elle.
26:23Il la hait au point de vouloir la faire souffrir atrocement,
26:27ce qu'il fait pour se venger de ce que lui ressent.
26:33Une hypothèse se dessine.
26:34L'assassin n'aurait pas supporté
26:36de se sentir humilié par la jeune femme.
26:39C'est quelqu'un qui se sent abaissé
26:41quand un regard se pose sur lui.
26:43C'est pourquoi les deux victimes ont les yeux bandés.
26:46C'est quelqu'un qui est assez pervers
26:49dans son agissement, dans sa scruauté.
26:53Qui est capable de commettre le pire
26:55sans émotions.
26:58La profileuse précise aux enquêteurs
27:00qu'ils doivent chercher un homme au comportement discret.
27:04A partir du moment où il a nourri ce conflit,
27:07il l'a aussi enfoui.
27:09On n'imagine pas que cet auteur puisse être
27:12quelqu'un d'assez braillard,
27:14qui revendique beaucoup et qui se fait remarquer.
27:17Il a nourri le conflit, ça l'a rongé,
27:20il a ruminé le problème.
27:22Et donc, c'est quelqu'un qui est plutôt discret,
27:26solitaire et qui est resté avec ce problème
27:29qu'il a ensuite fait vivre et sans doute beaucoup augmenté
27:33par rapport à la réalité.
27:35L'analyse comportementale ne s'arrête pas là.
27:39Le meurtrier a certainement prémédité son geste.
27:42Il a mûri son projet.
27:45Il n'a pas décidé un beau jour de passer à l'acte.
27:47Il a forcément dû les observer,
27:49vérifier leur mode de vie
27:52pour pouvoir entrer sans effraction,
27:54sans se faire remarquer de l'extérieur.
27:56Enfin, l'absence de l'arme du crime
27:59apporte également des informations sur le profil du tueur.
28:02Il est venu avec et repart avec, ça fait partie de son stratagème.
28:06Sinon, il aurait pris un couteau de cuisine
28:08qu'il aurait abandonné sur place.
28:10Ca fait partie du plan qu'il a élaboré.
28:13Ca aussi, ça fait partie des indices qu'il nous laisse.
28:16Elle nous laisse penser qu'il est organisé
28:19et a tendance au psychopathe.
28:26Le profileur se dit que si on emploie un tel luxe de précaution,
28:30c'est peut-être que c'est quelqu'un
28:32qui a déjà commencé des actes criminels
28:35et qui a déjà été condamné par le passé,
28:38sans forcément que son entourage actuel soit informé.
28:47Parallèlement à cette analyse comportementale,
28:50les enquêteurs reprennent tous les indices en leur possession
28:54pour tenter de comprendre le scénario du drame.
28:57A commencer par les traces de sang
28:59qui ont été retrouvées sur le fauteuil du bureau.
29:02On sait qu'il y a eu un contact avec les accoudoirs,
29:06le dossier du fauteuil, donc un individu ensanglanté,
29:09sur ce fauteuil à un moment donné.
29:11Les analyses ADN ont établi que ce sang était secoué
29:14près du même fauteuil.
29:16Du fil électrique a été retrouvé,
29:18identique à celui qui liait les mains de la victime,
29:21ainsi qu'un morceau de scotch usagé.
29:23Des indices qui permettent de déterminer précisément
29:26ce que la jeune femme a subi.
29:28On s'aperçoit qu'en réalité,
29:30elle a sans doute été attachée sur le fauteuil.
29:32Il y a le baillon de la bouche qui a été enlevé à cet endroit-là.
29:36Donc, manifestement, il s'est passé quelque chose à cet endroit-là
29:39avec Audrey, et elle n'a pas été touchée.
29:42Il s'est passé quelque chose à cet endroit-là avec Audrey.
29:45Grâce à ces indices récoltés sur la scène de crime
29:48et à l'analyse comportementale du tueur,
29:51les gendarmes ont désormais toutes les pièces du puzzle macabre
29:55pour reconstituer le déroulé des faits.
29:58Donc, on se dit que l'intéressé a pu pénétrer
30:02à l'intérieur de l'habitation
30:04au moment où Chantal sortait son chien,
30:06qu'elle sortait tous les soirs,
30:08qu'elle laissait la porte ouverte.
30:11Quand Chantal D'Amato rentre dans la maison, il est 22h,
30:14elle passe un dernier appel téléphonique.
30:17Puis, le meurtrier surgit.
30:20Il la frappe, la ligote sur son lit et patiente,
30:24en attendant l'arrivée d'Audrey, 45 minutes plus tard.
30:27Lorsqu'Audrey arrive,
30:29elle prend soin, comme on l'accoutumait,
30:32de fermer la porte à double tour
30:34et de laisser les clés sur la porte,
30:36puisqu'on retrouve tous les trousseaux de chacune,
30:39plus les clés sur la porte.
30:40Là, il la surprend.
30:42C'est là qu'il lui assène un violent coup de poing,
30:45la neutralise et la met dans le fauteuil
30:48du bureau bibliothèque.
30:50Là, il l'attache.
30:52Il manque de ruban adhésif,
30:54parce qu'il en a beaucoup utilisé sur la mer.
30:56Et il a racheté fil du téléphone pour continuer à la ligoter.
31:00Manifestement, il veut discuter avec,
31:02il lui retire le baillon de la bouche,
31:05mais non celui des yeux.
31:07Le calvaire de la jeune femme va alors durer une trentaine de minutes.
31:11Sans doute que l'auteur a joué avec elle,
31:14puisqu'en réalité, il lui a entaillé le visage
31:16à de très nombreux endroits.
31:18C'est pas fait pour blesser,
31:20c'est juste fait pour abîmer le visage.
31:22Je pense qu'il y avait une notion de volonté
31:25d'abîmer la beauté de cette jeune femme.
31:27Après avoir reçu 23 coups de couteau au visage,
31:31à la gorge et sur le thorax,
31:33la jeune femme est transportée sur le lit de sa chambre,
31:36où elle se retrouvera à la mort.
31:38Sa mère est ensuite égorgée dans la chambre voisine.
31:41Avant de s'enfuir par la baie vitrée du salon,
31:44l'assassin met le feu à la maison,
31:46en espérant effacer toute trace de son double meurtre abominable.
31:55Quand les proches de Chantal et Audrey Damato
31:57apprennent ce terrible scénario, leur douleur est insupportable.
32:01C'est épouvantable.
32:03Oui, parce que moi-même, je me suis fait un scénario.
32:06Et dès que j'y pense, hop, vite, je fuis.
32:10J'essaie de ne pas y penser.
32:12Je sais que ça a été terrible pour Audrey.
32:17Et pour Chantal, j'ose espérer que Chantal n'ait rien entendu.
32:21Et qu'il avait assommé et qu'elle n'ait rien pu voir.
32:27C'est impossible de dire si elle a entendu sa fille souffrir,
32:30mais je préfère penser que ça n'est pas le cas.
32:42Pendant près d'un an,
32:44malgré les indices retrouvés sur la scène de crime
32:46et toutes les expertises effectuées, l'enquête n'avance pas.
32:50Jusqu'au 4 février 2004.
32:53Ce jour-là, la brigade de recherche d'Aix-en-Provence
32:56reçoit un appel de la gendarmerie de Pertuis,
32:59une commune située à une vingtaine de kilomètres.
33:02Un homme, un certain Poncey Godissart, 47 ans,
33:06vient d'être arrêté pour une tentative de viol
33:09avec menace de mort sur son ex-belle-soeur.
33:12Intrigué par le mode opératoire de cette agression,
33:16les gendarmes de Pertuis préviennent leurs collègues d'Aix-en-Provence.
33:19Il force le passage pour rentrer dans son domicile.
33:23Pour ça, il a coupé l'électricité.
33:26Sa future victime, qui ne s'attend pas à ça,
33:29va simplement sur le palier pour remettre l'électricité.
33:32Et là, elle se retrouve face à quelqu'un qui est cagoulé,
33:36qui a des gants, qui la précipite dans son appartement.
33:39Il n'a pas eu besoin de la baïonner. Elle était complètement bloquée.
33:43C'est à ce moment-là que lui a commencé à manifester
33:46des violences physiques à son endroit,
33:48au niveau des bras et au niveau de la tête.
33:51L'effet commis par Godissart
33:54ressemble étrangement à ceux commis à Merargues.
33:58Il lui dit qu'il va mourir, mais avant, il va s'amuser.
34:01Il l'agresse de manière sauvage.
34:03Dans la commission des faits, on sent cette agressivité extraordinaire.
34:08Heureusement, les gendarmes sont intervenus à temps,
34:11après avoir été prévenus par une voisine,
34:14alertée par les cris de la victime.
34:16Cette dernière précise que son agresseur était armé d'un couteau
34:20et cagoulé, mais elle l'avait tout de suite identifiée.
34:24Le regard et l'intonation de voix,
34:26c'est par rapport à ça qu'elle l'a reconnue dès le départ.
34:30C'est ce qui a amplifié son sentiment de froid et d'incompréhension.
34:34C'était qu'un proche à elle qui était là en train de commettre l'irréparable.
34:39Pensée Godissart est incarcérée.
34:42En se penchant sur son profil,
34:44la brigade de recherche d'Aix-en-Provence
34:46fait soudain une découverte capitale.
34:48En faisant les recoursements, on s'aperçoit qu'en réalité,
34:51c'est un chauffeur de bus qui travaillait avec Audrey Lamâteau.
34:57Et là, on va s'intéresser à cette personne.
35:02Pourtant, comme tous les autres chauffeurs de la société,
35:06pensée Godissart avait fait l'objet d'un prélèvement génétique
35:09dès le début de l'enquête.
35:11Et la comparaison avec l'ADN retrouvée sur la scène de crime
35:14s'était révélée négative.
35:22Au moment du double meurtre,
35:24pensée Godissart vit depuis près d'un an à Aix-en-Provence
35:29et travaille dans la même société de transport qu'Audrey Lamâteau.
35:34Pensée Godissart est courtois, qui fait son travail correctement.
35:38C'est quelqu'un qui donne satisfaction à son employeur.
35:41C'est quelqu'un d'irréprochable.
35:44Il est toujours très ponctuel, très précis,
35:47soigné.
35:49Sur lui, il présente très bien, il a même les mains manucurées.
35:53Tout le monde dit qu'il est super sympa,
35:55sauf que personne ne sait où il habite,
35:58dans quelles conditions il vit. Il n'invite jamais personne.
36:01Il ne côtoie absolument personne,
36:03si ce n'est sur le lieu du travail.
36:06Le profil qui se dessine
36:08attire immédiatement l'attention des gendarmes.
36:10On se rend compte qu'il a un peu la façon de fonctionner,
36:15comme nous le disait le rapport des analystes comportementaux.
36:20C'est un solitaire.
36:22Il est séparé de son épouse.
36:24Il a un fils qu'il voit occasionnellement,
36:27mais personne ne sait rien de lui, y compris même son employeur.
36:31Mais en examinant le passé judiciaire de Pensée Godissart,
36:36les enquêteurs découvrent que derrière l'homme,
36:38apparemment discret...
36:40On s'aperçoit que dans son casier, il a une condamnation pour viol.
36:43Il a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle
36:46pour des faits graves.
36:47Et quand on regarde ce dossier,
36:50on s'aperçoit que, en réalité, pendant des années,
36:54il a suivi une femme, qu'il l'a épiée,
36:56jusqu'à pénétrer dans son domicile,
36:58alors qu'elle se retrouve seule avec son enfant.
37:01Et il a commis un viol sur sa personne.
37:04Et la liste de ses forfaits ne s'arrête pas là.
37:07On se rend compte que sur son parcours,
37:10il a fait de nombreuses victimes.
37:13Donc, il a commencé à l'âge de 17 ans.
37:16Il était encore mineur
37:18pour agresser une femme seule à Marseille.
37:20Trois ans après, en 1976,
37:23il agresse de nouveau une autre personne
37:27de la même façon, avec un couteau.
37:28Ce qui est effrayant, c'est qu'il y a une réitération de l'acte.
37:32Il y en a six ou sept des faits quasiment identiques
37:36avec le même mode opératoire.
37:39C'est quand même assez terrifiant.
37:42Dans tous ses passages à l'acte,
37:44l'homme semble suivre un scénario bien rodé,
37:46avec des comportements récurrents.
37:48On s'aperçoit que très tôt, il s'est mis à porter des gants,
37:52à porter une combinaison,
37:54à porter une cagoule,
37:56donc à dissimuler son visage
37:59et à transporter un couteau avec lui.
38:01Donc, on a un mode opératoire
38:03qui vraiment fait penser à quelqu'un qui est un agresseur d'habitude.
38:06...
38:10Le 12 février 2004, soit près de 11 mois après le drame,
38:14Poncey Godissar est transféré à la brigade de recherche d'Aix-en-Provence,
38:18où il est placé en garde à vue.
38:21Il est extrait de la maison d'arrêt
38:23et nous allons faire une perquisition à son domicile,
38:26à un studio à Aix, où là, effectivement,
38:29on retrouve une paire de jumelles,
38:31également des rubans adhésifs,
38:34de même nature que ceux utilisés pour méragues,
38:37chose qui se trouve très facilement en mode.
38:40C'est une similitude, ce n'est pas nécessairement une preuve en soi.
38:43On retrouve cagoule, on retrouve des éléments comme ça,
38:47mais dont on savait qu'ils existaient dans la vie de Poncey Godissar.
38:51Aucun élément matériel particulièrement déterminant.
38:54Les enquêteurs commencent par interroger l'homme
38:57sur la récente agression de son ex-belle-sœur, apertue.
39:01En fait, c'est une lettre reçue à son travail
39:04qui aurait déclenché son explosion de colère.
39:07Il voulait venir humilier son ex-belle-sœur
39:09parce qu'il avait été contrarié suite à un courrier
39:12qui était arrivé à la société où il travaille
39:16indiquant un arrêt saisi sur salaire de 22 400 euros.
39:21Cette somme était réclamée par le Fonds de garantie des victimes
39:26et concernait l'affaire pour laquelle il avait pris 10 ans de réclusion
39:29par la cour d'assises de l'ex.
39:31Cette explication intéresse beaucoup les enquêteurs
39:35car en dressant le profil psychologique du tueur de Merargues,
39:39la profileuse de l'IRCGN avait justement déterminé
39:43que les blessures d'Audrey Damato étaient l'acte d'un homme
39:46qui se sentait humilié.
39:48Poncey Godissar est alors interrogé sur ses rapports
39:52avec Audrey et Chantal Damato.
39:54Audrey, pour lui, c'est quelqu'un qui a eu son boulot,
39:57qui est secrétaire et qui n'a absolument aucune relation avec elle.
40:02Il reconnaît que c'est une très belle fille,
40:04que s'il était plus jeune, il aimerait bien sortir avec,
40:08mais ça sera de là.
40:09Pour le reste, il lui dit qu'il connaît Chantal,
40:12ne jamais s'être rendu à Merargues.
40:15Concernant son emploi du temps le soir du double meurtre,
40:18soit un an auparavant,
40:20l'homme fait preuve d'une mémoire surprenante.
40:23Il explique que dimanche soir, après son boulot,
40:26puisqu'il a travaillé le dimanche toute la journée,
40:28il arrive chez lui vers 9h45,
40:30il regarde le film du soir sur TF1,
40:36il nous donne même le nom avec les acteurs.
40:38Lui, ce qu'il explique, c'est que, alors qu'on est un an après les faits,
40:42en réalité, s'il se souvient de ce qui s'est passé cette soirée-là
40:46et ce week-end-là,
40:47c'est tout simplement parce qu'il savait
40:49que les enquêteurs allaient venir le voir
40:52et que quand il a appris la mort d'Audrey Damato,
40:56il s'est dit,
40:57il faut que je sois prêt pour répondre aux questions des enquêteurs.
41:01-"Pensez Godissar", précise ensuite que le lendemain des faits,
41:06il était en congé.
41:07Il se souvient avoir appelé son employeur
41:10pour connaître son planning à venir.
41:12La communication n'a duré que quelques secondes,
41:14sans que la mort d'Audrey Damato ne soit évoquée.
41:17Il soutient qu'il a téléphoné à son entreprise et personne,
41:24alors que tout le monde savait qu'Audrey avait été tuée.
41:27À ce moment-là, ne lui en aurait parlé.
41:33Mais ce sont surtout ses explications
41:35sur la présence du scotch à son domicile,
41:38similaire à celui qui a servi à baïonner et ligoter les victimes de Merargues,
41:42qui paraissent peu crédibles.
41:45Il dit qu'il a trouvé ça à l'occasion d'une tournée avec son bus
41:49dans un sceau en bordure de route.
41:51Donc, une explication pas du tout convaincante.
41:54La manière dont il l'a trouvée est invraisemblable.
41:57Je veux bien tout entendre, mais enfin...
42:00Il y a quand même des explications plus cohérentes à donner.
42:04Là, il devient le suspect numéro un, mais son ADN ne matche pas.
42:08On n'a aucune preuve matérielle, ni aveu.
42:13Musique angoissante
42:16...
42:21Convaincu que Poncet-Godissar n'a pas dit toute la vérité,
42:24les enquêteurs vérifient une par une ses déclarations,
42:28à commencer par son alibi le soir des fées,
42:30le dimanche 30 mars 2003.
42:34On s'attache donc à la téléphonie de Godissar,
42:37et là, apparaissent quand même des éléments troublants.
42:40D'après ses dires, il est arrivé le dimanche soir chez lui,
42:46n'a plus quitté son domicile jusqu'au mardi matin suivant,
42:50et on se rend compte que le lundi,
42:52il a interrogé trois fois son téléphone fixe,
42:57et également trois fois son téléphone professionnel.
43:00Mais alors, pourquoi interroger autant la messagerie de son domicile
43:05le lundi matin, alors qu'il prétend être resté chez lui toute la nuit ?
43:09Autre détail troublant, l'homme a affirmé que le lendemain des fées,
43:13lorsqu'il a brièvement appelé son employeur pour connaître son planning,
43:17on ne l'a pas mise au courant du meurtre de sa collègue.
43:21Pourtant...
43:22On détermine que la durée de la communication est de 87 secondes.
43:27Simplement pour connaître le planning du lendemain,
43:30c'est manifestement beaucoup.
43:31Alors, interrogeant la personne qui l'a appelée,
43:38celle-ci nous a dit...
43:40C'est absolument inenvisageable que je ne lui ai pas dit
43:42qu'Audrey a été assassinée.
43:43Tout le bureau était anémoi, c'était vraiment la coesternation partout.
43:47On ne parlait que de ça.
43:50Les gendarmes se rendent alors sur le lieu de travail de Pensée Godissart,
43:54et en consultant son dossier professionnel,
43:57ils découvrent une lettre identique à celle qui a déclenché sa colère
44:01contre son ex-belle-sœur.
44:03Une demande de saisie sur salaire
44:05faisant état de sa condamnation pour viol en 1995.
44:09Les enquêteurs s'aperçoivent que c'est Audrey Damato
44:12qui a traité ce courrier, six jours seulement avant le drame.
44:15Au dos de ce document, il est mentionné
44:17« Audrey, faire le nécessaire ».
44:19Sur l'ordinateur, lorsqu'on recherche dans les archives,
44:22on retrouve effectivement le courrier établi par Audrey
44:28le 24 mars,
44:31où, effectivement, elle fait la réponse au fonds de garantie.
44:37Les gendarmes font une autre découverte troublante
44:40sur cette journée du 24 mars.
44:43Une amie intime d'Audrey nous confie, à l'occasion d'une audition,
44:47qu'Audrey lui avait fait part d'un souci
44:51qu'elle avait rencontré avec un chauffeur de bus
44:56les quelques jours avant que ne se produise l'effet de Merargue.
45:01Malheureusement, elle lui avait dit « Je t'en parlerai mieux ».
45:04Et puis, elle n'a pas eu l'opportunité, malheureusement,
45:08de lui expliquer la nature de ces faits-là.
45:12En comprenant qu'Audrey Damato a eu connaissance
45:15de cette lettre révélatrice du passé criminel de Poncey Godissar,
45:19les enquêteurs ont la conviction qu'ils tiennent enfin un mobile.
45:23À mon sens, ce que l'on peut retrouver pour l'affaire d'Audrey Damato,
45:27c'est qu'en réalité,
45:30il va se sentir humilié parce qu'Audrey a ce courrier dans les mains,
45:35ce courrier qui fait la mention du dossier de viol
45:38pour lequel il a été condamné,
45:39et lui, lui pense qu'Audrey a compris.
45:42Pour nous, il est rattrapé par la peur qu'Audrey ne dévoile son passé
45:47puisqu'elle était nécessairement au courant, elle avait dû lui poser les questions.
45:50Il s'est dit « Elle sait tout de moi, donc je suis rattrapé par mon passé ».
45:54Et ça, elle ne le supportait pas.
46:01Fort de ces derniers éléments,
46:03les gendarmes placent à nouveau Poncey Godissar en garde à vue,
46:06le 30 mars 2004.
46:08L'objectif, clairement, c'est d'obtenir des aveux
46:12parce que les éléments matériels seront assez faibles.
46:15Dans un premier temps, les enquêteurs le confrontent
46:18au résultat de l'expertise en téléphonie,
46:21mais l'homme se montre évasif.
46:23Il ne donne aucune explication, il ne cherche même pas à expliquer,
46:26à essayer de se dépatouiller.
46:30Il dit « Il reste imperturbable, oui, non, il sait peut-être que je suis sorti ».
46:34Alors qu'il avait maintenu qu'il n'avait absolument pas quitté le domicile.
46:38C'était facile à se souvenir pour lui
46:40puisqu'il se rappelait bien du programme de la télévision.
46:43Donc il savait très bien ce qu'il avait fait ce jour-là.
46:46Les gendarmes sortent alors leur carte maîtresse,
46:49le courrier du fonds de garantie des victimes
46:52qu'Audrey Damato a eu entre les mains 6 jours avant son assassinat.
46:56Là, il s'avère que Godissar nie tout en vogue.
47:01Il nie avoir eu connaissance de ce document-là
47:05et ensuite, il nie avoir eu un entretien avec Audrey.
47:10Or, le directeur, entendu,
47:13dit « Oui, il est bienvenu,
47:17je l'ai convoqué personnellement,
47:20il m'a dit que c'était une histoire de divorce ».
47:23Le fait même qu'il nie farouchement est un élément
47:26qui, bien entendu, devient pratiquement une charge contre lui.
47:32Confronté aux déclarations de son patron,
47:34le suspect finit par reconnaître
47:36qu'il a eu cet entretien en présence d'Audrey.
47:39Mais il nie en avoir reparlé seul à seul avec la jeune femme.
47:45Malgré ces dénégations,
47:46les gendarmes restent convaincus que Ponce et Godissar leur ment.
47:50Sans relâche, ils poursuivent l'interrogatoire
47:53jusque tard dans la nuit.
47:55Quand il était dans la difficulté, il clignait des yeux,
47:58il avait vraiment d'éthique très particulière,
48:01mais il ne cède pas.
48:03Il n'aura qu'un léger moment de faiblesse
48:06vers les 2h du matin
48:08où, à la question posée, il répond « Je ne me sens pas coupable ».
48:14Pour les enquêteurs comme pour la famille des victimes,
48:17ces mots sonnent comme un aveu.
48:19C'est une phrase lourde de sens.
48:21Je ne suis pas coupable, d'accord, mais je ne me sens pas coupable.
48:25Comme leur dire « J'ai fait ça, mais c'était pas moi »
48:28ou « Je ne peux pas faire autrement ».
48:30C'est plutôt ce genre d'impression qu'il me donne
48:33quand il dit cette phrase-là.
48:35A l'issue de la guerre d'Avu,
48:37le juge d'instruction ordonne la mise en examen de Ponce et Godissar
48:41pour assassinat et acte de torture et de barbarie
48:44à l'encontre de Chantal Damato et de sa fille Audrey.
48:54Le 1er juillet 2008, soit 5 ans après les faits,
48:57Ponce et Godissar comparaient devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.
49:01L'accusation ne dispose d'aucune preuve matérielle de sa culpabilité,
49:05mais l'homme fait preuve d'une attitude qui pourrait bien jouer contre lui.
49:10Il était ergoteur.
49:13Il était agressif.
49:17Il était extrêmement déplaisant dans sa manière de répondre.
49:22A chaque fois qu'il ouvre la bouche, il prend deux années de plus.
49:26Au terme du procès, Ponce et Godissar
49:29sont condamnés à 30 ans de réclusion criminelle,
49:32assorti d'une période de 20 ans de sûreté.
49:35L'homme fait immédiatement appel.
49:37Mais un an et demi plus tard,
49:39à seulement 3 semaines du procès en appel, coup de théâtre,
49:42l'ADN masculin retrouvé sur la scène de crime est identifié.
49:46Et il n'appartient pas à Ponce et Godissar,
49:49mais à un certain Philippe L.
49:51Les enquêteurs se tournent aussitôt vers ce nouveau suspect.
49:55C'est quelqu'un qui vit dans le nord de la France,
49:58à l'extrême nord, alors que les faits se sont déroulés à l'extrême sud.
50:02On a fait des investigations sur sa téléphonie,
50:05on a retrouvé ses relevés de carte bleue, on a interrogé son entourage.
50:08C'est quelqu'un qui, manifestement,
50:10n'a même jamais quitté son département.
50:13Il était exclu que cette personne ait pu se retrouver
50:17à l'endroit où son ADN, a priori, le plaçait.
50:21Mais alors, comment l'ADN de cet homme
50:24a-t-il pu se retrouver sur la scène de crime de Merargues ?
50:28Une enquête est ordonnée auprès du laboratoire,
50:31qui a analysé les scellés.
50:34Et c'est là qu'on se rend compte
50:36qu'absolument dans le même temps était traitée une affaire
50:40pour laquelle avait été impliqué le gars du nord
50:43et celle de Merargues.
50:45Et donc, on a été obligés de reconnaître
50:49qu'on avait été face à une pollution.
50:52C'est donc une erreur humaine
50:54qui serait à l'origine de cette pollution des scellés.
50:57Il faut bien admettre qu'il y a eu très probablement une contamination.
51:02Les opérations que nous menons dans nos laboratoires
51:05sont relativement complexes avec beaucoup d'éléments
51:08et des éléments qui ne sont pas à usage unique,
51:12qui sont décontaminés chaque fois qu'ils sont utilisés.
51:16Et on pense que c'est par un de ces éléments
51:19qui n'est pas un élément à usage unique
51:22et qui a peut-être été mal décontaminé
51:25que la contamination a pu se faire.
51:27Les indices de la scène de crime de Merargues
51:30sont donc réanalysés.
51:32Et cette fois, aucune trace génétique n'y est retrouvée.
51:35Depuis le début, on pensait qu'il y avait un ADN déterminant
51:39qui nous permettait de connaître l'auteur des faits.
51:42Et on s'aperçoit qu'en réalité,
51:44il n'y a jamais eu d'ADN dans ce dossier.
51:50En réalité, cette absence d'ADN n'a rien de surprenant
51:53si on se souvient du mode opératoire de pensée Godissar.
51:58En effet, lors de ses précédents passages à l'acte,
52:01l'homme portait toujours une cagoule et des gants,
52:04ne laissant ainsi aucune trace derrière lui.
52:09Trois ans après le procès en première instance,
52:12pensée Godissar est à nouveau jugée devant la cour d'assises du Var.
52:16La famille des deux victimes n'a qu'un espoir,
52:19que l'assassin avoue enfin.
52:21C'est vrai que nous attendons les aveux.
52:24Les aveux nous manquent quelque part.
52:26Mais étant convaincu,
52:28au niveau de sa culpabilité,
52:30de tout ce qui soit hors d'état de nuire,
52:33c'est le principal.
52:35La vérité, pensée Godissar ne l'a pas donnée,
52:38mais nous l'avons découverte,
52:40nous l'avons démontrée,
52:42et je crois que c'était le plus important pour les parties civiles,
52:46et ça, au moins, elles l'ont obtenue.
52:48...
52:53Pour la famille et pour les amis intimes,
52:56la paix ne sera jamais assez longue
52:58pour ceux qu'elles ont subis toutes les deux.
53:01J'ai la haine, oui, effectivement.
53:03Je ne pardonnerai jamais.
53:05Jamais, je ne pardonnerai jamais.
53:07Les meurtres de Chantal Damato et de sa fille Audrey
53:11ont bien sûr marqué à jamais leur entourage.
53:14Mais ils resteront aussi gravés
53:16dans les mémoires des gendarmes chargés de l'enquête,
53:19en raison de leur caractère particulièrement barbare.
53:22C'est des dossiers qui sont particulièrement éprouvants,
53:26et puis, en permanence, on y pense jour et nuit,
53:29même en congé, même parce que, bon,
53:32quand on se rend sur ce type d'événement
53:36et qu'on voit ce qu'on a pu voir de nos propres yeux,
53:40ces personnes, là, brûlées, égorgées,
53:44je veux dire, ça laisse pas indifférent.
53:47C'est vrai que comprendre
53:49qu'un être humain puisse agir de la sorte,
53:52ça paraît impossible,
53:54surtout quand on voit le mobile qui se dégage pour rien.
53:59Elles sont vraiment... Elles ont souffert.
54:02Elles ont été tuées dans des circonstances atroces
54:06sans qu'elles soient pour rien.
54:08Elles demandaient rien à personne.
54:10C'était deux filles qui vivaient tout à fait ordinairement
54:13et qui goûtaient pleinement à la vie.
54:15La brigade de recherche d'Aix-en-Provence a été exemplaire.
54:18Ils nous tenaient au courant, ils prenaient nos nouvelles.
54:21Ils nous ont dit un jour,
54:22vous, vous avez la peine du frère et de l'oncle,
54:24nous, on a les images.
54:26Et ils nous avaient assuré qu'ils lâcheraient jamais l'affaire.
54:30C'est ce qu'ils ont fait.

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