LÉGISLATIVES - Yannick Jadot est l'invité de RTL Bonsoir
Il a fait partie des négociateurs qui ont œuvré à la création du Nouveau Front Populaire : à 10 jours du 1er tour des élections législatives anticipées, Yannick Jadot, sénateur écologiste de Paris, répondait aux questions de Julien Sellier, Isabelle Choquet et Cyprien Cini.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 20 juin 2024.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 20 juin 2024.
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00:00RTL bonsoir, Julien Célier, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
00:04Allez RTL bonsoir, J-10 avant les élections législatives, voici notre premier invité,
00:09il a fait partie des négociateurs pour créer le nouveau Front Populaire, c'est le sénateur écologiste Yannick Jadot, bonsoir.
00:15Bonsoir.
00:16Alors d'abord un mot de notre tout nouveau sondage Harris Interactive pour RTL,
00:20il prévoit 26% des voix pour la gauche unie, 4 points de plus en une semaine entre 135 et 165 sièges, vous notez une dynamique ?
00:29Plus 4 points c'est une dynamique et c'est normal parce que je pense que les françaises et les français commencent à réaliser quel est l'enjeu de cette élection,
00:38on n'est pas simplement pour savoir quelle mesure va être plus efficace sur tel secteur et tout ça, on est face à un choix de civilisation,
00:46ce qui se joue c'est l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir, c'est-à-dire un gouvernement, un état qui va trier les français selon leurs couleurs,
00:55selon leurs origines, selon leurs religions, c'est la préférence nationale organisée comme politique publique, on n'a pas vu ça depuis Vichy.
01:04Il y a un moment donné, il va falloir que chacune, chacun, on se regarde, on se projette dans l'histoire avec un grand H et on se dit c'est quoi ma responsabilité ?
01:16Ok, j'aime pas un tel, j'aime pas une telle, mais est-ce que la France depuis deux siècles et demi au niveau international, le pays des droits humains,
01:24va tomber dans les mains de l'extrême droite, ce qu'on n'avait pas vu depuis Vichy ?
01:27Vous parlez d'accession au pouvoir, dans la fourchette haute de projection en siège de notre sondage qui est sorti vraiment il y a 20 minutes, Aris Toulouna,
01:35RN et Alliés obtiendraient jusqu'à 282 sièges, la majorité absolue est à 289, c'est tout proche.
01:44Oui, écoutez, reconnaissez que cette dissolution qui s'est faite dans les conditions funestes d'immaturité, de désinvolture que vous connaissez,
01:56bouscule tout le monde. Je veux dire, en quelques jours, vous l'avez dit, on a réussi à avoir un projet qui est un beau projet d'émancipation pour notre pays,
02:06qui est un projet qui, à la fois, allège les contraintes de pouvoir d'achat par les revenus en facilitant la rentrée, qui est un projet qui va réparer nos services publics,
02:17l'école, l'hôpital, la police, la justice, et c'est un projet qui va réinvestir sur notre économie, notamment à travers la transition écologique.
02:26C'est un projet keynésien, c'est ce qu'a fait Biden, c'est ce qu'a fait le bloc de gauche en Espagne, plus de croissance en Espagne, moins de déficit,
02:35c'est ce qu'a fait le bloc de gauche au Portugal, plus de croissance au Portugal, ils sont en excédent budgétaire. Donc c'est un projet de réparation, de réconciliation de notre pays,
02:45un projet d'émancipation, et que d'ailleurs, j'entends le Président de la République mettre un signe égal entre le projet xénophobe de l'extrême droite et un projet d'émancipation
02:58soutenu par Esther Duflo, prix Nobel d'économie, Lionel Jospin et tant d'autres, je trouve vraiment qu'il y a une sorte de dérive absolument dramatique du Président de la République.
03:08Autre actualité Yannick Jadot, aujourd'hui toutes les forces politiques passaient un grand oral devant les patrons, le MEDEF, les PME, les artisans,
03:14chaque camp a pu défendre son programme et expliquer surtout comment le financer.
03:18Et vous étiez attendu parce que vos adversaires dénoncent, vous l'avez dit, un programme très dispendieux, 1981 x 10, dit Bruno Le Maire, le ministre, devant les patrons.
03:26On parle de Bruno Le Maire, le ministre des Finances depuis 7 ans ?
03:29Oui, on parle bien de Bruno Le Maire.
03:31Celui qui a à son compteur 900 milliards de dettes de plus, un déficit historique, soit 50 milliards de baisse des recettes fiscales, je pense que c'est un bon évaluateur effectivement.
03:44Devant les patrons, votre représentant ce matin, l'un de vos représentants, le socialiste Boris Vallaud, a demandé un effort de patriotisme économique aux milliardaires.
03:51Vous comptez les mettre à contribution et comment ces milliardaires ?
03:54On a dans notre pays, si on prend les 500 plus grandes fortunes de notre pays, en 10 ans, elles sont passées de 200 milliards de patrimoine à 1200 milliards de patrimoine.
04:05En 10 ans, les 500 plus grandes fortunes, vous prenez, donc c'est les inégalités extraordinaires de patrimoine, vous prenez les revenus.
04:14Les plus grandes fortunes dans notre pays payent 2% d'impôts ou moins. 2% d'impôts ou moins.
04:21Alors, remettre l'impôt sur les grandes fortunes qui n'a servi, selon les agences de l'État, que les dividendes et la spéculation foncière.
04:30Les mettre à contribution, c'est quand même un peu de justice que les 1200 milliards produisent pour nos services publics 15 milliards d'euros par an de recettes fiscales.
04:42Ça n'est que justice. On a des... Regardez l'état des écoles, de l'hôpital, de nos commissariats, de nos tribunaux.
04:49Franchement, est-ce qu'à un moment donné, on a la décence de dire que même les milliardaires largement servis par les 7 années de Macron peuvent contribuer à la réconciliation nationale ?
05:04Franchement, oui, c'est du patriotisme.
05:05En tout cas, votre programme interpelle. Écoutez, ce matin, Michel Picon, c'est le président de l'UDEP qui représente les TPE et les PME, il réagit à votre souhait d'un SMIC à 1600 euros.
05:1484% des entreprises qui aujourd'hui déposent leur bilan sont des entreprises de moins de 10 salariés. 17% des salariés sont au SMIC, ça va en passer 35%.
05:26Eh bien, l'impact financier ne sera pas supporté, l'entreprise va fermer et les gens n'auront pas un SMIC augmenté, ils auront perdu simplement leur emploi.
05:34Alors, visiblement, les petits patrons, ils ont un peu peur de votre programme économique.
05:37Et pourtant, regardez les petits patrons, on parlait des secteurs, par exemple là, du bâtiment. Le secteur du bâtiment, il est en train de perdre 200 000 à 300 000 emplois du fait de la non-politique d'Emmanuel Macron.
05:51Nous, nous voulons relancer la construction de logements sociaux, nous voulons lutter contre la spéculation foncière pour que toutes les Françaises et les Français puissent accéder à un logement décent.
06:02Et quand nous, c'est une augmentation de 14%. Pour des Françaises et des Français, vous le savez, quand vous êtes à 1400 euros net aujourd'hui, eh bien quand vous avez 2-300 euros de carburant, que vous avez la facture alimentaire, vous n'arrivez plus à vivre.
06:16Alors oui, on va augmenter de 14% le SMIC. En Espagne, ils ont augmenté de 50% et ils ont 3% de croissance.
06:23Mais pour les TPE, notre engagement, c'est de compenser. Pour les TPE et pour les entreprises petites et moyennes, nous allons compenser l'augmentation du SMIC pour qu'elle soit assumable pour l'ensemble de l'économie.
06:38Et tout ça, ça a un coût compensé, comme la hausse des salaires dans la fonction publique, le recrutement dans la fonction publique, la retraite à 60 ans. Comment vous financez tout ça ?
06:46J'entends bien que vous voulez rétablir l'ISF et taxer les plus riches.
06:48J'abroge la réforme Macron sur les retraites. Les 60 ans, c'est un horizon sur lequel...
06:56Les 62 ans, ça coûte cher aussi.
06:57Oui, on va revenir. Mais si vous voulez, quand je dis l'impôt sur les grandes fortunes, j'ai précisé à quel point les plus riches s'étaient enrichis.
07:06Ça va être 15 milliards, 20 milliards selon les différentes estimations. 90% des Français, avec nos réformes, vont payer moins d'impôts.
07:1490% des Français vont payer moins d'impôts. Et c'est les très très riches qui vont de nouveau contribuer à la solidarité nationale.
07:24Nous allons effectivement faire un impôt sur le patrimoine. Quand vous avez des patrimoines aussi extravagants...
07:31Ça, c'est inquiétant. C'est un français. C'est quoi, extravagant ?
07:37Par exemple, l'impôt de solidarité sur la fortune, donc l'ISF qu'on va remettre, c'est à partir de 5 millions.
07:45C'est quoi, un patrimoine extravagant ?
07:46Attendez, vous me posez des questions. 0,5% à partir de 5 millions de fortune. Ce sera 3% à partir du milliard.
07:55Franchement, ils ne vont pas aller à la soupe populaire. On a quand même 8 millions de Français qui vont acheter des colis alimentaires.
08:03Il y a 5 ans, c'était 5 millions. Notre pays s'est appauvri. Les classes moyennes et les classes populaires sont en difficulté.
08:11Est-ce qu'à un moment donné, on peut être dans une société où on regarde qui peut faire en sorte qu'on se réconcilie, qu'on la répare, notre société ?
08:19Qu'on attaque les grands enjeux du défi climatique, de la biodiversité, qu'on accompagne les agriculteurs ?
08:26Justement, parlons-en Yannick Jadot, vous êtes écologiste, ça ne vous a pas échappé. Elle a disparu de la campagne.
08:31J'entends le président Macron nous qualifier d'extrême-gauche parce qu'on veut taxer un peu les milliardaires. Mais on est où, en fait ?
08:38Pardonnez-moi, votre question.
08:40Vous voyez bien qu'effectivement, la question climatique a disparu dans cette campagne express.
08:45Et ça, alors que le Haut conseil pour le climat a dit aujourd'hui qu'il faut un changement d'échelle dans ce pays.
08:50C'est un sujet qui est absent des professions de foi des candidats RN. C'est quelque chose qui vous intéresse ?
08:55Ils sont dans le déni. Donc si vous voulez, pour eux, le dérèglement climatique, ça n'existe pas.
08:58Mais la question est absente de la campagne en général.
09:00Oui, mais enfin, ça, c'est pas la première campagne dont la question du climat est absente. Ça ne vous aura pas échappé.
09:05Je pense que c'est un problème majeur. Le plus grand défi qu'on ait devant nous, c'est la question du climat.
09:11Mais pour réussir, qu'est-ce qu'on fait, nous ? On va investir massivement, je l'ai dit, à la fois sur la construction, notamment de logements sociaux,
09:19et sur la rénovation thermique des logements. Secteur qui est en effondrement du point de vue de nos artisans.
09:27C'est quoi ? C'est avoir moins chaud l'été, avoir moins froid l'hiver.
09:31Ce sont des millions de personnes qui auront un pouvoir d'achat renforcé parce que nous aurons investi.
09:37On va investir massivement sur le déploiement des énergies renouvelables et en mettant en place des filières industrielles d'énergies renouvelables.
09:46Ce gouvernement actuel d'Emmanuel Macron a abandonné nos dernières entreprises de photovoltaïques alors que c'est l'énergie renouvelable dont tout le monde veut.
09:54Donc vous voyez, on va à la fois combattre le dérèglement climatique, mais on va se donner les moyens que ça crée de l'emploi,
10:02que ça réaménage nos territoires, que ça crée des entreprises et des industries sur tous nos territoires.
10:07Ça, c'est un projet d'émancipation.
10:09Yannick Jadot, votre regard aussi pour terminer sur cette actualité terrible à Courbevoie.
10:14La lutte contre l'antisémitisme revient du coup dans la campagne.
10:19Le RN a accusé hier vos alliés insoumis dans ce front populaire de stigmatiser les juifs.
10:23Un nouveau rassemblement contre l'antisémitisme à l'appel des SOS Racisme et de la Fondation des Femmes est organisé demain.
10:28Est-ce que vous vous y rendrez ? Est-ce qu'il est important que la gauche y soit ? Est-ce qu'il est important que des insoumis y soient ?
10:33C'est maintenant à 18h30 pour ce qui concerne les Parisiens.
10:37Et donc, c'est abominable. C'est absolument abominable.
10:43Franchement, que le RN, dont le parti a été fondé par des Waffen-SS et des collabos de l'époque de Vichy,
10:50donnent des leçons alors qu'ils ont investi des candidats qui s'amusent à faire des blagues sur le gaz et la Shoah.
10:55Franchement, moi j'ai négocié le programme, vous l'avez dit, et j'ai particulièrement négocié ce programme sur l'antisémitisme.
11:02Et toutes les formes de racisme. Il n'y a pas d'ambiguïté.
11:06Il n'y a aucune ambiguïté chez les insoumis.
11:08Nous voulons même mettre en place un grand plan interministériel de lutte contre l'antisémitisme.
11:14Et évidemment, on n'avait pas prévu cette horreur absolue d'un viol antisémite.
11:19Enfin, on est où, par des gamins ?
11:21Mais on a prévu d'insister énormément sur l'école.
11:26Vous savez quel est le temps de formation de nos jeunes sur la Shoah ?
11:30Deux heures en classe de quatrième.
11:32A peine. En réalité, quand vous parlez avec les profs d'histoire, y compris qu'on vu, c'est moins que ça.
11:37Donc, il faut absolument qu'on arrive à à la fois condamner chaque propos, chaque acte antisémite, raciste ou de haine des musulmans.
11:49A chaque fois, il faut qu'il y ait une condamnation. Il faut qu'il n'y ait pas de tolérance.
11:54Mais il va falloir aussi qu'on réamène notre société.
11:57Vous savez, on parle de l'arrivée de l'extrême droite.
11:59Regardez ce qui s'est passé en Grande-Bretagne avec le Brexit.
12:02C'est l'extrême droite qui gouverne.
12:03Regardez ce qui se passe en Hongrie.
12:05A chaque fois, c'est la parole raciste qui se libère.
12:08C'est la parole antisémite.
12:10Souvenez-vous de l'ami Orban de Marine Le Pen.
12:13Souvenez-vous qu'il faisait des référendums sur Georges Soros en disant que c'est les cosmopolites qui sont en train de pervertir l'esprit de notre jeunesse.
12:21Donc, le combat contre l'antisémitisme, c'est un combat de la République.
12:25C'est le combat de la République et c'est le combat de la gauche.
12:27Il ne peut pas y avoir d'ambiguïté.
12:29Merci beaucoup Yannick Jadot, sénateur écologiste, l'un des négociateurs à l'origine de ce nouveau Front Populaire, de cette union de la gauche.
12:35Merci d'avoir été notre premier invité dans RTL.
12:38Bonsoir, l'émission continue. Dans un instant, RTL INSA tient 10 jours des élections.
12:41Un certain Soprano s'engage.
12:43C'est l'une des personnalités préférées des Français.
12:46Le chanteur n'esquive pas les questions.
12:47A quelques jours des législatives, c'est un document RTL.
12:50Et puis la visoconférence, le programme, Alex ?
12:52Peut-être que je vais chanter.
12:54Oh là là !
12:55Je sais ce que c'est rêver des foules.
12:57Il va encore pleuvoir.
12:58Tout de suite.