• il y a 4 mois
L'invité 8h15 France Bleu Paris

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00:00La réaction tout de suite d'une enseignante parisienne avec nous, Léa de Boisseuil, bonjour.
00:04Bonjour.
00:05Enseignante en primaire, vous êtes aussi co-secrétaire départementale du syndicat FSU, snuyer PP.
00:11C'est encore sur vous que ça retombe.
00:13Les profs, encore une fois, vous demandent de jouer les remparts, il y en a marre ?
00:18C'est pas tellement qu'il y en a marre, c'est que c'est plutôt la façon dont c'est fait,
00:23c'est-à-dire que le Président de la République fait une annonce à la sortie du Conseil des ministres
00:28en décrétant que d'ici la fin de la semaine, il faudra faire une heure sur tel sujet.
00:33La fin de la semaine, je vous apprends pas, c'est demain.
00:35Voilà, les écoles, tous les enseignants et enseignantes sont très occupés en ce moment avec cette fin d'année.
00:42Et puis tout simplement, dans les écoles, on n'a pas attendu que le Président de la République nous le demande
00:48pour travailler tous les jours au quotidien avec les élèves sur ces questions de discrimination,
00:54de violences sexistes et sexuelles, ou de propos, ou de systèmes qui créent du racisme, de l'antisémitisme.
01:03C'est quelque chose qui est porté par l'école de la République au quotidien.
01:08Donc c'est plus dans ce côté précipité. Il y a du buzz là-dedans, selon vous ?
01:14Sans doute, on est en pleine campagne, on est quand même dans un temps politique très particulier.
01:21Et je pense qu'il y a plutôt urgence dans les écoles à créer un climat serein
01:26et à rester concentré sur le travail qu'on fait avec nos élèves depuis toujours
01:31et qu'on continuera à faire, quoi qu'il arrive, longtemps.
01:34Alors, concrètement, ce temps d'échange demandé sur le racisme, sur l'antisémitisme,
01:39est-ce que vous avez une idée de ce que vous allez faire, de ce que vous allez dire aux élèves ?
01:45Vous-même, vous êtes enseignante auprès des élèves de primaire, donc ça va de la maternelle jusqu'au CM2.
01:52Qu'est-ce qu'on leur dit sur ces sujets-là ?
01:55C'est très compliqué, parce que vous vous doutez bien qu'entre un élève de petite section et un élève de CM2,
02:04on n'aborde pas les choses de la même façon, et je ne parle pas du collège et du lycée.
02:08Le faire de façon précipitée, sans support, sans avoir eu le temps de préparer,
02:13on pense que c'est quelque chose qui n'est pas sérieux et qui n'est pas bien, ni pour les élèves, ni pour les enseignants.
02:20Le gouvernement prévoit de vous accompagner ? Prévoit des supports ?
02:23Je ne pense pas, pour l'instant, en tout cas, moi, en tant qu'enseignante,
02:27je n'ai reçu aucune instruction spécifique, et mes instructions de fonctionnaire, je ne les reçois pas par BFMTV.
02:33Donc, tant que je n'ai pas d'instructions et pas de support...
02:37Vous ne le ferez pas ?
02:39Alors, moi, de toute façon, la question ne se pose pas, puisque je ne vais pas voir d'élèves d'ici vendredi,
02:43puisque je n'ai pas de remplacement prévu.
02:45D'ici demain, mais vraiment, tout le monde va pouvoir le faire d'ici demain ?
02:47Très sincèrement, je ne pense pas, je pense que ça va être à la charge de chaque enseignant,
02:56de voir, en fonction de sa classe, ce qui est pertinent.
02:59Et dans des moments comme ça, quand les élèves...
03:01A chaque fois qu'il y a un événement dramatique,
03:05c'est le rôle des enseignants aussi de prendre en charge la parole des élèves,
03:09quand ils le peuvent, parce que des fois, on n'est pas formés pour.
03:12Quand il y a eu des attentats dans les écoles, c'était très compliqué de prendre en charge ça.
03:18Donc, les enseignants le feront avec toute l'expertise qu'ils ont et la connaissance de leurs élèves.
03:23Après, en parler...
03:25Très sincèrement, moi, à titre personnel, je suis remplaçante.
03:28Si je devais être dans une école vendredi, je ne sais pas si je pourrais, comme ça,
03:32en parler avec des élèves que je ne connais pas, sans avoir préparé avant.
03:36C'est très compliqué, quand même.
03:37C'est un sujet sensible, plus sensible, depuis le 7 octobre dernier
03:42et l'attaque du Hamas sur Israël, et ensuite la riposte d'Israël.
03:47C'est toujours un sujet sensible, l'antisémitisme, toutes les agressions racistes,
03:52c'est un sujet extrêmement sensible.
03:54Et c'est des choses, dans les écoles, où on est extrêmement vigilants là-dessus,
03:59extrêmement exigeants.
04:01Il n'y a pas une école ou un enseignant qui laisse des choses passer.
04:07Qui élude le sujet, il n'y a pas d'autocensure.
04:10Non, jamais.
04:11Mais il s'agit aussi de protéger les élèves.
04:13Là, on ne parle pas seulement de ça, on parle aussi d'une agression sexuelle extrêmement violente
04:17qui concerne une enfant très jeune, avec des agresseurs très jeunes.
04:21C'est extrêmement choquant.
04:22Et donc, si nos élèves n'ont pas entendu parler, ce n'est pas à nous de leur en parler.
04:29Et dans les écoles, la question du racisme, de l'antisémitisme,
04:33de toutes les violences et les discriminations qui sont liées à ça,
04:36c'est quelque chose qui fait partie de nos missions au quotidien, en permanence.
04:40Donc, il y a des enseignements qui sont construits là-dessus,
04:43il y a des projets pédagogiques qui sont construits là-dessus, tout le temps.
04:47Y compris sur la question des violences sexistes et sexuelles,
04:50sur la question des discriminations de genre.
04:52Et il se trouve que dans nos programmes, il y a une éducation qui est prévue,
04:58qui s'appelle l'éducation à la vie affective et sexuelle.
05:01Et ça fait partie aussi de nos missions d'enseignants.
05:04Donc, de toute façon, c'est quelque chose qui est pris très au sérieux
05:07et qui fait partie de nos missions.
05:09Mais juste votre regard, vous, d'enseignante, sur cette jeunesse,
05:13parce que vous l'avez dit, là, on est face à une agression extrêmement choquante.
05:16Une enfant de 12 ans violée par d'autres enfants,
05:19qui ont même 12 et 13 ans, sur fond d'antisémitisme.
05:23Est-ce qu'on a franchi un pas dans l'ignominie ?
05:25Et qu'est-ce que ça dit de notre jeunesse aujourd'hui ?
05:28Écoutez, je ne suis pas la mieux placée pour parler de ça.
05:33C'est moi, à titre personnel, oui, c'est extrêmement choquant,
05:38comme l'ensemble de toute cette violence qui concerne des enfants et des adultes.
05:44Et évidemment que les violences envers les enfants
05:48est particulièrement meurtrissante pour l'ensemble de la communauté éducative
05:53et pour l'ensemble des membres de notre société, je pense.
05:56Et c'est très inquiétant.
05:57Et donc, évidemment, tout notre soutien et notre affection à la victime et à sa famille.
06:05Et on continue d'en parler ce matin aussi avec ce temps d'échange
06:09demandé par le Président dans les écoles.
06:12Et plus généralement, on demande aussi aux auditeurs de réagir ce matin
06:15sur le thème de l'éducation de l'école.
06:18Est-ce qu'on en parle assez dans cette campagne des législatives ?
06:21Oui, 0142 30 10 10.
06:23Nathalie est à Auteuil.
06:24C'est intéressant parce que Nathalie, elle est prof.
06:26Bonjour Nathalie.
06:27Bonjour.
06:28Que pensez-vous du sujet abordé ce matin ?
06:31Et vous, comment allez-vous procéder ?
06:33Vous êtes prof avec des élèves de quel âge ?
06:35Alors moi, j'ai des élèves de 46-17 ans.
06:40Donc je les ai au lycée, au lycée professionnel.
06:45Et vous savez comment vous allez procéder pour ce temps d'échange
06:48voulu par Emmanuel Macron ?
06:50Alors, moi ce matin, arrière, parce que les élèves sont en stage.
06:54Mais on reste ouverts, on reste vigilants.
06:57Et on a une référente qui va pouvoir répondre aux questions
07:02si toutefois il y en avait.
07:05Mais une fois de plus, en tant qu'enseignant, on nous demande des choses.
07:08Alors oui, on parle d'éducation nationale.
07:10Mais une fois de plus, on nous demande des choses
07:12qui dépassent notre domaine de compétences.
07:14On est là pour former des élèves.
07:17Alors personnellement, je suis au lycée professionnel,
07:19donc je leur apprends des techniques d'économisation.
07:21Mais on récupère des gamins qui n'ont pas été,
07:25enfin excusez-moi l'extraction pour gamins,
07:27des jeunes qu'on a laissés un petit peu dans la nature
07:32avec les réseaux sociaux, avec tout ça.
07:35Et dès la primaire, je pense qu'il faut faire une éducation.
07:39Il y a des choses qui sont mises en place.
07:41Les profs, on leur demande, ils font.
07:44Mais pour moi, il faut des spécialistes en face.
07:47Des spécialistes de l'enfance.
07:49Des psychologues pour l'enfant, pour savoir parler.
07:53Des télépsies.
07:55Oui, oui, voilà.
07:57Et puis des spécialistes du sujet, pour pouvoir débriefer.
08:01Et que le prof, à la limite, ne soit pas là pour porter le regard.
08:04Nous, on a une éducation sexuelle et à la santé
08:09qui est faite par des intervenants extérieurs,
08:12et c'est très bien.
08:14Ce n'est plus Nathalie, les profs de SVT qui assurent ça ?
08:18Alors, il y a un petit entrefilé.
08:24Mais que ce soit fait, par exemple,
08:27on a une intervention sur le sida.
08:29On a une intervention générale sur les maladies sexuellement transmissibles.
08:33Et c'est bien que ce soit fait par des spécialistes,
08:36et qu'ils savent parler aux enfants, avec les mots,
08:39ou décoder les mots des enfants,
08:41ou décoder l'effet de société aujourd'hui
08:43qui passe par, justement, les réseaux sociaux.
08:46Et s'adapter en fonction de l'âge de l'enfant,
08:48et adapter le discours ?
08:50Il faut en faire des moyens, c'est toujours pareil.
08:52Le prof, il est malléable, il est adaptable.
08:56Il fait trop de choses au final,
08:58même s'il râle, il râle beaucoup en France.
09:00Mais on fait ce qu'on nous demande de faire.
09:02Là, on se trouve face à des...
09:04On n'est pas formés pour ça, en fait.
09:06On n'est pas formés pour ça.
09:08Démunis, c'est ce qu'on entend ce matin.
09:10J'ai beaucoup d'expérience, j'ai 25 ans d'expérience,
09:12donc des jeunes, j'en ai eu.
09:13La société, je la vois changer.
09:15Les jeunes changent.
09:17Pour autant, même si on part en formation,
09:19même si on a des groupes de parole,
09:21on n'est pas formés pour ça.
09:23Merci Nathalie d'avoir décroché le téléphone ce matin,
09:25et on envoie plein de courage, bien sûr,
09:27aux profs qui nous écoutent.
09:28014-230-1010 à Paris, dans le 13e arrondissement.
09:31Sergine, bonjour.
09:33Bonjour.
09:34Vous, vous trouvez que c'est une bonne chose,
09:36c'est bien qu'on en parle dans les écoles ?
09:38Pour moi, c'est bien qu'on en parle dans les écoles,
09:42mais c'est comme l'a dit Nathalie tout à l'heure,
09:44je n'ai pas aux enseignants de le faire.
09:47Excusez-moi, je vais être un peu toute sèche.
09:50Pour moi, on n'attend pas que ces choses-là arrivent,
09:55et parce qu'on a les élections qui arrivent,
09:58il y a tout ce qui arrive, et on vient, on en parle.
10:01L'éducation est en chute libre.
10:04Excusez-moi, l'éducation actuellement est en chute libre.
10:08On n'investit pas assez.
10:09Aujourd'hui, si, on en est arrivé là.
10:12L'éducation, on n'investit pas.
10:14Ils n'investissent presque pas.
10:15Les écoles sont en chute libre, en ruine.
10:18Les enseignants, on en a la tête.
10:20Je suis désolée de le dire.
10:22Aujourd'hui, avec ce qui se passe là,
10:24les enfants, il n'y a rien à la télé.
10:26Les télé-réalités apprennent quoi aux enfants à la télé ?
10:29Rien du tout.
10:30Rien du tout.
10:31Je suis désolée.
10:33On entend votre coup de gueule ce matin
10:37sur l'effondrement du niveau à l'école
10:40et de l'éducation pour nos enfants,
10:42ce qui me permet de rebondir
10:44et de renvoyer la question à Léa de Boisseuil, notre invitée.
10:48Est-ce qu'on en fait assez pour l'éducation, pour l'école ?
10:51Est-ce qu'on en parle assez dans cette campagne des législatives ?
10:53Est-ce qu'il faut en faire la priorité ?
10:56Oui, je pense qu'il faut toujours en faire la priorité.
11:00Je ne crois pas que Sergine disait qu'il y a un effondrement du niveau à l'école,
11:03mais plutôt qu'il y a un effondrement du système scolaire.
11:07Elle parlait des difficultés des enseignants.
11:10Et ça ne va pas avec le niveau ?
11:11L'enjeu, il est surtout de savoir ce qu'on veut faire
11:15de notre école publique, collectivement.
11:18On voit bien qu'aujourd'hui, il y a un sous-investissement,
11:22quoi qu'en disent les politiques en charge depuis plusieurs années,
11:26on n'a jamais aussi peu investi dans l'éducation nationale,
11:29puisque la part du PIB consacrée à l'éducation a baissé d'année en année.
11:33Et vous entendez des choses qui vous rassurent dans cette campagne ?
11:36Ou finalement, ces silences radio ?
11:40Je n'ai pas l'impression que ce soit encore un sujet qui soit au cœur de la campagne, malheureusement.
11:46L'école a été extrêmement maltraitée ces dernières années.
11:50On a en plus là une situation politique qui inquiète très très fort l'ensemble de la communauté éducative,
11:58tout simplement parce qu'on a un rassemblement national qui porte un projet pour l'école
12:02qu'on considère être antinomique avec le fondement même de ce qu'est l'école publique,
12:06gratuite, laïque et républicaine,
12:08c'est-à-dire dont l'objectif est l'émancipation de tous les individus
12:12et l'acquisition de savoirs validés par la science
12:16pour permettre à chacun et à chacune de se construire une vie libre et joyeuse.
12:20Ce n'est pas du tout le projet du Rassemblement National.
12:23Par ailleurs, il se trouve que les politiques menées depuis plusieurs années
12:27et en particulier depuis plusieurs mois par Gabriel Attal avec le choc des savoirs
12:31reprennent les mesures proposées en 2022 par le Rassemblement National.
12:35Donc cela ne peut être en aucun cas une alternative à la menace de l'extrême droite dans notre pays.
12:42En revanche, nous à la FSU SNUPP, on considère que le projet de législature
12:48qui a été présenté par le Nouveau Front Populaire reprend une partie des revendications des écoles.
12:54Donc vous appelez à voter à la SNUPP ?
12:57Oui, on appelle à voter massivement pour le programme du Nouveau Front Populaire
13:02avec évidemment cette réserve puisque cela va selon nous pas encore assez loin.
13:07Il y a beaucoup de mesures qui ne sont pas détaillées,
13:10il y a beaucoup de choses qui ne sont pas mises sur la table.
13:15On espère qu'il y aura des discussions et de toute façon,
13:19toutes les victoires ont toujours été menées par la lutte,
13:23le mouvement social et les organisations syndicales.
13:25Donc ça ne s'arrêtera pas au 7 juillet.
13:27Léa de Boisseuil, merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
13:30Donc représentante du SNUPP et FSU, on entend votre appel à voter le Nouveau Front Populaire ce matin.
13:36Merci à vous, bonne journée.

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