- 19/06/2024
Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui l'horreur à Courbevoie, une jeune fille de 12 ans, violée et menacée de mort samedi par trois adolescents, parce qu'elle est juive.
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00:00Je le disais, l'horreur à Courbevoie dans les Hauts-de-Seine, une petite fille de 12 ans a été violée, menacée de mort samedi par trois adolescents du même âge parce qu'elle est juive.
00:11Jean-Baptiste Marty, qu'est-ce qu'on peut dire ce matin ? Quelles sont les dernières informations que vous savez ?
00:16Les dernières informations, c'est que deux des trois agresseurs ont eu un mandat de dépôt hier soir très tard, le troisième a été remis en liberté.
00:26Ce qui a été retenu pour ces trois agresseurs, c'est une mise en examen pour violents réunions, menaces de mort, injures et violences antisémites.
00:33Le deux des agresseurs sont actuellement incarcérés, il y a une mesure de prévention pour le dernier qui a 12 ans.
00:42Détention même pour des jeunes gens de 12 ans ?
00:45Oui, parce que l'âge limite, c'est 13 ans. En dessous de 13 ans, on ne va pas en détention, mais si on a plus de 13 ans, on peut y aller directement.
00:56Est-ce qu'on connaît le profil de ces jeunes gens ? Est-ce qu'ils étaient déjà connus des services de police ?
01:01Non, on n'a pas encore le profil, mais visiblement, ils ne sont pas connus des services de police.
01:05Est-ce que le caractère antisémite de l'agression est reconnu, dites-vous, en parole et en actes, en injures, mais est-ce qu'il est également reconnu dans le viol ?
01:15Eh bien non. Nous, ce que l'on a comme information, c'est qu'un des agresseurs aurait déclaré aux enquêteurs avoir agi par vengeance,
01:22car la victime lui aurait caché qu'elle était juive et un autre agresseur, le deuxième qui a 13 ans,
01:28aurait justifié son geste suite à des propos tenus par la victime sur la Palestine.
01:32Je vous propose d'écouter, ce matin, j'étais avec Jacques Kossowski, qui est le maire de Courbevoie.
01:38Il était ce matin sur CNews, il est maire depuis 1995, il a été réélu à quatre reprises, il est membre du conseil municipal depuis 1983 et c'est un homme politique républicain.
01:51Cette jeune fille de 12 ans qui a subi cet acte odieux, pour ne pas dire, disons, ce crime, elle ne pourra jamais l'oublier.
01:57Quel que soit son âge, tous les psychologues qu'elle pourra voir, ça ne pourra pas être oublié.
02:02Et ça, dans ma commune, j'ai été très surpris que cela se fasse.
02:06On n'est pas, bien entendu, à l'abri de tout, mais vraiment, je ne comprends pas.
02:10Je ne comprends pas, je ne comprends pas que des jeunes de 13-14 ans puissent faire des actes comme cela.
02:15L'antisémitisme, il faut dire que, très honnêtement, quand on voit cette campagne aussi, en même temps, je suis désolé de le dire, mais aux européennes, ça n'arrange pas les choses.
02:24Il met un lien, évidemment, avec cet antisémitisme, je disais tout à l'heure, d'atmosphère, au minimum, et puis parfois d'antisémitisme qui passe aux actes qui existent en France depuis le 7 octobre dernier.
02:37Jean-Luc Mélenchon a réagi il y a quelques minutes, horrifié par ce viol, la courbe voix et tout ce qu'il met en lumière
02:43concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge et du racisme antisémite.
02:51Solidarité et pensée émue pour la victime et ses proches, j'espère que les soins, secours et accompagnements sont pris correctement en charge
02:57et qu'on ne transforme pas ce crime ni la souffrance qu'il engendre en spectacle médiatique.
03:03Je vous propose d'écouter Julien Dray également, il était sur Europe 1 et sur CNews ce matin.
03:07Tous ceux qui vont commencer à nous dire, attendez, il faut voir, il faut de la prudence, il faut que l'enquête, sont en train de minoriser, comme on l'a fait dans d'autres affaires, la gravité des faits.
03:18Et cette gravité elle est terrible, et c'est pour ça que les politiques doivent maintenant, non pas polémiquer, mais comprendre la situation dans laquelle se trouve cette société.
03:26Moi vous savez, j'ai des centaines d'amis juifs qui passent leur temps à me dire maintenant, est-ce qu'on a encore notre place en France ?
03:32Est-ce qu'il faut qu'on se prépare à partir ? Est-ce que ce n'est pas déjà trop tard ?
03:36Et c'est la question qui est posée, parce que la France est en train de perdre ses juifs.
03:41Et on sera tout à l'heure effectivement avec Laurence sur ce sujet, Laurence qui est de confession juive et qui nous écoute.
03:47Mais avant cela, je voulais que nous entendions Geoffroy Didier, il est secrétaire général délégué des Républicains.
03:53Il était interrogé par Laurent Tessier, il va nous permettre d'aborder le sujet que je vais aborder avec M. Kouvi dans un instant,
03:59c'est l'irresponsabilité pénale des enfants de moins de 13 ans, qui est aujourd'hui en vigueur.
04:06Il faut-il arrêter cette irresponsabilité pénale ?
04:09Je suis déterminé à ce que la loi s'adapte aux pires évolutions de la société.
04:14Et pour cela, je demande à ce qu'il soit mis fin à l'irresponsabilité pénale d'enfants de moins de 13 ans,
04:20parce que l'un des auteurs présumés n'avait que 12 ans.
04:23Et lorsqu'on a 12 ans et qu'on viole une fille, on est en fait un adulte et on doit donc être considéré comme un adulte.
04:30Aujourd'hui, à moins de 13 ans, on ne peut se voir imposer qu'une mesure éducative.
04:35Vous imaginez un violeur antisémite qui ne subirait de la loi qu'une mesure éducative ?
04:41Je demande donc que soit mis fin à l'irresponsabilité pénale quasi absolue des enfants de moins de 13 ans.
04:48Dans ce drame de Courbevoie, il y a deux sujets.
04:52Il y a évidemment la menace antisémite et puis il y a l'attitude de ces jeunes gens de 11 ans, 12 ans, 13 ans,
04:58qu'on découvre depuis un an peut-être, à l'occasion des émeutes.
05:03Même si ça existait avant, mais ça nous est sauté au visage au moment des émeutes, il y a un an exactement.
05:10Alors M. Kouvi, d'abord je vous remercie une nouvelle fois d'être ici.
05:14Vous êtes secrétaire national du syndicat de police unité.
05:17Vous êtes sur le terrain avec vos amis ou le fait d'être syndicaliste aujourd'hui vous a éloigné un peu du terrain ?
05:24Alors je suis sur un autre terrain.
05:26Effectivement, je suis plus sur le terrain, proprement parlé, dans un commissariat,
05:30parce que le syndicalisme, ça demande aussi beaucoup de temps et on doit structurer des choses.
05:36On doit porter notamment la parole des policiers dans des commissions, etc.
05:41Et c'est vraiment un plein de temps.
05:42En revanche, je passe beaucoup de temps à écouter mes collègues.
05:45Là, en ce moment, on a des collègues qui viennent en stage aussi au bureau national.
05:48Je me déplace souvent dans les commissariats et les services
05:52parce que nous, en fait, on est juste le truchement de ce qu'ils pensent.
05:57On est là pour porter leur voix, porter leur colère des fois aussi
06:01et faire en fait, quelque part, nous sommes des sociologues de terrain.
06:05C'est-à-dire qu'on voit les choses, on voit la société qui évolue
06:07et en fait, nous, on tire des bilans et on alerte aussi les pouvoirs publics.
06:11Ça, c'est notre rôle aussi à nous de porter ce pouvoir-là, cette voix-là.
06:15Et justement, ce qui m'intéresse, c'est ces jeunes gens aujourd'hui
06:17qui ont parfois 10 ans, 11 ans, 12 ans, qui sont des délinquants.
06:21Est-ce qu'il existe un profil type de ces jeunes délinquants extrêmement jeunes ?
06:27Le seul profil qu'on pourrait dire souvent, c'est effectivement
06:31un noyau familial un peu déstructuré
06:35où on voit effectivement un environnement aussi.
06:38Souvent, vous faites votre éducation à travers votre environnement
06:42qui soit proche, donc c'est les parents directement
06:44et après, votre environnement en fonction de là où vous vivez.
06:49Tout ce que vous entendez, des gamins de 12-13 ans,
06:51ils ne regardent pas forcément les chaînes d'information,
06:53ils ne se structurent pas intellectuellement,
06:55ils prennent des bribes d'informations,
06:57ils prennent aussi beaucoup d'informations sur les réseaux sociaux
07:01où justement, il n'y a pas de filtre.
07:03Et donc, c'est du brut, c'est de la manipulation.
07:05On voit que des fois, il y a des instrumentalisations,
07:08justement, des esprits qui sont en construction.
07:10Et on se rend compte d'ailleurs, dans des histoires
07:12où on a un mélange d'antisémitisme avec une demande de rançon,
07:17avec une vengeance, tout est mélangé dans cet esprit.
07:20Et en fait, c'est ça qui nous surprend,
07:22et c'est cette violence, et j'allais dire, c'est très cru.
07:25C'est que les gamins aujourd'hui, c'est pas blanc ou noir, quoi.
07:29Je veux dire, c'est vraiment très cru.
07:31Et à côté de ça...
07:32C'est quoi, c'est très cru ?
07:34Ils vont parler de sexe crûment,
07:36il n'y a plus d'amour en fait,
07:38je pense qu'au lieu de donner une...
07:40Enfin voilà, on voit des fois dans les écoles,
07:42on leur donne une instruction sur le sexe, la reproduction.
07:46Je pense qu'on devrait aussi leur donner une instruction sentimentale.
07:48Savoir ce que c'est que les sentiments,
07:50savoir comment on peut tomber amoureux,
07:52ce que c'est que l'amour, et on parle pas de ça en fait.
07:54On parle vraiment de choses très crues.
07:56Et les gamins en fait, ils n'ont pas de filtre.
07:58Et nous on le voit, et c'est de plus en plus jeune.
08:00C'est généralisé forcément, c'est une partie sans doute
08:02de la jeunesse et de jeunes gens,
08:04où le père, la mère sont absents pour plein de raisons,
08:07et ne font pas le travail d'éducation.
08:09Qu'est-ce que vous préconisez, vous, pour ces jeunes gens ?
08:11Moi ce que je préconise, effectivement,
08:13je pense qu'il faut ausculter aussi les parents,
08:15parce qu'une fois, quand on a des enfants qui commettent ça,
08:17il faut voir aussi quelle est la structure des parents,
08:19comment ça se passe à la maison,
08:21et puis après...
08:22On devine comment ça se passe à la maison.
08:24On peut le deviner, mais...
08:25On devine que le père, je crois que c'est Aldo Nahouri
08:27qui est un psy très célèbre, qui disait
08:29le problème de la banlieue, parce que souvent c'est dans des quartiers
08:31difficiles, c'est dans des quartiers
08:33socialement difficiles, économiquement difficiles,
08:35le problème de ces quartiers-là, c'est précisément
08:37l'absence de père.
08:39Alors qu'avant, le père était présent.
08:41La famille était structurée.
08:43Aujourd'hui, la famille, elle a explosé.
08:45Il y a beaucoup de divorces, les pères passent et ne s'occupent
08:47plus des enfants. Et vous avez des
08:49familles monoparentales avec des femmes
08:51perdues, démunies, qui sont là
08:53avec trois, quatre enfants parfois
08:55à les élever. Donc qu'est-ce qu'on fait ?
08:57Est-ce que les responsabilités pénales doivent tomber,
08:59par exemple ?
09:00Alors oui, il faut effectivement
09:02que des responsabilités pénales tombent.
09:04Moi j'aime bien Maurice Berger,
09:06c'est un pédopsychiatre très reconnu
09:08qui mériterait d'ailleurs d'avoir une place, lui, dans un gouvernement
09:10un jour, parce qu'il est dans la matière,
09:12il sait comment faire avec les jeunes.
09:14Effectivement, il leur faut des butées,
09:16c'est ce qu'il dit d'ailleurs, c'est-à-dire qu'à un moment donné,
09:18c'est comme avec vos enfants, vous mettez
09:20un contrat, vous dites attention, je te préviens,
09:22si tu fais pas ci ou pas ça, t'es pas correct,
09:24tu seras puni. Mais la sanction en a tombé.
09:26Et à chaque fois, en fait, on surçoit cette sanction.
09:28Et les enfants, ils ont besoin de se construire.
09:30D'ailleurs, on le voit quand, à un moment donné,
09:32on les récupère, notamment dans l'armée
09:34ou si on envoie dans la police, qu'ils viennent parce qu'ils ont
09:36besoin d'une structure, ils ont besoin, entre guillemets, d'une
09:38hiérarchie où on leur dise comment faire, quoi faire, etc.
09:40D'un cadre. Les enfants ont besoin d'un cadre.
09:42C'est tout bête, mais c'est un cadre. Mais non, c'est pas tout bête.
09:44C'est l'essentiel, en fait. Mais c'est l'essentiel, parce qu'on est des
09:46bons pères de famille et on sait comment faire.
09:48Et à côté de ça, il y a deux jours,
09:50j'étais dans le métro, et bien il y a un petit
09:52redouane, vous voyez, des fois on peut avoir des idées toutes faites,
09:54il y avait une classe qui était là,
09:56une classe à l'image de la société française,
09:58créolisée, comme pourraient dire
10:00certains. Moi, j'aime pas ce mot-là, parce que je trouve
10:02que c'est rédhibitoire,
10:04mais bon. Et en fait, le petit gamin,
10:06à un moment donné, il me voit, j'étais avec ma valise, et il se lève,
10:08et la maîtresse me dit, bah écoutez, il vous laisse la place,
10:10asseyez-vous. Mais très très gentil.
10:12Et donc, du coup, j'ai dit, non, mais c'est bon, les enfants,
10:14faut les laisser sur la banquette du métro.
10:16Elle me dit, non, non, il a fait ça,
10:18et quelque part, j'ai compris que si je m'asseyais pas,
10:20j'allais lui faire même une offense. Donc je me dis
10:22qu'en fait, les gamins, ils avaient dix ans,
10:24il y avait ce mélange-là, et encore une fois,
10:26on le voit, que c'est
10:28effectivement l'éducation des parents,
10:30l'éducation de l'école, des repères
10:32de la société, et un enfant, il n'est pas méchant.
10:34En fait, c'est l'environnement qui le rend
10:36comme ça. Mais vous avez parfaitement raison,
10:38et souvent,
10:40nous, nous avons eu la chance
10:42d'avoir des parents qui s'occupaient de nous,
10:44qui nous ont
10:46accompagnés, bien évidemment,
10:48qui nous ont aimés, bien sûr, et
10:50que serions-nous tous individuellement
10:52si nous avions grandi sans
10:54un père qui fait attention à nous,
10:56sans une mère qu'on ne voit jamais, que sais-je ?
10:58Alors, je ne veux pas généraliser,
11:00bien sûr, et créer un profil
11:02type, mais c'est vrai que
11:04ces enfants-là,
11:06bien évidemment, il y a des problèmes familiaux
11:08importants. Alors,
11:10en même temps, une fois qu'on a eu ça, la société doit se protéger.
11:12Et moi, je pense d'abord à la société, en priorité.
11:14On est avec Laurence, justement, et Laurence,
11:16vous êtes de confession juive.
11:18Oui, bonjour, bonjour.
11:20J'entendais Julien Drey qui disait
11:22certains juifs pensent à partir.
11:24Oui, alors je corrobore avec
11:26tout à fait ce que disait Julien Drey,
11:28parce que dans mon propre
11:30cercle d'amis, j'ai des
11:32amis qui partent prochainement
11:34définitivement de la France. Pourquoi ?
11:36Parce qu'au vu de ce qui se passe,
11:38au vu depuis le 7 octobre,
11:40encore plus,
11:42certains nous disent que nos valises sont prêtes.
11:44Dans le cas où
11:46on est
11:48voué à partir, surtout avec ce qui se passe
11:50vu les élections, si le LFI
11:52passe, on est prêt à partir,
11:54à faire nos valises et quitter,
11:56parce que la France,
11:58on n'aura plus de place dans la France.
12:00On ne pourra pas.
12:02Vous travaillez dans une école juive ?
12:04Oui.
12:06Qu'est-ce que vous faites ?
12:08Moi, je suis enseignante.
12:10Ça fait presque 30 ans que j'enseigne dans une école juive.
12:12Là, je me suis arrêtée une petite année.
12:14Mais je suis dans les classes.
12:16J'ai fait des petites classes jusqu'en CM2.
12:18Moi, je suis au premier degré.
12:20Je vois que
12:22de plus en plus de personnes,
12:24de parents de confession juive
12:26préfèrent mettre leur enfant
12:28pour des mesures de sécurité,
12:30pas de communautarisme seulement,
12:32mais surtout de sécurité, dans les écoles juives
12:34pour amener
12:36un certain apaisement tous les jours
12:38quand ils les emmènent à l'école.
12:40On le voit aujourd'hui avec la petite jeune fille qui est à Courbevoie.
12:42Courbevoie, ce n'est pas quand même
12:44une banlieue sensible.
12:46Moi, je n'habite pas très loin de Courbevoie.
12:48Je n'ai jamais ouï dire qu'il y avait des problèmes
12:50comme celui-ci.
12:52C'est une première. Quand j'ai vu les informations
12:54hier qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux,
12:56je n'y croyais pas.
12:58Je pensais vraiment à un fake. Mais là, c'est grave.
13:00C'est grave. Au nom
13:02d'une idéologie, des gamins
13:04qui ne connaissent rien à l'histoire,
13:06parce qu'on leur a insufflé une idée,
13:08se voient à faire ce genre
13:10d'acte.
13:12On va marquer une pause, Laurence, mais c'est ce qu'on appelle
13:14l'antisémitisme d'atmosphère
13:16qui existe en France depuis le 7 octobre.
13:18On va rester ensemble avec Jean-Baptiste
13:20Martic, journaliste, service police,
13:22justice d'Europe 1. Évidemment, Jean-Baptiste,
13:24si vous souhaitez intervenir et pourquoi
13:26pas nous apporter des précisions,
13:28vous le faites. On est avec M. Kouvi également.
13:30Je le répète,
13:32ce drame révèle
13:34deux interrogations.
13:36L'interrogation avec qu'est-ce qu'on fait avec ces jeunes gens
13:3811, 12 ans, 13 ans et parfois même
13:40avant 10 ans. Et puis également
13:42la menace antisémite qui
13:44pèse sur la France et notamment
13:46sur les Juifs. Il est 11h27, à tout de suite.
13:48Et comme Laurence, vous pouvez réagir en composant des maintenants
13:50le 01 80 20 39
13:5221 avec Pascal Praud de 11h à 13h
13:54sur Europe 1.
13:5611h13 sur Europe 1,
13:58Pascal Praud et vous. On était avec
14:00Laurence Keldier, passionnant, émouvant,
14:02touchant et inquiétant, bien sûr, mais Jean-Baptiste
14:04Martic, journaliste, service police,
14:06justice Europe 1, voulait rappeler
14:08les conditions
14:10pour les jeunes gens. Pour la justice des mineurs.
14:12On va essayer de faire un point.
14:14Donc si on a plus de 13 ans, il y a
14:16plusieurs cas de figure. La plus légère, à la fin,
14:18c'est d'avoir un travail d'intérêt
14:20général. On peut aussi
14:22passer en détention à domicile, c'est-à-dire
14:24sous surveillance électronique, donc le bracelet.
14:26Et la plus sévère, c'est la peine
14:28d'emprisonnement. Donc là, on peut être détenu
14:30dans des quartiers des mineurs. Il faut savoir
14:32que le casier judiciaire d'un mineur
14:34peut être effacé au bout de 3 ans.
14:36En revanche, si on a moins de 13 ans,
14:38c'est des mesures éducatives, judiciaires,
14:40comme on en parlait tout à l'heure. Et là, il existe
14:424 modules. Le premier module,
14:44c'est le module d'insertion.
14:46On peut être placé dans un internat, par exemple, ou dans un
14:48accueil de jour. Il y a le module, ensuite, de
14:50réparation. Ça peut être la médiation,
14:52par exemple, entre l'agresseur et la
14:54victime. Il y a aussi le module
14:56de santé, placement dans un établissement
14:58médico-social. Et enfin, le module de placement.
15:00Ça peut être, par exemple, dans
15:02la famille ou chez des proches dignes de confiance.
15:04On va continuer la discussion
15:06ensemble, mais M. Kouvi,
15:08une information qui est tombée,
15:10que nous donne l'AFP, il y a quelques secondes,
15:12en Seine-Saint-Denis, un homme
15:14abattu par la police municipale
15:16après l'agression du tournevis,
15:18après l'agression au tournevis, pardon,
15:20d'un agent de voirie.
15:22Et c'est une source policière. Je ne sais pas si vous avez déjà
15:24des informations sur
15:26ce drame
15:28que vient de communiquer l'AFP.
15:30Non, je n'en ai pas, mais en même temps,
15:32on sait qu'on vit aujourd'hui...
15:34On est dans un monde, depuis 2015, on sait bien que
15:36on est dans un monde ultra-violent,
15:38que les policiers sont des cibles, que les
15:40agents sont des cibles, les agents municipaux
15:42ou même de la fonction publique deviennent des cibles
15:44parce qu'ils représentent l'État.
15:46Ils représentent tout ce que certains n'aiment pas et ne supportent plus.
15:48Bon, ben là, c'est un policier municipal.
15:50La police municipale n'est pas
15:52toujours... Un homme a été abattu,
15:54nouvelle dépêche qui tombe à l'instant, mercredi matin
15:56à Aubervilliers par la police municipale
15:58après l'agression au tournevis d'un agent
16:00de propreté. Au cours de cette
16:02agression survenue lors d'une grande opération
16:04de nettoyage, un agent de voirie
16:06et un policier ont été blessés sans que
16:08leur pronostic vital ne soit engagé.
16:10L'auteur a été ensuite tué
16:12par un policier municipal qui a fait
16:14usage de son arme à deux reprises selon
16:16l'une des sources. Lorsqu'un
16:18policier tue
16:20dans l'exercice de son
16:22métier une personne, il est mis en
16:24garde à vue immédiatement.
16:26On pourrait l'entendre sous
16:28une autre forme peut-être que de la garde à vue
16:30et là, il subit
16:32quelque chose qui peut être traumatisant
16:34disons-le, et difficile en tout cas
16:36même si la mort d'un homme
16:38bien sûr, il ne s'agit pas de
16:40diminuer l'arme. On n'a pas le mot tuer forcément, on dit
16:42neutraliser, parce que l'idée c'est quand même
16:44de stopper une agression.
16:46Si la personne est blessée et
16:48que l'agression est stoppée, top là.
16:50Je veux dire, nous...
16:52Mais est-ce que vous résumez cette procédure ? Est-ce que vous
16:54voudriez que cette personne soit
16:56entendue sous une autre forme ?
16:58Alors en fait, c'est ce qu'on dit toujours,
17:00l'enquête, elle existe. Quand il y a une enquête
17:02qui a des zones d'ombre, on peut devenir suspect.
17:04Dans ces cas-là, il peut y avoir effectivement
17:06une mise en garde à vue, parce que
17:08ça ouvre aussi des droits, notamment de s'entretenir
17:10directement avec un avocat.
17:12Et souvent, c'est psychologiquement, je peux vous dire que
17:14quand vous avez quelqu'un, parce qu'il y a tout qui vous tombe
17:16dessus, et quand vous avez quelqu'un
17:18qui vient vous aider, un conseil pour vous
17:20expliquer comment ça va se passer, etc.,
17:22ça vous soulage. Après,
17:24si tout se passe bien et qu'aux
17:26premiers éléments d'enquête, on voit bien
17:28que la procédure a été respectée,
17:30le code sécurité intérieure,
17:32ou même la légitime défense,
17:34vous pouvez très bien être interrogé
17:36comme témoin, tout simplement.
17:38Et le lendemain, c'est-à-dire que
17:40vous avez, voilà, il n'y a pas de...
17:42Mais souvent, les magistrats le font, parce que
17:44un, ils ne maîtrisent pas trop non plus l'usage
17:46de l'arme. Nous, on milite
17:48pour que les magistrats fassent des stages
17:50de sensibilisation à l'usage de l'arme
17:52dans un endroit dégradé, de nuit,
17:54avec du bruit, du stress.
17:56Quand vous êtes en stress, vous perdez 70%
17:58à 80% de votre vision latérale,
18:00on appelle ça l'effet tunnel.
18:02Enfin, je veux dire, c'est des choses qu'il faut vivre.
18:04Et les magistrats,
18:06je ne les blâme pas, mais parce qu'il
18:08faut aussi qu'eux fassent l'effort, et non pas
18:10de faire juste un petit stage
18:12de 15 jours, mais vraiment de savoir
18:14ce que c'est de tirer avec une arme, d'utiliser
18:16même un taser sur une personne.
18:18Vous savez que, des fois, ça ne marche pas.
18:20Parce que, pour X raisons,
18:22les aiguillons ne se plantent pas bien,
18:24la personne n'est pas trop sensible à ça.
18:26Et donc, nous, c'est ce qu'on demande.
18:28Merci Monsieur Kouvi.
18:30Alors, Laurence était avec nous, si vous étiez là,
18:32il y a un petit quart d'heure, Laurence est professeure
18:34dans une école juive,
18:36inquiète évidemment pour les
18:38juifs de France. Elle imagine
18:40peut-être un jour quitter la France,
18:42mais elle vit ses agressions, et dont la
18:44dernière
18:46à courbe voie,
18:48au-delà du drame d'ailleurs,
18:50comme une répétition, comme un jour sans fin
18:52peut-être, Laurence ?
18:54Voilà, exactement, en fait, c'est un cercle,
18:56une histoire qui revient, c'est l'histoire de nos aïeux
18:58qui revient, et je veux
19:00souligner justement que, moi, j'ai mes
19:02enfants, enfin, j'ai un enfant qui est en
19:04université, qui n'a pas encore souffert
19:06des chaos de l'université.
19:08On a laissé faire, on a laissé entrer la politique
19:10et des conflits
19:12géopolitiques
19:14dans l'enceinte de l'université.
19:16Personne n'a rien fait, ça paraissait
19:18normal, mais ce n'est pas normal.
19:20C'est quelque chose qui n'a pas lieu d'être
19:22dans la République, parce que l'école,
19:24comme l'université, les universités
19:26sont des lieux de la République. Je ne comprends
19:28pas qu'on puisse instaurer
19:30des choses pareilles, des révoltes
19:32géopolitiques
19:34dans l'enceinte d'une université.
19:36Il n'y a pas longtemps, on a
19:38pu éjecter
19:40un étudiant parce que de
19:42confession juive. Est-ce que c'est normal ?
19:44Mais parce que, Laurence,
19:46vous avez bien compris, quand vous dites je ne comprends pas,
19:48vous comprenez tout. C'est instrumentalisé,
19:50vous savez très bien, c'est
19:52instrumentalisé, c'est parfois un prétexte
19:54et que le drame
19:56qui se passe à Gaza
19:58est instrumentalisé à des fins
20:00politiques, partisanes
20:02en France.
20:03Exactement, c'est ce qui va arriver et moi je fais
20:05un appel à tous les Juifs de
20:07France qui nous écoutent, grâce
20:09à votre antenne, moi j'appelle à ce que
20:11les Juifs de France prennent une
20:13décision à travers leur vote
20:15raisonnable, qui puisse nous sauver
20:17parce que nous sommes dans
20:19un tournant
20:21de l'histoire française.
20:23Mais vous-même, Laurence, vous allez voter
20:25pour qui ?
20:27Je n'ai pas trop le choix, on va dire un peu.
20:29Je n'ai pas trop le choix.
20:31Je comprends à demi-mot ce que vous voulez dire.
20:33Le LFI ne nous offre pas un avenir
20:35brillant pour nous
20:37de confession juive, je ne peux pas dire
20:39qu'il soit partisan de notre
20:41cause.
20:43Vous en déduirez ce que vous voudrez,
20:45mais nous n'avons pas trop le choix.
20:47C'est pour ça que je dis à tous les Juifs qui nous écoutent
20:49en ce moment,
20:51de faire un vote raisonnable
20:53quant à notre avenir en France.
20:55Merci beaucoup, Laurence.
20:57Vous aviez dit que cette année
20:59vous aviez pris une année, si j'avais bien compris,
21:01de rupture, ou en tout cas une année sabbatique.
21:03Oui, je vais reprendre de toutes les façons
21:05parce que c'est un métier, c'est une vocation.
21:07J'ai essayé de faire
21:09autre chose, mais on ne peut pas se détacher
21:11d'une vocation qui est l'enseignement.
21:13Je vous remercie comme je vais remercier
21:15Jean-Baptiste Mardi...
21:17Mardi... Marti !
21:19Oui, parce qu'on est
21:21mercredi en plus, ça ne marche pas.
21:23Jean-Baptiste Marti,
21:25qui est journaliste. Vous saviez qu'il y avait
21:27un évêque qui était
21:29un archevêque très célèbre à Paris
21:31qui s'appelait Marti, monseigneur. Il y en a beaucoup des Martis
21:33en France. Bon, par définition
21:35ça ne veut pas être votre père. Non, c'est une belle anecdote.
21:39Est-ce que vous êtes le fils de l'archevêque
21:41de Jean-Baptiste Marti ?
21:43Peut-être, j'en sais rien. C'est possible ?
21:45Oui, quand même.
21:47Journaliste, service politique, justice
21:49d'Europe 1. Et puis je remercie Jean-Christophe Couvy
21:51qui aime le football féminin.
21:53Jean-Christophe Couvy. Eh oui, parce que ma fille
21:55fait du foot féminin et
21:57justement, je trouve que c'est un travail
21:59des éducateurs qui est formidable.
22:01Je rigole, mais
22:03je dis que c'est le football
22:05agricole, parce que c'est une petite commune.
22:07Il y a des bénévoles qui sont là,
22:09c'est le foot à l'ancienne.
22:11C'est le coup de tête. Mais franchement, il y a des jeunes,
22:13même dans les campagnes, qui sont paumés.
22:15Parce que les parents ne s'en occupent pas.
22:17Et les éducateurs sont là pour leur redonner
22:19justement ce cadre. Il n'y a pas que la police,
22:21que la justice, que l'éducation nationale.
22:23Et elle a bon niveau votre fille ? Elle a quel âge ?
22:25Elle a 12 ans, elle va avoir 13 ans bientôt.
22:27Donc elle est en U13.
22:29Et elle joue quelle place ?
22:31Laterale, gauche ou alors au milieu.
22:33Et vous jouez au football ?
22:35Alors comment elle s'est mise au foot ?
22:37Par l'épouse ou votre compagne ?
22:39Pas du tout, non. C'est à l'école, elle joue avec les garçons.
22:41Et puis à un moment donné, dans les cours.
22:43C'est sympa le foot. Par exemple, aux Etats-Unis, moi quand j'ai été aller
22:45en 94, ça m'avait frappé le nombre de filles qui jouaient au foot.
22:47En France, ce n'était pas encore la mode.
22:49Et maintenant, beaucoup de femmes jouent au foot.
22:51Et beaucoup d'éducateurs aiment bien le foot féminin.
22:53Parce qu'en fait, elles obéissent aux consignes.
22:55Elles écoutent et elles sont très structurées.
22:57C'est-à-dire que les filles obéissent plus aux garçons.
22:59On sait ce que vous voulez dire.
23:01En tout cas, merci M. Kouvis.
23:03C'est toujours un plaisir de vous accueillir sur ce plateau.
23:05On va marquer une petite pause.